chroniques littéraires

Les dominos de la vie

Bonjour les amis. J’espère que vous allez tous bien et que vous avez passé une agréable semaine, et que vous êtes prêts pour ce nouveau weekend. Pour ma part, ce dernier est marqué par le fait d’être toute seule, car mon compagnon a enfin sa période d’hospitalisation, et il est donc à l’hôpital. J’ai hâte qu’il rendre, même si c’est assez agréable aussi parfois d’être toute seule. Néanmoins, il fallait vraiment qu’il soit hospitalisé, et cela bouleverse un peu notre quotidien.

Justement, en parlant d’hospitalisation et de choses de la vie, je vous retrouve aujourd’hui sur le blog afin de vous parler de l’une de mes dernières lectures, et il s’agit d’un roman qui parle de ces choses, celles géniales, mais aussi celles moins drôles. En effet, aujourd’hui j’ai décidé de vous parler du roman Les Dominos de la Vie, que j’ai pu faire dédicacer la semaine dernière à son autrice lors du salon du livre de Montaigu. Vous pouvez retrouver d’ailleurs retrouver mon article dessus sur le blog. Son autrice est Laure Manel, et le roman est sorti aux éditions Michel Lafon. Le livre est sorti cette semaine, donc en avril 2022. Voici son résumé :

Amélie, architecte d’intérieur mariée à son amour de lycée et heureuse maman d’un petit garçon vient de remporter une épreuve médicale. Elle est guérie. Après le soulagement et la joie, vient le temps des questionnements. Animée par un formidable appétit de vivre, Amélie trouve soudain son existence fade. Et pourquoi, alors que tout va pour le mieux, se sent-elle si mal ? Bien décidée à embrasser pleinement cette deuxième vie et à ne plus laisser la raison, la peur et les doutes la gouverner, la jeune femme ose partir en quête d’elle-même.

De petits en grands changements, trouvera-t-elle le bonheur auquel elle tend ? ET SI LES EPREUVES DE LA VIE ETAIENT UNE CHANCE DE CHANGER SON DESTIN ?

Dans cette histoire, nous suivons Amélie, une jeune trentenaire qui sort d’une étape compliquée de sa vie, elle a vaincu son cancer. Mais voilà, cette victoire remet en question tout ce qu’elle a vécu jusque-là. Amélie se rend compte qu’elle atteint bien plus de la vie que ce que son compagnon peut lui offrir, et qu’elle ne veut pas se laisser limiter par son rôle de mère. Cette histoire lui permet alors de se reconcentrer sur elle, et sur ce quelle veut vraiment.

Je vais commencer par vous parler du personnage d’Amélie. Comme je l’ai mis plus haut, c’est une jeune trentenaire, qui a en fait tout pour être heureuse. Elle est maman d’un petit garçon en parfaite santé, elle a un mari qui l’aime et un travail qu’elle adore. En plus, elle vient de vaincre sa maladie, un cancer certainement dû à un accouchement difficile. Toutefois, elle ne se sent pas heureuse, et elle se rend compte qu’il lui manque quelque chose dans sa vie. Elle va alors essayer de comprendre ce qui lui arrive, et la première partie se concentre là-dessus. J’avoue qu’il est facile d’avoir de l’empathie pour Amélie à cause de ce qu’elle a vécu, au cause de son cancer, et qu’on est heureux qu’elle s’en soit sorti. On éprouve aussi de l’empathie par rapport à ses questions et par rapport à ce qu’elle vit, par rapport à cette remise en doute qu’elle fait sur sa vie. J’ai d’ailleurs trouvé cela assez intéressant, et j’ai aimé voir les efforts qu’elle fait pour obtenir une réponse. Cela montre qu’elle est une battante et qu’elle ne se laisse pas faire. D’ailleurs, on compatit lorsqu’elle doit prendre une grande décision, qui va tout bouleverser. Et c’est à partir de ce moment-là que j’ai eu plus de mal avec son personnage. En effet, j’ai trouvé qu’elle se plaignait beaucoup, et qu’elle avait du mal à comprendre qu’on ne pouvait pas tout avoir du jour au lendemain. Après, il y a les choses qu’elle sait, et celles qu’elle comprend au fur et à mesure. Son personnage a au moins le mérite de nous montrer que la vie n’est pas simple, et que ce n’est pas parce qu’on s’attend à quelque chose qu’on comprend vraiment ce que cela implique. J’avoue toutefois avoir eu moins d’empathie pour Amélie lors de la deuxième partie du roman, tout simplement parce que je ne me suis pas vraiment retrouvée en elle dans ses décisions, et parce que j’ai trouvé qu’elle voulait que les avantages sur les inconvénients, et que cela m’a agacée. Par contre, on peut certainement facilement se retrouver dans la détresse dans laquelle elle se retrouve dans cette deuxième partie, même si les réactions qu’elle éprouve sont excessives. C’est du moins le sentiment que j’ai eu.

Il arrive à Amélie, de plus en plus souvent ces derniers temps, de s’interroger sur l’influence de Sylvain sur elle. Son côté sérieux, par exemple, s’amplifie avec les années. N’a-t-il pas déteint sur elle ? Ne l’est-elle pas devenue, elle aussi, sérieuse ? N’a-t-elle pas perdu sa part de fantaisie ? Celle qu’elle avait quand elle était ado et qu’elle s’amusait ses amies par ses facéties et ses bons mots. Elle s’est souvent fait la réflexion, mais avait mis ça sur le compte du passage à l’âge adulte : c’est normal de se poser, de se calmer. De se raisonner. Au point de s’éteindre, vraiment ? Au point de se satisfaire d’une vie étriquée, sur des rails ?

Parfois Amélie se demande ce qu’elle serait devenue si elle n’avait pas rencontré Sylvain. Sa vie aurait forcément été tout autre. Puisqu’elle aurait rencontré quelqu’un d’autre, elle aurait fait d’autres choix. Sans doute aurait-elle même exercé une autre activité. Elle sait que jamais elle ne trouvera la réponse à cette question, mais…

Parfois elle se demande qui elle serait sans lui, aujourd’hui.

J’en arrive à présent aux personnages secondaires. Pour le coup, ils sont vraiment très secondaires, parce qu’on ne les voit qu’à travers les yeux d’Amélie, et surtout parce qu’on se concentre que sur elle, voire uniquement sur elle. On a donc bien son mari et sa famille qui sont présents, mais finalement, ils sont assez anecdotiques. Même Victor, au final, qui est le fils d’Amélie, et dont la vie tournait au début autour de lui, est mis de côté. On n’a presque pas d’échanges entre eux, et il semble même devenir un poids pour la jeune femme au cours du récit. Certes, ce n’est que sur un moment, mais cela démontre aussi qu’Amélie se concentre sur elle. J’ai toutefois bien aimé le personnage de Jacques, qui arrive trop tard à mon goût. J’aurais aimé qu’il soit présent bien avant. Son histoire, qui est intéressante, est finalement peu développée, et j’ai regretté cela aussi, parce qu’il y avait du potentiel afin de contrebalancé l’aspect presque narcissique de la transformation d’Amélie, et finalement, cela manque d’aboutissement selon moi. Mais j’ai aimé la relation qui se noue entre eux, une relation vraiment particulière, qui est très agréable à voir se mettre en place. Ils forment un beau duo, et c’est assez émouvant de les voir se lier tous les deux, et se faire confiance. Ils s’apprivoisent tous les deux doucement.

La diatribe d’Amélie finit par amuser Jacques. Elle le pousse dans ses retranchements, elle le brusque un peu, et peut-être en avait-il besoin. Un peu comme une fois, alors qu’il avait le moral au plus bas, elle lui avait dit de se remuer, que la vie était belle, qu’elle en savait quelque chose, qu’il n’avait pas le droit de se laisser aller dans le malheur complaisant. C’est là qu’elle lui avait parlé de sa maladie, de son regain de vie. C’est là qu’il avait compris pourquoi Amélie ressemblait à une fée et pourquoi elle lui faisait autant de bien.

Ce roman est finalement surtout une histoire d’acceptation de soi et des changements de la vie, que cette dernière apporte au quotidien. C’est aussi une histoire de courage, sur le fait d’accepter de changer, et de bouleverser toute sa vie. J’avoue que j’ai mis plus tôt qu’Amélie pouvait sembler égoïste, mais ce roman détaille tout son mal-être et il est normal qu’elle veuille aller mieux, même si pour cela, elle doit accepter que la douleur, le deuil, fasse aussi partie de sa vie. Au final, on a donc ici une histoire forte, qui peut arriver à tout le monde. Nous avons d’abord la maladie, qui est décrite par les flash-back, mais aussi la perte d’amour et l’envie de changement, de vivre sa vie à fond, et je pense aussi que c’est cela qui fait que cette histoire peut plaire et parler à tout le monde. Comme le dit le titre et comme l’explique l’autrice à la fin du roman, c’est un livre sur la vie, avec ses joies et ses peines, ses questionnements et ses doutes, ses remises en question et son envie d’avancer, de ne pas se laisser piétiner par la fatalité. J’ai donc apprécié de suivre les questionnements d’Amélie, et je crois que tout le monde finit par se poser les mêmes questions à un moment de sa vie. C’est aussi un roman sur les problèmes médicaux. Même si le texte parle de la gentillesse du personnel soignant et de son abnégation, le roman commence tout de même par une scène assez horrible de violence lors d’un accouchement, à cause d’un médecin, ce qui déclenche certainement le cancer d’Amélie. C’est assez important, à l’heure d’aujourd’hui, d’évoquer aussi les violences obstétriques, qui existent, et qui ne sont pas nécessairement une volonté de faire mal, mais qui montre aussi l’envie de finir plus vite, ou de gagner plus d’argent de la part des médecins. Heureusement, Amélie est bien entourée ensuite.

Tu as eu un peu plus tard un entretien avec des responsables de la clinique. Ton but ? Demander une césarienne de convenance pour la deuxième grossesse que tu osais envisager, ou AU MOINS la certitude que jamais plus tu n’aurais affaire au docteur M. Ils ont écouté tes reproches, admis que le docteur M. avait peut-être maqué de tact… l’ont défendu comme ils pouvaient, ont supposé qu’il avait paniqué face à la situation. Le bébé se présentait mal et peinait à descendre. Et puis son cœur bla bla bla.

Tu n’y crois pas.

Tu n’as décelé aucune once d’humanité chez ce médecin.

Tu as vu cet homme te découper comme si tu étais un morceau de viande. Il a nié ta douleur, il t’a niée en tant que femme. Il a abusé de son autorité. Il a abusé de toi.

En ce qui concerne l’écriture de ce roman, elle est fluide et on sent bien les émotions d’Amélie. On sent donc bien ses doutes, ses joies, son amour pour son fils et son envie de se libérer. Les flash-back ne sont pas dérangeants, mais j’avoue que le fait qu’on ne soit pas sur la même temporalité est bien perturbante, et le fait de lire à partir du « tu », donc la deuxième personne du singulier, est aussi perturbante, tout simplement parce qu’on n’en a pas l’habitude. Mais c’est assez originale et cela coupe de l’histoire qu’on suit de manière linéaire. Et j’avoue que je me suis demandée, pendant tout le moment, si on était pas face à un roman autobiographique pour ces passages-là, ceux qui décrivent le calvaire d’Amélie après son accouchement. La réponse se trouve alors dans les remerciements. Le roman se lit donc assez bien, et on le lit en quelques heures.

En résumé, j’ai dans l’ensemble apprécié ce roman, même si j’ai eu du mal par moment ave le personnage d’Amélie, et le fait que les personnages secondaires sont vraiment effacés. J’ai apprécié de suivre les doutes et les questions d’Amélie, et de la voir reprendre le contrôle de sa vie avec plus ou moins de difficultés. J’ai aimé sa relation avec Jacques et la manière dont il va la guider. J’ai aussi trouvé intéressante la réflexion sur les violences obstétriques et ce que cela va engendrer pour Amélie. C’est un roman qui se lit bien et que je vous conseille. C’est une belle lecture qui nous amène nous aussi à nous poser des questions sur nos vies.

Et vous ?

Aimez-vous ce genre de lecture ?

Quels sont les défauts que vous n’aimez pas chez les personnages principaux ?

Qu’attendez-vous dans ce type de roman ?

Bon samedi à tous 🙂

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