chroniques littéraires

Ses derniers mots

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous avez passé une bonne semaine. Pour ma part, je suis heureuse qu’elle soit terminée. Avec les conseils de classe et la gestion des transports, plus des heures de cours déplacées et un rendez-vous avec une maman, je peux dire que je n’ai pas chômé cette semaine, et qu’elle a été assez galère. Je suis donc contente de lui dire au revoir, même si j’appréhende un peu celle qui va venir.

En tout cas, aujourd’hui, en ce samedi pluvieux, je vous retrouve pour vous parler de lecture. En effet, je reviens vers vous sur le blog afin de vous présenter l’une de mes dernières lectures. J’ai un peu hésité avant de le faire, car il s’agit d’un roman dont la maison d’édition a fermé en début d’année. Mais je pense que l’autrice, même si elle n’est pas française, mérite qu’on parle de son texte, et qu’on en face la publicité. Peut-être qu’il sera réédité ailleurs. Ce roman, qui est un roman policier, s’intitule Ses Derniers Mots, et est écrit par Linda Green. En France, le roman est sorti aux éditions Préludes, qui sont donc fermées maintenant, mais que je remercie tout de même pour l’envoi de ce roman en service presse via la plateforme NetGalley. Il est sorti en novembre 2022 et voici son résumé :

Sur son lit de mort, Nana fait une confidence étrange à sa petite-fille Nicola : elle lui demande de veiller sur ses bébés au fond du jardin… Irène, la mère de Nicola, soutient que la mourante avait certainement perdu la raison au moment de son dernier souf e, mais semble très perturbée par cette révélation. Elle somme même sa fille de se taire pour le bien de tous. Tandis que les proches pleurent la disparue, la petite Maisie, en jouant, fait une macabre découverte dans le jardin : un minuscule os… humain ? Voilà qui jette le trouble. Pour Nicola commence alors une enquête difficile et éprouvante sur sa propre famille.

Dans ce roman, nous suivons Nicola, une maman d’une quarantaine d’année environ, qui a deux filles avec qui elle est assez fusionnelle. Elle adore aussi sa grand-mère, Nana, qui est en train de mourir. D’ailleurs, au moment de son dernier souffle, cette dernière lui demande sur les deux statues au fond de son jardin, qu’elle appelle ses « bébés ». Interloquée, Nicola va alors mener l’enquête, et comprendre que des os humains sont enterrés dans le jardin de sa grand-mère, et que sa famille cache de terribles secrets qu’elle va devoir déterrer, dont les siens par la même occasion.

Je vais commencer cette chronique par vous parler du personnage de Nicola. Bien que je n’ai pas encore le même âge qu’elle, et pas vécu les mêmes choses, j’ai trouvé qu’il était assez simple de se mettre à sa place et de comprendre ce qu’elle ressentait. Ainsi, dès le début, on comprend qu’elle adore sa grand-mère, et que ce qu’elle va révéler au cours de son enquête va profondément l’ébranler, et remettre en question ses certitudes. Ainsi, elle pensait tout savoir de la vie de cette femme qu’elle admire, mais elle va découvrir que c’est loin d’être le cas. J’ai donc apprécié cet état d’incertitude qui va suivre Nicola pendant tout le roman, est-ce que sa grand-mère a été capable de tuer deux bébés ? Et comment vivre avec cela, si c’est le cas ? J’ai donc apprécié toute la réflexion qu’on va avoir avec Nicola, ses peurs et ses doutes, et cette volonté aussi de blanchir le nom de sa grand-mère, même si elle sait qu’elle a besoin d’accepter la vérité, et que celle-ci peut être terrible. J’ai aussi apprécié le fait que Nicola n’abandonne pas, malgré ce qu’elle découvre. On a ainsi une femme déterminée à savoir la vérité, à comprendre cette dernière, même lorsqu’elle menace sa famille. On peut en vouloir à Nicola de creuser de cette manière, mais j’avoue que j’ai compris son besoin, viscéral, de comprendre, même si cela a des conséquences dramatiques. Elle ne peut pas vivre dans l’incertitude, et c’est pour cela que je me suis retrouvée dans son personnage. J’ai aussi aimé la relation qu’elle a avec ses filles, qui va être déterminante dans la fin du récit.

– Regarde ce que j’ai fais, dis-je en pointant l’écran. J’ai complètement merdé cette fois. Tout le monde va faire des hypothèses, poser des questions. Les filles vont entendre des horreurs à l’école.

– Allons, on savait que c’était un risque à courir.

– Vraiment ? Je crois que je ne m’en rendais pas compte. J’avais l’espoir idiot que la police blanchirait ma grand-mère et remettrait les ossements à leur place avant de me remercier d’avoir fait mon devoir de citoyenne.

– Tu as fait ce qu’il fallait.

– Je me sens tellement stupide. Je risque de le regretter pour le restant de mes jours. On ne sait pas où cela va nous mener, n’est-ce pas ? Et si elle les avait assassinés ? On ne peut pas prouver le contraire.

James soupira et me caressa le bras.

– Nic, elle n’est plus là. Ils ne peuvent pas la juger.

J’en arrive à présent aux personnages secondaires. J’avoue que j’ai eu un peu plus de mal à savoir quoi dire dans ce paragraphe, car l’histoire tourne vraiment autour de Nicola. Sauf que, en vérité, elle tourne autour des femmes de cette famille et de ce qu’elles ont pu y vivre, si bien que Nana, la grand-mère de Nicola, et Irène, la mère de Nicola. Cette histoire tourne donc autour des femmes de la famille, et j’avoue qu’on comprend mieux les réactions extrêmes d’Irène, la mère de Nicola, lorsqu’on connaît son histoire, car avant cela, elle passe pour une mère aigrie qui refuse de soutenir sa fille dans l’épreuve qu’elle vit. J’ai aussi aimé le personnage de Ruby, la fille aînée de Nicola, et Maisy, sa cadette, car elles apportent de la normalité à cette histoire, même si Ruby est profondément choquée par ce qui est découvert. J’ai d’ailleurs aimé que les questions qu’elle se pose sur son père resurgissent à ce moment-là, car le roman tourne aussi sur ce que font les hommes aux femmes, sur leurs traces, et j’ai trouvé pertinent que Ruby se retrouve en quête de son paternel à ce moment-là du récit, ce qui nous apporte aussi de l’empathie pour elle, qui ne fait que subir les décennies de secrets de sa famille, et qui est obligée de se construire avec ces derniers, ce qui n’est pas simple, surtout à l’adolescence. J’ai donc apprécié de le suivre elle aussi, même si, comme toutes les autres, elle entre en conflit avec Nicola et sa quête de vérité.

– Je ne suis pas idiote. Comment se fait-il qu’on est pas revu Mamie depuis l’enterrement ?

– On est tous très occupés, c’est tout.

– J’y crois pas. c’est à cause de cette histoire d’ossements, hein ?

– Ce n’est pas facile pour ta grand-mère.

– Alors pourquoi ne vient-elle pas prendre le thé avec son cousin cet après-midi ?

– Ils n’étaient plus en contact non plus.

– Ah ! Je vois, plus personne ne se parle ! Nous ne sommes pas une vraie famille !

– Voyons, Ruby, ce n’est pas vrai.

– Si, c’est vrai. Non seulement je n’ai jamais vu mon père, mais je ne connais même pas son nom.

Ses paroles me firent l’effet d’une gifle.

– Ruby, ce n’est pas juste, gronda James.

– Ne pas connaître son père, voilà ce qui n’est pas juste.

Je baissai les yeux, incapable d’affronter la détresse de son regard.

J’en arrive à présent au sujet même de ce roman. Comme vous l’avez compris, nous sommes sur un roman policier qui tourne autour d’un terrible secret de famille qui n’a jamais été dit, mais dont tout le monde a plus ou moins conscience sans l’avouer, autour du fait que deux bébés sont enterrés dans le jardin de la grand-mère. Pendant tout le livre, on cherche donc à essayer de comprendre comment deux nourrissons ont pu être enterrés ainsi, s’ils sont morts à la naissance, ou s’ils ont été assassinés. C’est assez intéressant de remonter le temps, à l’époque de la grand-mère, et de se dire que les choses ont tout de même évolué, que cela n’est plus aussi normal qu’à l’époque. Mais comme je l’ai dit plus haut, ce roman tourne aussi autour du secret, et principalement sur ce que les hommes font subir aux femmes depuis des décennies, ce qu’ont vécu les quatre générations de femmes que nous avons ici. C’est donc un roman assez féministe que nous avons ici, qui nous ouvre les yeux sur ce qui peut se passer au sein d’une famille, et sur le fait qu‘il est très compliqué de faire voler en éclat la honte et l’opprobre qui sont jetés au nez des victimes, qui cherchent alors à se débrouiller comme elles le peuvent. On a donc ici une enquête policière qui tourne autour de faits passés, dont la plupart des acteurs sont décédés, qui cherche à découvrir une vérité assez sinistre, tout en ayant une vision féministe. J’ai été séduite par l’histoire proposée ici, qui fait qu’on cherche nous aussi à comprendre, et qui nous mène vers de fausses preuves et indices, avant de comprendre la vérité.

– Tu penses qu’elle aurait pu…

– Non. Ma grand-mère n’aurait pas fait de mal à une mouche.

Fiona soupira.

– Ca fait réfléchir, en tout cas. Tous les secrets que les gens avaient à cette époque. Toutes les horribles histoires qu’ils ont dû étouffer.

– Je sais. Quel que soit le drame qu’elle a vécu, elle a dû en supporter le poids. Et elle n’a jamais rien dit. Du moins pas avant son dernier soupir.

En ce qui concerne l’écriture de ce roman, elle est très fluide et on a du mal à lâcher le roman parce qu’on veut savoir la suite, on veut aussi comprendre ce qui est arrivé aux bébés du jardin, comment ils sont arrivés là, et ce s’ils ont été assassiné. Il y a aussi une tension qui va exister avec le personnage de Nicola, qui va se retrouver menacée par ces histoires du passé, et qui va se retrouver en danger. J’ai aimé le fait qu’on ait des passages de ce même passé au cours du récit, ce qui fait qu’on alterne entre ce qui arrive à Nicola, et ce qui est survenu à l’époque, sans qu’on sache vraiment de quelle époque on parle. Comme je l’ai mis plus haut, c’est aussi un roman féministe, et j’ai apprécié la manière dont ces sujets sont traités ici, tout en finesse. L’écriture est donc vraiment plaisante à lire.

En résumé, c’est donc un roman qui est très agréable, et que je ne regrette pas du tout d’avoir lu. Cette histoire est très intéressante, avec une enquête très bien menée jusqu’à la fin, et un suspens qui est plaisant à avoir. On se laisse prendre au jeu des faits passés, et on cherche, comme Nicola, à comprendre la vérité. Je me suis attachée à son personnage, tout comme je me suis attachée aux autres personnages féminins, qui sont centrales dans ce récit. C’est un récit féministe qui nous rappelle que tous les combats doivent être menés pour atteindre la vérité, et que le silence est destructeur. Je vous en conseille la lecture, c’est un beau texte et une belle histoire, malgré ses horreurs.

Et vous ?

Lisez-vous beaucoup de romans policiers ?

Qu’aimez-vous retrouver dans ces histoires ?

Qu’est-ce qui peut vous faire vous attacher à un personnage principal ?

Bon samedi à tous 🙂

7 réflexions au sujet de « Ses derniers mots »

  1. C’est dommage que cette maison d’édition ait fermé (tu me l’apprends) ; j’ai lu peu de ses publications mais c’était de qualité. As-tu plus d’informations ?
    En tout cas, tu fais bien de parler de ce livre tout de même ! Ca me donne bien envie et je vais le chercher – si ce n’est en librairie, je le trouverai peut-être en médiathèque 😉

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    1. Je l’ai appris sur Twitter au début de l’année, ils ont fermé en janvier. Oui, c’est vraiment dommage, car ils avaient des titres chouettes. J’ignore pourquoi ils ont fermé…
      Le livre est vraiment sympa, j’espère que tu pourras le trouver en médiathèque, je sais qu’à Nantes ils l’ont acheté 😉

      Aimé par 1 personne

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