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Les enchanteresses, tome 2 : Les disparus de Chateaubriand

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous passez une bonne semaine. Pour ma part, elle est assez particulière avec les épreuves de spécialités en terminales et le soleil et la chaleur qui donnent des envies de vacances. C’est un peu compliqué de se concentrer, et je sens que les prochaines semaines vont être compliquées, car les élèves ont déjà du mal à travailler, alors que leur épreuve, en philosophie, n’est pas encore passée. Mais on se rapproche de plus en plus de la fin de l’année.

En parlant de fin de l’année, je vous retrouve aujourd’hui pour vous ramener au début de cette dernière. En effet, aujourd’hui, je vais vous présenter un roman qui nous parle des adolescents, et de ce qu’ils vivent à l’école. On retourne donc en septembre, et on va suivre ces héros pendant une partie de l’année scolaire. Ce roman jeunes adultes est le tome deux de la série Les Enchanteresses. Il s’agit donc aussi d’un roman fantastique, avec de la magie, et vous pouvez retrouver mon avis sur le premier tome ici. Cette histoire est écrite par Sophie Gliocas et est publiée aux éditions Hachette. Je remercie d’ailleurs ces derniers pour m’avoir permis de découvrir cette suite grâce à la plateforme NetGalley. Le roman est sorti en mars 2022 et voici son résumé :

Au lycée Chateaubriand, des événements étranges ont lieu. Depuis Halloween, des jeunes filles disparaissent, sans laisser de traces derrière elles…

Lorsque Bleuenn, Lizig et Flora découvrent que d’autres disparitions sont survenues des années auparavant, elles en sont sûres : la magie y est pour quelque chose.

Pour les Enchanteresses, l’heure est venue de faire la lumière sur ce mystère.

Dans ce nouveau tome, on retrouve les trois héroïnes du premier, qui sont donc Bleuenn, Lizig et Flora. Toutes les trois entrent en première, et elles s’attendent à ce que leur année scolaire se déroulent normalement, avec le stress des épreuves anticipées du bac de français. Or, voilà que leurs activités d’Enchanteresses, développées l’année précédente suite à leur découverte d’un grimoire dans la forêt de Brocéliande, les poussent à enquêter sur de mystérieuses disparitions qui ont lieu au lycée, et qui commencent à Halloween. Un esprit maléfique serait-il derrière tous ces drames ?

Je vais commencer cette chronique par vous parler du personnage principal, qui est donc Bleuenn. C’est elle qui raconte les événements, comme dans le premier tome. Et on comprend rapidement qu’elle n’a pas tellement changé depuis les événements qui se sont déroulés dans le premier tome. En effet, Bleuenn se montre toujours aussi impulsive, capricieuse et entêtée. Elle ne veut pas vraiment écouter les autres, et elle a tendance à se poser comme une cheffe, comme si elle pouvait mieux savoir que les autres. J’avoue que cela m’a assez énervée, notamment au début, parce qu’on s’aperçoit qu’elle refait les mêmes erreurs, encore et encore, sans réussir à comprendre qu’elle doit penser autrement, alors même qu’elle sait qu’elle n’agit pas pour le mieux. De la même manière, elle a tendance à rapidement se dévaloriser, ce qui la pousse à commettre ses erreurs. Heureusement, et cela rattrape son personnage, elle finit par avouer, et par se rendre compte qu’elle doit apprendre à compter sur les autres. J’ai mieux apprécié son personnage lorsqu’elle s’ouvre davantage aux autres, et j’ai apprécié lorsqu’elle évoque aussi sa mère, et qu’on découvre enfin plus d’informations sur cette dernière. Même si Bleuenn a des défauts et qu’elle doit apprendre à mieux gérer ses émotions, on ne peut lui enlever que c’est un personnage courageux, qui n’hésite pas à donner de sa personne pour les autres, qu’elle est généreuse, et c’est en ce sens qu’on a envie de la suivre. Son évolution vers la fin du roman est donc intéressante et plaisante à voir, même si j’aimerais qu’elle grandisse encore un peu.

La seconde partie était cependant plus délicate : Malo devait boire la potion le soir même du 31 octobre, car ses effets ne duraient que quelques heures. Bleuenn n’avait aucune idée de la manière dont elle allait s’y prendre. Elle songea à demander de l’aide à Flora et à Lizig puis se ravisa. Ses deux amies auraient manifesté leur désaccord en lui rappelant les conséquences de leur première potion. Mais que pouvait-il arriver de terrible avec un philtre d’amour, hormis l’apparition d’un Cupidon ailé ?

J’en arrive à présent aux personnages secondaires. J’ai encore trouvé que ces derniers étaient assez effacés. L’avantage, c’est que ça ma permis d’oublier le côté cliché que j’avais pu avoir avec le tome 1. Ici, nous sommes vraiment sur un trio d’amis qui est prêt à s’aider, que ce soit pour des histoires de cours, de petits amis ou de magie. On sent alors beaucoup de solidarité entre Flora, Lizig ou Bleuenn, voire même avec Kamal ou avec Malo. Ce que j’ai néanmoins apprécié, même si je regrette que les filles soient moins présentes, c’est qu’on en sache plus sur Antoine et sur sa famille. Certes, il y a des choses qui sont évidentes, et qui vont nous faire lever les yeux au ciel car on les voit arriver depuis le tome 1, mais j’ai tout de même été contente d’en savoir plus sur lui. Et comme on parle enfin davantage de lui et de sa famille, cela permet d’introduire l’un des thèmes principaux de ce roman, qui est la distinction entre une fille et un garçon dans son éducation et dans la vie de tous les jours, et les problèmes que cela apportent. En effet, le père d’Antoine est le maire du village, et certaines de ses décisions sont hautement critiquables. C’est vraiment un sale type, et on a envie de lui envoyer le monstre du premier livre. Le policier n’est d’ailleurs pas mieux, mais l’intérêt de ces personnages est de montrer l’apport féministe de l’histoire, et le problème qu’ont les filles avec les hommes, ceux qui veulent contrôler leur vie. Justement, contrairement au premier tome, j’ai trouvé que le père de Bleuenn prenait une place plus importante ici, qu’il se démarquait, et pas forcément de la bonne manière. Alors qu’il semblait assez compréhensif dans le premier tome, il devient ici un tyran, pour une bonne raison, qui va finalement se retourner contre lui. C’est alors assez dur d’avoir pitié de lui, alors que tous les pères auraient tendance à agir de cette manière.

Bleuenn serra les dents. Elle se souvint des mots de son père : « Ce genre d’histoires, ça n’arrive pas aux garçons. Ce ne sont pas eux dont les noms s’étalent en couverture dès qu’un fait divers morbide fait la une. » Ces événements n’inquiétaient pas vraiment les mecs de Chateaubriand, à l’inverse des filles. Depuis Halloween, Bleuenn entendait les conversations angoissées de ses camarades féminines absolument partout : dans la queue de la cantine, dans les vestiaires du gymnase et même devant le miroir des toilettes. Chacune savait qu’elle aurait pu se trouver à la place (des victimes).

Les garçons n’avaient pas à faire attention en permanence, voilà la conclusion que Bleuenn tirait de cette affaire. A Paris, elle ne comptait plus le nombre de fois où des gars bizarres l’avaient suivie dans les transports. Ici, il n’y avait pas de métro, mais Bleuenn n’était pas non plus rassurée. Elle détestait attendre le car lorsqu’il faisait nuit. Il suffisait d’une voiture qui ralentissait, du regard appuyé d’un conducteur, pour que son pouls s’emballe. Malgré ses pouvoirs, Bleuenn avait peur. La magie n’était pas un remède miracle contre les hommes qui considéraient les femmes comme des morceaux de viande.

Parlons maintenant de l’idée globale du texte. Je l’ai trouvée plus originale et intéressante que le premier tome. Ici, nous parlons surtout de la disparition d’adolescentes, et du pourquoi elles se seraient volatilisées. Il y a un côté roman policer, enquête, qui est assez plaisant et intéressant à voir être mis en œuvre. J’ai donc été séduite par cela, et par les hypothèses et les actions que vont mettre en place les filles afin d’obtenir des réponses à leurs questions, des actions qui vont être assez dangereuses, quand elles ne seront pas illégales. Mais ce que j’ai surtout apprécié, c’est l’idée de la créature maléfique, cet esprit, qui serait responsable de tout. On l’apprend assez rapidement dans le roman, ces enlèvements ne sont pas de causes humaines, ce qui est logique dans un tel roman de magie, mais bien de causes surnaturelles. On nous présente un esprit assez malin pour se cacher des enchanteresses et pour survivre sous leurs yeux. Bien entendu, certains points sont là encore devinables, et certaines surprises n’en sont pas vraiment, mais j’ai apprécié l’invention de ce monstre et la manière dont les filles vont essayer de le trouver et de le combattre. J‘ai trouvé que c’était une bonne idée, que cela mettait un peu d’originalité bienvenue dans le roman.

– Ce n’est pas un démon que vous devez chercher, mais un esprit, expliqua Erel face à leur mine perplexe. Dans les légendes, les esprits maléfiques charment leur proie grâce à leur voix.

– Un esprit maléfique ? Mais ça ressemble à quoi ? Un lutin ?! dit Flora.

– Les esprits charmeurs n’ont pas de corps ni d’apparence en propre, reprit la druidesse. Ils prennent possession d’un humain, de n’importe quel humain. On dit même qu’ils auraient la capacité de contrôler les animaux, des objets inanimés, et plus encore…

– Et comment est-ce qu’on s’en débarrasse ? l’interrogea Flora.

– Cela dépend des esprits, dit Erel. Vous devez trouver de quel corps il a pris possession, ainsi que son identité de monstre. Il existe une cinquantaine d’esprits maléfiques différents, les solutions pour les vaincre varient d’une forme à l’autre.

Parlons à présent de l’écriture de ce roman. Il se lit assez bien et il est court. Néanmoins, j’aurais aimé que l’on prenne plus de temps dans l’enquête, dans la recherche de Typhaine, plutôt que sur des passages qui servent, à mon sens, un peu à rien comme la vie au lycée, qui n’est pas assez mis en valeur ou utilisé. On aurait pu davantage exploiter ces disparitions, et étoffer un peu le livre, qui se passe sur plusieurs mois qui sont finalement peu racontés. C’est la même chose avec les passages avec le père de Bleuenn. J’ai eu le sentiment que ces derniers étaient passés sous silence, qu’on était toujours dans le passé, et qu’on ne les exploitait pas, alors qu’il y a pourtant matière. C’est aussi la même chose avec la mère de Bleuenn, qui est présente, alors que les sentiments de Bleuenn par rapport à cela ne sont qu’esquissés. Je suis donc un peu restée sur ma faim, alors que le roman a beaucoup de potentiel, plus que le premier tome. La créature porte finalement toute l’histoire, et elle n’apparaît qu’à la fin. Il y a de bonnes idées, une plus grande maturité que dans le premier tome dans l’écriture, mais cela reste encore à étoffer. C’est aussi dommage que beaucoup d’éléments et événements soient devinables en amont, et que l’histoire semble être toute tracée. Mais le roman se lit bien et il va droit au but. L’idée de la romance est aussi intéressante, même si ce n’est pas le résultat attendu.

En résumé, j’ai trouvé ce tome-ci plus convainquant que le précédent, avec des personnages moins clichés et plus réalistes. J’ai apprécié que Bleuenn mûrisse enfin dans ce deuxième tome, même si cela met du temps, et je l’ai trouvée plus attachante vers la fin du roman. Les filles sont plutôt mises à l’écart dans ce tome, alors qu’on parle beaucoup de féminisme dans l’histoire, et c’est un peu dommage que Lizig et Flora n’apparaissent pas plus et ne soient pas plus développées. On en apprend par contre davantage sur Antoine. Le roman se lit bien, avec une pointe de suspens et d’enquête policière. J’ai beaucoup apprécié le monstre fantastique qui est exposé ici. L’idée de base est sympathique et originale. C’est un bon tome 2 que je vous conseille. Il se lit rapidement et il propose une histoire agréable.

Et vous ?

Avez-vous besoin que les personnages secondaires soient développés ?

Qu’attendez-vous d’un personnage principal dans une suite ?

Qu’aimez-vous retrouver dans un tome 2 ?

Bon vendredi à tous 🙂

4 réflexions au sujet de « Les enchanteresses, tome 2 : Les disparus de Chateaubriand »

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