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Sorcières et Chasseurs, tome 1 : Convoitise

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Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien, et que pour ceux qui ont la chance d’être en vacances cette semaine, ces dernières se passent comme vous voulez. Aujourd’hui, je vous retrouve avec un rendez-vous qui me tient particulièrement à cœur. Je suppose que vous avez déjà deviné duquel il s’agit. Nous sommes jeudi, c’est donc du #JeudiAutoEdition dont je vous parle. Pour rappel, ce rendez-vous a pour but de promouvoir et mettre en valeur la littérature indépendante, celle des auteurs autoédités. C’est un rendez-vous que j’adore, car je pense qu’il faut absolument aider ces auteurs qui tentent de percer, qui ont écrits des histoires souvent très bonnes, et qui n’ont ne sont pas représentés par le lobby de l’édition, parfois par choix identitaires ou temporaires, en attendant d’être remarqués par une maison d’édition.

Cette semaine, je vais vous parler d’un roman que j’ai lu via le site NetGalley. Je remercie son autrice, Charlotte Munich, ainsi que la plateforme NetGalley de m’avoir permis de découvrir cette histoire fantastique, qui est le premier tome d’une série nommée Sorcières et Chasseurs. Le roman est sorti le 6 février 2018 sur amazon et est intitulé Convoitise. Voici son résumé :

Accro à la magie noire, tueuse à gages malgré elle, traquée par une secte… Elle n’avait pas le profil pour sauver un enfant. Leila, jeune sorcière parisienne, a hérité d’une magie singulièrement noire. Elle est cependant obligée d’utiliser cette énergie qui lui grouille sous la peau, sous peine de foudroyer ses proches. Ou ce qu’il en reste. Car les sorcières ont leurs propres prédateurs : des chasseurs qui les poursuivent, les séduisent… et les dévorent pour leur voler leur pouvoir. Le chef des chasseurs parisiens est justement à deux doigts de la repérer. La situation de Leila ne se prête donc pas vraiment au baby-sitting. Lorsqu’une étrange petite fille lui demande de retrouver sa maman, Leila commence par refuser. On ne prend pas une gamine sous son aile quand on est accro à la magie noire. Mais l’enfant n’a personne d’autre, et Leila doit la protéger avec les moyens du bord. Quitte à foncer dans la gueule du loup, à pactiser avec l’ennemi et à céder à l’appel de son plus sinistre grimoire, Convoitise.

Dans cette histoire, nous suivons donc Leila, jeune femme tout sauf ordinaire. Avec sa sœur Iris, c’est une sorcière. Mais pas une gentille sorcière. Leila a héritée de dons assez mauvais, qu’elle monnaye comme elle peut. Ainsi, aidée de son grimoire, elle lance des sortilèges pouvant apporter des cancers, la mort. Elle aimerait bien ne pas exercer ses dons de cette manière, mais elle n’a pas le choix. Leila doit en effet en permanence épuiser la magie qui grouille en elle comme des insectes lui courant sous la peau. Seulement, brutalement séparée de sa sœur qui a attiré sur elle l’œil des Chasseurs, cannibales mangeant les foies des sorcières, Leila ne peut plus pratiquer comme elle le désire. Et sa magie augmente d’autant plus, menaçant de foudroyer tous les gens qu’elle aime si elle ne dépense pas rapidement son trop plein. Et comme si cela ne suffisait pas, comme problème, voilà qu’une petite fille apparaît devant chez elle, enfant qui lui réclame de retrouver sa mère. Leila finit par lui céder, quitte à se mettre en danger et à croiser à nouveau la route des chasseurs, et le plus puissant semble bien attiré par elle et par son étrange magie grouillante.

Je vais commencer cette chronique en vous parlant de l’originalité de cette histoire. En effet, pour ma part, je l’ai trouvé assez novatrice dans son idée de la sorcellerie. Certes, on a déjà eu des récits qui parlant du fait que la magie avait toujours un prix, mais ce que j’ai aimé ici, c’est que tout le monde peut payer ce prix. Bien sur, Leila tente la plupart du temps de faire payer le prix de ses charmes à ses clients, après tout ses sortilèges sont néfastes, mais elle peut aussi payer ce funeste prix, si elle ne trouve aucun pigeon pour payer à sa place. J’ai apprécié cette idée, celle de trouver quelqu’un pour payer le prix de la magie. Ensuite, l’idée de la grouille est assez intéressante. C’est d’ailleurs Leila elle-même qui donne ce nom à sa propre magie, qu’elle ressent sur elle comme une cavalcade permanente de cafard. Leila ne peut pas se passer de sa magie, et lorsque celle-ci devait trop grande, elle foudroie ses proches, ce qui fait qu’elle est toujours obligée de se servir de ses dons. Elle voit ça comme une malédiction. Cette idée est assez sympathique, car Leila ne peut pas retenir sa magie. Si elle ne pratique pas, elle met donc ses proches en danger. Or, avec le départ de sa sœur, Leila ne pratique plus aussi souvent qu’avant, et la grouille s’est amassée en elle. J’ai d’ailleurs apprécié les effets que cela produit sur la sorcière. L’autre originalité de l’histoire, c’est la place forte qu’est laissée aux grimoires. En effet, le titre de ce premier opus correspond à l’un des grimoires transmis par la famille de Leila, le fameux Convoitise, un grimoire si noir que même-elle ne l’utilise pas. Or, évidemment, tout le monde est à la recherche de ce grimoire, qui a permis à Iris de se sauver et de disparaître. Leila doit donc en plus protéger son bien. Le grimoire devient donc un élément essentiel de l’histoire. Par ailleurs, Leila en a besoin pour pratiquer, son grimoire personnel renferme tous ses sorts. L’idée des chasseurs cannibales est aussi intéressante car cela permet de rajouter du suspens, de la tension dans l’histoire. Après tout, ce sont eux les grands méchants, les prédateurs naturels des êtres comme Leila.

Elle accepterait tout de même à peu près n’importe quoi, parce qu’un fourmillement de mauvais augure a débuté dans ses extrémités. La grouille est de retour, intérêts et principal, et bien plus tôt que prévu. Utile jusqu’à un certain point, dans la mesure où elle sert de carburant à la pratique de Leila, la grouille devient gênante lorsqu’elle dépasse la cote d’alerte. Si Leila ne vend pas une potion rapidement pour consommer un peu de ses réserves, les choses vont continuer à empirer : démangeaisons, agressivité, hypersensibilité et tutti quanti. Puis les hallucinations. Et pour finir, elle partira en vrille : quand elle ne pourra plus juguler tout ce chaos, elle le laissera exploser et elle foudroiera tout le monde autour d’elle, à commencer par les personnes à qui elle tient le plus. Enfin, la personne : sa sœur, Iris, où qu’elle soit à se dorer la pilule.

Venons-en maintenant au personnage de Leila. C’est quelqu’un de fort, de courageux, qui ose affronter les dangers, qui aime profondément sa sœur, mais c’est aussi quelqu’un de très solitaire, et d’antipathique. Cela vient sans doute de ce qu’elle a vécu auparavant, des dégâts occasionné par la grouille, et de l’éducation austère donnée par sa tante. Et peut-être aussi à cause du fait qu’elle soit une sorcière pourchassée par des chasseurs cannibales. En tout cas, Leila cherche la solitude, à ne surtout pas attirer l’attention sur elle, et à ne s’attacher à personne. A cause de cela, elle paraît d’emblée assez froide. Ainsi, lorsque Dita. vient toquer à sa porte pour avoir de l’aide, malgré le fait que ce soit une enfant de six ans et demi, Leila n’hésite pas à la mettre à la porte. Il faudra plusieurs tentatives de la part de la petite fille pour que Leila n’accepte ne serait-ce que de l’écouter. Elle est donc assez renfermée. Ce que j’ai cependant apprécié chez elle, ce sont ses valeurs. Leila répugne à se servir de Convoitise. Elle a bien compris la dangerosité de ce grimoire, bien plus dangereux que les sorts qu’elle lance habituellement. De plus, une fois que Leila s’attache à quelqu’un, elle fait tout pour le protéger. Elle a une certaine grandeur d’âme et s’investit à fond dans ce qu’elle fait. C’est assez honorable. Cependant, elle a tendance à ne pas assez réfléchir à mon sens, et à se jeter dans la gueule du loup trop rapidement. Elle est impétueuse et orgueilleuse. Elle refuse l’aide des autres, et cela peut lui jouer des tours. J’ai trouvé qu’elle se mettait en difficulté toute seule. En vérité, j’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à elle. J’ai commencé à apprécier son personnage que vers la fin du roman, sans doute grâce aux effets de la grouille sur elle, qui la rende plus sympathique. Par contre, il faut reconnaître qu’elle a une jolie évolution, car elle se livre bien plus à la fin, et devient plus humaine envers les autres.

  • T’as cinq minutes pour me raconter, rappelle Leila.
  • Un truc à manger ? tente la petite.
  • Non, c’est peut-être sale chez moi, mais tu ne mets pas ces pieds-là dans ma cuisine.
  • Un bain chaud d’abord ?
  • Accouche, morpion, ou je te fiche dehors.
  • T’es pas rigolote. Je m’appelle Aphrodite Bellanger, tu peux m’appeler Dita, j’habite en Normandie, dans un village. J’ai perdu ma maman, Cassandra Bellanger.
  • Qu’est-ce que tu fiches à Paris ?
  • J’ai essayé de la suivre…
  • Je ne peux rien faire pour toi, dit Leila. Je peux à peine m’occuper de moi-même. Je n’ai pas le temps à consacrer à une petite fille paumée, même si tu as l’air très mignonne, ce n’est pas personnel du tout. Je t’ai déjà dit, va voir la police. C’est leur métier d’aider les gens.
  • Non, ils appelleront des adultes qui font semblants d’être gentils et je ne veux pas aller dans une famille.
  • C’est juste le temps de retrouver ta maman, dit Leila en essayant de prendre une attitude convaincue et pédagogue. Ils te donneront à manger. Je suis sûre qu’ils ont du fromage, eux.

Comment faut-il parler à une petite fille pour la faire partir ?

En ce qui concerne les personnages secondaires, j’ai trouvé celui de Dita attachant. En même temps, comment ne pas s’attacher à cette gamine débrouillarde, qui a quitté sa maison afin de trouver Leila dans le but de sauver sa mère, disparue depuis peu ? Cette petite fille a vécu sous les ponts, c’est fait des amis SDF, et est foudroyé par sa mère, ce qui la met en danger de mort permanent. Leila est son dernier espoir. J’ai adoré sa spontanéité d’enfant, le fait qu’elle est persuadée que Leila va l’aider, sa foi en cette dernière… C’est vraiment un personnage plaisant qu’on découvre au fur et à mesure, avec des pouvoirs assez intéressants. Mais dans les personnages secondaires, celui pour lequel j’ai presque eu un coup de cœur, c’est pour celui d’Iris. En effet, malgré sa disparition, on voit Iris, grâce à la grouille de Leila qui lui donne des hallucinations. On ne voit donc Iris que par le biais de Leila, mais d’emblée c’est un personnage agréable, assez drôle, mais aussi très sarcastique. C’est d’ailleurs ce qui m’a plu  chez elle. Iris est marrante, sarcastique, et elle met toujours le doigts là où ça fait mal. Même si elle n’est finalement qu’une hallucination, elle apporte de l’humour et de la légèreté dans le roman. Elle montre aussi toutes les faiblesses de Leila, toutes ses mauvais décisions. C’est alors un personnage qu’on a envie de voir plus, sur lequel on a envie d’en savoir plus. Quand à Satie, j’ai beaucoup aimé son personnage, et je pense qu’on le reverra par la suite. Mais je ne vais pas vous en dévoiler plus, afin de ne pas vous spoiler.

Génial, pense Leila. Voilà qui n’est pas du tout flippant : les hallucinations commencent. Son cerveau est tellement attaqué par la grouille qu’il décide de peupler le monde de fantômes. Il est plus que temps de pratiquer.

Si tu savais comme tu m’as manqué !

Leila se concentre sur autre chose, elle ne va pas se mettre à discuter avec sa propre imagination. Elle s’affaire sur sa décoction et après quelques minutes, Dita revient de sa mission chez Birgit, la main griffée, les quelques précieux poils de moustaches collés contre sa paume.

Dis donc ! s’exclame la présence hallucinée, elle est mignonne ! Une nouvelle petite sœur ? C’est pour me remplacer ? Moi aussi, j’étais jolie à son âge. Je les faisais tous craquer. Tu n’as pas peur de t’attacher ? (…) Je ne pensais pas qu’en deux semaines à peine tu aurais déjà trouvé une nouvelle colocataire. Félicitations, sœurette, c’est rassurant de savoir que tu n’es pas seule. Mais dis-moi, qu’est-ce que tu prendras pour la remplacer, quand elle aura reçu la foudre une fois de trop ? Un petit chat ou un petit chien ?

L’écriture, simple, est assez fluide. J’ai lu ce roman pendant le Week-end à 1 000 – du 9 au 11 février, il se lit donc rapidement et bien. On passe un bon moment dans cette histoire. Cependant, je déconseille une lecture trop rapide de ce roman. Je regrette même de l’avoir lu pendant le week-end à 1000. Pourquoi ? Tout simplement parce, à mon avis, c’est un livre qui mérite des pauses, des moments de décantation afin de mieux l’apprécier. Je pense que je l’aurais mieux apprécier en faisant des pauses, en laissant le texte mieux m’imprégner. Je pense que je le relirai de cette manière avant le tome 2. De plus, j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l’histoire au début. Je ne voyais pas où l’autrice désirait nous emmener. Entre ça et le fait que je ne me suis pas attachée à Leila, cela a un peu gâcher ma lecture. Toutefois, le rythme est bon, même si à la fin il y a beaucoup d’action, et on a du mal à lâcher ce roman car l’histoire est passionnante. J’ai rigolé avec Iris, j’ai frissonné avec les chasseurs, j’ai eu peur pour Leila, pour Dita. Le côté cannibalisme de l’histoire m’a horrifié, mais j’ai apprécié l’humour noir, l’idée de la magie noire, le petit côté horrifique qui pointe parfois. Tous les éléments sont là pour faire un bon mélange, un bon récit. On a envie de savoir jusqu’où l’histoire va nous emmener. D’ailleurs, je me demande ce qui va se passer dans le tome 2, vu la manière dont le tome 1 s’est terminé. Une chose est sûre, je lirai cette prochaine histoire, afin de savoir ce que nous réserve l’autrice pour la suite.

En résumé, j’ai bien aimé cette histoire. Il y a pour moi quelques points négatifs, cependant j’ai apprécié l’essentiel, et c’est une histoire qui m’a marquée. Elle est originale, sombre mais en étant drôle, glauque mais avec une pointe de tendresse. On a des personnages sympathiques, attachants pour certains, et une histoire passionnante. C’est donc un roman que je recommande, si vous aimez les histoires de sorcières et de magie noire. C’est un premier tome qui m’a laissé une bonne impression.

Et vous ?

Aimez-vous l’humour noir dans un roman ?

Quels thèmes horrifiants ne supportez-vous pas de voir dans un récit ?

 Cela vous dérange-t-il d’avoir dans des romans des personnages auxquels vous ne vous attachez pas ?

Bon jeudi à tous 😀

2 réflexions au sujet de « Sorcières et Chasseurs, tome 1 : Convoitise »

  1. Ta chronique donne vraiment envie de découvrir ce roman ! J’aime bien le traitement qu’il propose de la magie, puis l’ambiance a l’air de convenir à mon genre de lecture. Je le place dans ma WL 🙂

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