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Le peuple de l’Air, tome 1 : le Prince Cruel

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous gardez la foi. J’avoue que c’est assez compliqué en ce moment, notamment au lycée, où les élèves n’en peuvent plus de ne pas savoir à quelle sauce ils vont être mangés, s’ils vont passer leurs bacs dans quelques semaines ou non, si l’on va avoir un nouveau confinement ou non. Il y a une grosse désillusion depuis Noël, et elle se reflète actuellement dans l’attitude en classe, avec des élèves désabusés. J’avoue que je suis heureuse de ne pas avoir leur âge, de ne pas être dans leur situation, et c’est la même chose avec les étudiants, qui ne devraient pas pâtir de cette manière de la crise sanitaire

Enfin, on essaye de trouver du plaisir là où l’on peut. Et justement, je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de désillusion, mais dans un monde fantastique. Ainsi, je vais vous faire voyager dans un autre univers, qui semble pourtant merveilleux, mais qui n’est qu’apparent. Ce roman, qui me permet de continuer dans l’avancement de mon Challenge de l’Imaginaire, s’intitule Le Prince Cruel, c’est le tome 1 de la trilogie Le Peuple de l’Air, écrit par Holly Black. Le roman est sorti en septembre 2020, aux éditions Rageot, que je remercie pour me l’avoir envoyé en service presse via le site NetGalley. Voici son résumé :

Jude a 17 ans et vit à la Haute Cour de Domelfe dans le royaume de Terrafæ. Enlevée au monde des mortels lorsqu’elle n’était qu’une enfant et élevée avec ses sœurs parmi les puissants, elle a appris à se protéger des sortilèges et à se battre à l’épée. Pourtant, elle subit jour après jour les moqueries et les insultes. Car elle n’est qu’une humaine, vouée à la mort, dans un monde où règnent les Fæs, créatures sublimes, immortelles… et cruelles.

Personne ne la hait plus que le Prince Cardan. Le plus jeune des héritiers de la couronne semble décidé à lui nuire. Jusqu’à la tuer ? Mais Jude, elle, est prête à tout pour gagner sa place à la cour et reprendre le pouvoir sur sa vie.

Dans cette histoire, nous suivons Jude, une jeune adolescente humaine, qui vit dans un monde magique, le royaume de Terrafae. Elle a été enlevée alors qu’elle n’était qu’une enfant, avec ses soeurs. L’homme qui l’élève a d’ailleurs tué ses parents. Tout les jours, elle le cotoie, et tous les jours, elle cherche à l’impressionner. Or, cela n’a rien d’évident quand on est humain. Les humains sont considérés sont faibles, et comme étant des serviteurs. C’est ce que pensent, notamment, les condisciples de Jude et de sa sœur, qui sont obligées d’aller à l’école. C’est le cas surtout de Cardan, un jeune prince, qui cherche le moyen de détruire Jude, de la faire renoncer à ses rêves. Mais la jeune fille ‘est pas prête à cela, elle veut gagner une vraie place au royaume de Terrafae, quitte ) s’invertir dans les mystères et les complots de la couronne.

Je vais commencer par vous parler de Jude. C’est une jeune fille tenace, qui est prêt à tout pour arriver à ses fins. De ce fait, elle peut sembler insupportable, car parfois, ce serait mieux pour elle qu’elle abandonne, qu’elle passe à autre chose. Toutefois, elle semble en être incapable, et elle doit donc avoir le dernier mot, d’avoir celle qui termine un combat ou une discussion. Ceci s’explique parce qu’elle av écu. Non seulement elle a assisté au meurtre de sa mère et de son père, mais en plus, leur assassin est celui qui les a ramené à Terrafae, et qui s’occupe d’elle et de ses sœurs. D’un certain manière, Jude a développé un syndrome de Stockholm, elle veut à tout prix attendrir et briller aux yeux de cet homme, elle veut l’impressionner. Mais Jude a compris rapidement que pour impressionner les fées, il fallait être meilleure qu’elles. Elle se bat donc, elle se donne toutes les chances possibles pour arriver à leurs niveaux, et les surpasser. Même si cela irrite fortement certains membres du peuple surnaturel, et notamment les puissants, comme Cardan. En vérité, même si je pensais être irritée par Jude et sa volonté très forte, et son absence d’instinct de survie, j’ai été impressionnée par elle, par cette ténacité, et par le courage donc elle sait faire preuve. C’est aussi, comme elle le démontre, un moyen pour elle de s’adapter à ce monde. Jude, malgré l’horreur de ce qu’elle vit, refuse de marche arrière et de quitter le royaume de Terrafae, contrairement à Vivi, sa sœur aînée. C’est d’ailleurs ce que j’ai apprécié, avec elle, cette volonté de rester, même si l’horreur est au rendez-vous, même si sa situation n’a rien d’enviable. Et elle ne veut pas rester en tant qu’humaine, mais bien en tant qu’égale que les fées. Jude est animée par une certaine justice, et c’est intéressant de la voir évoluer tout au coup du roman. J’ai notamment apprécié les choix qu’elle fait pour s’intégrer, ce que cela impose pour elle, et pour les autres. Et le choix qu’elle fait à la fin, qui la propulse pleinement dans le monde politique, est juste génial, parce qu’on ne le voit pas venir, parce qu’on ne s’y attend pas, et montre bien à quel point Jude est déterminée dans sa quête de cette fameuse égalité, et dans le but aussi de protéger ses proches. Ceci démontre aussi son intelligence et son don de stratège et ce sont vraiment deux qualités que j’ai aimé dans son personnage.

En général, je n’aime pas imaginer la vie que j’aurais pu avoir, cette autre vie, sans magie. Celle où j’aurais fréquenté une école banale et appris des choses normales. Celle où j’aurais des parents vivants. Celle où la fille bizarre serait ma grande soeur ; où je ne serais pas rongée par la colère. Où mes mains ne seraient pas tachées de sang. Je la vois, maintenant, et je me sens étrange, toute crispée. J’ai le ventre nouée.

Ce que je ressens, c’est de la panique.

Quand les loups viendront chercher cette Jude-là, ils n’en feront qu’une bouchée. Et il finit toujours pas y avoir des loups. Cela m’effraie de me penser comme quelqu’un de vulnérable. Cependant, vu le chemin que j’ai emprunté, je suis bien partie pour devenir un loup moi-même. Quel que soit ce qui définit l’autre Jude, quelque que soit la partie restée intacte chez elle et brisée chez moi, c’est probablement irrécupérable. Vivi a raison : cette transformation me coûte. Mais j’ignore si le prix à payer est élevé. Et je ne sais pas si je pourrais revenir en arrière. Je ne sais même pas si j’en ai envie.

Parlons maintenant des personnages secondaires. Ils sont nombreux et j’avoue avec eu du mal à tous les retenir, sans doute parce que je n’étais pas assez attentive à ma lecture, ou parce que je n’ai pas lu le roman d’une traite. En tout cas, il y a de nombreux princes et princesses, plus des condisciples à June et à sa sœur, et les personnages qui gravitent autour de tout le monde. Toutefois, j’ai beaucoup aimé le personnage de Cardan. Même si ce dernier se montre très antipathique, c’est assumé de la part de l’autrice, et surtout, j’ai aimé en savoir plus sur lui au cours de l’histoire, essayer de le comprendre et de le faire lui aussi évoluer. La rivalité qu’il entretient avec Jude est vraiment intéressante et plaisante à lire, et cela donne du piquant à l’histoire. On se doute, certes, que les deux vont finir par être amis, ou du moins, que quelque chose semble rattacher Cardan à Jude, et inversement, mais cela ne m’a pas vraiment dérangé car Cardan a tout du méchant possible, de celui qui va faire basculer le monde. Il est assez cruel avec les autres, et même ses failles ne suffisent pas à expliquer tout cela. Il y a donc beaucoup de potentiel dans son personnage, et je trouve que l’on s’attache à lui, malgré sa méchanceté assumée. C’est un personnage que l’on a envie de creuser, et j’espère qu’il ne deviendra pas par la suite l’inverse de ce qu’il est maintenant. J’ai aussi beaucoup aimé le personnage de Vivi, la sœur aînée de Jude, qui a la particularité d’être une Fée. Née d’un précédent mariage, Vivi n’a pas grand chose à craindre du monde de Terrafae. De ce fait, son but, c’est faire tourner en bourrique son vrai père, l’assassin de sa mère et du père de Jude. Je l’ai trouvé amusante, et son personnage permet de contrebalancer l’envie de rester de Jude, car Vivi considère qu’elle a davantage sa place parmi les humains que chez les fées. Son personnage est intéressant et sympathique. A l’inverse, le personnage de Taryn, la sœur jumelle de Jude, est lui aussi intéressant, mais d’une autre manière. Taryn représente, à mon sens, la faiblesse, et le problème des humains qui veulent rester au royaume de Terrafae, sans le remettre en question, en acceptant d’être de simple objet ou des outils. Taryn est prête à faire n’importe quoi pour garder sa place, mais d’une manière beaucoup plus discrète et félonne que Jude. Justement, cela va poser de gros problèmes entre els deux sœurs, et c’est là tout l’avantage de son personnages. Elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau, mais si Jude est prête à protéger sa sœur, à se sacrifier pour elle, ce n’est pas le cas de Taryn. J’ai eu plus de mal avec elle, mais la rivalité qui apparaître entre elle et vraiment intéressante.

Je m’apprête à quitter la maison quand Taryn ouvre la porte de sa chambre. Ele est vêtue d’une robe couleur de lierre, ornée de feuilles d’automne brodées.

Je retiens mon souffle. Je n’avais pas prévu de la croiser.

Nous nous regardons longuement. Elle remarque que je porte un sac sur mon épaule et la même tenue que lorsque nous nous sommes affrontées.

Puis elle referme sa porte, m’abandonnant à mon sort.

Alors, dans cette histoire, nous sommes propulsés dans un monde merveilleux, mais qui n’a en fait rien de merveilleux. C’est un monde cruel, qui se joue des hommes, qui les considèrent comme des êtres inférieurs. De ce fait, les créatures surnaturelles n’hésitent pas à les utiliser comme esclaves, voire à les tuer. Dès le début, on est donc plongé dans un monde où il faut faire attention, où chaque mot ou attitude peut provoquer la mort, et cette tension est très forte chez Jude. Toutefois, elle parvient à s’en extraire en utilisant sa capacité d’humaine pour servir son prince, celui qu’elle veut voir succéder au roi. Au début, je craignais donc que l’on ait qu’une simple romance Jude/Cardan, dans un univers féérique classique, mais l’histoire est en fait bien plus complexe que cela, et j’ai vraiment aimé l’originalité qui apparaît avec les capacités de Jude. En effet, cette dernière va être propulsée espionne, et l’on va découvrir un aspect de ce monde tout nouveau, qui se passe donc du côté de la politique. Nous avons donc une jeune adolescente qui met sa vie en jeu afin d’espionner les autres, afin de dénoncer les complots qui se déroulent à la cour. Et plus l’histoire avance, et plus Jude découvre le nid de serpents dans lequel elle évolue, et plus elle prend du galons. Pour moi, c’est donc vraiment ce qui fait la force de ce roman, ce qui le permet de le différencier des autres romans de fantasy. On est plongé pleinement dans une politique compliquée, où tout le monde a quelque chose à gagner ou à perdre, où chacun complote dans son coin, où la couronne devient une bataille sanglante, et Jude se retrouve propulsée là-dedans dans l’espoir de se faire un nom, dans l’espoir de gagner sa place. dans ce monde. C’est intéressante et vraiment bien mené. On ressent alors bien la peur, mais aussi l’espoir et les questions de Jude quant à ce qu’elle fait, et où cela la mène. Elle mène d’ailleurs une véritable enquête pour comprendre qui est impliqué dans quoi, et cela rajoute une petite touche de polar à cette histoire, nous forçant nous aussi à nous interroger sur la place de chacun au sein du gouvernement. C’est vraiment l’aspect que j’ai préféré dans cette histoire, bien plus que le fait que l’on soit dans un monde fantastique rempli de magie.

– Bien. Et ça t’a plu ?

Je ne sais pas trop quoi dire. J’étais terrifiée la plupart du temps. Je ne vois pas ce qu’il y a de plaisant là-dedans. Mais plus j’y réfléchis, plus je me rends compte qu’en un sens, ça m’a plu. J’ai passé une bonne partie de ma vie à appréhender les événements, à attendre l’inéluctable, que ce soit chez moi, à l’école ou à la cour. Avoir peur qu’on me surprenne était une toute nouvelle expérience, comme si je savais ce qu’il fallait redouter. Et je savais ce que je devais accomplir pour réussir. M’introduire chez Balekin était finalement moins effrayant qu’assister à certaines fêtes.

En ce qui concerne l’écriture, je me suis parfois ennuyée a sein de ma lecture, car j’avais le sentiment que cette dernière n’avait pas, ou alors très lentement. Toutefois, le roman est bien écrit, il est plutôt fluide à lire, et il y a beaucoup de description. Je pense toutefois que certaines réponses, ou du moins certains éléments, prendront tout leur sens au moment du tome deux, et j’avoue que j’aurais aimé davantage de réponses, une conclusion peut-être plus franche. Mais dans l’ensemble, on passe un bon moment, et l’univers est vraiment bien décrit, bien détaillé, et l’on s’y croirait. Les personnages sont vivants, et l’on s’attache à eux, et il y a plusieurs rebondissements, donc celui de la fin, qui sont très intéressant. On est plongé dans cet univers et l’on n’a pas nécessairement envie de le quitter, et l’on veut surtout rapidement la suite après avoir refermé les dernières pages, afin de savoir comment va évoluer la relation entre Cardan et Jude, en espérant que l’on ne bascule pas trop rapidement vers une romance naïve, et voir surtout si elle va rester ou non espionne. En tout cas, j’ai aimé que cela soit écrit du point de vue de Jude, et que l’on suive ainsi ses questions, doutes, ses envies, et ses hypothèses quand à ce qu’il se passe au palais.

En résumé, c’est un roman que j’ai pris plaisir à lire malgré quelques longueurs. Je me suis attachée au personnages, tout particulièrement à celui de Jude et de Carda n, mais j’ai aussi beaucoup aimé celui de Vivi. La relation qu’entretiennent Cardan et Jude est intéressante à lire, on se demande s’il vont finir ou non par s’entretuer. J’espère toutefois qu’ils ne vont pas basculer trop dans la romance, et garder ces piques dangereuses qu’ils s’envoient. La rivalité qui se met aussi en place entre Jude et sa sœur jumelle est intéressante, car l’on se demande ce que cela va donner ensuite, si elles vont devenir ennemies. J’ai aimé la manière dont l’histoire est construite, ainsi que tout ce qui va tourner autour de l’espionnage mené par Jude. C’est vraiment cet aspect-là que j’ai préféré. En somme, c’est donc une lecture que je vous conseille et qui change un peu, une lecture avec des adolescents, mais où le sang à sa place, ainsi que les complots de toutes sortes.

Et vous ?

Qu’aimez-vous retrouver dans un roman de fantasy ?

Qu’est-ce qui peut rendre ces derniers originaux ?

Aimez-vous les personnages avec une forte personnalité ?

Bon mercredi à tous 🙂

2 réflexions au sujet de « Le peuple de l’Air, tome 1 : le Prince Cruel »

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