chroniques littéraires

Snowblind

Bonjour les amis. J’espère que vous allez tous bien. Ici, cela va mieux. Si vous m’avez suivie sur les réseaux sociaux, vous devez savoir que la semaine écoulée a été un peu compliquée, c’est d’ailleurs pour cela qu’il n’y a pas eu d’articles sur le blog. J’ai en effet profité de mon début de vacances pour attraper la grippe. Enfin, je suis enfin en forme et j’en profite pour vous livrer enfin un article qui devait être publié pendant la semaine. Il s’agit de ma chronique sur le roman Snowblind, écrit par Christopher Golden. Le roman est paru chez Bragelonne. Je tiens à vous préciser tout de suite que sa chronique va être un peu particulière. C’est en effet un roman que je n’ai pas terminé. Je ne vous parlerai donc que de la moitié de ce livre, puisque je n’ai pas dépassé sa moitié. Cela peut paraître étrange de critiquer un roman non terminé, mais vous allez comprendre pourquoi je ne l’ai pas fini dans cette chronique. Voici son résumé :


Au cours d’une terrible nuit d’hiver, la petite ville de Coventry fut frappée de plein fouet par une tempête de neige. D’une rare violence, celle-ci emporta avec elle plus d’une dizaine de victimes, à jamais perdues dans l’immensité blanche. Des familles entières furent brisées en une seule nuit, et l’existence des habitants de la petite ville en fut changée à jamais.

Douze ans plus tard, la vie a repris son cours à Coventry, même si subsiste chez les survivants une angoisse aussi sombre qu’irrationnelle à l’approche de l’hiver. C’est alors qu’une nouvelle tempête s’annonce, plus terrifiante encore que la précédente… car cette fois, les disparus de cette fameuse nuit maudite sont de retour.

Nous sommes donc aux Etats-Unis, en hiver, dans une petite ville près de Boston et de la frontière canadienne. Les hivers sont rigoureux par là-bas. Un jour, une terrible tempête survient. Elle laisse derrière elle des morts, des disparus, et une peur qui refait surface à chaque fois qu’un blizzard est annoncé. Or, nous sommes douze ans plus tard, et la même tempête menace. Que va-t-elle apporter cette fois ? Tous les habitants vont devoir s’y préparer, car des revenants sont là, pas forcément de la manière dont ils voudraient être présents, et ils doivent se cacher. Une ombre se cache dans cette tempête et elle pourrait bien causer leur mort à tous.

Alors, je vais commencer par l’un des points forts de ce récit, qui m’a fait m’accrocher à ma lecture. L’ambiance est très bien menée. On sent bien le froid, l’hiver, la peur des nombreux personnages à l’approche de la tempête. On a vraiment l’impression de vivre cette dernière, de se retrouver piégés dedans. Et autant dire qu’on ne voudrait pas être piégés dedans avec ce qu’il s’y passe. Cela permet alors de regarder les tempêtes de neige d’un autre œil. Ainsi, on sent tout de suite que quelque chose de mauvais va en sortir, et la pression monte petit à petit. J’ai bien aimé la manière dont l’angoisse fait son apparition pendant la tempête, jusqu’au premier drame. Tout est fait pour mener à cela, à ce premier drame qui marque le récit.


Isaac constata que son frère semblait ne plus s’intéresser à lui, mais regardait fixement quelque chose derrière lui, en direction de la fenêtre. Devant l’expression de terreur qui envahit alors son visage, Isaac se retourna vivement, juste à temps pour apercevoir les silhouettes bleu et blanc surgir de la tempête, les bras tendus. leurs longs doigts, leurs mains et leurs avant-bras glissèrent à travers la moustiquaires comme si elle n’était pas là, dans une pluie de cristaux de glace et d’ombres.

Des doigts gelés s’agrippèrent à lui, lui entaillèrent la peau, transformèrent ses os en glace, puis le tirèrent. Le visage d’Isaac s’écrasa contre la moustiquaire, ses bras suivirent. Il s’érafla le dos contre le bas de la fenêtre levée et battit l’air, essayant de trouver une prise. Une main se referma sur sa cheville ; ce ne fut qu’à ce moment-là qu’il entendit les cris. Les siens et ceux de son frère.

La traction sur sa cheville ne dura qu’un instant, assez longtemps pour lui permettre de se tortiller et de regarder derrière lui, dans la pièce, et de voir Jack le lâcher en hurlant son nom.

Puis il tomba.

En fait, le point faible de ce récit, à mon avis, c’est le prologue. On commence en effet par celui-là, et donc par les événements qui sont à l’origine de tout, les premiers morts et les premières disparitions. Ceci ne seraient normalement pas un problème puisque cela permet de poser l’histoire, sa base, seulement, je trouve que cela spoile le reste de l’histoire. Ainsi, nous subissons déjà un premier hiver, une première tempête, et nous savons donc à quoi nous attendre lorsque l’histoire passe douze ans plus tard. Il n’y a alors plus vraiment de surprise et cela en devient même redondant. On sait ainsi qui est mort, qui a disparu, et de quelle manière. On sait donc déjà ce qu’il va se passer. Je pense que le prologue est donc en trop, qu’il aurait été plus judicieux de le faire en filigrane. D’autant plus que cela surcharge encore l’histoire en personnage. Il y en a beaucoup, et entre ceux qui sont là douze ans plus tôt et ceux présents dans le présent, on s’y perd assez vite. Je pense que l’histoire aurait pu être construite d’une autre manière et que cela ne lui aurait été que profitable. D’autant plus que le prologue est assez long, si bien que j’ai cru qu’il occupait presque un quart du roman. En fait, il fait plus de 60 pages. Pour moi, il est donc mal mené et il nuit à l’histoire.

– Autre chose ? demanda la jeune serveuse portoricaine.

– Oui, soupira la mère. Pourquoi est-ce que tout le monde est tellement nerveux aujourd’hui ? Vous pouvez m’expliquer ?

– A cause du mauvais temps.

– C’est une tempête de neige. Et probablement pas bien méchante avec ça. La belle affaire.

(…)

– Vous vous rappelez ce blizzard il y a une douzaine d’années ? Des mètres de neige, pas d’école pendant des jours ?

– Vaguement, dit la femme, attrapant son fils cadet par le bras afin de le séparer de son aîné. Ca a été plus violent ici que par chez nous, mais je me souviens des images à la télé. Attendez, on en est loin, là. Les gens n’ont aucune raison de se faire du mouron pareil pour une simple tempête.

– Entièrement d’accord. Moi, je n’avais que sept ans à l’époque, alors c’est flou dans mon esprit. Mais c’est la même chose tous les hivers à Coventry : les habitants plus âgés deviennent nerveux. Il y a eu des morts – dix-huit au total, je crois. Je suppose que ça les hante un peu.

Il y a beaucoup de personnages, j’ai eu du mal à m’attacher à l’un d’entre eux, d’autant plus qu’on passe sans cesse de l’un à l’autre. Cela donne l’impression que nous suivons tous les habitants de la ville. On s’y perd assez vite même si des personnages marquent plus que d’autres. J’avoue que seul Jack m’a donné envie d’aller plus loin car je trouve son histoire originale, avec l’apparition du petit garçon chez lui. Et pourtant, même avec cela, je ne me suis pas accrochée car il me manquait vraiment un feeling avec l’un des personnages, cette envie de les suivre jusqu’au bout de l’histoire. En fait, comme on n’a de cesse de passer de l’un à l’autre, c’est compliqué d’avoir de l’empathie pour un personnage, d’éprouver une sensation d’affection pour l’un d’entre eux. On a à peine le temps de les découvrir qu’on change déjà de personnage. Cela donne presque mal à la tête, une sorte de vertige. On finit alors par mélanger les personnages, surtout qu’on les voit à deux moments de leur vie, le passé et le présent. Et on ne sait plus vraiment quand ils font telle ou telle action.

Jake se figea sur place. Le coeur battant, il se tourna vers la porte ouverte de sa chambre. Dans le couloir, juste devant le seuil, se tenait un garçon qui n’était pas son frère Isaac. Agé d’une dizaine d’année, le même âge qu’Isaac au moment de sa mort, il avait des cheveux blonds foncé et des yeux incroyablement bleus. Son visage maculé de terre et enflé n’allait pas tarder à être couvert de contusions ; du sang coagulé avait séché sur son nez et sa bouche. Il ne portait pas de veste et le reste de ses vêtements était déchiré et sale.

– Jake ? dit le gamin, sa voix résonnant dans la chambre à coucher, un son plaintif qui suscita les pensées les plus étranges dans sa tête.

– Qu’est-ce que tu fais là, petit ? demanda Jake, attrapant au passage le jean qui gisait, fripé, sur le sol. Tu ne peux pas entrer comme ça chez les…

– C’est vraiment toi ? l’interrompit le gamin.

Il pénétra dans la pièce, grimaçant à cause du soleil éclatant.

Jake fut parcouru d’un frisson. Je rêve. peut-être était-ce simplement une persistance de ses cauchemars, mais la voix du gamin lui semblait familière.

En ce qui concerne l’écriture du roman, elle n’est pas mauvaise. Comme je l’ai mis plus haut, on ressent bien l’angoisse de la tempête, on se croit dans la tempête de neige, on peut même ressentir le froid et la neige tomber. Seulement, il y a pour moi trop de points négatifs dans la construction même de l’histoire qui sont responsables du fait que j’ai abandonné ma lecture. Il y a trop de personnages et c’est redondant. J’aurais préféré qu’on commence le récit après le prologue, qu’on se passe de ce dernier afin de ne pas savoir déjà ce que va produire la tempête, qu’on soit alors plus dans le mystère. En vérité, c’est cela qui m’a manqué dans ma lecture. Certes, le roman est bien écrit, mais le mystère de l’histoire tombe à plat. Pour moi, il n’a pas fonctionné, si bien que je me suis ennuyée dans ce roman, ce qui fait que je l’ai mis de côté. C’est dommage parce qu’il y avait une belle promesse avec cette histoire mais elle tourne en rond. Le prologue donne l’impression qu’on a déjà tout vu. Je trouve aussi que l’horreur à laquelle je m’attendais dans cette histoire n’est pas au rendez-vous. L’histoire aurait pu être plus mystérieuse, plus angoissante. Il y avait pourtant un gros potentiel pour faire un très bon roman d’horreur hivernal.

En résumé, j’ai vraiment été déçue par ce roman. J’attendais beaucoup mieux de la part de l’histoire, de la narration. Peut-être cependant que je ne l’ai pas lu au bon moment et que si je devais le relire dans quelques années mon avis dessus serait plus mitigé. En tout cas, si vous désirez lire un livre sur une tempête de neige avec de l’horreur dedans, je vous conseille plutôt de vous tourner vers Les enfants de Peakwood, que j’avais beaucoup aimé à l’époque et qui est construit un peu sur le même modèle.

Et vous ?

Cela vous arrive-t-il d’être déçu par un roman ?

Cela vous arrive-t-il d’abandonner un livre ?

Qu’est-ce qui peut vous pousser à faire un tel choix ?

Bon dimanche à tous 🙂

Une réflexion au sujet de « Snowblind »

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