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Sentinelles du Royaume Sauvage

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous passez un bon début de weekend prolongé. Pour ma part, il signe surtout la fin des vacances et le retour au collège. Cela tombe bien, je commençais à tourner en rond à la maison. Malgré toute la liste de choses à faire, et l’écriture, le temps un peu morose pèse sur mon moral, et cela va me faire du bien de bouger à nouveau, même si de nouveaux projets vont encore s’ajouter. J’ai parfois un côté assez hyperactive dans le domaine de la lecture et de l’écriture.

En tout cas, je vous retrouve ce matin pour vous parler de l’une de mes dernières lectures. Il s’agit du roman jeunesse Sentinelles du Royaume Sauvage écrit par Alexandra Ott. C’est un roman de fantasy, qui est publié aux éditions Seuil. Je remercie d’ailleurs la maison d’édition de m’avoir permise de découvrir ce roman grâce à la plateforme NetGalley. Ils m’ont envoyé le roman en service presse numérique. Voici le résumé de ce titre :

Bryn, douze ans, rêve de devenir Sentinelle, comme son père. Ainsi, elle pourra enfin explorer le Royaume Sauvage et protéger ses créatures fantastiques.

Mais pour cela, il faut d’abord qu’elle se prépare pour le concours, et personne ne veut former une fille… Alors quand Ari, un garçon du village, lui propose de l’entraîner, elle accepte aussitôt. En échange, elle devra l’aider à prendre soin de la jeune dragonne qu’il cache au village. Si on découvre leur secret, elle ne sera jamais Sentinelle, car il est interdit de fréquenter des animaux magiques hors du Royaume Sauvage…

Mais Bryn est prête à tout pour réaliser son rêve !

Et qui pourra l’arrêter si elle sait chevaucher un dragon ?

Dans cette histoire, nous suivons Bryn, une jeune fille de douze ans, qui rêve de devenir une Sentinelle. Ces dernières, au nombre de cinq, protègent le Royaume Sauvage, une région du monde où vivent des créatures et des plantes magiques. Il s’agit non seulement de veiller sur elles, mais aussi sur l’équilibre du monde. Or, toutes ces sentinelles ont toujours été des hommes. Mais le jour où l’un d’eux prend sa retraite, Bryn décide de s’inscrire aux sélections, en essayant d’oublier les moqueries qu’elle reçoit. Ari, un adolescent de son âge, lui vient alors en aide en lui présentant le dragon qu’il a sauvé. Mais l’étape vers le fait de devenir Sentinelle va semer d’embûches pour tous les deux.

Je vais commencer cette chronique par vous parler du monde dans lequel vont évoluer nos personnages. Ainsi, nous sommes dans un monde magique, mais qui reprend assez les codes de la fantasy médiévale. Nous sommes dans un monde coupé du reste du monde, sur une île où les commerçants ne peuvent venir que certains jours, et où certains ont même été bannis, pour éviter qu’ils ne menacent le Royaume Sauvage. Ainsi, dans ce monde, il n’y a pas de technologie et l’on vit au rythme de la nature, au rythme aussi des créatures magiques qui survolent cette île, et qui viennent se réfugier dans ce lieu où vit la magie. D’ailleurs, elle n’est présente qu’au monde magique, c’est pourquoi ce dernier doit être préservé et qu’il est menacé par les convoitises des hommes du continent. Cette idée est assez intéressante, car elle met en évidence la convoitise qu’on peut avoir pour certains mondes, pour certaines régions, et à quel point l’idée de profit pour se retrouver partout. Ici, cela va se retrouver au centre de l’histoire. Les créatures peuvent-elles être libres ou non, nous appartiennent-elles, peuvent-elles être vendues comme n’importe quelles marchandises ? J’ai apprécié cette réflexion, car même si nous sommes dans un monde magique, qui n’existe pas, on peut faire un parallèle avec le nôtre, et avec ce qu’on a envie d’y faire. Ici, tout est une question d’équilibre, et cette idée est également centrale dans le roman, car il ne faut pas prélever plus que ce qu’on a besoin, et que la magie et la nature sont capables de donner, sans détruire ce fragile équilibre. J’ai aimé retrouver cette idée, et cela va alors être lié avec l’autre essentielle du roman, celle du sexisme. Comme il est précisé plus haut, Bryn est une fille, et cela va lui porter préjudice. Dans ce monde, seuls les hommes travaillent, et les femmes s’occupent de la maison et des enfants, sauf si elles n’ont pas le choix de travailler, parce qu’il n’y a pas d’hommes dans leurs vies. De ce fait, Bryn ne peut pas être Sentinelle, même si ce n’est pas écrit dans la loi. Elle va donc se battre contre les préjugés de son univers, et elle va devoir ouvrir la voie pour les autres. Une fille est-elle assez solide pour protéger des créatures magiques ? C’est toute la question de ce livre, et je trouve intéressant qu’on continue de se la poser, même si elle peut sembler dater et dépasser. Cela peut continuer à ouvrir les yeux aux plus jeunes. Pour ce qui est des créatures magiques, je les ai trouvées plaisantes. On retrouve des classiques, comme les dragons et les licornes, mais il y a aussi une certaine richesse de la part de l’autrice qui invente des créatures, et j’ai adoré les chats de feu. Il y a une grande richesse dans cet univers, même si on peut croire au début qu’on reprend des codes déjà vus et revus. J’ai apprécié cette mixité entre des thèmes connus et une variété dans l’univers magique.

Il n’est pas rare d’apercevoir des sarvalurs dans notre océan, mais c’est chaque fois un émerveillement. un rappel que notre île abrite des dizaines de créatures terrestres, célestes et marines, magiques ou non. Mon père dit toujours que nous autres humains sommes de simples spectateurs, aux premières loges pour admirer les animaux les plus beaux et les plus fascinants du monde. C’est la magie de notre île qui donne naissance aux dragons, licornes, phénix, renards des glaces, viresouffles, loups des mers, vatnavéras, chats de feu et tant d’autres choses encore.

Néanmoins, j’estime qu’il se trompe quand il nous décrit en spectateurs. La plupart des villageois n’auront jamais le loisir de voir la moindre de ces créatures. Ils entrapercevront peut-être l’aile d’un dragon dans le ciel, la nageoire d’une imposante créature marine dans l’océan, ou entendront le chant d’un phénix au-dessus de leur tête. Mais ils ne pourront jamais bien les voir. Seules les Sentinelles ont cette chance.

Parlons à présent de l’héroïne de ce récit, qui est donc Bryn. C’est donc une jeune fille qui rêve depuis des années de devenir Sentinelle. Elle n’a que cette idée en tête, celle de pouvoir prendre la place de son père et pouvoir voir des créatures magiques, pouvoir aller au Royaume Sauvage. Son enthousiasme est alors assez contagieux et on s’attache facilement à elle tellement on a envie qu’elle réalise son rêve, même si on se doute que cela va être le cas. Seulement, lorsqu’elle en a l’opportunité, Bryn va se retrouver confrontée au sexisme qui règne sur son île. On a alors de la pitié pour elle, et on a envie de l’aider, parce que cela n’est pas juste qu’elle soit obligée de renoncer à ses rêves juste parce qu’elle est une fille. Heureusement, Bryn se montre tenace. De toute manière, elle n’a pas vraiment le choix. Assez vite dans le roman, on découvre que Bryn a une sœur malade, et que le seul remède se trouve au Royaume Sauvage. Pour pouvoir sauver sa sœur, ou au moins l’aider à aller mieux, Bryn doit être capable d’aller au Royaume Sauvage, ouvert seulement au cinq Sentinelles. De ce fait, Bryn va montrer à la fois son courage, mais aussi sa témérité. Son amour pour sa sœur va la pousser à s’opposer aux règles, voire se mettre en danger. J’avoue que cela m’a parfois fait lever les yeux au ciel, car Bryn ne réfléchit pas toujours, et dès que la maladie de sa sœur se rappelle à elle, elle fait n’importe quoi. Néanmoins, Bryn se révèle alors une sœur sur qui on peut compter, et c’est la même chose en tant qu’amie. J’ai apprécié les liens qu’elle va créer avec Ari, ce qui n’était pas gagné à la base, puis avec le dragon de celui-ci. Bryn est donc une héroïne assez plaisante à suivre, et j’ai apprécié son évolution au cours du roman, où elle apprend à faire confiance aux autres.

Néanmoins, une part de moi-même juge toujours injuste que seulement cinq habitants de notre île aient le droit de voir toutes ces merveilles, de veiller sur ces créatures, ou de récolter des trésors tels que l’astrale dont nous avons tellement besoin. Et il est encore moins juste que toutes ces Sentinelles aient toujours été des garçons.

Mais lorsque je deviendrai Sentinelle à mon tour, je pourrai nous procurer tout ce dont nous avons besoin. Je pourrai visiter les canyons et les montagnes du Royaume Sauvage, où pousse l’astrale.

Sans compter que je verrai des licornes, des renards des glaces, des phénix et toutes les autres créatures magiques qui peuplent le Royaume. Y compris des dragons en chair et en os.

J’en arrive maintenant à l’autre héros de ce roman. J’ai beaucoup apprécié le personnage d’Ari, qui m’a fait aussi pitié. En effet, le jeune homme, que ne connaissait pas vraiment Bryn jusque-là, est un garçon mis de côté, dont les autres se méfient à cause de son don. Ari est quelqu’un qui est très seul, enfermé malgré lui dans cette solitude, et la perspective de travailler avec Bryn va lui mettre du baume au cœur. D’ailleurs, on sent tout de suite qu’il a besoin des autres, qu’il a envie d’être avec les autres, et qu’il souffre de sa solitude. J’ai beaucoup aimé la manière dont il va finir par s’ouvrir à Bryn, la réserve qui est à la fois la sienne parce qu’ils sont concurrents, mais son envie de l’aider aussi, et l’envie qu’elle l’aide aussi. Il veut devenir son ami, et il fait beaucoup d’efforts pour cela. C’est intéressant de le voir être confronté à sa réserve habituelle et son envie de l’aider. Il est touché par son injustice, et j’ai trouvé cela admirable. J’ai aussi apprécié le lien qui le relie à Lilja, sa dragonne, et la manière dont il a envie de la défendre. C’est un garçon intelligent, téméraire aussi, et qui est bien plus puissant que ce qu’il veut faire croire. Il est prêt à tout pour protéger les créatures, quitte à se mettre en danger ou à ne pas devenir Sentinelle. J’ai beaucoup aimé son personnage, qui change des autres personnages de garçons présentés dans le roman, qui sont bien plus désagréables envers les deux héros. J’ai vraiment pas apprécié le personnage de Tomas, qui montre justement tout le sexisme que peuvent ressentir les garçons lorsqu’ils ne sont pas rappelés à l’ordre. Enfin, parlons rapidement de Lilja. La dragonne est attachante, et j’ai apprécié ses réactions, qui rappellent celles des animaux, mais aussi qui sont pleine d’intelligente et de liens avec les autres personnages.

– Je n’aurais pas dû te le révéler, marmonna-t-il.

Dans un premier temps, je crois qu’il regrette d’avoir dévoilé un secret sur son don à une rivale. Mais comme il me regarde toujours pas en face, je devine qu’il y autre chose.

– Ai-je dit quelque chose de mal ? je l’interroge.

– Non. Tu l’as juste ressenti.

– Euh, pardon ?

Ari baisse les yeux, hausse les épaules?

– Les gens ont peur, chaque fois que je leur parle de mon don. Ca ne leur plaît pas que j’arrive à lire aussi bien en eux. Que je sache ce qu’ils ressentent. Ou ce qu’ils cachent.

– Oh, je fais tout bas.

– Il s’éloignent lorsqu’ils découvrent de quoi je suis capable, ou quand ils pensent que je lis dans leurs pensées. C’est ce que tu viens de faire?

Il hausse de nouveau les épaules, comme si cela ne l’affectait pas plus que cela, mais je n’ai pas besoin d’être empathique pour savoir que c’est le cas.

Venons-en à présent à l’écriture de ce roman. J’ai trouvé la plume de l’autrice assez immersive, on imagine parfaitement le Royaume Sauvage, même si j’avoue que j’ai bien aimé avoir une carte au début de l’ouvrage pour me repérer. Les créatures sont aussi assez visuelles, et les descriptions sont bien menées. Toutefois, j’ai trouvé que l’histoire mettait du temps avant de démarrer, justement parce que les étapes auxquelles va se confronter Bryn mettent du temps à arriver, et sont ensuite rapidement expédiées. On a beaucoup de détails sur les sentiments de Bryn, mais moins sur ces fameuses épreuves. De la même manière, on a beaucoup de redondances sur la motivation de Bryn par rapport à son envie de protéger sa soeur, donc d’aller au Royaume Sauvage rapporter les fleurs pouvant l’apaiser, et sur le sexisme qu’elle subi. Je pense que que j’aurais préféré qu’on se concentre sur l’enquête menée par Ari, et sur l’action en elle-même. J’ai eu le sentiment que cela manquait un peu, mais l’univers est bien maîtrisé, tout comme les réactions des héros. Par moment, j’ai eu du mal à aller au bout des chapitres proposés, j’aurais apprécié plus de rythme.

En résumé, j’ai pris plaisir à découvrir cette histoire. J’ai apprécié l’univers proposé, plein de magie et bien maîtrisé. Il est riche de créatures et il est bien décrit. Bryn est une héroïne attachante et j’ai apprécié son courage et son envie d’aller au-delà du sexisme qu’elle va vivre pendant cette aventure. J’ai aimé aussi le lien qu’elle va développer avec Ari et son dragon, et l’évolution qu’elle va avoir. Ari est un personnage attachant aussi, et j’ai aimé l’aide qu’il donne à Bryn. Le roman est fluide à lire, mais avec des redondances et finalement peu d’action. Je vous en conseille la lecture pour l’univers et les personnages.

Et vous ?

Avez-vous besoin d’action dans vos lectures ?

Cela vous arrive-t-il d’avoir du mal à poursuivre un roman ?

Qu’est-ce qui peut vous ennuyer dans un roman ?

Bon samedi à tous 🙂

3 réflexions au sujet de « Sentinelles du Royaume Sauvage »

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