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La Ville de Braise et de Crocs

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous passez un bon weekend. Pour ma part, le mien a été bien entamé par les portes ouvertes du collège. C’est vrai que c’est un moment très important où l’on peut rencontrer les futures familles et échanger avec eux, mais cela coupe bien le weekend. En plus, j’ai encore des corrections qui m’attendent. Mais je garde le sourire. On a encore un peu de temps avant la fin du trimestre, qui arrive pourtant à toute vitesse au lycée.

Aujourd’hui, je vous retrouve toutefois pour vous parler d’une de mes dernières lectures, terminée cette semaine. C’est une lecture qui parle également du temps qui passe à toute vitesse, puisque son histoire se déroule en 10 jours. Je vous parle donc ce matin du roman La Ville de Braise et de Crocs, un roman fantastique jeunesse et pour les adolescents écrit par Ruberto Sanquer et publié aux éditions Scrineo. Je remercie d’ailleurs ces dernier de m’avoir envoyé ce roman en service presse dans le cadre d’une masse critique sur le site Babelio. Ce roman est sorti en septembre 2023 et voici son résumé :

Des humains aux capacités augmentées, des animaux dotés de parole, des enfants qui disparaissent… Bienvenue dans le Paris des Orgueilleux !

21 octobre 1901.

Après sept années d’exil, Cécile Gaultier, accompagnée de sa familière Sémiramis, est de retour à Paris. Agente spéciale de l’Institut Orgueil, elle se voit confier une mission difficile : trouver le coupable de la série d’infanticides qui terrorise la capitale depuis plusieurs semaines. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’on lui adjoint Frémont, un pisteur, doublé de son lynx Farouche, qui détestent la ville et la promiscuité humaine… Ensemble, réussiront-ils à déjouer le terrible complot qui vise à bouleverser le monde tel qu’ils le connaissent ?

S’engage une vraie course contre la montre pour empêcher de nouveaux meurtres avant le soir d’Halloween…

Dans cette histoire, nous suivons principalement Cécile, une Orgueilleuse. Lors de la chute de la météorite d’Orgeuil, des années auparavant, Cécile, comme certains survivants de ce drame, a développé une symbiose avec un animal, son chat Merlin. Celui-ci, décédé, l’a laissé au bord de la famille. Mais Cécile a su s’allier à un autre félin, Sémiramis, et la voilà de retour à Paris pour enquêter sur les meurtres horribles d’enfants non identifiés. Cécile découvre alors, au cours de son enquête, qu’elle mène avec Frémont, que le soir d’Halloween est la clé de cette affaire, et que le temps leur est compté s’ils veulent sauver d’autres enfants, ainsi que leur monde.

Je vais commencer cette chronique par vous parler de l’univers même de ce roman. Il se concentre sur un événement qui a vraiment eu lieu, la météorite d’Orgueil, qui est tombée sur la ville du même nom, dans le Tarn-et-Garonne, en 1864. Seulement, contrairement à la vérité historique, l’autrice fait de cet événement le point de départ d’une histoire fantastique. Ainsi, cette météorite a détruit une grande partie de la population mondiale, et a laissé se diviser le reste en deux parties, les humains réguliers et les Orgueilleux. Ces derniers ont survécu en se liant avec un animal proche, si bien qu’ils ne forment plus qu’un seul esprit. Ceux dont l’un des binômes meurt devient fou. Mais ces mutations ont provoqué une grande chasse aux sorcières, et en France, les Orgueilleux ne doivent leur salut qu’au président, lui-même Orgueilleux, et à l’Institut qui traque tous les déviants et maintient l’ordre. Cécile fait d’ailleurs partie de ce dernier. J’ai donc apprécié qu’on reprenne un fait véridique et qu’on le transforme de cette manière. Certes, l’idée de symbiose avec un animal peut faire penser à d’autres ouvrages, mais ce qui est original ici, c’est justement l’idée politique qu’on va développer derrière. Ainsi, tous les humains n’ont pas été impacté, et certains voue une rancœur à ceux qui sont doublés, ce qui les poussent à se révolter. En effet, comme la météorite est survenue quelques années auparavant, le monde proposé est encore jeune, et un foyer pour les rancœurs de ce type. Cela va avoir des conséquences sur le roman, puisque la révolte gronde à Paris, et que Cécile va se retrouver impactée par cette guerre qui se rapproche. Toutefois, je ne peux m’empêcher si on aura un second tome, car je reste un peu sur ma faim concernant certains éléments, comme la métamorphose de Sémiramis, et le fait qu’elle n’aurait pas dû pouvoir se lier à Cécile puisqu’on est loin, tout de même, de la tombée de la météorite. Le monde proposé est toutefois assez riche, et j’ai apprécié de voir les avancées technologiques proposées grâce à la mutation des Orgueilleux, et du bond en avant qui est fait grâce à cela à cette époque.

La pandémie d’Orgueil avait effectivement généré des monstres. Des entités singulières si fortement imprégnées de leurs nouvelles dotations surpuissantes que leur physique s’était modifié en conséquence. Or, les humains réguliers les avaient tous exterminés, bon, mauvais, sans distinction. Alors que beaucoup n’avaient rien à se reprocher, si ce n’était une apparence singulière.

(…) Avec le recul, Frémont mesurait la chance qu’ils avaient eue. De survivre. De ne pas compter parmi le cinquième de la population à succomber à la méningite d’Orgueil. Et d’avoir pu combiner leur mutation de façon harmonieuse. En peu de temps, Farouche et lui avaient trouvé un point d’équilibre, leur psyché s’ajustant, leur permettant de se réadapter ensemble au monde environnant.

Beaucoup de O n’avaient pas eu cette chance.

J’en arrive à présent aux personnages principaux. Je vais commencer par vous parler de Cécile, et du duo qu’elle forme avec Sémiramis. Bien que Cécile soit heureuse de revenir à la vie grâce à la présence du chaton, avec qui elle a pu se lier, contre toute attente, elle a du mal à faire confiance à sa compagne. Elle vit dans la peur de perdre Sémiramis comme elle a perdu Merlin, son ancien familier. Ceci peut alors se comprendre, mais en fait, Cécile se bride et bride également Sémiramis, ce qui fait que cela va créer quelques tensions dans leur duo, et faire qu’elles ne vont pas être aussi efficaces que ce qu’elles pourraient l’être en se faisant confiance. J’ai alors eu un peu de mal à m’attacher à Cécile, car j’aurais aimé qu’elle s’ouvre davantage aux avis de sa familière, qu’elle lui fasse davantage confiance, même si sa peur s’entend. De la même manière, j’ai trouvé qu’elle se montrait parfois trop sûre d’elle, notamment au début, et qu’elle avait du mal à écouter les avis des autres, comme ceux de Frémont. Certes, on sait que Cécile est une femme moderne, qu’elle est indépendante et qu’elle veut se débrouiller seule, qu’elle ne supporte pas la présence de Frémont à ses côtés, au début, mais on ne sent pas une vraie empathie pour les victimes chez elle, tout comme une volonté d’apprendre à son partenaire comment fonctionne Paris. Elle le tient à l’écart, tout comme elle tient à l’écart Sémiramis, et au bout d’un moment, on a envie de la secouer et de lui rappeler qu’elle n’est pas seule, et qu’en agissant ainsi, elle met tout le monde en danger. J’ai trouvé qu’elle mettait trop de temps à s’en rendre compte. J’ai cependant apprécié qu’elle se rapproche de Frémont, et la manière dont ce rapprochement va se faire. Cécile a plusieurs qualités, mais elle se montre aussi un peu naïve, et si elle évolue en apprenant enfin à faire confiance aux autres, j’aurais aimé qu’elle soit moins dirigiste. J’ai donc préféré le personnage de Sémiramis, plus douce, même si elle est en rébellion. Le petit chaton est assez comique dans ses réflexions, et elle a beaucoup d’instinct et de courage.

– Pardonnez-moi, mais je ne devais-je par accueillir deux enquêteurs ?

– Mon équipier ne viendra pas, monsieur le vicaire. Commençons la visite, voulez-vous ?

Le religieux, un jeune homme rondelet aux joues roses, lui fit signe d’entrer. A peine la porte refermée derrière eux, le silence les avala, effaçant tous les bruits du dehors. Aussi Cécile sursauta-t-elle quand de violents coups frappés à la porte retentirent dans leur dos.

Le vicaire se précipita pour ouvrir, dévoilant un Frémont hors d’haleine, sa plaque d’Orgueil tendue à bout de bras, Farouche sur els talons. Tous les deux bousculèrent le vicaire dans leur hâte à entrer.

Par quel prodige étaient-ils arrivés au point de rendez-vous ? Et à l’heure qui plus est ? Ravalant sa stupéfaction, Cécile y alla de son petit sarcasme :

– Alors, Frémont ? On tente d’échapper à la foule du marché ? A son doux fumet ? Ou peut-être à son boucan infernale ?

En ce qui concerne les personnages secondaires, j’ai apprécié la présence rassurante de Pauline, la gouvernante de Cécile. J’aurais toutefois aimé que son personnage soit davantage développé, afin que l’on en sache plus sur la fidélité qu’elle voue à sa maîtresse. Je suis un peu restée sur ma faim à son niveau, et c’est également le cas pour le personnage de Frémont. J’aurais aimé en savoir plus sur lui, sur son histoire, sur ce qu’il avait vécu après la météorite d’Orgueil. Certes, des éléments nous sommes donnés, notamment sur l’apparition de son lien avec Farouche, mais j’aurais aimé savoir comment il était devenu pisteur, et remarqué par l’institut. J’ai cependant apprécié sa présence, et la manière dont il bouscule les certitudes de Cécile. Il ne connaît rien à la ville, il préfère les grands espaces, mais il sait se montrer indépendant, et poser les bonnes questions. J’ai donc aimé qu’il soit là, et on sent que cette enquête le touche bien plus que Cécile. Frémont est un personnage sympathique, même s’il se montre sous un mauvais jour, celui d’un ours. Il n’a pas l’habitude de travailler avec quelqu’un d’autre que son lynx, et il va devoir s’habituer à Cécile. Il y a un autre personnage que j’ai bien aimé découvrir, c’est celui de Zéphyrin. Le petit garçon est agréable à suivre, et même si on voudrait qu’il réfléchisse un peu plus sur ses actions, il reste un enfant de Montmartre, qui n’a pas le choix d’agir comme il le fait. J’ai donc apprécié le courage qu’il a à certains moments, qui montre son envie de s’en sortir, et surtout, de comprendre ce qui arrive. Mais je suis aussi restée sur ma faim avec lui, car j’ai trouvé son traitement trop rapide sur la fin, où il est accueilli à bras ouverts après sa trahison, où il est pardonné sans s’expliquer.

Maintenant… comment présenter l’affaire au reporter ?

Le garçon avait retourné l’histoire sous toutes les coutures mais, quelle que soit la version choisie, ça se présentait mal pour lui. Il devait aussi décider où allait sa loyauté.

Car Pauline s’était montrée bonne avec lui ; elle l’avait accueillie avec une rare générosité. Sauf que, voilà… la bestiole de la maison était capable de parler et de raisonner, et il s’était rendu compte de rien, absolument rien, ce qui faisait de lui un crétin.

Et puis, en face, Aristide Gressin. Son protecteur. Son employer. Celui qui le payait pour la surveillance de la maison.

Peut-être qu’il était temps d’arrêter ces petits extras.

J’en arrive enfin à l’écriture de ce roman. Je l’ai trouvé assez fluide, avec de grandes descriptions immersives de Paris, qui permettent de bien voir la ville utilisée ici. Toutefois, j’ai été obligée de relire certains passages tellement j’avais du mal à visualiser ces descriptions qui, pour ma part, j’ai trouvé manquer de pertinence à certains moments, et d’immersion. Mais dans l’ensemble, on est bien plongé dans le Paris de cette époque, et cela donne envie de le visiter. Il est certain que beaucoup de choses ont changé, comme Montmartre, mais c’est assez amusant de l’imaginer comme c’était à l’époque. L’idée du lien entre Cécile et Sémiramis est également bien expliqué, même si certains éléments sont passés sous silence, peut être pour une suite qui n’est pas encore annoncée. L’enquête est également bien amenée, avec une vraie tension apportée par le compte à rebours de la nuit des morts. J’ai apprécié que la politique soit liée à cette histoire. Les scènes de combat sont aussi bien racontées, mais un peu expéditives par moment. Le roman a un bon rythme, il est fluide dans sa lecture. Je regrette toutefois d’avoir trouvé assez vite l’identité du tueur d’enfants. J’aurais aimé plus de suspens de ce côté-là.

En résumé, j’ai apprécié ma lecture. C’est un bon roman fantastique qui nous plonge dans le Paris de l’époque du début du 20e siècle, avec un bon en avant futuriste grâce à l’amélioration apportée par les Orgueilleux. J’ai aimé l’idée de la météorite qui a changé la face de l’humanité. Certes, je n’ai pas accroché avec le personnage de Cécile, que j’ai trouvé suffisante et trop sûre d’elle, mais j’ai aimé suivre Sémiramis dans cette enquête, ainsi que les autres personnages secondaires. Même si certains d’entre eux manquent de développement, j’ai apprécié les voir réfléchir à cette affaire assez compliquée, avec de lourdes répercussions pour eux tous. J’espère toutefois qu’il y aura un tome deux, car certains points sont encore en suspens. C’est une bonne lecture, bien écrite, et malgré quelques petits défauts selon moi, je vous conseille donc de la découvrir.

Et vous ?

Cela vous dérange-t-il de ne pas ne pas vous attacher au personnage principal ?

Ou avez-vous besoin de vous y attacher pour apprécier votre lecture ?

Aimez-vous lorsque de vrais événements servent de base à une nouvelle réalité ?

Bon dimanche à tous 🙂

4 réflexions au sujet de « La Ville de Braise et de Crocs »

  1. C’est dommage que la personnage principale ne t’ait pas franchement plu, heureusement que les personnages secondaires sont là 😁 Pour la part, je m’attache souvent beaucoup aux personnages secondaires qui pallient régulièrement aux manques (d’humour notamment) du personnage principal dans les lectures.

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  2. Il est dans ma wish list et même si ce n’est pas une priorité, ton avis confirme qu’il pourrait me plaire. J’aime beaucoup quand on part d’un fait réel pour bâtir un univers et une histoire. Quant à la météorite d’Orgueil, je la découvre grâce à toi.

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  3. Comme c’est le cadre surtout qui m’intéresse, je me le note et tant pis si l’héroïne est insupportable, le reste devrait bien me faire rêver ^-^
    Merci pour ce long avis bien détaillé qui m’a bien aidée

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