chroniques littéraires

Les pointes noires, tome 1

Bonjour les amis. J’espère que vous allez tous bien et que vous passez une semaine agréable. Pour ma part, je dois avouer que le stress de la reprise de la semaine prochaine est déjà là. J’ai un peu de mal à profiter de mes vacances en sachant qu’on va retourner au collège lundi. Mais bon, j’ai toujours été comme cela, et je sais que j’anticipe beaucoup trop, notamment les problèmes de transport, parce que j’adore mes classes. Donc, il faut vraiment que j’arrive à me détendre un peu, même si je sais que nous sommes déjà mercredi, et que la fin de la semaine approche à trop grands pas.

De ce fait, aujourd’hui, j’ai aussi envie de vous parler de l’histoire d’une grande stressée. En effet, aujourd’hui j’ai eu envie de partager avec vous l’une de mes dernières lectures, à savoir celle du roman jeunesse Les Pointes Noires, de Sophie Noël. Il faut savoir que ce roman, cela fait des mois que j’avais envie de le lire, car je suis Sophie Noël sur les réseaux sociaux, où elle nous parle aussi bien de sa famille que de ses projets, et ce roman m’avait tapé dans l’œil. J’ai donc enfin pu le découvrir. Ce roman est sorti en novembre 2018 aux éditions Magnard Jeunesse. Voici son résumé :

Eve grandit dans un orphelinat au Mali. Son rêve : devenir un jour une danseuse étoile. Adoptée à l’âge de six ans, elle part vivre en France. Sous le regard aimant de ses parents, elle suit une formation solide, épaulée par sa professeure qui l’encourage à se présenter à l’école de danse de l’Opéra de Paris.

Jusqu’au jour où une remarque blessante vient tout faire basculer. Elle réalise brutalement que, dans ses livres, dans les films et sur les scènes de ballets, il n’y a jamais de danseuses étoiles noires. Comment a-t-elle pu ne pas le remarquer plus tôt ? Et si toutes ces années à la poursuite de son rêve n’étaient qu’une illusion ?

Dans ce monde en rose et blanc, Eve devra se battre pour trouver sa place. Et enfin faire bouger les lignes ?

Dans ce récit, nous suivons donc une jeune adolescente, collégienne, qui s’appelle Eve. Eve a été adoptée alors qu’elle était enfant, et elle vit dans une famille qui l’aime. Elle a fait une promesse en quittant le Mali, celle de devenir danseuse étoile, le grâle pour les danseuses classiques. Mais voilà, alors qu’elle s’approche de son rêve, elle se retrouve confrontée au racisme, et le roman raconte ses doutes, mais aussi sa volonté de changer cela, et de devenir la première danseuse étoile noire de France.

Je vais commencer cette chronique par vous parler d’Eve. Dès le début, j’ai trouvé que son personnage était attachant. En effet, on la suit durant son enfance au Mali, avec sa meilleure amie, et la naissance de son rêve de devenir danseuse, rêve auquel elle va s’accrocher ensuite. Dès le début du récit, on découvre donc une petite fille avec une grande volonté, qui se laisse bercer par cette envie de devenir toujours meilleure en danse, parce qu’elle va découvrir que c’est ce qui la fait vibrer. La danse va rapidement devenir un exutoire pour elle, pour oublier la vie à l’orphelinat. Eve est aussi touchante, parce que lorsqu’elle part, elle est encore jeune, six ans, mais elle a des amis, une famille qu’elle s’est construite, et elle va avoir du mal à la quitter. On est triste pour elle, on ressent aussi de la pitié, parce que, certes, elle va avoir une vie meilleure, mais elle est aussi déracinée. Néanmoins, elle le vit bien, et c’est intéressant de voir comment elle s’est parfaitement habituée à sa nouvelle vie, au point d’en oublier sa différence avec les autres. Et c’est donc assez dur pour elle, mais aussi pour le lecteur, lorsqu’elle se retrouve confrontée au racisme primaire, d’abord au collège, puis au lycée. J’ai trouvé son personnage très crédible dans ses réactions, que ce soit celles de violence ou celles de repli sur soi. Eve est un personnage vraiment bien construit et très crédible, c’est ce qui fait qu’on va s’attacher à elle. J’ai aussi apprécié sa volonté et son envie de se donner les moyens de réussir son rêve. Eve est une passionnée, ce qui va aussi la mettre en danger. Elle est excessive par moment, mais c’est ce qui la rend touchante, car on comprend pourquoi elle réagit comme cela. J’ai donc beaucoup aimé son personnage, même dans sa mise en danger involontaire, parce qu’on comprend comment elle est arrive là, et pourquoi elle le fait.

Je fredonne le plus bas possible un air de musique lent et j’enchaîne un développé croisé devant, un développé croisé derrière, grand rond de jambe en l’air en dehors, puis une arabesque, contrôlant au maximum mon équilibre. Sentir tous mes muscles tendus à l’extrême me rassure. je m’arrête un instant, il m’a semblé entendre un bruit. Je tends l’oreille, prête à bondir dans mon lit. Mais ce n’est rien, et je me prépare à recommencer.

Je fais et refais mes exercices, traquant mes défauts, tendant mes muscles jusqu’à la douleur. Jamais satisfaite, toujours portée par la certitude qu’il faut aller plus loin.

Au bout d’un long moment, j’entends mes parents se lever. Je fonce dans mon lit et m’allonge avec bonheur : mon corps tout entier est tendu, plein d’énergie, vibrant.

La nuit prochaine, je recommence !

J’en arrive à présent aux personnages principaux. J’ai trouvé que les deux parents étaient assez en retrait, et j’avoue que j’aurais peut-être aimé une scène de complicité mère fille. On sent toutefois que la mère d’Eve la soutient dans son rêve, tout en restant très protectrice, et prête à l’empêcher de se détruire. J’ai apprécié cela, même si elle est pour le coup un peu trop protectrice par moment, ce qui va provoquer des tensions entre Eve et elle. J’ai aussi apprécié la certaine complicité qui existe entre Eve et Camille, sa meilleure amie en France. Même si Camille va se retrouver confronter à quels difficultés mettant leur amitié en péril, c’est tout de même intéressant de voir les deux filles ensemble, et surtout, voir qu’elles peuvent aussi s’entraider, puisqu’elles sont toues les deux des danseuses. Mais les deux personnages secondaires que j’ai préférés sont Hawa et Madeleine. La première amie est la meilleure amie d’Eve au Mali. Elles sont presque comme deux sœurs, et il y a beaucoup d’amour entre elles. Hawa a tout fait pour aider Eve, et pour qu’elle puisse partir en France. J’ai beaucoup aimé ce geste généreux fait par la petite fille, alors qu’elle aurait pu essayer de la garder près d’elle. J’espère qu’on reverra Hawa dans un autre tome. J’ai aussi été touché par l’histoire de Madeleine et j’ai aimé la manière dont elle va s’occuper d’Eve. Elle la bouscule, et devient un vrai mentor pour la jeune fille. Elle est dure mais juste, et j’ai apprécié la relation qui va s’installer entre elles.

— Alors ? demande Madeleine. Comment la trouves-tu ?

— Incroyable ! Qu’est-ce qu’elle danse bien !

— Merveilleusement bien, oui. C’est une excellente danseuse. Tu ne l’avais jamais vue auparavant ?

— Non, qui est-ce ?

— Elle s’appelle Misty Copeland. Elle est américaine. Plus atypique qu’elle dans le milieu de la danse, je pense que ce n’est pas possible. Elle a commencé les cours à treize ans. Non seulement elle a la peau noire, mais elle est plus petite et bien plus musclée que les autres danseuses de classique.

— Et… et elle est dans un ballet maintenant ?

— Oui, elle est soliste dans le corps de ballet de l’American Bellet Theatre. Une des compagnies les plus importantes aux Etats-Unis. Misty Copeland est une étoile noire.

Je n’en crois pas mes oreilles. Misty Copeland. Son nom résonne comme une belle musique.

— Tu ne dois pas te décourager, Eve. C’est vrai que ce sera difficile. Mais tu voix, ce n’est pas impossible non plus.

Je me tourne vers elle, pleine de reconnaissance. Sa main est posée près de moi, alors je la prends, timidement, et la serre dans la mienne, en lui disant merci.

Parlons maintenant du thème principal de ce roman. Si je l’ai choisi, c’est tout d’abord parce qu’il parle de danse. Je sais que les romans jeunesses, ou même bande-dessinées, qui évoquent ce thème sont assez nombreux, mais j’aime toujours autant me plonger dans cet univers. J’aime aussi qu’on rappelle à quel point cela est dur d’entrer dans ce monde, ce qui est le cas ici. Et ce qui est intéressant avec ce titre, c’est qu’on y rajoute une thématique, celle du racisme. Il est vrai que la plupart des romans ou bande-dessinées sur ce thème nous montre des danseurs ou danseuses blanches, et qu’on voit très peu de danseurs noirs. Cela ne m’avait pas vraiment marquée jusqu’ici, mais ce roman permet de lever un certain voile sur ce problème, et montre aussi à quel point, notamment en France, les danseurs et danseuses doivent être calibrés. C’est au gramme et centimètre près. Cela devient d’ailleurs assez choquant à l’heure d’aujourd’hui, et c’est pour cela que la mère d’Eve la met en garde. On peut comprendre les parents inquiets par cette vision assez rétrograde, surtout pour des enfants. Et ici, on va mettre en lumière le fait qu’Eve détonne parmi les autres danseuses. Avec sa peau foncée, elle ne peut que se démarquer, ce qui ne devrait pas être le cas dans le ballet. C’est vrai que c’est assez dur à attendre, et choquant. Heureusement, Eve ne baisse pas les bras, et c’est assez agréable de la voir remettre en place les rageux. C’est aussi ce que j’ai apprécié avec ce roman, car la société, tout comme l’Opéra, tout aussi s’adapter, et changer ses méthodes, ou du moins, les revoir.

— Ecoutez, je ne vais pas vous raconter d’histoires. Vous avez bien conscience que, dans une chorégraphie, il faut une unité… ?

— Comment ça ?

Son ton doucereux ne me dit rien de bon.

— Une unité… Un ensemble…

Je me crispe. Ce refrain-là me rappelle quelque chose.

— C’est mieux si les danseuses ont toutes la même couleur de peau, c’est ça ?

Elle fait semblant d’être embarrassée :

— Eh bien…. ce n’est pas exactement ce que je voulais dire, mais puisque vous en parlez… Entre autres, oui !

Pour ce qui est de l’écriture, elle est très fluide. Comme je le disais plus haut, le personnage d’Eve est bien construit et très crédible, et c’est la même chose pour tout le récit. Ce dernier semble couler de source, être très crédible, et on est bien ancré à la fois dans les sentiments de la jeune fille, mais aussi dans son aventure. Certes, on se doute de la fin, elle est prévisible, mais elle est logique par rapport à ce qu’on attend d’un tel récit, ce qui permet de montrer de l’espoir. On a envie de croire à l’histoire d’Eve, et de croire qu’elle peut être la même pour toutes les petites filles comme elle. Il y a de l’émotion, du rire, et on est aussi révolté par certaines remarques faites par les autres personnages. Le roman se lit bien. Je regrette toutefois le tout dernier chapitre, car même si je savais qu’il y avait une suite, j’aurais aimé que cette partie là soit décrit dans cette suite, et pas en dernier chapitre.

En résumé, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette histoire. Le roman se lit bien et l’histoire est bien construite. Le personnage d’Eve est très attachant et touchant. On prend plaisir à la suivre dans cette histoire, et je me suis facilement mise à sa place. Les autres personnages sont eux aussi intéressants, j’ai apprécié l’histoire d’Hawa, que j’espère qu’on reverra, et celle de Madeleine, qui est un personnage que j’ai beaucoup aimé. C’est vraiment une belle histoire, je vous en conseille donc la lecture. Et je lirais la suite avec plaisir.

Et vous ?

Quels sont les sujets que vous aimez retrouver dans un roman jeunesse ?

Lisez-vous des romans sur la danse ?

Qu’est-ce qui vous fait vous attacher aux personnages secondaires ?

Bon mercredi à tous 🙂

4 réflexions au sujet de « Les pointes noires, tome 1 »

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