chroniques littéraires

Chromatopia

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous arrivez à profiter du beau temps, et des premières chaleurs, malgré le confinement. ici, j’en profite pour faire des ballades, et cela fait un bien fou. Je regrette presque de ne pas avoir fait la même chose pendant le confinement l’année dernière, et d’être restée enfermée aussi longtemps. Mais je découvre, ou redécouvre, ma ville, et cela est très agréable. Et je prépare aussi doucement la reprise de lundi, et le fait de rester encore un peu en distanciel.

Aujourd’hui, je reviens vers vous sur le blog afin de vous présenter l’une de mes dernières lectures, que j’ai lu dans le cadre du Challenge de l’Imaginaire et celui du Printemps de l’imaginaire francophone. Il s’agit du roman jeunesse fantasy Chromatopia. J’avais entendu du bon et du moins bon sur ce titre et j’avais donc hâte de me faire mon propre avis dessus. Ce roman a été écrit par Betty Piccioli, dont j’ai déjà lu et chronique le premier ouvrage, A. I., amis imaginaires. Chromatopia est sorti aux éditions Scrinéo en août 2020 et voici son résumé :

Dans un royaume où règne une division stricte et inégalitaire de la population en castes de couleurs, le jeune Aequo, teinturier de la Nuance Jaune, s’apprête à reprendre la prestigieuse teinturerie familiale. Mais après un dramatique accident, le pire se produit : le jeune homme devient achromate et perd la vision des couleurs. À travers ce nouveau regard, il va découvrir son monde autrement… et se retrouve bien malgré lui entraîné dans un complot au sommet de l’État.

Dans ce roman, nous suivons trois personnages principaux. il y a tout d’abord Aequo, qui est un teinturier, un Jaune. Il doit reprendre la teinturerie qui est héritée de père en fils, mais alors qu’il pourchasse un voleur, il a un accident et perd la capacité de voir les couleurs. Cela lui permet de faire la rencontre de Hyancintha, une Bleue, une jeune fille de son âge orpheline, qui va lui ouvrir les yeux sur le monde dans lequel ils vivent. De part sa nature privilégié, par sa caste, Aequo ne s’était jamais rendu compte du système inégalitaire de son monde, fondé sur les couleurs et les nuances. Or, les deux jeunes gens vont alors participer, à leur insu, à un complot visant le cœur de la monarchie, concernant Améthyste, la jeune princesse devant être couronnée reine.

Je vais commencer cette chronique par vous parler des personnages principaux, qui sont donc ceux que nous suivons au cœur de cette histoire, qui sont Améthyste, Aequo et Hyacintha. Et je vais justement commencer par parler des deux filles. Dès le début du récit, j’ai eu beaucoup de mal avec le personnage de Hyacintha. Je n’ai pas réussi à m’attacher à elle, et je dois avouer que son personnage m’a rapidement exaspéré. Hyancintha est l’archétype même de la jeune fille qui se moque des règles, qui les enfreints dès que cela lui chante, mais qui ne veut pas les remettre en causes. En fait, elle se rend bien compte de leur injuste, mais elle n’essaye pas de les changer, ou de pousser les autres à les changer. De ce fait, elle est assez passive, et cela va se retrouver dans tout le roman. Elle se laisse guidée par les autres alors que c’est elle qui a le plus fort caractère. Elle ne réfléchit pas sur sa vie, elle n’essaye pas de construire quelque chose, elle se contente de vivoter. Je ne l’ai pas trouvée inspirante, ni même vraiment intéressante. De plus, son histoire, et même ses réactions finalement, sont totalement prévisibles. Et je pense que c’est cela qui m’a le plus gêné avec elle, on peut parfaitement prévoir toutes ses actions, toute son histoire, et cela, dès le début. Je me suis vraiment ennuyée ave elle. Le seul point positif, c’est la relation qu’elle va créer avec Aequo, qui est assez mignonne et intéressante. Parlons maintenant d’Améthyste. Je retrouve exactement le même défaut chez elle que chez Hyancintha. Elle aussi est prévisible, et je n’ai vraiment pas aimé son attitude de princesse pourrie gâtée, qui ne se rend compte de rien, qui est totalement ignorante, et qui ne veut pas ouvrir les yeux. Je sais que c’est le but de son personnage, mais j’ai trouvé cela assez cliché, et c’est ce qui fait que je n’ai pas réussi à m’attacher à elle. Même sa romance n’est pas passionnante, tout est prévisible. J’aurais aimé plus de suspens, plus de profondeur cehz elle, d’autant plus que son arc, avec le choix de son prétendant, aurait pu être intéressant. Mais je suis passée totalement à côté d’elle. De ce fait, le seul personnage que j’ai aimé, c’est celui d’Aequo. Je me suis attachée à lui, et j’ai aimé la manière dont il est traité. Son histoire est beaucoup plus intéressante et beaucoup plus riche, notamment grâce à son handicap et ce que cela produit chez lui. Non seulement il est obligé de remettre toute sa vie en question, car en tant que teinturier, s’il ne peut pas voir les couleurs, il ne peut plus travailler, mais aussi toute ce qu’il pensait sur son monde, et aussi sur sa famille. Son personnage est beaucoup plus fouillé, et beaucoup moins prévisible que les autres. il est moins cliché, il a une vraie vie, une vraie originalité. On prend plaisir à le suivre, à le voir réfléchir, comprendre ce qu’il se passe autour de lui. Il se laisse aussi beaucoup moins manipuler que les deux filles, et il est le premier à comprendre le piège dans lequel ils se retrouvent enfermés tous les trois. Il est le seul à proposer des solutions, à essayer d’en sortir. Il est le seul finalement qui est dans l’action, et c’est ce que j’ai aimé chez lui.

– Non ! Ne faites pas ça ! Non ! crie le jeune homme.

Son visage éclairé par les flammes des torches disparaît dans une masse compacte qui se presse sur lui. Aucun son ne s’extrait de ma gorge, pourtant, j’ai l’impression de crier intérieurement. Les coups de pieds pleuvent sur son corps que je devine inerte au sol. Bientôt il ne crie plus. Finalement, mon mentor ferme le rideau devant moi, me sortant de ma torpeur.

– Tu n’aurais pas dû assister à… ce genre de choses, me lance-t-il, presque essoufflé.

– Ils l’ont exécuté, Morgan !

Je ne reconnais pas la voix qui monte de mes entrailles, paniquée et éraillée. L’émotion m’envahit et je me laisse tomber sur la chaise la plus proche.

– Un voleur de la Nuance Bleue, probablement, explique le prêtre le plus calmement possible. Tu connais la règle s’ils sont attrapés sur le fait…

– Une peine de mort immédiate.

Mes membres tremblent à n’en plus pouvoir et je me saisi la tête entre les mains. Je connais la loi, oui. La voir exécutée ainsi est une autre histoire. Les paumes de Morgan se posent sur mes épaules, tentant de les maintenir immobiles.

– Pourquoi ? murmuré-je.

– Ce sont les règles de Chromatopia. Il les connaissait. Elles sont profondément injustes, tu as dû t’en apercevoir ces derniers jours, non ?

Parlons maintenant des personnages secondaires. je ne sais pas si c’est à cause du fait qu’il y ait trois personnages principaux, mais j’ai trouvé que les personnages secondaires étaient tous plus clichés les uns que les autres, et manquaient réellement de profondeur, de richesse. On ne fait que les survoler, et c’est un peu ce qui m’a dérangé au cours de ma lecture. Ainsi, on passe d’un personnage à un autre sans le creuser, sans vraiment savoir pourquoi il fait ça, sans pouvoir comprendre ses motivations et ses émotions. Et lorsqu’il y a des émotions, elles sonnent faux, ou du moins, elles n’arrivent pas à émouvoir. C’est notamment le cas pour Morgan, qui est l’instigateur de la révolte. On sait ses motivations, elles sont répétées plusieurs fois dans le roman, mais elles ne parviennent pas à nous émouvoir, à faire qu’on s’attache à son combat. C’est ce que j’ai regretté, parce qu’on aurait pu avoir une vraie envie de le suivre, d’être motivé nous aussi par ses actions, par sa révolution, mais en fait, ce n’est pas le cas, et on est rapidement blasé par ses justifications. Même si c’est le but du roman, j’ai trouvé que cela aurait pu être dosé de manière différente, afin qu’on sente le sentiment de trahison que ressent Aequo. De la même manière, j’ai trouvé le personnage de Livia traité trop rapidement, alors même que son personnage, et celui de sa mère, étaient intéressants et avaient du potentiel. Mais en fait, comme on ne s’attarde pas sur elles et leurs motivations, leur combat, on ne peut pas vraiment avoir de l’affection pour elles, cela n’a pas le temps de prendre. Et cela est encore plus flagrant avec le personnage de Safri.

– On ne t’apprend pas à l’école à quel point c’est dur, ça.

Interrogatif, je le dévisage avant qu’il ne reprenne :

– D’aimez une personne d’une autre Nuance. De savoir que quoi que tu fasses, tu ne seras jamais avec elle. Que tu as beau être le plus talentueux ou le plus riche dans ta Nuance, elle, elle ne le sera jamais assez pour être avec toi.

– Je ne suis pas amoureux de Hyacintha. Je veux seulement l’aider et la protéger.

Venons-en à présent à l’univers en tant que tel. Finalement, nous sommes ici dans une dystopie, ce qui fait que nos personnages luttent contre un système qu’ils jugent inégalitaire. L’univers que l’autrice nous propose ici est fondé sur les couleurs, et ces dernières sont héritées et déterminent la place des individus dans la société. J’ai trouvé ce système assez intéressant, au sens où il y a un vrai travail sur le système de caste, et j’ai aimé l’originalité qui nous est proposée via les couleurs, avec en plus des nuances au sein de celles-ci. Mais dans l’ensemble, on reste sur un univers qui est finalement assez classique, au sens où ce sont des castes qui sont gouvernées selon une monarchie, et que l’argent permet d’être au plus haut, et son manque nous entraîne vers le bas. J’aurais aimé un peu plus d’originalité là-dessus, pourquoi pas relié tout cela aux couleurs elles-mêmes ? Néanmoins, l’idée de base est intéressante et sympathique à lire, et c’est agréable de voir toutes ces couleurs, qui sont visuelles, et de lier tout cela au problème que va avoir Aequo, qui va donc l’handicaper pendant une partie du récit. J’ai aussi un peu regretté que l’univers ne soit pas plus développé, et frustrée de ne pas en savoir plus, notamment sur le monde qui entoure la cité de Chromatopia. On en parle pas assez de la vie dans les Nuances verte et Orange, et cela m’a beaucoup manqué, parce que finalement, la seule Nuance dans laquelle on passe beaucoup de temps, c’est la Jaune. Même la Rouge n’est qu’effleurée, et la Bleue ne passe que par le personnage de Hyacintha. Toutefois, j’ai cru comprendre qu’un tome 2 serait potentiellement prévu, donc je pense qu’on en saura plus sur ce qui entoure la cité à ce moment-là.

Les premières lueurs apparaissent sur les cabanons de la Nuance Verte. Des ombres drapées de manteaux émeraude, menthe ou opaline s’affairent à allumer les lanternes qui éclaireront les chemins toute la nuit. Au loin, j’aperçois d’autres lanternes, peut-être seulement des bougies, illuminer la zone sinistrée de la Nuance Bleue. Plus près, juste en dessous de nous, les ruelles de la Nuance Jaune se parent d’un halo doré flamboyant. Morgan se lève, en boitant légèrement, pour allumer le lampion sur le fronton de son église. Instantanément, la terrasse baigne dans une lueur chaude orangée. Je reste un moment immobile, retardant le moment de me tourner vers le haut de la falaise. Le château doit être illuminé à présent. Quand je me décide enfin, mon regard balaye d’abord les toits des demeures cossues de la Nuance Rouge, habillées d’une aura écarlate pénible à l’œil. Mais au-dessus des derniers remparts, juché au sommet des rochers, le palais royal s’est paré de sa plus belle couleur violine. Un saphir brillant dans la nuit.

En ce qui concerne l’écriture, je dois avouer que j’ai eu beaucoup de mal à me mettre dedans, et que j’ai même cru que j’allais abandonner cette dernière dès le début. En fait, la narration au présent, et notamment avec le personnage de Hyacintha, ma beaucoup dérangée. J’ai trouvé cela trop enfantin, voire qu’on était pris un peu pour des idiots au niveau de la narration. C’est aussi pour cela que j’ai eu du mal à accrocher à son personnage, qui parle vraiment comme une enfant. Néanmoins, au bout d’un moment, et grâce aux personnages d’Aequo et d’Améthyste, j’ai finit par me laisser porter par l’histoire même si je regrette qu’on ait été dans le présent. Toutefois, le roman se lit dans l’ensemble assez bien et il conviendra aux plus jeunes. L’action est assez présente, il m’a manqué quelques descriptions tout de même, afin de bien m’immerger dans l’univers, surtout au niveau de la nature ou des bâtiments.

En résumé, j’ai dans l’ensemble apprécié quand même ma lecture, même s’il y a pour moi beaucoup de choses à revoir. Ce n’est donc pas une grosse déception, mais je m’attendais à un univers plus fourni, avec des personnages plus développés. Je suis donc restée sur ma faim. L’univers a beaucoup de potentiel, mais j’ai trouvé le style de narration trop enfantin, à cause notamment du présent, et que les personnages étaient trop clichés et prévisibles. Je ne me suis attachée qu’au personnage d’Aequo; les deux filles étant finalement plus anecdotiques, plus classiques, et moins intéressantes. Je conseille donc la lecture de ce roman, mais je préviens que certains lecteurs, plus vieux, pourront parfaitement s’ennuyés dans un tel récit. J’espère que s’il y a un tome 2, les personnages seront plus travaillés et matures.

Et vous ?

Cela vous arrive-t-il d’être déçus par un roman pour adolescents ?

L’écriture au présent vous dérange-t-elle ?

Ou au contraire, préférez-vous que ce soit au présent, notamment lorsque c’est écrit à la première personne ?

Bon vendredi à tous 😀

5 réflexions au sujet de « Chromatopia »

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