Enquêtes aux jardins, tome 2 : Les Pommes de l’Apocalypse

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous passez une agréable semaine. Pour ma part, j’aimerais bien que le soleil fasse son grand retour, mais nous sommes toujours en avril, et il serait un peu prématuré d’avoir un temps estival, surtout que ce ne serait pas une bonne idée. On va donc attendre le retour du soleil en espérant qu’il prenne aussi son temps, même si cela joue sur le moral.

En attendant, je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de l’une de mes dernières lectures, et je vais pour cela vous emmener en Normandie, à la poursuite de dangereux criminels. En effet, aujourd’hui je vous parle du deuxième tome de la série jeunesse de romans policiers Enquêtes aux Jardins. Cette deuxième aventure se consacre à la pomme, ce qui explique son titre, Les Pommes de l’Apocalypse. Ce roman est toujours écrit par Guillaume Le Cornec et publié aux éditions Du Rocher. Ce deuxième tome est sorti en avril 2021 et voici son résumé :

Emma et Lucas, désormais enquêteurs de la très secrète guilde des Jardins du Roi, suivent un entraînement très serré pour parfaire connaissances botaniques et aptitudes au combat.

Leur vieil ami et mentor, Jean-Marie James Ecolloyd alias JMJ, leur propose de participer à l’élaboration d’une grande exposition internationale sur le fruit le plus consommé au monde : la pomme.

À l’invitation du Jardin des Plantes de Rouen, qui pilote ce travail scientifique de haut vol, les deux adolescents profitent donc de leurs vacances de printemps pour intégrer une prestigieuse délégation de chercheurs venus du monde entier.

Mais la proposition de Jean-Marie James est-elle aussi « innocente » que cela ? Ou cache-t-elle une mission clandestine visant à comprendre les causes d’un mal étrange qui frappe les vergers normands les uns après les autres ?

Accompagnés de JMJ et de son comparse Aristote Théophraste dit Aris’ le Dingue, les deux adolescents vont se retrouver pris entre plusieurs feux et éprouveront les limites du courage et de la trahison.

Dans cette nouvelle aventure, nous retrouvons nos deux héros adolescents, Emma et Lucas, qui cette fois, sont au courant des menaces qui pèsent sur le vivant. Tous les deux sont devenus des membres de la Guilde des Jardins du Roi, et poursuivent un entraînement presque militaires pour faire face à leurs prochains adversaires. Or, ceux-ci arrivent vite. Alors que les vacances sont là, leur mentor les emmène en Normandie étudier une catastrophe qui touche les pommiers. Aidé par un nouveau mentor, Aristote, un ami de JMJ, nos deux adolescents vont se retrouver mêlés à une conspiration mondiale pouvant provoquer une nouvelle guerre.

Je vais commencer par vous parler des deux héros principaux, et premièrement d’Emma. J’ai été contente de retrouver nos deux personnages principaux, mais je dois souligner que l’évolution d’Emma dans ce tome fait vraiment plaisir. En effet, elle était assez timide dans le premier livre, une jeune fille très bonne élève, première de la classe, mais qui ne se mouillait pas vraiment, malgré sa première aventure. Bien que courageuse, on sentait encore des réserves chez elle pour l’aventure, tout comme c’est le cas au début de ce nouvel épisode. Mais ici, au cours de la moitié du livre, environ, elle va se révéler. Emma va en effet être celle qui va prendre les choses en main, qui va tout décider, qui va mettre en place l’action et qui va aller sur le terrain pour affronter ses ennemis. Elle va descendre dans l’arène, et j’ai beaucoup aimé cela, car cela nous prouve qu’Emma est bien plus forte que ce qu’elle pensait, et qu’elle est aussi froide et calculatrice, dans le bon sens des termes, qu’elle est en mesure de prendre la main et de sauver ses amis. J’ai vraiment apprécié cet aspect de sa personnalité, et j’ai trouvé qu’on s’attachait davantage à elle de cette manière. Elle se révèle forte et intelligente, et elle se montre à la hauteur des enseignements prodigués par JMJ. A l’inverse, Lucas, qu’on suit beaucoup dans la première partie de ce tome 2, s’efface ensuite. Son évolution est là aussi intéressante, mais elle va mettre plus de temps. Lucas est une vraie tête brûlée, et cela va lui jouer des tours ici. Il fonctionne beaucoup à l’instinct, et si cela fonctionne de temps en temps, cela le mène aussi dans un piège qui se referme facilement sur lui. On est donc désolé pour Lucas et les conséquences qui vont lui arriver, on va avoir peur pour lui aussi, car il va vraiment être ébranlé par cette enquête qui va le toucher de près, et on va avoir envie de l’aider. Lucas devient finalement, ici, le maillon faible du duo, mais heureusement, il va se ressaisir vite, et c’est aussi cela qu’on apprécie chez lui. Il va aussi montrer toutes les étendues de sa générosité, et ses failles.

Se concentrer.

Devenir plus dure que la pierre la plus dure, plus aiguisée que la lame la plus aiguisée.

Emma sentit sa personnalité changer. Elle assistait à sa mue, détachée d’elle-même.

Elle se vit mûrir et s’endurcir, comme si un processus biologique accéléré modifiait son ADN à la façon d’une mutation dans un film de série B. Elle ferma les yeux, s’imposa quelques exercices de souffle : inspiration, expiration, inspiration, expiration, en récitant un mantra qui armait sa résolution – « Je suis une guerrière, je suis une guerrière, je suis une guerrière ». Elle tendait à l’apaisement. Y parvint presque : « Je dois élaborer une réponse calibrée pour résoudre une situation critique, je dois découper mon action en phases successives et réussir chaque étape ».

Elle était calme maintenant.

Elle passa dans la salle de bains. Elle regarda son reflet dans la glace.

A gauche, une longue mèche de cheveux devenue blanche. Pas grise, non, blanche comme me marbre, ce qui rendait le roux de sa chevelure encore plus flamboyant.

Elle prit peur. Se contrôla.

Cette mèche blanche était sa première cicatrice.

Et la marque de sa nouvelle détermination.

Parlons à présent des personnages secondaires. L’équipe s’agrandit avec la présence de l’ami de JMJ, Aristote, qui va être surnommé Aris’ Le Dingue par les deux adolescents tellement il est excentrique. En effet, Aristote, quoiqu’âgé, garde des réflexes d’adolescents, et un goût assez particulier pour les vêtements, les voitures et la musique. Mais il va surtout se révéler comme étant un nouveau mentor de choix pour les deux adolescents, qui vont beaucoup apprendre à ses côtés. Aristote est un personnage haut en couleur, mais que j’ai apprécié. Il est assez comique, et il va bien avec JMJ, qu’il complète assez bien. C’est assez intéressant d’avoir ce mélange des générations, avec deux personnages plutôt âgés qui vont donc se lier d’amitié avec ces deux adolescents, parce qu’ils n’ont pas du tout la même manière de voir les choses, et si Emma et Lucas ont parfois l’impression que JMJ et Aristote sont dépassés, notamment par la technologie, ils doivent rapidement se rendre compte qu’il n’en est rien, et que les deux plus vieux ont plus d’un tour dans leur sac. J’aime justement ce décalage, et ces préjugés pouvant apparaître de temps en temps. Un autre personnage va aussi faire son apparition, il s’agit de Liu Yi, un adulte chinois, qui va faire grande impression auprès de Lucas, qui va le considérer comme son vrai mentor. Cela va d’ailleurs créer entre Lucas et JMJ des tensions, Lucas étant persuadé que personne ne peut mieux le comprendre que Liu Yi. J’avoue que ce personnage est assez intriguant, qu’il est toujours là au bon moment, et qu’il va rapidement capter l’attention de Lucas. Toutefois, vue l’histoire personnelle de ce dernier, ceci reste compréhensif.

Les deux grands dingos suivis de Lucas sortirent de la Juvaquatre.

Aris’ ouvrit le coffre, fit jouer deux petits leviers presque invisibles. Un chuintement et un deuxième coffre apparut dans le premier ! Une plaque tenue par des pistons hydraulique se leva !

A l’intérieur, mais c’est la caverne d’Ali Baba mon ami.

Lucas avait les yeux comme des assiettes. Ces gens-là étaient de grands malades.

Des tenues pour toutes les situations.

Du matériel d’écoute sophistiqué.

Un laboratoire de chimie organique ambulant.

Les deux vieillards se mirent en caleçon. Noir brillant avec des cœurs rouges pour Aris’, orange avec des tulipes noires et du feuillages pour JMJ.

Ils se glissèrent dans des costumes noirs stricts sortis du dressing secret.

Ils se muèrent en Men in Black.

J’en arrive à présent à l’histoire en elle-même. Nous sommes une nouvelle fois sur une enquête botanique, une enquête qui touche ici aux pommes. On apprend beaucoup de choses sur celles-ci, à la fois sur la plante en elle-même, sur son fonctionnement avec ses champignons, mais aussi sur l’aspect économique de la pomme, qui va avoir un impact assez important sur l’enquête. J’aime toujours cet aspect présent ici, ces enquêtes menées de manière à la fois écologique, sur le vivant, et surtout, sur la manière dont les grandes entreprises cherchent à tirer profit de certains points des plantes, en les détruisant notamment. On se rend compte alors à quel point on est dépendant du vivant, mais aussi à quel point certaines personnes peuvent ne pas avoir de scrupules. Certes, nous sommes dans une fiction, mais ceci peut aussi faire froid dans le dos si certaines idées étaient appliquées dans la vie réelle. D’ailleurs, ici, la tension monte encore d’un cran, car ce qui se passe avec les pommes pourrait très bien déclencher une guerre entre trois pays, la France, les Etats-Unis et la Chine. On voit alors aussi à quel point les pays se surveillent les uns les autres, même dans l’agroalimentaire, et à quel point l’équilibre peut parfois être fragile. J’ai apprécié de prendre conscience de ceci en lisant cette histoire.

– Vous savez que la marché mondial de la pomme représente plus de 10 milliards de dollars par an, que ce sont plus de 75 millions de tonnes qui sont produites chaque année ? Et que la Chine, les Etats-Unis et la Pologne sont les trois premiers producteurs mondiaux…

– Nous parlions de l’Internet des arbres…

– Un rapport avec notre enquête ?

– Non…

Lucas adressa à Emma un regard courroucé disant : « On est en mission ! »

– Donc, ce marché, qui est en pleine effervescence, représente une montagne d’argent, approximativement le PIB de l’Erythrée…

– Le PIB, le Produit intérieur brut. La richesse produite par un pays en un an… Et L’Erythrée est un…

– … pays de la Corne de l’Afrique bordé par la mer Rouge, qui a fait causer de lui récemment grâce à une campagne de reforestation massive. 350 millions d’arbres plantés en douze heures selon les médias officiels.

Et pan dans le bec de Lucas, qui en resta comme deux ronds de flan.

Comme je le mettais plus haut, la tension est assez présente dans ce roman. On comprend tout de suite à quel point les pommiers sont fragiles et sont au centre d’un problème mondial, et que des enjeux internationaux sont à prendre en compte. J’ai trouvé que l’écriture du roman, qui est fluide, mettait bien en valeur ces enjeux et cette tension. Ainsi, on est plongé tout de suite dans le récit avec l’entraînement d’Emma et Lucas, entrainement qui va s’avérer essentiel pour mener à bien cette mission. On sent ainsi que nos deux héros rentrent dans la cour des grands, et ce roman est construit comme un vrai roman d’espionnage, avec tous les gadgets nécessaires à ce type de récit. Les pages se tournent alors toutes seules pour essayer de comprendre ce qui va arriver à tout le monde. Je regrette toutefois que certains personnages soient un peu prévisibles, comme Liu Yi, et qu’on devine la fin assez facilement, même sans les données scientifiques. Néanmoins, le roman se lit bien et est vraiment drôle à lire, avec un vocabulaire adapté aux plus jeunes, avec beaucoup d’humour.

En résumé, c’est un deuxième tome que j’ai pris plaisir à découvrir. C‘est agréable de retrouver Emma et Lucas dans cette nouvelle aventure, et de les voir évoluer. Même si j’ai préféré l’évolution d’Emma, je dois avouer que celle de Lucas est très intéressante, avec une grande prise de conscience pour sa part, sur ses forces et ses faiblesses. Les personnages secondaires sont intéressants et j’ai apprécié les conflits qui vont se manifester entre les plus vieux et les plus jeunes, tout en ayant beaucoup de respect et d’amitié entre eux. J’ai adoré le personnage d’Aristote. L’histoire gagne en tension, et il y a de grands enjeux avec ce roman, ce qui fait qu’on ne le quitte pas. C’est un bon roman d’espionnage qui nous initie à la protection du vivant. Je vous en conseille donc sa lecture.