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Promis, on reste amis

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous avez passé une bonne semaine et un bon weekend. Pour ma part, c’est un weekend de vacances qui avait lieu, marqué par le weekend à 1 000. Cette pause fait du bien, elle est bien venue entre le départ des terminales mercredi, qui étaient très excités, et le bac de philosophie et de français jeudi prochain. Le mercredi avec mes élèves a été très sportif et après jeudi prochain, je vais devoir m’enfermer chez moi pour corriger tout le bac. Cette alcalmie me permet donc de recharger mes batteries.

Mais aujourd’hui, je ne reviens pas pour vous parler d’adolescents sur le blog. Je reviens pour vous parler d’amour et d’amitié. En effet, je vais maintenant vous parler du roman Promis, on reste amis, de Juliette Bonte. Ce roman, qui est donc une comédie romantique, est publié aux éditions Harlequin. Je les remercie d’ailleurs de m’avoir envoyé le roman en format numérique en service presse via le site NetGalley . Le roman est sorti en avril 2021. Voici son résumé :

Washington. Ils sont quatre amis qui partagent une maison… et tout le reste : les courses et le ménage, les rires et les peines, les bonnes nouvelles et les problèmes !

Janhvi aimerait vraiment que sa vie sentimentale soit aussi simple et naturelle que le cycle migratoire des baleines. Malheureusement, elle lui donne autant de fil à retordre que la préparation de sa future exposition, et pour cause : elle vient de se faire larguer. Encore.

Peter aimerait vraiment guérir son addiction à Janhvi comme il soigne les animaux éclopés qui échouent dans son cabinet. Car il doit se rendre à l’évidence : à trop attendre, il est en train de passer à côté de sa propre vie.

Graham aimerait vraiment que la procédure d’adoption initiée avec son mari, Leandro, aboutisse enfin. Pour pouvoir être un père attentionné et présent ; tout ce qu’il n’a pas eu la chance de connaître avec ses parents retranchés dans leur Écosse natale depuis son coming out.

Leandro, lui, aimerait vraiment que le destin ait un meilleur sens du timing. Car devoir gérer le débarquement de ses beaux-parents, qui ignorent son existence, en plus des problèmes de cœur de ses amis, ça risque de faire beaucoup.

Dans cette histoire, nous suivons quatre personnages principaux qui vivent tous ensembles, dans une même et grande maison. Il y a d’abord Janvhi, qui vient de se faire larguée, et qui ne voit pas que son meilleur ami Peter est fou amoureux d’elle. Peter essaye d’ailleurs de se débarrasser de cette addiction, mais sans grand succès. Nous avons alors aussi Graham, qui ne s’attend pas à ce que ses parents, qui l’ont toujours renié après son coming-out, ne débarque à Washington. Et Leandro, son mari, essaye de tout faire pour qu’aucune situation ne dégénère, mais parfois, tous ses effort sont sans succès.

Je vais commencer par vous parler du premier couple, qui est donc celui de Janvhi et de Peter. Tous les deux sont amis depuis l’enfance, et Janvhi sait qu’elle peut compter sur Peter quoi qu’il arrive. Cela tombe bien, car Janvhi a le don pour se mettre dans des situations amoureuses tout plus horribles les unes que les autres. D’ailleurs, c’est le cas avec son nouveau ex, qui non seulement l’a larguée par SMS, mais qui en plus se met à la harceler afin qu’elle se remette avec lui, qu’elle lui laisse une dernière chance. En fait, c’est l’avantage du personnage de Janvhi, elle nous rappelle qu’on doit toujours se protéger dans une relation amoureuse, et vraiment bien choisir avec qui on se met, car son ex fait réellement peur dans la manière qu’il a de la coller et de la suivre partout. Un vrai harceleur, voire même plus. C’est aussi ce qui est intéressant, cela moi, avec son personnage, c’est qu’on peut parler de ses ruptures qui tournent au fiasco et de ses hommes qui sont des prédateurs. Son personnage permet aussi de parler de la pression parentale pour être en couple. Janvhi vient d’une famille indienne pour qui le couple est très important, et des parents qui désespèrent de la voir se caser définitivement. J’ai aimé cet aspect-là, car les rencontres arrangées sont assez drôles en général, et c’est le cas ici. Néanmoins, malgré un travail de Janvhi qui m’a aussi beaucoup plus, plus les aspects cités plus haut, j’ai eu du mal avec son personnage. En effet, Janvhi a beaucoup de mal à se remettre en question, et à comprendre qu’elle est assez égoïste. Elle voit le monde avec certaines œillères, et elle ne se rend pas compte que les autres sont aux petits soins pour elle qu’ils lui sont presque soumis. Janvhi fait le bonheur du groupe, mais aussi son malheur. Et, alors que tout le monde voit que Peter est fou d’elle depuis l’enfance, elle n’est pas en mesure de s’en apercevoir. C’est ce que je lui reproche. De ce fait, Peter est très effacé, il est dans son ombre, et il suffit qu’elle n’aille pas bien pour qu’il n’aille pas bien. Heureusement, il essaye de se rebeller contre cela dans le roman, et c’est ce qui donne une certaine profondeur à son personnage. Toutefois, j’ai eu le sentiment que Peter n’était pas assez développé, au sens où finalement on ne le voit que par le prisme de Janvhi, par le fait qu’il ne pense qu’à elle, et pas ou peu à lui. De ce fait, il m’a rendue assez triste, parce qu’on a le sentiment qu’il ne vit pas pour lui.

Ca ne change pas le fond de ma pensée. Je suis toujours le tampon. L’éponge. J’absorbe les mauvaises ondes et on attend de moi que j’en recrache des bonnes, comme si j’étais doté d’un pouvoir surnaturel.

J’en ai marre.

Marre de me plier en quatre pour les autres.

Marre de faire des efforts inutiles.

Marre de sentir mon cœur battre pour elle.

Je suis coincé dans une situation sans issue depuis vingt-deux ans. Comment fait-on pour se sortir quelqu’un de la tête ? Pour amer amicalement et pas amoureusement, je veux dire. Je ne sais pas faire la différence. Je n’ai jamais su avec elle.

Parlons maintenant du deuxième couple, celui pour lequel j’ai eu un petit coup de cœur. J’ai beaucoup aimé les personnages de Leandro et de Graham. Commençons par Leandro. J’ai beaucoup aimé son humour. Originaire d’Amérique du Sud, Leandro a une vision de la vie optimisme, où tous les problèmes finissent toujours par être résolus. Il est très ouvert d’esprit et tout est une découverte pour lui. Il accepte tout le monde et c’est un personnage très généreux. Rien ne semble l’affecter, il prend tout avec philosophie et beaucoup de recul. Toutefois, dès qu’on touche à son mari ou à ses amis, il devient un véritable pitbull. Il n’aime pas faire le mal, mais il déteste qu’on en fasse autour de lui. Il est celui qui fait le tampon entre Janvhi et Peter, et il est toujours là pour remonter le moral de Graham lorsque cela ne va pas. Il apporte beaucoup d’humour dans le récit, notamment grâce à ses règles, ses rituels, et les mots qu’il invente. C’est le personnage que j’ai préféré dans ce récit. Mais j’ai aussi bien aimé Graham, qui est certes plus sombre, mais qui n’a as vécu les mêmes choses. Avec son personnage, on aborde beaucoup plus de choses qu’avec celui de Leandro. Ainsi, Graham a été confronté très tôt à l’homophobie, par le biais de ses parents, qui l’ont abandonné aux Etats-Unis et sont repartis en Ecosse dans lui. Son personnage permet alors de parler de ce sujet, mais aussi de le nuancer, grâce au fait que Graham se retrouve confronté à ses parents qu’il n’avait pas revu, ce qui permet de mettre les choses à plat. De la même manière, Graham et Leandro ont pour projet de devenir parents, mais c’est Graham qui est le plus affecté des deux par cette décision, et par les rejets qu’ils essuient. J’ai donc trouvé que son personnage était touchant, et que l’ensemble donnait un couple harmonieux, qu’on a envie d’aider, avec qui ont veut être ami et protéger. Ils sont vraiment mignons tous les deux, et leur histoire est belle, mais semée d’embûches. C’est ce qui fait qu’on s’attache à eux.

Le mélange des cultures ? Ca fait joli sur les papiers. Un peu moins quand il est porté par un couple gay.

Aspirer à devenir père, pour nous, c’est surtout convaincre des assistants sociaux. C’est s’entendre répéter que les projets d’adoption homoparentale présentent un taux de réussite quasi inexistant. C’est la peur d’être soi-même. C’est devoir montrer que la stigmatisation sociale n’influencera pas le bien-être de l’enfant. C’est la culpabilité. C’est devoir prouver nos capacités parentales, non parce que nous sommes de mauvais parents, mais parce que nous sommes gays.

Quoiqu’il arrive, l’homosexualité sera toujours synonyme d’une complication pour certains. Parce que la norme a instauré autre chose. Et qu’en dehors de la norme, les esprits préfèrent se fermer plutôt qu’essayer de comprendre.

Parlons maintenant du roman en lui-même. J’ai beaucoup aimé le fait qu’on soit projeté en plein cœur de Washington, et qu’on découvre un peu la ville avec les personnages. Certes, c’est une visite assez rapide, car la ville n’est qu’en arrière plan, mais c’est une première excursion qui est sympathique. Ainsi, Peter nous montre comment se passe une course dans cette ville, et Leandro nous fait découvrir une très belle librairie. J’espère qu’elle existe réellement. Janvhi, quant à elle, nous montre le musée le plus célèbre des Etats-Unis, le Simthsonian, immortalisé dans beaucoup de séries ou de films, comme la Nuit au Musée. J’ai d’ailleurs apprécié de voir les coulisses de ce musée par le biais du travail de la jeune femme. C’est assez intéressant, on prend plaisir de la voir évoluer dans cet univers, de comprendre comment fonctionne son métier de gestion du musée et de ses expositions, et c’est aussi ce qui fait que j’ai aimé le personnage de Janvhi. D’ailleurs, le personnage de Janvhi et son travail permettent de parler de l’écologie et des océans, et j’ai vraiment trouvé cela sympa et très important que cela soit incorporé à la romance, car cela permet une piqure de rappel sur notre situation, sans que cela ne soit moralisateur. Mais ce roman parle aussi d’amitié, de liens entre les personnes. J’ai été touchée par l’amitié qui lie tous nos personnages, et le fait qu’ils peuvent tous compter les uns sur les autres, qu’ils arrivent encore à se supporter en vivant ensemble, même si des disputes éclatent de temps en tout. C’est vraiment un groupe soudé, qu’on leur envie. C’est ce qui leur permet d’affronter le monde extérieur. Ce roman parle aussi bien d’homophobie que d’acceptation de soi, du fait de grandir et de lâcher prise, mais aussi d’abandon. En effet, si Graham et Leandro parviennent à être père, c’est parce qu’une femme abandonne son enfant. Il n’est pas question de parler ici de GPA, mais d’adoption. Et c’est vraiment bien traité. C’est d’ailleurs la partie que j’ai préféré, car on voit bien toutes les difficultés pouvant exister du côté des parents biologiques, mais aussi du côté de nos adoptants. C’est un vrai parcours du combattant qui fait réfléchir.

Elle est étrange, cette facilité que les gens ont à décider pour les autres. A leur dire s’ils sont bons ou mauvais. A leur attribuer des qualités, des défauts, et à calculer leur valeur en fonction du ratio obtenu. Comme s’il fallait absolutamente réussir un test pour être accepté.

Si tu ne remplis pas les bonnes cases, on ne te dira pas que tu as échoué au test. Jamais. Il n’y aura pas de papier officiel avec écrit « Recalé » en grosses lettres rouges. On ne te demandera pas non plus de changer. Pas de façon claire. Par contre, on te fera comprendre qu’il vaudrait mieux que tu deviennes quelqu’un d’autre.

Et le moyen utilisé est simple : il suffit de t’empêcher d’accéder à tout ce que les autres ont droit. Le droit d’être accepté, le droit d’être respecté, le droit d’existé, le droit d’aimer, le droit de vouloir des enfants…

Les victimes appellent cela de l’injustice. Les autres disent qu’il n’y a pas de victimes.

En ce qui concerne la plume de l’autrice, le roman est bien écrit et se lit assez vite. Les chapitres sont plutôt courts. J’avoue avoir largement préféré ceux qui parlaient de Graham et de Leandro, mais leur histoire est tout autant développée que celle de Janvhi et de Peter, ce qui fait qu’il n’y a pas un déséquilibre entre les deux couples. Cela n’est pas dérangeant de passer de l’un à l’autre des personnages, qui prennent tour à tour la parole. J’avoue toutefois que, parfois, j’oubliais un peu qui était censé parler, mais cela ne gêne pas a lecture. Les descriptions, que ce soient celles des lieux ou des sentiments des personnages, sont bien faites, et nous permettent de comprendre pourquoi tel ou tel personnage réagit de cette manière. On a le sentiment de connaître depuis toujours nos quatre personnages tellement on est à l’aise avec eux. J’ai aimé les sujets évoqués et la manière dont ils sont traités, tout en douceur, sans en faire trop ou avec un côté moralisateur, donneur de leçon. Le livre est bien construit et il y a de l’humour. La romance est finalement assez soft, voire anecdotique dans tout ce qui est raconté, car elle arrive à la fin, même si on se doute bien qu’elle va arrivée.

En résumé, même si j’ai moins adhéré au couple que forment Janvhi et Peter, j’ai trouvé leur histoire intéressante. J’ai aimé le métier de Janvhi, ce qu’elle nous raconte sur les océans, et la visite du Simthsonian qu’elle nous propose. Peter est cependant trop effacé pour moi, et j’ai préféré le couple formé par Graham et Leandro, qui m’ont tous les deux touchée. On a ici un vrai texte qui parle de plusieurs sujets de société bien maîtrisés, passant du harcèlement à l’homophobie, de l’écologie à l’adoption. C’est bien fait, avec une plume claire et douce. Je pense que la romance pourrait être accentuée, mais j’ai aimé la manière dont elle est développée, en toile de fond. C’est un roman que je vous conseille, qui vous fera voyager et réfléchir.

Et vous ?

Aimez-vous les histoires d’amour qui sont en toile de fond ?

Aimez-vous les romance où la romance n’est pas centrale ?

Ou au contraire, préférez-vous lorsque le roan ne tourne qu’autour de cela ?

Bon dimanche à tous 🙂

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