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Afterlove

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous passez un agréable début de semaine. Pour ma part, le mien est toujours consacré aux corrections de ma romance de Noël, et j’avoue que je déteste toujours autant cette partie-là du travail d’écrivain. Toutefois, je suis tout de même assez contente de retrouver mes personnages, Callie et Clovis, et de redécouvrir leur histoire. J’améliore des choses, change certains passages, et j’avoue que cela me dérange moins que d’habitude. C’est agréable aussi de redécouvrir une histoire qu’on a écrite. Je déteste juste chercher les verbes ternes et les répétitions, toujours très nombreuses chez moi.

Aujourd’hui, je vous retrouve toutefois pas pour vous parler écriture, même si je compte bien reprendre les articles écriture en septembre, je me le promets tous les ans, mais pour vous parler de l’une de mes dernières lectures. Si vous suivez un peu le blog cet été, vous avez sans doute une petite idée de celle-ci. Il s’agit du roman fantastique pour adolescents Afterlove. Je précise qu’on suit une romance entre deux adolescentes. Ce roman a été écrit par Tanya Byrne. Il a été publié aux éditions Hachette et je remercie ces dernières pour l’envoi de ce roman en format numérique via la plateforme NetGalley. Il s’agit donc d’un service presse. Ce titre est sorti en France en juin 2022, voici son résumé :

Dès le premier regard, Ash et Poppy sont tombées amoureuses malgré leurs différences et leurs milieux familiaux que tout oppose. Pour la soirée du Nouvel An, Ash décide de dormir chez Poppy, sans prévenir ses parents. Inquiets, ces derniers lui demandent de rentrer immédiatement. Sur le trajet du retour, Ash est déconcentrée par une fille qui l’accoste, elle se fait renverser par une voiture et meurt.

La fille qui l’a accostée est une Faucheuse, et en tant que dernière personne à mourir avant le dernier coup de minuit, Ash est devenue une Faucheuse à son tour. Ash a du mal à accepter sa nouvelle condition car cela signifie oublier son premier amour. Or, elle ferait n’importe quoi pour revoir Poppy.

Ce roman se découpe en deux parties. Tout d’abord, nous faisons la connaissance de Ash, une jeune fille d’origine indienne, assez proche de sa famille. Ash est lesbienne, et n’a connu que des peines de cœur. Or, elle fait la rencontre de Poppy pendant une sortie scolaire. Les deux filles tombent amoureuses, et la vie semble facile pour elles deux. Mais, le soir du Nouvel An, Ash meurt. Commence alors pour elle la deuxième partie de son existence, elle devient une Faucheuse. Seulement, elle est incapable d’oublier Poppy, et elle se demande si leur amour peut exister malgré la mort.

Je vais commencer cette chronique immédiatement par évoquer l’écriture de ce roman. Si ce dernier se lit relativement bien, avec des chapitres assez fluides et courts, et une écriture immersive, j’avoue que je me suis ennuyée pendant cette dernière. Cela est dû au découpage du roman. En effet, on commence l’histoire avec la nouvelle existence de Ash, celle où elle est une Faucheuse, avant de revenir sur sa rencontre avec Poppy. Lorsqu’on s’attend à un roman fantastique, on ne s’attend pas à ce que plus de la moitié du roman nous parle d’amour contemporain, et qu’on suive donc les deux adolescentes dans leurs vies de tous les jours. Non pas que cela ne m’a pas plu, parce que cette idée permet de découvrir Ash vivante, avec ce qui l’attire, avec sa rencontre et le développement de son histoire avec Poppy, mais cela aurait pu être fait en flash-back, pendant qu’elle raconte sa nouvelle existence de Faucheuse. En fait, on se demande quand va commencer la véritable histoire, celle de Ash morte. J’avoue que même si ces détails étaient intéressants, sur sa vie d’avant, j’ai trouvé qu’on perdait de vue l’histoire du résumé, et qu’on se retrouvait seulement dans n’importe quel roman racontant la mise en place d’une romance, sans que cette dernière soit palpitante en plus, vue que beaucoup de choses nous échappe, surtout concernant Poppy. J’ai donc failli abandonné ma lecture parce que j’avais du mal à comprendre le but de cette histoire. En plus, on passe à côté de beaucoup de choses, et comme on le verra tout à l’heure, les personnages secondaires sont à peine esquissés. J’ai par conséquent préféré la seconde partie du roman, plus originale et plus sentimentale aussi. Néanmoins, elle aurait mérité d’être plus centrale. J’aurais aussi aimé qu’on en sache plus sur l’univers, et davantage sentir que nous sommes à Londres aussi.

Je vais maintenant passer, justement, à ce qui fait l’originalité de ce roman. J’ai beaucoup aimé cette histoire de Faucheuse, et ce qui arrive à Ash après la nuit du premier de l’An. C’est une bonne idée, qui est plaisante à lire, et cela donne envie d’en savoir plus. J’avoue justement que je suis restée sur ma faim là-dessus. En effet, on a du mal à savoir quel est le rôle de Déborah, ce que fait réellement Charon, ou même pourquoi la librairie. On ne suit pas vraiment Ash dans ses fauchages, ni pourquoi la date du 31 décembre est aussi importante. Pourquoi pas seule d’Halloween ? Certaines questions sont laissées en suspens et j’avoue que j’aurais aimé que cette partie soit beaucoup plus fouillée, parce que l’idée st vraiment bonne. De la même manière, les conséquences de l’acte de Ash pour revoir Poppy sont prévisibles, et on aimerait que cela soit plus abouti, plus détaillé aussi. Quel est le rêve de Poppy ? Où veut-elle aller ? On a beaucoup de questions qui ne trouvent pas de réponses. Certes, c’est sympa de nous laisser imaginer certaines choses, mais l’univers promettait d’être assez riche, et cela l’est, en fait, pas suffisamment. Par contre, j’ai aimé la mise en scène et le suspens qui se met en place autour de Poppy, et l’idée que l’amour peut dépasser la mort. Les émotions sont alors bien apportées, notamment à la fin. C’est d’ailleurs ce qui m’a le plus plu, finalement, dans ce roman. Certes, l’idée de base est originale, mais comme je l’ai fis plus haut, elle m’a manquée dans son développement. Toutefois, l’idée apportée permet de se poser des questions non seulement sur sa vie, mais sur ce qui nous tient le plus à cœur. Et pour Ash, c’est Poppy. Cela permet alors pour elle de faire l’inventaire de tout ce qu’elle ne vivra pas, mais aussi tout ce que ses propres victimes ne vivront pas. Et pour certaines, l’émotion est plus grande que pour d’autres, ce qui nous émeut nous aussi. C’est donc un univers proposé qui peut être assez poignant lorsqu’on est fleur bleue comme Ash. J’ai donc beaucoup apprécié cette remise en question sur nous-mêmes et sur ce qui importe qu’on peut avoir avec ce roman et cet univers. C’est ce qui, à mon sens, le rend vraiment crédible et apporte toute son émotion au roman.

Je ne l’écoute pas vraiment, trop préoccupée par la peur que m’inspire ce qu’elle vient de m’apprendre. Une peur plus forte que celle de mourir. Ou d’être une Grande Faucheuse. Ou d’être coincée ici sans être en mesure de revoir ma famille ou Poppy. La peur à l’idée que je finisse par ne plus le désirer. Que je reste indifférente à l’ado que je croise dans la rue avec une besace décorée à l’effigie de personnages de manga, alors que ça pourrait être Rosh. Ou que je n’aie pas à brider mon envie de courir vers une fille rousse aperçue au loin.

Si mon existence actuelle – les collectes, la compagnie de Dev et Esen – a commencé à me sembler normale au point que je n’y prête plus guère attention, qu’en sera-t-il quand je cesserait de penser à ce qui constituait ma vie d’avant ? Que se passera-t-il si je me rends compte que celle que j’étais n’est plus qu’un souvenir, comme cette photo où je suis en sari jaune ?

Pareille à un insecte emprisonné dans un morceau d’ambre ?

J’en arrive à présent au personnage principal de cette histoire, qui est donc Ash. Il est facile de s’attacher à elle, car elle ressemble à n’importe quelle adolescente de son âge. Elle vit, elle aime, elle possède une cœur d’artichaut, elle a une meilleure amie, une sœur, une famille unie qui veille sur elle. Elle ne rêve pas en grand, seulement de vivre heureuse. En fait, j’ai même trouvé qu’elle était trop lisse, parce qu’on voudrait qu’elle ressemble à tout le monde, sans vraiment finalement y arriver. J’ai donc eu le sentiment qu’elle ne possédait pas de vraie personnalité, ce qui fait aussi que son personnage vivant m’a ennuyée, parce que je l’ai trouvée assez fade. L’autrice ne s’arrête pas assez sur ses origines indiennes, elle ne parle finalement que du cœur blessé de Ash, qui a souffert de plusieurs refus dans sa vie amoureuse. Mais, du reste, on ne sait finalement rien. On sait qu’elle n’aime pas vraiment l’école, mais pas ce qui la fait vibrer. J’ai donc trouvé que le personnage de Poppy, ou de sa sœur, paraissaient plus vivants. Même dans ses échanges avec sa mère, qui sont pourtant plein d’émotion, on ne sent pas ce que veut vraiment Ash, et je trouve même qu’elle fait ce que veut Poppy. Elle est finalement plus intéressante lorsqu’elle est morte et lorsqu’elle est obligée de montrer sa vraie personnalité, lorsqu’elle se montre rebelle et qu’elle fait ses propres choix, malgré les conséquences de ceux-ci. J’ai donc préféré voir Ash dans la deuxième partie du roman, sous le rôle de Grande Faucheuse, car cela montre son humanité et sa générosité. Je trouve qu’on s’attache alors vraiment à elle, et qu’on se met à sa place en se demandant comment on agirait si nos vies étaient échangées. J’aurais donc aimé que sa générosité se développe avant sa mort, et que son personnage soit plus vivant, plus étoffé, avant sa mort.

Je m’incite – et c’est plus une supplique – à ne pas m’emballer. A me contenter de profiter de nos derniers instants ensemble. Les minutes s’écoulent, tic, tic, tic, le port est de plus en plus près, et j’attends. J’attends que la bulle éclate, puisque c’est ce qu’elle fait toujours.

Poppy est si près de moi que je sens la chaleur qui émane de son corps. De nouveau, je m’exhorte à ne pas me bercer d’illusion. Ca m’est rarement arrivé, assez toutefois pour savoir comment ça se termine. Toutes ces nans qui arborent des tee-shirts aux couleurs de l’arc-en-ciel et en embrassent d’autres pour épater les garçons, mais qui ne supporteraient pas qu’on les qualifient de lesbiennes. Celles aux sourires dangereux et aux cœurs assoiffés qui se fixent des limites qu’elles seules distinguent et changent les règles du jeu dès que je tourne la tête. Toutes ces choses formulées et tues, perdues à jamais. Toutes les fois où j’ai dit d’accord alors que je ne tenais nullement à ce qu’on sooit « amies ».

J’en arrive maintenant aux personnages secondaires. J’avoue être restée sur ma faim aussi avec eux, même si j’ai beaucoup aimé le personnage de Poppy, beaucoup plus vivante et consistante que celui de Ash. Poppy est comparée à une lumière pendant tout le roman, et c’est vraiment ce qu’elle est, elle illumine cette histoire par sa présence. J’ai apprécié de la suivre car on sent toute son envie de vivre, de croquer la vie à pleines dents, peu importe ce que les gens disent ou pensent, peu importent aussi les conséquences. J’ai beaucoup aimé cette soif de vie, de s’amuser, qui anime Poppy, et qui fait qu’on s’attache à elle et qu’on voudrait qu’il ne lui arrive rien. Toutefois, j‘aurais aimé qu’on en sache plus sur elle, sur la brouille qui la lie avec son père, et sur ses rêves. Elle en évoque certains, mais son monde emble finalement se limiter à Ash. C’est un peu la même chose avec es autres personnages, ceux qu’on croise dans le roman, comme Dev ou Esen. J’ai bien aimé ces deux filles, deux autres Faucheuses, qui vont soutenir Ash et lui montrer le métier, mais finalement, on ne sait rien d’elles à la fin. On ignore comment elles sont mortes, et même leur fonction. Et c’est pire avec Déborah, qui ne fait que des apparitions. J’aurais donc souhaité que les personnages soient plus travaillés, avec plus d’émotions. Et on retrouve ce problème aussi avec la famille de Ash.

Heureuse comme une reine, elle observe la mer comme si elle venait de trouver un trésor dans sa maison, une porte qui donnerait sur une salle de bal dont elle ignorait l’existence. Pourtant, c’est la mer au bord de laquelle elle a grandi, celle qu’elle voyait, enfant, depuis sa chambre, celle qu’elle doit contempler tous les jours par la fenêtre de Roedean, celle qui vire du bleu clair à un bleu plus intense puis au noir, au point qu’il est difficile de distinguer la frontière qui la sépare du ciel. Celle dans laquelle elle s’est baignée à de multiples reprises mais qui, à l’instar du ciel qui n’a pas la même couleur à quatre heures du matin, est complètement différente au milieu de la nuit.

Maintenant, Poppy le sait.

Ce qui n’est pas le cas de tout un chacun.

Elle, si.

En résumé, j’ai trouvé que c’était un roman avec beaucoup de potentiel, mais qui n’était pas assez exploité. Les personnages restent attachants, mais j’ai nettement préféré la version d’eux qu’ils offrent dans la seconde partie, que ce soit Ash ou Poppy, car elles nous offrent davantage d’émotions et sont beaucoup moins lisses. J’aurais toutefois aimé que ceux de Dev et d’Esen soient davantage détaillés. Il y a beaucoup d’amour dans ce roman, mais je me suis ennuyée au début, et la deuxième partie est plus intéressante, même si l’univers proposé n’est que superficiel. C’est une bonne idée qui ne va pas au bout selon moi. Je vous en conseille la lecture si vous êtes jeunes, mais elle ne conviendra pas à tout le monde.

Et vous ?

Quels sont les défauts qui vous dérangent dans un roman ?

Qu’est-ce qui peut ne pas vous faire vous attacher à un personnage ?

Cela vous arrive-t-il de vous ennuyer dans une lecture ?

Bon mercredi à tous 🙂

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