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Iron Widow, tome 1

Bonjour les amis. J’espère que vous allez tous bien et que vous avez passé une bonne semaine. Ici, comme d’habitude, elle a filé à toute vitesse, si bien que j’ai encore été obligée de laisser le blog de côté, parce que j’ai été très occupée avec les cours et les préparations des prochains conseils de classe, qui ont lieu à partir de la semaine prochaine. C’est assez frustrant, car je vous avais prévu une chronique pour mercredi, mais je n’ai pas eu le temps de la finir, alors que je m’y étais prise un peu en avance, et que cela risque encore d’être le cas la semaine prochaine. Heureusement, la semaine prochaine, on a le droit à un long weekend férié.

Aujourd’hui, je reviens sur le blog afin de vous parler d’une lecture plus ancienne que d’habitude, car c’est un roman que j’ai lu au mois de mars, mais que je n’avais pas pris encore le temps de chroniquer. Ce roman s’intitule Iron Widow et il s’agit d’un roman de fantasy avec de la science fiction et de la romance. Ce titre a été écrit par Xiran Jay Zhao, qui est une autrice chinoise, et il est publié en France aux éditions La Martinière. Il est sorti chez nous en janvier 2022. Bien qu’il n’y ait pas de mention de nombre sur la couverture, il s’agit certainement d’un premier tome, vu comment se terminer l’histoire. Je précise que ce roman m’a été envoyé en service presse via la plateforme NetGalley, et que j’ai eu envie de le lire suite à plusieurs critiques que j’ai lues sur ce titre. Voici son résumé :

Les frontières d’Huaxia sont défendues par les Chrysalides, gigantesques machines pilotées par les énergies psychiques combinées d’un homme et de sa concubine. Hélas ! les combats sont violents, et si les hommes en réchappent, les femmes sont presque toujours sacrifiées.

Malgré cela, Zetian s’engage dans l’armée. Son objectif ? Venger sa sœur en tuant le pilote responsable de sa mort.

Sortie victorieuse de l’affrontement grâce à sa force psychique exceptionnelle, Zetian devient alors Veuve de Fer et rejoint l’élite des combattants. Elle sera dès lors associée à Li Shimin, le pilote le plus dangereux et controversé d’Huaxia.

Bien décidée à rester en vie, Zetian compte profiter de son nouveau statut pour lutter contre le système patriarcal qui régit la société. Elle s’en fait la promesse : dorénavant, les jeunes femmes ne seront plus sacrifiées…

Dans cette histoire, nous sommes donc propulsés dans une Chine futuriste, ou du moins une région qui ressemble fortement à la Chine, qui voit ses frontières être sans cesse harcelées par des extraterrestres composés de machines terribles. Le seul moyen de les combattre est d’entrer dans une de ces machines, une Chrysalide, et de les affronter à l’aide du Qi, une énergie qui compose tout être, mais qui est plus forte chez certains. Or, la sœur de Zetian, l’héroïne, est morte dans l’une de ses Chrysalides, comme beaucoup d’autres filles, après avoir été vendu par ses parents à l’un des pilotes. Décidée à se venger, Zetian parvient à devenir la partenaire de ce même pilote, et à le tuer. Or, ayant survécu, elle va devoir composer avec les conséquences de ses actes, et comprendre comment et pourquoi ce monde fonctionne de cette manière, quitte à le transformer.

Je vais commencer par vous parler du personnage de Zetian. Je vous le dis tout de suite, si vous n’aimez pas les personnages qui cherchent une vengeance pendant tout un roman, vous ne serez pas séduit par ce qu’elle incarne. En effet, Zetian est animée par la haine et par la rage, et ce qu’elle va subir au cours du roman ne va rien arranger à cela. Elle veut tout d’abord venger sa sœur qui est morte dans des conditions tragiques, assassinée par un homme, puis elle veut venger toutes les filles qui subissent depuis des décennies le modèle patriarcal de la société. De ce fait, elle se moque des conséquences de ses actes, elle ne réfléchit pas, elle se contente d’agir, avant de se rendre compte qu’elle a une certaine chance, et qu’elle peut faire changer les choses d’une autre manière. Mais la vengeance reste collée à ses actes, et il faut bien le prendre en compte. Je dois avouer que, pour ma part, son personnage m’a bien plu, parce que j’ai trouvé qu’il était facile de se retrouver en elle et de comprendre pourquoi elle en était arrivé là. En effet, Zetian a subi, comme toutes les filles de son pays, la menace des hommes et la pression exercée par eux sur son physique et sur son éducation. Elle a été brisée physiquement, et pourtant, elle a une force de caractère qui est assez admirable, qui la force à se battre contre le système. Cette force vient sans doute du fait que Zetian est éduquée, parce qu’elle a un ami qui lui donne des cours, des leçons auxquelles elle n’a pas le droit vue sa conditions, mais qui lui permettent aussi de briser ses œillères. J’ai donc apprécié le fait de la suivre pendant tout ce roman, et de la voir comprendre comment le monde fonctionne, et décider de s’opposer à lui, même s’il est vrai qu’elle ne fait pas cela par héroïsme, mais bien par vengeance, pour la justice de ceux qui ne sont plus là, et qu’elle peut paraître très froide envers les vivants. Il y a aussi le fait qu’elle ne parvienne pas à se décider, et qu’elle joue avec les hommes, qui peut déstabiliser certains. J’avoue que cela m’a parfois fait lever les yeux au ciel, surtout qu’on ne joue pas assez sur le fait que l’amour peut prendre différentes visions, ce qui est le cas ici, finalement. Pour ma part, je comprends toutefois son cheminement de pensée. Je regrette toutefois qu’elle n’évolue pas assez dans l’histoire et qu’elle reste toujours la fille de la campagne qui a été vendue par ses parents. Mais j’ai aimé son esprit de révolte et elle peut être un symbole dans la cause des femmes. Elle ne se laisse pas marcher sur les pieds.

– Nous sommes toutes de vulgaires paysannes, aboyé-je en braquant de nouveau mon regard sur elle? Comme Yang Guang n’est qu’un vulgaire paysan ! Aucune famille riche ne laisse ses fils s’enrôler ! Le titre noble, les belles robes, les bijoux brillants… Ce ne sont que des distractions pour nous faire oublier que nous mourrons jeunes. Et c’est peut-être pour ça que tu me cherches. Laisse-moi te donner un conseil : tu devrais vraiment mieux employer le peu de temps qui te reste. Fais-toi plaisir, joue les grandes dames. La seule raison pour laquelle on t’a donné tout ça, continué-je en remuant les doigts près des papilles argentées dans ses cheveux, c’est que tu n’en auras pas besoin longtemps.

Un silence glacial s’abat sur nous. Les prémices d’un sanglot plissent le front et la bouche de Xiao Shufei. L’espace d’un instant, j’éprouve un pincement de culpabilité.

Parlons maintenant des personnages secondaires. Ce sont surtout des hommes, comme si les femmes pouvaient faire concurrence à Zetian, ou lui mettre des bâtons dans les roues. D’ailleurs, sa sœur n’est finalement que peu évoquée. J’avoue que cela est assez dommage, parce qu’on ne connait pas vraiment son personnage, et qu’on a du mal à comprendre, outre le fait que ce soit sa sœur, pourquoi Zetian tient autant à la venger. Elle ne devient, de ce fait, qu’un prétexte pour lancer l’histoire. Les hommes, quant à eux, sont présentés comme étant à chaque fois une menace. Même celui de l’ami d’enfance de Zetian, qui va pourtant tout faire pour elle, est vu comme une menace au début, car il peut jouer de ses relations pour l’empêcher de concrétiser ses plans. De ce fait, elle se méfie de lui, même s’il est la seule personne à qui elle va confier la vérité de ses projets. Les personnages secondaires sont donc au début ceux qui vont se mettre en travers de sa route. Or, cela change, heureusement, au cours du roman. J’ai donc apprécié, en définitive, la relation qui va se mettre en place entre Zetian et son ami, puis avec Li Shimin. J’ai beaucoup aimé ce personnage, car il est loin d’être lisse, et il permet de contrebalancer la vision très simplifiée que possède Zetian sur le monde. J’ai aimé ce personnage parce qu’il est aussi torturé que Zetian, et qu’il est prêt à lui faire une confiance aveugle, alors même qu’ils ne se connaissent pas. Finalement, ils se ressemblent beaucoup. C’est plaisant de les voir interagir ensemble. Son histoire personnelle est aussi très intéressante et plaisante à découvrir. C’est l’un des personnages auxquels je me suis le plus attachée dans ce récit.

Son histoire est-elle seulement vraie ?

Voilà ce dont je suis certaine au sujet de Li Shimin. Il a participé à au moins une douzaine de batailles. Il a donc sacrifié au moins une douzaine de filles.

Je comprends enfin pourquoi ses remords apparents me perturbaient tant. Jusqu’à aujourd’hui, une partie de moi pensait que les garçons étaient physiquement incapables de ressentir de l’empathie pour les filles. Li Shimin vient de me prouver le contraire. Ils savent exactement ce qu’ils font – lui compris. Il parfaitement conscience de ce qui est bien et de mal : pourtant, il est monté dans ce cockpit une douzaine de fois.

– Tu te trompes, lâché-je sans aucune émotion. Toi aussi, tu es un lâche.

Il émet un bruit étranglé.

– Quoi ?

– Quand on t’envoie au combat, des soldats te forcent à monter dans ta Chrysalide sous la menace d’une arme, pas vrai ?

– Oui, et alors ?

– Alors, pourquoi tu ne les laisses pas t’abattre ?

– Hein ?

– Tu te prétends meilleur que les autres pilotes, mais qu’est-ce qui me prouve que tu dis vrai ? L’histoire d’une fille que tu n’as même pas réussi à sauver ? dis-je malgré la boule qui enfle dans ma gorge et les larmes qui coulent au coin de mes yeux? Tes concubines avaient mille raisons de vivre. Et toi ? Qu’est-ce qui te reste, comme raison de vivre ? Qu’est-ce qui justifiait que tu les tues ?

Parlons maintenant du monde dans lequel tous ces personnages évoluent. C’est donc un monde patriarcal, où les hommes dominent et font leurs lois. Ils décident de tout et les femmes n’ont plus qu’à se plier à leurs décisions. Comme le constate plusieurs fois Zetian, c’est sans doute parce qu’ils ont peur des femmes, et je pense qu’elle n’est pas loin de la vérité, mais on verra cela certainement dans la suite du récit, avec le tome 2. Mais nous sommes surtout dans un monde qui ressemble à la Chine, qui emprunte les codes de la Chine Impériale. Tout cela est alors transformé grâce à la vision futuriste qui nous est proposée. J’ai bien aimé le mélange des deux, le fait qu’on soit transporté dans la Chine Impériale, où les filles doivent avoir la peau blanche, les tenues correspondantes à l’époque, les pieds bandés et cassés, mais aussi les grosses machines, comme des armures, qui permettent de défendre la muraille. C’est assez plaisant et immersif. C’est alors une bonne idée de montrer que ces machines ne fonctionnent qu’avec une femme et un homme, et que les femmes meurent, écrasées par la pression spirituelle de leur partenaire. Cette idée du qi, de la pression spirituelle, est assez intéressante et encore mystérieuse, car on ne sait pas d’où elle vient, et pourquoi elle est plus puissante chez certains. On en sait pas non plus pourquoi les Hunduns cherchent à pénétrer dans la région, et plus on avance dans le roman, et plus les certitudes là-dessus de Zetian vacillent. De grosses révélations semblent prévues par la suite. C’est un monde riche qui nous est proposé, et que j’ai aimé découvrir.

La lumière glacée des étoiles se reflète sur une douzaine de Chrysalide en train de combattre une horde de Hunduns. Elles luttent contre eux au corps à corps en leur donnant des coups de poings, en les poignardant ou en leur envoyant des décharges de qui. Des nuages de poussières sombres s’élèvent du sol à chacun de leurs pas tonitruants.

Cette image, si différente de ma vision habituelle – bizarrement plus large, comme si quelqu’un m’avait arraché les paupières – me désoriente. Je tente de fermer les yeux.

Mais c’est impossible.

J’en arrive maintenant à la rédaction de cette histoire. J’avoue avoir eu du mal avec les noms des lieux et prénoms en chinois, tout simplement parce que je ne suis pas habituée et parce que j’ai eu du mal à les retenir. Néanmoins, si on avait eu des noms différents, cela aurait été dérangeant à la lecture. Les prénoms et noms font que cette lecture reste immersive. D’ailleurs, la plume de l’autrice nous plonge vraiment dans le monde qu’elle a construit, en gardant des marqueurs qu’on reconnait, ceux de la Chine Impériale, avec ceux différents de la fantasy et de la science-fiction. Tout est décrit avec précision, ce qui fait qu’on est dans un monde assez visuel. Les chapitres sont courts et dans l’ensemble bien rythmés. J’ai trouvé qu’on ne s’ennuyait pas dans le roman, à partir du moment où l’on était bien dedans. J‘avoue avoir eu du mal à plonger dans le récit au début, parce que ce début est un peu long à se mettre en place. Mais une fois que cela est bon, on a envie de connaître la suite, et le roman devient compliqué à quitter. La plume est fluide, le roman se lit plutôt bien. C’est une bonne lecture, qui change de ce qu’on lit d’habitude.

En résumé, j’ai beaucoup aimé l’univers qui nous est proposé ici, qui est très riche et très immersif. J’ai apprécié qu’on mélange la Chine Impériale avec de a science-fiction, et l’idée fonctionne très bien. Le fait de énoncer le patriarcat fait aussi que cette œuvre est militante, et ce côté m’a séduite. Le personnage de Zetian est intéressant et plaisant à suivre, même si j’aurais aimé qu’elle ait plus de nuances, afin qu’elle ne soit pas toujours dans la vengeance, et qu’elle évolue davantage. Néanmoins, je me suis attachée à elle, et l’ai prise en pitié. C’est la même chose avec Li Shimin, qui est un personnage que j’ai apprécié. C’est dommage qu’on ne voit pas plus la sœur de Zetian. Le roman se lit bien. C’est une belle découverte que je vous conseille, et j’ai hâte de lire la suite.

Et vous ?

Est-ce que cela vous perturbe lorsque vous avez des noms venant d’autres contrées ?

Parvenez-vous à retenir ces noms ?

Lisez-vous beaucoup de titres asiatiques ?

Bon samedi à tous 🙂

Une réflexion au sujet de « Iron Widow, tome 1 »

  1. J’avais lu une critique mitigée, mais la tienne vient de me redonner envie de le découvrir ^^ Je trouve ça juste un peu dommage que pour un roman qui se revendique de l’émancipation féminine, les femmes y soient si peu présentes de ce que tu dis ^^’

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