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Les amants de Key West

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez bien et que vous passez une fin de mois de juillet agréable. Pour ma part, j’ai vraiment trouvé que ce premier mois des vacances d’été était passé très vite, sans doute parce que je n’ai pas arrêté de courir partout, et d’essayer de tout faire. Et maintenant, j’angoisse un peu à l’idée que je n’ai pas réussi à faire tout ce que je voulais, et qu’il ne me reste plus qu’un mois pour tout faire. Mais bon, ce n’est finalement pas si grave, et tout va finir par rentrer dans l’ordre.

En tout cas, je vous propose aujourd’hui de vous évader un peu, et de prolonger le beau temps et l’ambiance des vacances avec l’une de mes dernières lectures. Je vous emmène, en effet, en vacances sur l’île de Key West, sur la côte américaine. Je vais aujourd’hui vous parler de la romance estivale Les Amants de Key West, écrit par Priscilla Oliveras. Il s’agit d’une autrice dont j’avais déjà chroniqué un roman, le premier de sa série sur Key West, qui s’intitule Sous le Soleil de Key West. Ce nouveau tome est toujours publié aux éditions de l’Archipel, et il est sorti en France en juillet 2021. Je remercie la maison d’édition de m’avoir permis de lire ce titre grâce au site NetGalley. Voici son résumé :

Photographe de renom, Alejandro n’avait pas revu sa ville natale de Key West, en Floride, depuis douze ans. Mais, après avoir été grièvement blessé, le voilà contraint d’y retourner.

Sur place, il retrouve son envahissante famille – dont son père qui ne lui a jamais pardonné d’avoir  » abandonné  » les siens et le restaurant cubain que tient la famille –, Enrique, son ami d’enfance, et surtout Anamaria, la sœur de ce dernier… son amour de jeunesse.

Anamaria a depuis développé une florissante entreprise de fitness, grâce entre autres à l’aide de Sara, l’épouse d’Enrique, influenceuse sur les réseaux sociaux.

Alejandro et Anamaria ne se sont jamais pardonné leur rupture. Aussi les retrouvailles entre les deux anciens amants s’annoncent-elles électriques. Mais sous le soleil de Floride, tout peut arriver… même le plus inattendu !

Dans cette histoire, nous suivons donc deux adultes, Alejandro et Anamaria, qui se sont profondément aimés dans leur jeunesse, mais qui ont dû faire leur vie chacun de leur côté. Alejandro a en effet quitté, ou plutôt fui, son île natale et n’est jamais revenu. Blessé suite à un accident, il est de retour. Et Anamaria va devoir l’aider à apprivoiser sa famille, et à se reconstruire. Cela va alors leur permettre de renouer de possibles liens, voire plus.

J’ai envie de commencer cette chronique non pas par l’étude des personnages, comme je le fais d’habitude, mais plutôt par le récit en lui-même. En relisant ma chronique du tome 1, je me suis rendue compte que j’avais été dure avec ce roman, et que je risquais de l’être avec celui-ci, alors qu’il ne mérite pas nécessairement cette dureté. Déjà, commençons par un fait, ce n’est pas parce que nous sommes dans une suite que nous devons impérativement lire le premier tome. En effet, vous pouvez parfaitement commencer par celui-ci, et ne pas lire Sous le Soleil de Key West. en effet, bien qu’il y ait des références au premier tome, nous suivons ici le personnage d’Anamaria, la sœur de Luis, et non ce dernier. Nous sommes donc pleinement sur une nouvelle histoire. Et ensuite, même si le résumé peut sembler simple, voire même sans originalité, puisque nous suivons seulement des retrouvailles entre deux anciens amants, je dois dire qu’il y a une certaine profondeur dans le roman, qui ne m’a pas sauté tout de suite aux yeux, mais qui est davantage flagrante à la fin de l’histoire. Et c’est d’ailleurs ce qui fait que, finalement, je suis moins dure avec ce roman que je pouvais l’être avant d’écrire cette chronique. Ainsi, certes, nous sommes face à une romance basique, avec deux personnages qui se sont aimés passionnément étant adolescents, et qui se retrouvent après une longue séparation, mais nous sommes aussi sur un récit de famille, sur une reconstruction familiale. Et je pense que c’est ce qui fait la force de ce récit. Je ne vous cache pas le fait que le roman souffre un peu du même défaut que le premier, dans une mesure moindre, soit le fait que nos deux personnages principaux ne font que se tourner autour avant enfin de céder à leurs pulsions. Cependant, nous avons aussi une vraie réflexion sur la famille, et la place que l’on a dans cette dernière, que ce soit avec le personnage d’Anamaria ou celui d’Alejandro. Et j’ai vraiment aimé cela. On avait seulement esquissé cette réflexion dans le premier tome, mais c’est vraiment abouti ici. Ainsi, Anamaria a peur de décevoir ses proches en lançant son entreprise pleinement, en abandonnant les pompiers, qui est la marque de fabrique de sa famille, et Alejandro ne sait plus où est sa place, il est un étranger parmi les siens, parce qu’il leur a tourné le dos lorsqu’ils refusaient de l’accepter. On a alors une réflexion sur les traditions, et leurs poids sur les nouvelles générations, sur le fait de s’affranchir ou non des attentes des parents, et des conséquences de ces choix. Alejandro a tout fait pour être libre, mais l’est-il vraiment ? Et Anamaria a-t-elle raison de rester dans le moule de ses parents ? C’est vraiment intéressante de voir comment les deux familles réagissent, surtout maintenant que les enfants sont des adultes, et peuvent faire leurs propres erreurs.

Il n’en pouvait plus du poids de leurs attentes. Celles de sa mère, de sa grand-mère… Tous voulaient le voir reléguer sa passion au rand de simple hobby et reprendre les rênes du Miranda’s. Il en allait ainsi depuis la première fois où il avait demandé à être dispensé de service au restaurant, le temps d’aller photographier la grande course annuelle de hors-bord. Son père l’avait raillé avec mépris, déclarant que la photographie n’était qu’une perte de temps ; son fils avait d’autres responsabilités à assumer, bien plus importantes que ces jeux d’enfants.

Avant de vous parler des personnages principaux, j’ai envie de vous parler d’abord des personnages secondaires. Ainsi, même si on ne peut ne pas vraiment se sentir à Key West à cause du manque de description de l’île, on peut dire que ce sont les personnages secondaires qui nous donnent l’ambiance de la région, notamment par le biais des mama cubaines. En effet, que ce soit Anamaria ou Alejandro, tous les deux sont surveillés par leurs mères, qui s’arrangent même pour qu’ils soient ensemble, voire même plus qu’amis. Impossible alors pour eux d’avoir un seul moment d’intimité, ou de refuser ces moments, car leurs mères veuillent, et il ne faut pas leur manquer de respect. J’ai beaucoup aimé cette surveillance très envahissante, mais qui en devient touchant, voire même amusante. C’est marrant de voir tous les stratagèmes qu’elles développent au cours du récit pour les remettre en couple, ce qui va liguer les deux anciens amants contre elles. J’ai aussi envie de parler des rôles des deux pères, plus effacés, et pourtant tellement là, notamment dans le cadre du père d’Alejandro, qui est sévère et qui refuse son fils. On a alors de la peine pour lui. Mais ce que j’ai aussi beaucoup aimé, ce sont les rôles des frères, très présents dans ce roman, et de leurs épouses, qui sont là pour soutenir à la foins Alejandro lorsque cela est nécessaire, ou alors Anamaria. On sent donc tout l’amour qui réunit ces familles, qui est leur moteur, et qui fait qu’ils sont tous soudés. C’est aussi très agréable de revoir Luis et Sara, les deux héros du premiers tomes, qui sont là pour Anamaria, et pour la protéger contre le danger qui peut représenter Alejandro. J’ai beaucoup aimé cette attitude protectrice, ce qui fait que tout le monde a le sentiment d’être de la même famille, de faire partie d’un tout, qui parfois lui échappe.

– Ce qui m’amène justement à un problème que nous devons régler, reprit-elle en lançant un regard contrarié en direction de la baie vitrée. Apparemment, ta mère est passée à la vitesse supérieure : après les petites tentatives verbales de culpabilisation, elle en est maintenant aux stratagèmes purs et durs.

(…)

– Qu’est-ce qu’elle a encore fait, bon Dieu ? lui demanda Alejandro en chuchotant pour ne pas réveiller Lulu.

Un filet de salive coulait du coin de la bouche de l’enfant, laissant une marque sombre sur le t-shirt gris de son oncle.

– Comme par hasard, son portable a atterri dans mon sac de sport après la séance de zumba.

– Quoi ?

– Eh, oui… Dingue, non ?

Elle secoua la tête avec une mine faussement perplexe.

– Et après, elle a appelé son portable du restaurant en ayant l’air surprise que je réponde, et m’a demandé si je pouvais passer le déposer ici. Où, bien sûr, ton abuela a insisté pour que je vienne te dire bonjour.

Parlons maintenant du couple principal de cette histoire, donc d’Anamaria et d’Alejandro. Je dois avouer que je me suis davantage attachée à Anamaria qu’à Alejandro, tout simplement parce que ce dernier est très suffisant dans la première partie du roman, et qu’il rend son ancienne petite-amie responsable de leur rupture. C’est en effet Anamaria qui a refusé de le suivre en Europe, et qui a préféré rester avec sa famille. Or, pour Alejandro, elle l’a trahi, elle ne l’aimait pas assez pour venir avec lui. En vérité, il n’a pas compris les raisons qui ont poussé la jeune femme a resté, et il la rend coupable de tous ses maux, ce qui est injuste. De ce fait, Alejandro ne se remet pas en cause, en question, et il préfère accuser les autres. Heureusement, son évolution est intéressante, car son séjour prolongé sur l’île, plus les années de maturité qu’il a gagné, lui font comprendre qu’il a sa part de responsabilité, qu’il est têtu, et qu’il n’a pas su comprendre les autres, qu »il s’est enfermé tout seul. Certes, il a de bonnes raisons aussi d’avoir agi comme il l’a fait, à cause de son père, mais il doit davantage nuancer ses propres réactions. J’ai aimé sa prise de conscience, le fait qu’Anamaria a réussi sans lui, et qu’il commencer à comprendre qu’il lui aurait brisé les ailes en la forçant à le suivre. L’évolution d’Anamaria est aussi intéressante, car si elle refuse de faire des compromis au début, elle va peu à peu évoluer, et accepter la présence d’Alejandro dans son monde, mais aussi son propre succès qui arrive. Anamaria s’est battue dure pour monter son entreprise, et elle commence à en recevoir les fruits, et même si cela l’effraie, on voit aussi à quel point c’est bénéfique pour elle. C’est toutefois dommage qu’on aille pas plus loin avec sa réflexion sur les pompiers et le fait qu’elle ne va pas pouvoir tout gérer, qu’elle doit elle aussi couper un peu le cordon avec sa famille.

– Ton choix a été suffisamment clair, il y a une dizaine d’année, ajouta-t-il.

L’injustice de l’accusation la percuta de plein fouet, et elle sentit son sang bouillir.

– Attends. je rêve ou tu es en train de tout me mettre sur le dos, là ? grinça-t-elle.

(…)

– Au risque de ne pas me faire comprendre, siffla-t-elle entre ses dents, sache que ce comportement surprotecteur, parfois intrusif de la part de mes frères ou de mes parents m’a toujours paru mille fois préférables à l’idée de ne plus les avoir dans ma vie. Tu ne l’avais pas capté à l’époque. Et visiblement, tu n’as toujours pas compris.

Les lèvres d’Alejandro se pincèrent tandis qu’il la dévisageait, le souffle court. Il prit une grande inspiration avant de lui répondre d’une voix sourde.

– Je ne m’attendais pas à ce que tu les laisses tomber. mais je ne m’attendais pas non plus à ce que tu me laisses tomber.

En ce qui concerne l’écriture, elle est assez fluide et le roman se lit bien. Toutefois, j’ai eu du mal à me lancer dans l’histoire, et j’ai eu le sentiment que cette dernière n’avançait pas beaucoup, sauf dans les dernières pages. Celles-ci, pour le coup, vont un peu trop vite, surtout en ce qui concerne la résolution du problème d’Alejandro avec son père. J’aurais aimé qu’on prenne davantage le temps à ce moment-là, surtout pour écouter les raisons du père du photographes. On passe beaucoup de temps sur l’animosité d’Anamaria et Alejandro, et sur leurs retrouvailles, et, bien que ce temps pris soit important, je me suis un peu ennuyée. Mais les descriptions de l’île restent sympa, j’ai eu le sentiment qu’on était davantage plongé dans son ambiance que dans le tome 1, et j’ai beaucoup aimé l’humour donné par les mama.

En résumé, c’est un roman que je vous conseille pour son histoire de famille, qui est le point fort de ce récit. J’ai beaucoup aimé suivre la famille d’Anamaria et les manigances de sa mère pour la remettre avec Alejandro, que les manigances de la mère de ce dernier pour le remettre avec elle. La famille est ici très importante pour le rôle qu’elle apporte dans la construction des uns et des autres, et permet aussi une certaine remise en cause. L’humour est assez présent, ce qui est plaisant. Il y a toutefois quelques bémols dans ma lecture, comme le fait que l’histoire se met en place très lentement, avant d’accélérer trop vite. J’ai aussi eu du mal avec le personnage d’Alejandro. Le roman reste toutefois agréable à lire, et j’ai hâte de lire celui sur Enrique, qui semble être la suite logique.

Et vous ?

Cela vous arrive-t-il d’être mitigé par une lecture ?

Que retenez-vous alors ? Les bons côtés, ou les mauvais ?

Quels sont les mauvais côtés qui sont pénalisants chez vous ?

Bon mercredi à tous 😀

2 réflexions au sujet de « Les amants de Key West »

  1. Je me sens vraiment mitigée concernant ce second tome ; autant le premier était dynamique et sympa, autant celui-ci traîne en longueur. Je te rejoins sur la profondeur qui s’en dégage néanmoins, mais ça n’est pas assez développé à mon sens pour gommer les défauts d’une romance pas des plus palpitantes.

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