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Le Bazar du Zèbre à Pois

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous gardez le moral malgré la situation que nous sommes en train de vivre. J’avoue qu’en ce moment, j’essaye de me préserver, et de moins regarder les réseaux sociaux, ou même la télévision, tellement tout semble déprimant et anxiogène. Je me doutais bien qu’en un an, on ne serait pas sorti de la crise, mais en ce moment, les nouvelles semblent tellement mauvaises qu’il est parfois préférable de ne pas les écouter, si l’on ne veut pas devenir fous. L’avantage, c’est que cela me permet de faire autre chose, de me concentrer sur le blog, ou sur les cours que j’ai à écrire. Et ce n’est finalement pas plus mal.

Aujourd’hui, je vous propose d’ailleurs une nouvelle chronique sur le blog, et par la même occasion, on va parler de positive attitude et de bonheur. En effet, je vous propose de découvrir le dernier roman de Gabrielle Giordano, qui s’intitule Le Bazar du Zèbre à Pois. Ce roman, qui est à mi-chemin entre la romance, le roman contemporain et l’ouvrage de développement personnel, est sorti aux éditions Plon en janvier 2021. Je les remercie d’ailleurs pour l’envoi, en numérique, de cet ouvrage, via la plateforme NetGalley. Si vous suivez ce blog depuis un moment, vous devez savoir que je suis aussi avec attention les ouvrages de Gabrielle Giordano depuis que j’ai adoré son premier roman, Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, dont vous pouvez retrouver la chronique sur le blog. Voici le résumé de ce nouveau roman :

« Je m’appelle Basile. J’ai commencé ma vie en montrant ma lune. Est-ce pour cela que j’ai toujours eu l’impression de venir d’une autre planète ? Je n’ai pourtant pas compris tout de suite de quel bois j’étais fait. Peut-être plus un bois de Gepetto que de meuble Ikea.»

Basile, inventeur, agitateur de neurones au génie décalé, nous embarque dans un univers poético-artistique qui chatouille l’esprit et le sort des chemins étriqués du conformisme. De retour à Mont-Venus, il décide d’ouvrir un commerce du troisième type : une boutique d’objets provocateurs. D’émotions, de sensations, de réflexion. Une boutique « comportementaliste », des créations qui titillent l’imagination, la créativité, et poussent l’esprit à s’éveiller à un mode de pensée plus audacieux ! Le nom de ce lieu pas comme les autres ? Le Bazar du zèbre à pois.

Giulia, talentueux « nez », n’en est pas moins désabusée de cantonner son talent à la conception de produits d’hygiène. Elle rêve de sortir le parfum de ses ornières de simple « sent-bon » et de retrouver un supplément d’âme à son métier.

Arthur, son fils, ado rebelle, fâché avec le système, a, lui, pour seul exutoire, ses créations à ciel ouvert. Il a le street art pour faire entendre sa voix, en se demandant bien quelle pourra être sa voie dans ce monde qui n’a pas l’air de vouloir lui faire une place.

Trois atypiques, trois électrons libres dans l’âme. Quand leurs trajectoires vont se croiser, l’ordre des choses en sera à jamais bousculé. C’est à ça que l’on reconnaît les « rencontres-silex ». Elles font des étincelles… Le champ des possibles s’ouvre et les horizons s’élargissent.
Comme dans un système de co-création, ils vont « s’émulsionner les uns les autres » pour s’inventer un chemin, plus libre, plus ouvert, plus heureux….

Louise Morteuil, elle, est rédactrice en chef du Journal de la Ville et directrice de l’association Civilissime. Elle se fait une haute idée du rôle qu’elle doit jouer pour porter les valeurs auxquelles elle croit : Cadre, Culture, Civisme… Choc des univers. Forte de ses convictions en faveur du bien commun, elle se fait un devoir de mettre des bâtons dans les roues du Bazar du zèbre à pois…

Dans ce roman, nous suivons plusieurs personnages. Il y a d’abord Basile, qui est plutôt le personnage central de ce roman, qui vient de revenir dans la ville de son enfance y monter un concept un peu particulier, un magasin qui lui sert aussi d’atelier, et qui va à l’encontre de tous les autres magasins, le fameux bazar. Ensuite, nous avons Arthur, un jeune adolescent un peu perdu, pas scolaire, qui passe son temps à tagger les murs de la commune. Puis, il y a sa mère, Giulia, qui fait ce qu’elle peu, mais qui est tout le temps sur les nerfs, qui ne supporte plus son travail sans se l’avouer. Et enfin, Louise, une femme renfermée, qui ne supporte pas ce qui va à l’encontre de la normalité. Basile, en arrivant au village, va bouleverser tout ce monde, et va apporter un nouveau regard sur la vie de toutes ces personnes.

Je vais commencer ma chronique par vous parler du personnage de Basile, qui est donc le point central de ce récit. J’avoue, on s’attache facilement à lui, car il est gentil, et il est plein de bonnes idées. Il a un concept bien particulier, et il veut le partager. Basile, c’est l’inventeur, celui qui voudrait décrocher la lune grâce à ses inventions. Il est créatif et à plus souvent la tête dans les nuages que le reste de la population. Il dessine ainsi beaucoup, et détourne rapidement les objets du quotidien de leurs fonctions premières. De ce fait, on pourrait croire qu’il est le cliché même du créatif, d géni. Et pourtant, il a aussi un esprit très pragmatique. Il a tout de même les pieds sur terre, c’es d’ailleurs ce qui lui permet de monter son commerce et de le faire fructifier. Il sait ce qui fonctionne et ne fonctionne pas. Et même s’il est créatif, il est aussi doué avec l’informatique et tout ce qui touche au quotidien. Il n’est donc pas si éloigné de tout le monde, et c’est ce que j’ai trouvé intéressant chez lui, car il pourrait sembler déconnecté de la réalité, mais ce n’est pas le cas. Il démonte donc les clichés que l’on peut avoir sur les artistes, en montrant qu’il a bien la tête sur les épaules, et qu’il est aussi créatif que commercial. C’est aussi un personnage très généreux, qui va vers les autres. Il ne s’isole pas, alors qu’il pourrait, mais il n’hésite en fait pas à tendre la main à toutes les personnes possibles. Il n’est pas rancunier, et même s’il peut se montrer trop gentil, il est loin d’être naïf. Il a seulement foi en l’humanité, et j’ai apprécié son optimisme. C’est vraiment un personnage qu’on a envie d’aimé, et qui fait tout pour, même de manière inconsciente. On se sent proche de lui, et c’est ce qui fait que je me suis facilement attaché à lui, d’autant plus que plus on en apprend sur son histoire personnelle, plus on a envie de le voir pleinement heureux. Et de l’aider dans les moments où ça ne va pas. Basile est, à mon avis, l’ami qu’on voudrait tous avoir, qui sait pousser gentiment les gens, les aider, et qui se montre toujours agréable et de bons conseils.

Je suis arrivé très tôt ce matin pour m’occuper enfin de ma communication et de mon site Internet, que j’ai laissé en plan plusieurs jours, faute de temps. Il s’agit pourtant d’une tâche majeure : le Web représente une part de marché très importante pour moi. Les deux CarpeDIYem expédiés en Italie, et les trois autres au Japon le prouvent.

L’internationale, c’est bon pour les affaires. Plusieurs acheteurs ont aussi pris le soin de me faire un retour d’expérience très positif sur les objets achetés au Bazap. Dont un témoignage particulièrement touchant : celui de ce monsieur à qui Arthur avait vendu la fleur de compagnie. (…)

J’avais passé de longues heures à programmer cette vaste palette d’émotions humanoïdes, à réfléchir à ce qui pourrait apporter réconfort et plaisir thérapeutique. L’empathie, l’écoute qui se perdaient parfois dans le réel, je voulais qu’on les retrouve dans mes objets provocateurs d’émotions, et ce sont ces qualités que j’avais cherché à implanter dans ma fleur à l’intelligence artificielle, mais aux intentions profondes.

Parlons maintenant d’Arthur. Je me suis aussi facilement attachée à lui, car il représente vraiment l’adolescent dans toute sa splendeur, qui ne pense qu’aux eux vidéos, sans être cliché pour autant. En effet, on s’aperçoit rapidement qu’Arthur est mal dans sa peau, et qu’il ne sait pas exprimer ses sentiments. Il aime sa mère, mais il ne sait pas lui montrer. Il veut l’aider, mais il s’y prend mal, et cela fait beaucoup de tensions entre eux. Et pour ne rien arranger, l’école n’est pas son fort, il ne rentre pas dans le cadre scolaire, ce qui fait qu’il est en échec, et que tout le monde le renvoie en permanence à cela. Jusqu’au moment où il rencontre Basile. A son contact, Arthur change, il devient plus mature, il comprend davantage le monde qui l’entoure, mais aussi comment impacter ce dernier de manière positive. J’ai beaucoup aimé son évolution, mais surtout la relation qui se met en place entre lui et Basile. On comprend ainsi que tout ce dont avait besoin Arthur, c’est quelqu’un qui le comprenne et qui le pousse à se dépasser, qui croit en lui. Et c’est ce que fait Basile. Il va croire en l’adolescent, qui a beaucoup de qualité. Arthur est, comme Basil, un créatif qui a besoin de s’exprimer, de ne pas rentrer dans le moule. De ce fait, Arthur est touchant par sa détresse, mais aussi par son envie de réussir, de croire à ce que lui dit Basile. Il a besoin d’un modèle, et d’un rêve. Et celui-ci lui apporte les deux en même temps. Je pense donc qu’il est facilement de se retrouver en Arthur, car il est le personnage qui se révolte contre le système, qui a des désillusions aussi, mais qui est soutenu, qui veut s’en sortir, et qui s’en donne les moyens. Certes, il fait des erreurs, mais il est jeune, et encore plein d’innocence, et cela m’a touchée. De la même manière, j’ai été touchée par sa mère, qui n’a pas tout à fait les mêmes problèmes, mais qui finalement, vit la même situation que son fils, sans se l’avouer. Les deux personnages se complètent donc, et permettent d’avoir deux points de vue différents sur le même problème, celui de l’évolution et le conformisme à un certain système.

Arthur a enchaîné les graff-tatoos d’accessoires tout l’après-midi. Jamais il n’a ressenti un tel sentiment d’excitation et de satisfaction mélangés ! Pour la premières fois de sa vie, une activité l’épanouit vraiment, alors que, il y a quelques semaines à peine, il ne pensait pas que cela soit possible : être heureux en travaillant. Avant Basile, il se sentait dans dans sa vie comme dans un cagibi. Le Bazar du zèbre à pois lui a ouvert des fenêtres, et un peu de lumière filtre dorénavant depuis son avenir. L’envie d’étonner Basile, mais aussi de le rendre fier, lui donne des ailes. Jusque-là, il avait, tout le long de son parcours, entendu les adultes parler de lui comme du champion des procrastinateurs – il était mal élevé de dire tout haut branleur -, avec un poil dans la main digne du Guinesse des records. Ce qui n’était pas forcément faux, il en avait conscience. Mais là, un truc l’excite, lui occupe l’esprit, lui plaît. Au Bazap, il ne se reconnaît plus : il se montre ultra-réactif, disponible, responsable. Et regarde ce nouveau-lui avec la curiosité étonnée et la distance prudente qu’on adopte lorsque l’on se retrouve face à un inconnu. Pourtant, dores et déjà, il aime ce qu’il voit. Et ce qu’il ressent quant il endosse la peau de « cet autre Arthur ».

Je voudrais rapidement vous parler de Louise. Dès sa première apparition, on comprend tout de suite que c’est un personnage qui va poser problème. Alors, je ne critique pas cela, car il en faut, des personnages qui ne comprennent pas l’attitude de Basile ou celle d’Arthur, mais je regrette toutefois que son personnage ne soit pas plus nuancé au début, afin que l’on s’attache à elle, ou même qu’on l’apprécie. Parce qu’en vérité, dès le début, elle m’a insupportée, et a été identifiée comme « la méchante » de service, celle qui va nuire aux personnages principaux. J’aurais souhaité que cela soit moins évident, qu’on en sache un peu plus sur elle avant de nous faire notre idée sur ce qu’elle a allait apporter au récit. De la même manière, à la fin, j’aurais souhaité que son personnage soit traité un peu plus en profondeur, moins rapidement. En effet, j’ai trouvé que son changement d’attitude était trop soudain, trop brusque, et que cela lui nuisait. J’aurais souhaité que son personnage soit un peu plus étoffé, avec plus de substance, afin que l’on puisse mieux faire notre opinion sur elle. Mais dans l’ensemble, elle représente bien le personnage antipathique, les personnes conformistes à souhaits, qui refusent le changement. Et cela donne envie de mettre le bazar dans sa petite vie bien rangé. C’est ce que j’ai aimé avec elle, le fait qu’on veut absolument la voir au tapis, qu’elle perde son combat contre Basile et Arthur, contre la nouveauté et le changement.

Venons-en enfin à l’histoire en elle-même. J’ai beaucoup aimé cette dernière, au sens où, comme dans tous les romans de Gabrielle Giordano, l’histoire de Basile n’est qu’un prétexte afin de nous faire réfléchir sur notre propre vie, et nous donner des solutions, des méthodes, afin de voir le monde de manière positif. C’est d’ailleurs ce que fait Basile avec Arthur, puis avec Giulia. Il leur donne des conseils afin de ne plus affronter leurs vies, mais à bien la vivre, en se respectant, en s’aimant eux-mêmes. Il leur montre qu’une autre voie est possible, hors du conformisme. Cela n’est pas facile, et il le montre aussi. Ce n’est pas simple de se remettre en question, de remettre en question certains choix. C’est d’ailleurs ce qui fait que Basile est touchant, car son histoire n’est pas simple, comme celle de Giulia. Arthur le vit mieux, car il est jeune, mais Basile et Giulia ont déjà vécu une vie, et se remettre en question ainsi n’est pas chose aisée, car c’est remettre en case tout ce qui les a composé jusque-là. C’est ce qui fait que les deux personnages sont intéressants, car ils n’ont pas eu la même vie, et non donc pas les mêmes espoirs, ou les mêmes peurs. C’est d’ailleurs ce que je cherchais via ce ce roman, une nouvelle manière de regarder le monde, et ma vie. Et ce que j’ai aimé dans cette histoire, c’est qu’elle est un hommage à la créativité. En effet, dans nos vies, on a tendance à oublier une partie de notre cerveau, à être pris dans l’engrenage de nos habitudes, de notre routine, et à oublier à quel point la vie est magique. Or, ce roman nous le rappelle, et rappelle aussi à quel point notre existence passe à toute vitesse. C’est donc l’occasion de se faire plaisir, de prendre davantage de temps pour soin, et d’utilise rune autre partie de notre cerveau. J’ai d’ailleurs pu ainsi apprendre des choses, et j’ai trouvé, une nouvelle fois, cela assez ludique, avec des conseils pratiques qui sont exposés à la fin du roman. En parlant de ces conseils, j’ai beaucoup aimé tout le travail fait ici par l’autrice sur le parfum, les odeurs, qui sont essentielles dans notre monde, surtout en ce moment avec le virus et la peur de perdre notre odorat, mais aussi sur les nouvelles technologies et ce qu’elles peuvent nous apporter. J’ai trouvé tout cela très intéressant, et l’on apprend des choses. C’est un vrai univers qui nous est proposé ici. Et j’ai vraiment accroché avec la morale de ce récit, qui nous rappelle que rien n’est tout blanc ou noir, et que nous ne vions pas dans un monde binaire.

– Tout n’est pas qu’une question d’argent dans la vie, Arth’. Ni de temps passé. Avec les Brain-bornes, j’ai envie d’amener les gens à s’intéresser de plus près aux incroyables capacités du cerveau droit, souvent sous-développées. Parce que les sociétés donnent encore généralement leur préférence aux approches très « cerveau gauche ». Forcément ! Elles ont quelque chose de rassurant : pragmatisme, rationalisme, mesures quantifiables, effets mesurables, fil linéaire d’un mode de pensée qui ne part pas dans tous les sens…

– Je ne vois pas en quoi il peut faire peur, le cerveau droit…

– Parce que, Arth’, il fait entrer dans le monde des ressentis, des émotions, des idées qui sortent du cadre, et de mille autres choses non mesurables aux bords flous et surtout… qu’on ne contrôle pas forcément !

– Ah oui, ça me parle, ce besoin de vouloir toujours tout contrôler…

En ce qui concerne l’écriture, le roman se lit bien et les chapitres sont fluides. J’avoue, j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans au début, les premiers chapitres ont été plus laborieux, mais une fois ceci faut, j’ai eu du mal à lâcher le roman. J’ai apprécié qu’on ne suive pas que Basile, mais aussi Giulia, Arthur et Louise. Cela permet une diversité de personnages, et de points de vue. Le style de chacun est respecté, ainsi que leur point de vue, et j’ai trouvé qu’il n y’a avait pas vraiment de jugement négatif, dans le cas de Louise par exemple, dans le cadre de la narration. J’ai apprécié cela, car ça laisse à chaque lecteur la possibilité de se faire son point de vue sur chacun des personnages, selon l’histoire que nous lisons, et notre propre ressenti. La lecture est donc plaisante, et les conseils prodigués subtiles, faits tout en douceur.

En résumé, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette nouvelle histoire. Les personnages sont sympathiques et agréables, on a envie de les suivre et de voir jusqu’où va les mener leurs aventures. La plume est fluide et l’on prend plaisir à lire ce que nous décrit l’autrice. J’ai beaucoup aimé la découverte du milieu du parfum et les voyages sensoriels proposés, ainsi que la découverte des nouvelles technologies. Ce roman donne le sourire, je vous le conseille donc.

Et vous ?

Avez-vous des auteurs que vous lisez souvent ?

Ceux dont vous repérez les nouvelles sorties ?

Que cherchez-vous dans ces romans-ci ?

Bon vendredi à tous 🙂

3 réflexions au sujet de « Le Bazar du Zèbre à Pois »

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