chroniques littéraires

Embrassons-nous sous les étoiles

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que votre weekend se déroule comme vous le souhaitez. Pour ma part, je suis contente de pouvoir profitez enfin du soleil et de la chaleur. Cela fait du bien au moral, et je peux enfin retirer mes pulls. Il faut dire qu’il fait un peu froid dans mon appartement, et que j’avais l’impression de me retrouver en automne, ou en mars. Cette fois, on se sent vraiment en été.

D’ailleurs, afin de fêter l’été, le soleil et la chaleur, je vous emmène en vacances, en voyage dans les montagnes anglaises, les fameux fells. Pour cela, je vais vous parler de ma dernière lecture, qui est le dernier roman de Sarah Morgan paru en France. Il s’agit du roman intitulé Embrassons-nous sous les étoiles. Il est sorti en France aux éditions Harlequin en mai 2021. Je remercie d’ailleurs la maison d’édition de m’avoir envoyé ce roman en service presse via le site NetGalley. Il s’agit d‘une romance contemporaine, et voici son résumé :

Un bonheur est si vite arrivé ! L’homme idéal, Flora l’a trouvé en Jack. Dès le moment où il a pénétré dans son magasin de fleurs, cet homme attentionné et diablement séduisant n’a plus jamais quitté ses pensées, ni son cœur. Seulement, Flora s’aperçoit bien vite qu’elle ne peut entrer dans sa vie sans se comparer sans cesse à une autre : la défunte épouse de Jack, Becca, une ballerine de renommée internationale avec qui il a eu deux enfants. Pour être avec lui et se faire accepter des siens, Flora va devoir faire taire ses incertitudes et déployer tout l’amour dont elle est capable. Et vite, car Jack la convie bientôt à son voyage familial en Écosse, chez la meilleure amie de Becca…

Dans ce roman, nous suivons trois personnages principaux. il y a tout d’abord Clare, qui vit en Angleterre, et qui doit se remettre de la mort de sa meilleure amie, alors même que cette dernière, avant sa mort, lui a avoué un terrible secret qui pourrait changer à jamais l’image de cette femme décédée. Nous avons ensuite Flora, qui vient de tomber amoureuse. Jeune femme réservée, elle n’ose croire à son bonheur, d’autant plus que cet homme semble idéal. Mais il est veuf, et il a deux filles, dont une adolescente, Izzy. D’ailleurs, le troisième personnage que nous suivons est Izzy, qui est persuadée que Flora va lui voler son père, et faire disparaître le souvenir de sa mère. Or, lorsque la famille part en vacances chez Clare, comme tous les ans, les masques tombent, et chacun va devoir trouver sa place.

Je vais commencer cette chronique par vous parler de Flora, vue qu’elle est, à mon avis, le personnage central de ce récit, celui qui cristallise tous les regards. Dès les premières pages, on comprend en effet que son rôle va être essentiel dans ce récit, et qu’elle va être le lien entre Clare et Izzy, même si le lien passe aussi par Becca, la meilleure amie et mère décédée. Dès le début, on comprend aussi que Flora a peu d’estime pour elle-même. Et c’est ce qui m’a fait pitié pour elle, dans un sens plutôt négatif. En effet, non seulement Flora a une mauvaise image d’elle-même, mais en plus, elle dit oui à tout, elle cède à tout le monde, elle ne sait pas s’affirmer, ce qui fait qu’elle est exploitée, et elle donne le sentiment d’être une petite chose fragile. J’avoue que cela m’a agacée au début, même si l’on comprend rapidement à quoi cela est dû. Flora a peur de ne pas être aimée, d’être abandonnée, et de ce fait, elle cède à tout pour faire plaisir à tout le monde. Sauf que ce n’est pas comme cela qu’elle peut être heureuse. Et heureusement, elle le comprend dans cette histoire, ce qui fait qu’elle va évoluer, grandir, et comprendre ses erreurs. J’ai aimé son évolution, parce qu’on voit vraiment le papillon sortir de sa chrysalide, on la voit s’affirmer, se défendre, se surpasser, et surtout s’ouvrir aux autres. J’ai aimé les moments où elle se confesse, où elle laisse tomber le masque. Cela la rend attachante, parce qu’on comprend mieux son histoire, mais surtout, on la voit prendre conscience de ses erreurs, de ses faiblesses, et de ce qu’elle doit changer en elle. Avec ces confidences, Flora prend du recul sur elle-même, sur son existence, et je pense que c’est important pour elle, pour son changement. C’est assez intéressant car cela permet de nous interroger nous aussi sur ce qu’on dit, sur ce qu’on accepte, et sur ce qu’on ne veut finalement pas accepter. Ce que j’ai aussi beaucoup aimé avec Flora, c’est son instinct maternel, qui est immédiatement présent, et qui lui permet de se lier avec Molly, la plus jeune fille de Jack. Elle se sent tout de suite proche d’elle, parce qu’elles ont vécu la même chose, et qu’elle est à même de la comprendre. Mais surtout, ce qui est bien avec Flora, c’est qu’elle ne force pas. Elle veut être aimée, mais elle sait aussi être patiente, et ne pas s’impliquer trop dans la vie de Jack, prendre une place qui n’est pas la sienne. Elle se met beaucoup en retrait, ce qui est une faiblesse dans la vie de tous les jours, mais ce qu’il faut faire ici, dans cette situation. C’est un personnage qui est finalement touchant, tout en douceur et en tendresse, à qui on s’attache aisément une fois que ses faiblesses sont gommées, une fois qu’on comprend pourquoi elle a ce caractère. Et j’ai aimé sa joie de vivre, même si j’aurais aimé qu’elle est plus d’assurance, et qu’elle se compare moins à Becca.

Regardant ces photos, elle se sentit comme un éléphanteau maladroit. Elle avait le sentiment qu’elle n’aurait pas impressionné Becca.

Elle était bonne dans de nombreux domaines, mais était la première à admettre qu’elle ne savait rien faire de particulièrement impressionnant. Elle pouvait redonner vie à une plante fatiguée, confectionner un bouquet somptueux, anser le tango, faire parfaitement la roue, peindre à l’aquarelle ou dessiner au pastel, confectionner des vêtements originaux. En revanche, elle n’était pas très ordonnée, était incapable de jeter un livre, ou digérer une huître. Et contrairement à Becca, jamais elle ne voudrait être à la tête d’une entreprise.

Elle redressa les épaules et rentra le ventre.

– Ta maman était très belle.

– Elle était parfaite en tout point, déclara une voix froide à l’entrée de la cuisine.

Parlons maintenant d’Izzy. Dès le début, je me suis attachée à elle. Izzy a perdu sa mère, et on sent tout de suite qu’elle est perdue, qu’elle ne sait plus vraiment avancée, quel est son rôle et sa place dans la famille. Izzy devient presque une mère pour sa soeur, c’est elle qui lui change les draps, qui veille sur elle, qui la réconforte. Et dans le même temps, elle sait des choses sur sa mère qu’elle ne peut pas confier. Elle est donc assez seule, et son père se repose énormément sur elle, parce qu’il ne voit pas son mal être. Izzy est une adolescente en détresse qui fait tout pour le cacher. et dans le même temps, personne ne peut la comprendre, même pas ses amies, qui ont d’autres préoccupations. J’ai vraiment été touchée par sa peine, son chagrin, qu’elle ne parvient pas à surmonter. Et si c’est le cas, c’est parce qu’elle est en colère. Elle en veut à sa mère d’être morte, mais aussi à son père qui se remet en couple, à Flora, d’exister, et à elle-même. On sent qu’elle est au bord du précipice, et on a envie de l’aider. Toutefois, Izzy repousse tout le monde. La seule qu’elle accepte, finalement, c’est sa sœur. J’ai beaucoup aimé le lien qu’il y a entre elles, plein d’amour. Izzy ferait n’importe quoi pour sa sœur, alors même qu’elles n’ont pas le même âge, pas le même rapport aux choses. Et lorsque Flora arrive et qu’elle parvient à nouer des liens avec Molly, Izzy ne peut pas en vouloir à sa sœur, donc elle reporte toute sa colère contre Flora. Et le soucis, c‘est qu’on ne peut pas lui en vouloir, elle agit normalement, elle craint qu’on oublie sa mère. On voudrait être en colère contre elle, surtout vue la manière dont elle traite Flora, dont elle essaye de la coincer, voire de la virer, mais Izzy n’a pas mauvais fond. Elle-même se rend compte qu’elle va trop loin, mais elle ne peut pas faire autrement. Elle ne peut que vouloir que sa famille reste comme elle est, et on comprend la colère qu’elle éprouve contre son père. Il y a beaucoup d’humanité dans le personnage d’Izzy, et c’est sans doute pour cela que j’ai préféré son personnage à celui de Flora, parce qu’elle ne parvient pas à faire son deuil, parce qu’elle est à cran, parce qu’on a beaucoup de peine pour elle.

Ils ignoraient ce qu’était sa vie, son père aussi, et elle n’avait aucune intention d’en parler. Elle en avait appris plus sur les gens depuis la mort de sa mère que dans toute sa vie. Elle avait appris qu’ils se concentraient surtout sur eux-mêmes. Quand il leur arrivait de penser aux autres, c’était surtout en relation avec eux-mêmes. Ses amies ne pensaient pas à ce qu’elles traversait, sauf quand elle ne pouvait pas sortir avec elles, parce qu’elle devait garder Molly. Ce n’état pas intentionnel ni malicieux. C’était de l’indifférence. De l’égoïsme. Deux attitudes qui pouvaient faire atrocement mal.

Amener une femme à la maison, était-ce une forme d’égoïsme ?

Elle savait que ça perturberait Molly de voir une autre femme dans la maison. Cette perspective ne la réjouissait pas trop.

Sa mère lui manqua soudain si fort qu’elle en eut le souffle coupé. Il y avait tellement de choses qu’elle regrettait de ne pas avoir dites ou faites. Personne ne lui avait jamais appris qu’il était possible de se sentir en colère et triste à la fois.

En vérité, le personnage central dans ce récit est Becca, et le deuil qu’elle provoque par sa disparition. On comprend très vite que Becca aimait prendre toute la place, qu’elle avait besoin que tous les regards soient tournés vers elle, qu’elle était égoïste, et que sa disparition ne peut donc que laisser un vide immense dans la vie de ses proches. Et ce roman nous permet justement d’évoquer ce vide, ce qu’elle a laissé ou non. C’est donc un roman sur le deuil, et la manière dont on peut essayer de le gérer. Il y a bien entendu le chagrin d’Izzy qui est longuement évoqué, parce que c’était sa mère, et parce qu’elle avait une relation particulière avec elle, mais nous avons aussi le deuil de Molly, qui est différent de celui de sa sœur, qui est lui différent de celui de Jack, qui était marié avec Becca, et enfin celui de Clare, sa meilleure amie. Tout le monde doit faire avec les moyens du bord, avec aussi ce qu’il sait de la disparu, car tout le monde n’a pas le même savoir, par le même regard sur les événements passés. Becca s’est confié à Clare avant de mourir, Jack refuse de parler d’elle, et Izzy s’est disputée avec sa mère. Tous ont un rapport avec elle qui est chargé en émotions. Et Flora débarque dans tout cela et doit aussi faire avec, sans se comparer avec la disparue, mais sans l’ignorer non plus. Sa place est loin d’être enviable, et elle doit faire face au chagrin de tout le monde, et face à ce que cette histoire remue aussi en elle, car Flora a dû elle aussi faire face au deuil. Or, ces vacances vont être une vraie épreuve pour le deuil de tout le monde, d’autant plus que Becca est comme présente, comme tous les ans, alors qu’elle n’est plus là. Elle est au centre de toutes les conversation et pensées, et il faut que tout le monde compose avec cela. Ce roman permet aussi d’évoquer le jugement de la douleur des autres, sur le fait de passer ou non à autre chose, donc sur la manière dont chacun gère son deuil. J’ai trouvé cela bien de rappeler que toutes les situations et tout le monde est unique, et que chacun réagit à sa manière, et que tout le monde doit se mêler de ses affaires, et veiller sur les autres, au lieu de les juger et de les condamner. Le lien entre le chagrin et la colère ici est très important, et c’est aussi ce qui rend le roman vivant, parce qu’on ne peut pas oublier que la colère est une étape essentielle dans le deuil.

– Ca fait à peine un an.

– Et alors ? Combien de temps un homme doit-il souffrir avant que la société arrête de le juger ? Je parie que ça a été l’année la plus longue et la plus déprimante de sa vie. Existe-t-il un laps de temps jugé acceptable après un deuil, dont je ne suis pas au courant ?

Sa voix s’adoucit.

– Je comprends que ce soit dur pour toit, mais il ne s’agit pas uniquement de Becca. Jack est notre ami, aussi, Clare, il l’est depuis plus de vingt ans. Il a été témoin à notre mariage. Il n’a jamais été question que de Becca. On lui doit notre soutien.

On ne doit pas oublier qu’il s’agit d’une romance. Certes, la question du deuil est bien présente, mais elle est aussi là pour nous montrer l’histoire de Flora et de Jack, et les embûches qui sont sur leur chemin. Leur romance est belle, toute douce, pleine de pudeur, de tendresse, de patience aussi. J’ai aimé cela, parce qu’on prend vraiment le temps de développer leurs sentiments, leur place chacun avec l’autre. Ils sont tous les deux en train de se reconstruire, et ils prennent le temps de faire les choses biens, ce qui leur permet aussi de s’apprivoiser, de prendre le temps de se connaître. C’est la même chose avec le second couple du récit, qui prend le temps de se redécouvrir, le temps d’un été. J’ai aussi aimé le changement de cadre qui s’opère, et le voyage dans les fells qui nous est proposé. Cela donne vraiment envie de découvrir cette région, et c’est un vrai dépaysement qui est fait après avoir commencé le début du roman à New York. On sent alors vraiment l’ambiance vacances estivales, et la détente qui s’opère chez tout le monde grâce à cela. J’aimerais beaucoup visiter cet endroit à mon tour.

En ce qui concerne l’écriture, les descriptions des paysages permettent de nous projeter dans les fells, et de nous donner envie d’y aller. En fait, on se croirait là-bas, et on a envie d’en profiter nous aussi. On sent le calme qui émane de ce lieu, et c’est un endroit qui emble parfait pour les vacances, notamment les vacances en famille. C’est la même chose avec les sentiments, ils sont tous très bien décrits, mais sans que cela soit pesant. Il y a un très bon dosage entre la tristesse, mais aussi entre l’humour, la tendresse entre sœurs, et l’amour. Certes, il y a des passages plus tristes que d’autres, qui sont émouvants, mais ils ne plombent pas l’ambiance, ils ne filent pas le cafard, et on retourne vite à la vie, à ses joies. C’est un roman qui parle de la vie sans les disparus, la vie qui doit continuer, et qui reste marquée par l’absence, tout en restant vivante. C’est un roman qui nous fait ressentir les émotions des personnages, tout en restant assez joyeux. On reste dans l’ambiance de l’été, mais en parlant de la vie et de la mort. J’avoue toutefois avoir été décontenancée de commencer l’histoire avec Clare, et ensuite avec le début de la romance, et donc Fora. J’ai eu du mal à voir où voulait en venir l’autrice, mais tout finit par se mettre en place lors du départ de tout le monde vers les fells. Mais Clare est un peu à l’écart, par rapport à Izzy et Flora, et c’est peut-être un peu dommage.

En résumé, pour ma part c’est un coup de cœur, le premier de l’été, et je ne peux que vous le conseiller. C’est un très bon roman, qui est bien écrit, qu’on n’a pas envie de lâcher, qui développe des thèmes forts, avec des personnages attachants, qui deviennent presque des proches. Pendant tout le long du roman, on ressent leurs émotions, on est triste ou joyeux selon ce qui leur arrive, et on sourit aussi. L’ambiance n’est pas pesante, le dosage des émotions est bien fait. J’ai adoré ma visite des fells, et je me suis beaucoup attachée à Izzy. J’avoue que je ne serais pas contre une suite avec les mêmes personnages, qui me manquent déjà.

Et vous ?

Trouvez-vous cela perturbant de parler de deuil dans un roman de l’été ?

Aimez-vous lorsque es romances prennent leurs temps ?

Cela vous dérange-t-il d’avoir plusieurs personnages principaux ?

Bon dimanche à tous 😀

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