chroniques littéraires·service presse

La Cité du Savoir

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que cette première semaine de janvier se déroule comme vous le souhaitez. Pour ma part, je ne serais pas contre un peu de soleil, parce que la pluie et la tempête, j’en ai un peu marre. Certes, de l’eau, il en faut, mais depuis septembre, les jours avec du soleil se comptent sur les doigts du main. J’exagère ? Peut-être, mais j’ai l’impression qu’il pleut en permanence.

De ce fait, je vous retrouve aujourd’hui pour une nouvelle chronique littéraire, la première de janvier et de 2024. Et cela tombe bien, elle nous emmène dans les îles, dans un monde où il semble faire toujours beau et chaud. C’est du moins l’impression que j’en ai eut en lisant cette histoire. Le roman dont je vais vous parler aujourd’hui s’intitule La Cité du Savoir. C’est un roman de fantasy pour adolescents et jeunes adultes. Il est écrit par Nadia Coste et est publié aux éditions Scrineo. Je les remercie d’ailleurs vivement pour m’avoir envoyé ce roman en service presse numérique via la plateforme NetGalley. Il est sorti en mai 2023 et voici son résumé :

Sur l’île d’Hiklion, Sophia rêve depuis toujours d’intégrer l’école de Philopolis, la Cité du Savoir. Là-bas, elle pourra enfin apprendre à maîtriser la magie des mots !

De son côté, son meilleur ami Théo n’a jamais voulu apprendre à lire : son grand frère fait partie de ceux qui sont revenus de la Cité affectés par la dyspnoïa, une maladie mentale qui touche les étudiants recalés à l’examen final…

Lorsque Sophia est admise à l’école, Théo embarque pour Philopolis afin de la protéger. À peine arrivé, il se joint à la guilde des voleurs qui résiste dans l’ombre à la magie des Penseurs.

Mais ils découvrent que la Cité cache bien des secrets… et leur vision du monde s’en trouve ébranlée. Leur amitié résistera-t-elle aux épreuves qui les attendent ?

Dans cette histoire, nous suivons donc principalement deux personnages, qui vont grandir tout au long de l’ouvrage, puisque nous les suivons sur plusieurs années. Tout d’abord, nous avons Sophia, une jeune fille qui est passionnée par la connaissance, et qui espère donc pouvoir entrer dans la prestigieuse école de Philopolis, pour ensuite entrer à l’université. Et nous avons ensuite son meilleur ami, Théo, qui se méfit de cette école comme de la peste après ce qu’elle a fait à son frère, lui ayant apporté la dyspnoïa. Or, lorsque Sophia entre à l’école, Théo ne peut se résoudre à l’abandonner. Il devient donc un voleur, et espère réussir à ouvrir ses yeux sur les secrets et les dangers de la ville.

Je vais commencer cette chronique par vous parler du personnage de Sophie qui est, à mon sens, le personnage principal de ce récit. En effet, c’est par elle que l’histoire se lance, car elle est celle qui rêve de sortir de sa condition. Sophia a un rêve, celui de tout connaître. C’est une petite fille curieuse qui ne se satisfait pas des rares leçons qui sont prodiguées sur son île. Ce qu’elle veut, c’est se retrouver baignée par le savoir, entourée de livres et de personnes en mesure de répondre à ses questions. J’ai donc trouvé qu’il était assez simple de se retrouver, au début, dans le personnage de Sophia, parce qu’elle incarne tous ceux qui veulent aller plus loin dans leurs apprentissages mais qui sont bridés par leurs familles, par leurs situations, etc. Sophie s’ennuie donc, et elle veut plus. Elle va donc se donner les moyens pour cela, elle va travailler dur pour rentrer à l’école, et y rester. Néanmoins, elle va rapidement se rendre compte que cela n’est pas aussi simple qu’elle le pensait, et qu’elle a pu se montrer arrogante. En effet, Sophia va rencontrer de nombreuses difficultés, ce qui va nous donner envie de la protéger. J’ai ainsi aimé les deux facettes de Sophia, cette petite fille curieuse, qui veut tout apprendre, mais qui va également avoir des difficultés pour réaliser son rêve, et qui va même avoir parfois envie d’abandonner. Sophia va ainsi montrer ses fragilités, et j’ai vraiment apprécié de la voir en difficulté, car cela nous rappelle que rien n’est jamais totalement acquis, et qu’il faut parfois travailler dur pour obtenir ce qu’on veut. D’autant plus que Sophia ne le sait pas, mais elle est la cause de son blocage. C’est donc intéressant de la voir prendre conscience de tout cela. De plus, ce qui est également plaisant avec son personnage, c’est qu’il est assez naïf. Sophia est persuadée que la connaissance est quelque chose de positif, de mélioratif, et elle ne peut donc pas concevoir celle-ci comme un danger. Or, Sophia craint également de tomber malade, d’avoir la dyspnoïa, la maladie de ceux qui échoue. C’est donc très intéressant de la voir lutter pour ne pas tomber malade, et surtout, de voir sa réaction lorsqu’elle va comprendre ce qu’est réellement cette maladie. J’ai alors apprécié toute la combativité qui existe chez elle, et qu’on va voir être mise en œuvre ensuite. Sophia va, dans la fin du roman, montrer toutes ses qualités, notamment son courage et son envie d’aider les autres. C’est vraiment un personnage que j’ai pris plaisir à voir évoluer, avec une certaine richesse dans son évolution. J’ai aimé la voir grandir et s’épanouir enfin.

Semaine après semaine, Sophia se sentait de plus en plus en décalage avec les autres élèves de sa classe. Lemma se distinguait dans toutes les matières, Narkê et Alodis se battaient pour la seconde place, mais cette dernière se montrait chaleureuse avec les nouvelles arrivées dans le groupe que les garçons regardaient de haut. Tatius et Klohé étaient inséparables. Holos, Cifr et Vinz rendaient toujours leur travail en retard, mais la qualité de celui-ci suffisait à les excuser. Sophia progressait, sans doute, mais pas assez pour atteindre le niveau de ceux qui étaient là depuis plus longtemps. Seule Khémia la comprenait vraiment et, très vite, elles devinrent bien plus amies qu’elles ne l’avaient été sur Hiklion.

Si Sophia avait rêvé de trouver d’autres personnes « comme elle » à Philopolis, pour l’instant, sa quête était vaine. Et sa priorité n’était pas de nouer des relations, mais de rattraper son retard.

La pression pesait sur ses épaules. Elle s’appliquait et travaillait pour retenir les leçons de chimie ou les bases de la comptabilités, mais peinait sur ces sujets qui l’intéressaient moins que la lecture ou l’histoire de l’art. Et même dans les domaines qu’elle adorait, elle voyait bien la déception d’Odessa.

J’en arrive à présent à Théo. Je suis plus mitigée sur son personnage, car il est loin d’être aussi positif que Sophia. En effet, dès le début, Théo essaye de convaincre sa meilleure amie que ce n’est pas une bonne idée d’étudier, qu’il faut qu’elle se contente de ce qu’elle a sans chercher à vouloir changer sa situation. Théo ne comprend pas son amie, et il essaye, de ce fait, de la changer. On comprend, bien sûr, que le petit garçon a une bonne raison d’agir ainsi. Il a son frère qui est malade de la dyspnoïa, ce qui le rend inapte à s’occuper de lui-même. Il craint que cela n’arrive à Sophia, et il a peur de la perdre. Or, en pensant ainsi, Théo a tendance à voir Sophia comme une chose qui lui appartiendrait. Il veut agir pour elle, en pensant agir dans son bien. Cela va continuer pendant une partie du roman, car Théo va suivre Sophia sur Philopolis et il va essayer de la faire quitter l’école, sans prendre en compte l’idée qu’elle pourrait s’y plaire. Il va d’ailleurs agir un peu de la même manière avec l’une de ses nouvelles amies, dont il va tomber amoureux. De ce fait, je vois Théo comme un garçon qui veut garder les autres près de lui sans penser à ce qu’eux, ils veulent. C’est ce qui m’a agacée chez ce personnage, car même s’il agit ainsi par envie de les protéger, il est assez étouffant. Néanmoins, c’est également un ami fidèle, qui va veiller sur Sophia, et qui va se montrer un bon compagnon pour le groupe qu’il va rejoindre. Théo est alors une vraie tête brûlée, ce qui va lui poser quelques problèmes au sein de sa nouvelle vie. Toujours persuadé qu’il a raison, il a tendance à ne pas écouter les autres, même si cela va s’atténuer au cours de l’histoire et de ses propres expériences. J’ai apprécié la relation qui va se nouer entre Solan et lui, celle d’un père adoptif et de son fils, et c’est un vrai mentor qui va veiller sur lui. Théo est donc un personnage qui gagne en maturité au cours de l’histoire, mais qui est, pour moi, moins attachant que Sophia, même si j’ai apprécié de le suivre en parallèle.

Théo avait abandonné Sophia depuis plus de trois mois : il devait lui montrer qu’il veillait sur elle, lui donner des nouvelles de sa famille et lui indiquer la possibilité de quitter son école, si elle le voulait. mais il ne pouvait pas tout faire d’un coup : il connaissait ses limites, et n’avait utilisé la corde de drap qu’à l’intérieur de la salle d’entraînement. Impossible de proposer à Sophia de l’emmener avec lui sans avoir le temps de se parler. il avait choisi de l’informer de la naissance de sa sœur, et lui signifier sa présence toute proche dans un premier temps. Il pourrait toujours la revoir plus tard, et préparer une évasion.

Parlons à présent de l’univers qui nous est proposé ici. Nous sommes dans des îles qui pourraient ressembler à des îles grecques. La politique est alors assez importante, car les trois îles qui forment l’archipel sont gérées par une quatrième, qui se trouve au centre, Philopolis, la ville posée sur cette île. Or, ceux qui gèrent la cité viennent du continent et ont ramené de là-bas, quelques décennies plus tôt, la magie et un certain savoir. de ce fait, le monde dans lequel évolue Sophia est assez jeune, il n’a que quelques décennies. Ses grands-parents l’ont vu naître, et des personnages comme Solan se souviennent des combats, et nourrissent une certaine rancœur par rapport aux envahisseurs. D’ailleurs, ceux-ci sont toujours en vie, et sont les maîtres de ce monde. Ils affirment agir pour le bien de tout, en imposant leurs savoirs et leur manière de voir, mais Théo voit la vérité en eux, grâce à Solan et à la communauté des voleurs. Il reste persuadé que ce sont des ennemis dangereux, ce que va finir par comprendre Sophia. J’ai donc apprécié cette idée, car de ce fait, nous sommes dans un univers où la magie existe, mais nous sommes également dans un univers dystopique, où les héros vont devoir renverser le pouvoir en place pour apporter le bien autour d’eux. J’ai donc apprécié ce mélange des genres. De plus, l’idée de la magie est ici vraiment plaisante, car nous sommes sur une magie des mots. Pour pouvoir l’obtenir, il faut non seulement travailler, mais être capable de lire entre les lignes, d’acquérir donc un savoir et une pratique, et être capable d’ouvrir son esprit. C’est ce qui va poser problème à Sophia. Mais une fois ces difficultés franchies, tout paraît possible, dans une certaine limite. C’est également une magie qui demande des qualités physiques et mentales, parce qu’elle peut détruire l’organisme, et qui a besoin de matière pour exister. C’est d’ailleurs ce qui la trahit. L’idée de la maladie, la dyspnoïa, est alors assez intéressante, parce qu’elle montre comment cette magie peut être détournée et devenir dangereuse. Toutefois, j’avoue que j’ai un sentiment un peu mitigé par rapport à elle, parce que cette maladie détruit le cerveau, rendant les gens incapable de percevoir le monde qui les entoure et leurs besoins. On pourrait presque y voir une forme d’autisme sévère. On a, de ce fait, un certain jugement, qui va être renversé, sur les handicapés ici, qui sont vu comme des nuisibles par le pouvoir en place. Or, une fois que Sophia comprend tout, elle essaye de soigner tout le monde. J’ai trouvé cette fin un peu simple, comme s’il était facile de soigner cette maladie. Après, il s’agit de mon ressenti, mais j’ai trouvé cela un peu manichéen comme idée, ce qui explique mon impression mitigée.

– Vous avez l’honneur d’intégrer l’une des écoles de Philopolis qui vous dispensera ses enseignements jusqu’à votre examen de fin d’études. Celui-ci vous ouvrira les portes de l’université et, par la suite, des plus hauts postes des confréries, ou même de la guilde des Penseurs. Vous partirez demain matin, et vous ne pourrez reprendre contact avec vos familles qu’à l’issue de votre examen, que vous le réussissiez ou que vous échouiez. Vous aurez alors quinze ou seize ans. Vous ne serez plus élèves, mais étudiants, à l’orée de votre vie d’adulte. (…) Nous comptons sur vous pour devenir des citoyens modèles, insista la femme en regardant tout particulièrement Khémia, la plus turbulente des trois.

L’enseignante n’évoqua pas les risques de maladie en cas d’échec à l’examen, mais la menace planait, elle aussi. Si les dyspnoïaques étaient nombreux, sur les îles, le mot lui-même était tabou, à Philopolis.

En ce qui concerne l’écriture de l’autrice, je l’ai trouvé assez immersive. On est tout de suite plongé dans cet univers avec ces îles et ce côté un grec qui est assez présent. Je regrette toutefois qu’un carte ne soit pas jointe avec le roman, pour pouvoir se repérer. C’est sans doute parce que j’ai tendance à oublier les détails donnés sur les localisations. Mais j’ai apprécié les descriptions et les détails sur l’environnement de Sophia et de Théo. L’histoire se lit bien, on est bien plongé dans ce que les deux héros ressentent, aussi bien leurs espoirs que leurs doutes. Tout est bien mené, bien construit, et j’ai apprécié le fait que l’histoire se déroule sur plusieurs années, ce qui nous permet de bien nous rendre compte de l’évolution des deux personnages principaux. Les chapitres s’enchaînent bien et on sent bien la tension qui monte au fur et à mesure que l’on se rapproche de la fin, bien que j’ai trouvé celle-ci trop rapide. La fin aurait mérité de prendre davantage son temps.

En résumé, j’ai beaucoup aimé la lecture de ce roman qui m’a fait plonger dans un univers intéressant et assez riche, original. J’ai apprécié le fait qu’on mette le savoir sur un tel piédestal, et l’envie de Sophia de se battre pour ce dernier. Il s’agit d’ailleurs d’une héroïne intéressante à suivre, dont j’ai apprécié de suivre l’évolution. Théo me laisse une impression plus mitigée, car j’ai eu plus de mal avec son personnage et son caractère. Le monde proposé est agréable à découvrir, et j’ai aimé les réflexions qu’il apporte sur le savoir, la connaissance, la manière de gérer un pays, et sur l’éducation en général. C’est une bonne lecture, bien écrite et bien construite, même si je trouve la fin trop rapide. Je vous conseille donc la découverte de cette histoire, dont il n’y aura pas de suite puisque c’est un tome unique.

Et vous ?

Qu’est-ce qui peut vous agacer chez un personnage ?

Qu’est-ce qui peut vous rendre un personnage attachant ?

Quels sont les traits de caractère que vous aimez retrouver dans vos lectures ?

Bon vendredi à tous 🙂

2 réflexions au sujet de « La Cité du Savoir »

Laisser un commentaire