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Quand on dansait sur les toits

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous passez tous un bon weekend. Pour ma part, j’essaye de ne pas avoir trop froid, car les températures sont bien descendues cette semaine, et parce que notre appartement est assez compliqué à chauffer. Très humide, la chaleur ne reste pas. J’ai hâte de pouvoir déménager, mais cela ne sera possible que si je sais où je suis affectée l’année prochaine, ce qui ne sera le cas que fin juin, ou même fin août. Je prends donc mon mal en patience, comme tous les ans.

En tout cas, je reviens aujourd’hui sur le blog pour vous présenter l’une de mes dernières lectures. Il s’agit d’une lecture faite cette semaine, un roman jeunesse et pour les adolescents qui remet les choses en perspectives, qui nous rappelle que la vie est précieuse. Je vous préviens tout de suite, ce n’est pas un roman joyeux, même s’il est plein de joie et d’espoir. C’est un roman sur le cancer chez les enfants et adolescents. Il ne conviendra donc pas à tout le monde, selon ce que vous avez vécu. Ce roman s’intitule Quand on dansait sur les toits, et il est écrit par Tristan Koëgel. Il est publié aux éditions Didier Jeunesse, et je remercie beaucoup la maison d’édition de me l’avoir envoyé en service presse numérique via la plateforme NetGalley. Le blog est partenaire de cette maison d’édition. Le roman est sorti en octobre 2023 et voici son résumé :

Pablo et Mayssane sont voisins, et depuis tout petits inséparables. Gamins, ils s’imaginaient pirates navigants jusque dans les étoiles, amis pour toute la vie. Lorsqu’elle a eu 11 ans, Mayssane est tombée malade et Pablo a déployé toute son énergie pour lui faire garder le sourire. Et ça a marché ! Alors, quand des années plus tard Mayssane tombe malade une deuxième fois, Pablo pense user de la même méthode. Mais l’amour a fait place à l’amitié, l’innocence les a quitté et le jeu n’est plus celui de leur enfance…

Dans cette histoire, nous suivons par alternance Pablo et Mayssane, un jeune garçon et une jeune fille. Ils sont amis depuis le tout début, ils ont fait leurs premiers pas ensemble. Ils ne se sont jamais quittés, comme un frère et une soeur. Mais voilà, Mayssane tombe malade, et Pablo doit trouver un moyen de la sauver. Or, si une fois ce sauvetage fonctionne, sera-t-il le cas pour une seconde fois ? Alors que Mayssance s’envole vers le ciel, Pablo perd pied et ne sort plus de chez lui, oubliant la vie qui tourne autour de lui.

Je vais donc commencer cette chronique par vous parler du personnage de Pablo. En effet, c’est avec lui que nous commençons ce récit, et c’est principalement lui qui va nous raconter ce qu’il s’est passé pendant cette période de sa vie, en débutant avec les anecdotes sur sa rencontre avec Mayssane. Dès le début, on sent tout l’amour qu’il ressent pour elle. Il ne peut pas vivre sans elle, elle est son double, son âme soeur. Ainsi, nous ne sommes pas surpris lorsqu’il comprend qu’il a des sentiments pour elle, et qu’il refuse d’être séparé d’elle. Or, avec la maladie de Mayssane, Pablo va passer par des étapes assez compliquées, notamment lorsqu’il lui est interdit de la voir. Très fusionnel avec Mayssane, Pablo va avoir beaucoup de mal à accepter ces différentes séparations, qui vont le détruire. Lorsque l’histoire commence, on apprend qu’il refuse de sortir de sa chambre, et la seule interaction qu’il a, c’est avec une plante. On n’ose donc imaginer dans quel état il serait si Mayssane venait à mourir, alors que c’est l’épée de Damoclès qui pèse sur sa tête. Cependant, même si on a l’impression qu’il a baissé les bras, ce n’est pas vraiment le cas. Si Pablo refuse de sortir de sa chambre, c’est parce qu’il attend le retour de Mayssane. Et s’il parle à cette fleur, c’est parce qu’il est persuadé qu’elle représente Mayssane, et s’il s’en occupe comme il faut, alors Mayssane va revenir. J’ai alors trouvé cette idée assez belle, parce qu’il transmet tout l’amour qu’il ressent pour Mayssane sur cette fleur pour ne pas arrêter le combat, et reprendre le rôle qu’il avait lorsqu’ils étaient enfants. En effet, il raconte à cette fleur comment il s’est battu pour elle lors de l’annonce de son cancer, comment il a mobilisé tout le monde, tenu la main de la jeune fille, été là pour lui donner le sourire et de l’espoir. C’est alors assez mignon de le voir reprendre ce combat, même si Mayssane refuse, et de voir quelles stratégies il met en place lui, pour tenir et garder de l’espoir. C’est alors assez important de suivre Pablo, car cela permet de montrer comment l’entourage peut être décisif dans ce genre de situation, et surtout, comment eux doivent également trouver des moyens pour tenir. Certes, on pourrait dire que Pablo ne sort pas de son rôle d’enfant, qu’il est naïf alors que Mayssane comprend tout, qu’elle ouvre les yeux sur sa maladie, que Pablo vit dans son monde, mais finalement, c’est également lui qui a raison, qui trouve un moyen, son moyen, pour ne pas sombrer. J’ai donc apprécié de voir Pablo tout tenter pour continuer à y croire, même lorsque tout paraît terminé. Il a une vraie foi en Mayssane qui est agréable à suivre. J’ai aussi apprécié tout l’humour qu’il peut avoir, sa manière de protéger Mayssane du monde des adultes avec son insolence. Je trouve donc qu’on s’attache facilement à lui, et qu’il est facile de se mettre à sa place.

Mais on me la fera pas deux fois, Jacinthe ! Tant qu’elle ne sera pas revenue, en cours, j’y mettrai plus les pieds. Sans elle, ça vaut pas le coup. Ca me dit trop rien de passer des heures à côté de sa chaise vide, sans voir sa joue s’écraser dans la paume de sa main, sans voir sa main qui s’ennuie dessiner sur le coin d’un cahier, sans sentir son odeur, sans entendre sa voix. Depuis qu’elle est partie, c’est comme si tout rétrécissait autour de moi. Tout disparaît. Tout s’efface. Les copains, les profs, les parents, les rues, les vieux qui promènent leur chien, c’est loin, c’est flou, je ne sais même plus si ça a existé pour de vrai. Souvent, j’ai l’impression que je me regarde disparaître moi aussi, au milieu de ce petit monde qui rétrécit de plus en plus. Comme si moi non plus, je n’existais pas pour de vria.

Y a plus que toi et moi, Jacinthe ! Et les quatre murs autour de nous… Je te promets que quand ce sera l’heure, je t’arracherai pas aussi violemment de la terre qui t’a fait pousser.

J’en arrive à présent à Mayssane. Contrairement à Pablo, elle a baissé les bras. Elle ne supporte plus son état, et si, enfant, elle parvenait encore à rêver et à s’amuser, avec les années, son innocence s’est envolée. On sent donc la peur qui l’habite, mais également une certaine sérénité à l’idée que son heure est enfin venue. Lorsqu’on la découvre, Mayssane s’est enfuit, une jolie métaphore pour dire qu’elle est en train de lâcher prise. Elle s’envole, dans un bateau, vers sa mort. C’est alors assez poétique, mais je reviendrais là-dessus. Mayssane a toutefois du mal à s’en aller, parce qu’elle n’arrête pas de songer à Pablo et au mal qu’elle peut lui faire. Pablo est celui qui la retient, son amarre au port. Si elle a tenu jusque-là, c’est grâce à lui. On sent alors tout l’amour qu’elle a pour lui, un amour qui peut se montrer destructeur, car Mayssane va en profiter pour le repousser, pour essayer de lui faire comprendre qu’il ne doit pas s’accrocher à elle, mais qu’il doit trouver une autre fille. Mayssane est celle qui a l’ascendant dans leur duo et couple. Elle est celle que tout le monde regarde et admire, que tout le monde suit. Or, cette idolâtrie que les autres ont pour elle est à double tranchant, car avec l’adolescence et le retour de sa maladie, Mayssane sent qu’elle ne peut plus satisfaire ces exigences. Elle se sent à contre courant, et surtout, elle est pleine d’amertume et de colère, ce qui est normal. Elle regrette une vie qu’elle ne peut pas avoir, qu’elle a peur de perdre. J’ai donc trouvé qu’il était également facile de se mettre à sa place, même si on n’a vraiment pas envie d’y être. Son personnage est décrit tout en finesse, sans montrer les aspects les plus durs de la maladie, en restant sur l’espoir qu’elle peut avoir, ou la perte de ce dernier. J’ai bien aimé la Mayssane enfant, celle qui n’a peur de rien et qui propose de danser sur le toit. On sent une certaine maturité chez Mayssane adolescente, une gravité qui la mène justement vers l’abandon de son combat.

Il y avait de ça, c’est sûr. Et il y avait autre chose. je ne voulais plus te faire de peine, Pablo. C’est bête, car je l’ai fait quand même. Mais te revoir sortir ton plus beau sourire et tous tes tours de ton chapeau pour me changer les idées comme quand on était des enfants, et te refiler une fois de plus, sans que tu aies rien demandé, la moitié de ma maladie et de mes angoisses, je ne le supportais pas. T’avais le droit d’avoir une vie sans bestioles. T’avais le droit d’être le Pablo de quelqu’un d’autre. Alors, j’ai tout détruit.

J’aimerais rapidement revenir sur les autres personnages, qui sont également essentiels dans ce roman. Nous sommes ici sur un roman assez dur, avec un thème sombre, celui de la maladie, et pourtant, on nous montre à quel point les personnages secondaires sont essentiels. Pablo rassemble autour de lui des pirates, une troupe d’enfant qui vont plus ou moins suivre Mayssane et lui apporter de l’espoir. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié le personnage d’Inès et la manière dont elle va soutenir Mayssane, même si rien n’était vraiment joué au début. Le personnage de Max, et sa mère, m’ont bien fait rire, et c’est important. Enfin, le personnage de la professeure de français m’a beaucoup parlé, et c’est important de montrer également l’impact des enseignants dans ce type de maladie, car ils prennent une place presque aussi grande que celles des parents. Ce roman nous parle donc de la maladie, mais il se concentre essentiellement sur l’espoir qui ne doit pas quitter les personnes atteintes, et leur entourage. C’est une idée assez forte, car si chacun des personnages flanchent à un moment du récit, chacun à sa manière, ce n’est justement qu’une manière pour eux de reprendre des forces pour remonter sur le ring. Certes, cela ne peut pas correspondre à tout le monde, mais on sent une vraie force chez tous les personnages ici, une vraie solidarité qui les pousse en avant. Tous ont envie que Mayssane guérisse, et ils se donnent tous à fond pour cela. Le roman est alors rempli de métaphores. Pendant une bonne partie de l’histoire, on ne parle pas de cancer, d’ailleurs le mot n’est dit que deux fois, mais de bestioles à combattre, ce qui donne un ennemi visuel à chacun des enfants. La mer devient également un endroit de rêves, la porte ouverte vers un autre monde, donnant sur le ciel, qui devient le rêve à atteindre, mais pas maintenant. Le bateau qu’emprunte Mayssane et qui la porte vers les étoiles est une métaphore de la mort, mais c’est également son rêve d’enfant, celui qu’elle avait avec Pablo, celui de toucher les étoiles. Tout le roman nous porte vers la vie, avec une mort évidente en fond, une peur présente, mais également une amie qu’il ne faut pas craindre. J’ai donc beaucoup apprécié la morale de cette histoire, qui nous porte vers la vie et vers l’espoir, sans baisser les bras, malgré toutes les difficultés et les moments où l’on tombe.

Il faisait sombre mais pas encore tout à fait nuit. Quelqu’un a allumé la lumière du jardin et je les ai tous vus. Mes copains de l’école. Inès, Max, Vadim, ceux à qui tu refusais de parler quand tu étais jaloux, à qui tu faisais peur, ceux que j’aimais aussi, pas comme toi, mais beaucoup. Mon équipage, mes pirates. Ils avaient tous coupé leurs cheveux. Aussitôt que la lumière s’est allumée, ils ont enfilé leurs bandana en criant :

– On est tous là, capitaine !

C’était ça ton idée, Pablo. Les docteurs avaient leurs médicaments, et nous, on aurait une bande de pirate pour lutter contre les bestioles. Là, j’ai pleuré.

En ce qui concerne l’écriture, j »ai trouvé le roman vraiment fluide à lire. Comme je l’ai mis plus haut, il y a une vraie poésie dans cette histoire, malgré son thème assez dur. Beaucoup de métaphores sont présentes, comme celle de la vie et de la mort, représentée à la fois par la terre et le ciel, et le bateau qui permet de s’envoler de la mer pour gagner l’horizon. Mais nous avons également les bestioles pour le cancer, et les pirates pour les vaincre. Tout est alors bien équilibré, et traité avec justesse. Nous ne sommes pas vraiment plongé dans l’horreur du cancer, mais plus dans son espoir de s’en sortir, et de la joie et l’amour des petits instants. On voit alors grandir Pablo et Mayssane, les voir se rapprocher, s’aimer, se détester aussi, tout cela toujours relié par leur amour et la maladie. Ce roman est alors plein de vie, une vie à croquer à pleine dents. On voit les héros passer par plusieurs étapes, et le roman est alors assez émouvant. J’ai apprécié la plume de l’auteur, et si certaines choses sont prévisibles, elles fonctionnent bien car elles nous émeuvent.

En résumé, c’est une très belle lecture que je vous conseille, une romance légère et une histoire d’amitié profonde, basée sur l’espoir et l’envie de vivre, tout en occultant pas la mort et en ne la voyant pas comme une ennemie. C’est la maladie qui est l’ennemie à combattre. L’écriture est alors juste, tout en finesse, et bien équilibrée. Le roman est émouvant, on s’attache aux deux personnages principaux, mais également à tous ceux qui les entourent. Nous sommes sur un récit qui nous rappelle l’importance de la vie, dans sa plus belle expression, celle de la joie et de l’amour, de l’amitié et de l’espoir. Les thèmes sont forts et bien exprimés. C’est une lecture à découvrir.

Et vous ?

Cela vous arrive-t-il de lire des romans avec des thèmes durs ?

Que cherchez-vous dans ce type de récit ?

Il y a-t-il des éléments que vous préférez éviter ?

Bon dimanche à tous 🙂

3 réflexions au sujet de « Quand on dansait sur les toits »

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