chroniques littéraires

Le Monde Après nous

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous avez passé un début de semaine agréable. Pour ma part, je suis contente de pouvoir avoir, pour la première fois depuis le début de l’année, mon mercredi entier. Je peux remercier les oraux blancs de brevet, qui me permettent d’être libérée exceptionnellement car il y a assez d’enseignants les faisant passer, et parce que je n’ai pas de troisième cette année. Cela fait du bien.

De ce fait, j’en profite pour vous livrer aujourd’hui une nouvelle chronique littéraire. Je vais en effet vous parler aujourd’hui de l’une de mes dernières lectures. Il s’agit du roman Le Monde Après nous, de Rumaan Alam. Il s’agit d’un roman classé comme étant contemporain, mais il pourrait facilement, selon moi, être mis dans la catégorie science-fiction, et vous comprendrez avec le résumé. Ce roman est sorti en France en août 2022, aux éditions Seuil. Voici son résumé :

Amanda et Clay, des Blancs newyorkais, partent en vacances avec leurs deux enfants à Long Island. Amanda a loué une jolie villa récemment rénovée. Le temps est superbe, la piscine immense, la nature accueillante. Mais lors de la deuxième nuit, un bruit sourd résonne dans le lointain et peu de temps après, on frappe à la porte. Les propriétaires, un couple d’Afro-Américains plus âgés, surpris sur la route par une soudaine panne d’électricité et de réseau demandent l’hospitalité. Inquiets et agacés par cette intrusion, Amanda et Clay n’ont d’autre choix que d’accepter. Leur séjour de rêve prend fin brutalement.

Désormais sans lien avec le monde extérieur, loin de la ville, sont-ils en sécurité ? Peuvent-ils se fier les uns aux autres ? Hypocrisie, peur de l’autre, panique, chacun affronte l’inconcevable à sa façon dans ce huis clos oppressant et sans concession.

Dans cette histoire, nous suivons un couple et ses deux enfants. Il y a Amanda, la mère protectrice, Clay, le père totalement perdu, Archie, l’ado dans toute sa splendeur, et Rose, la petite fille rêveuse, mais intelligente. Ils doivent passer une semaine dans une maison perdue au milieu des bois. Seulement, dès le deuxième jour, des événements étranges se passent, et les propriétaires de la maison, un couple plus âgée, débarque sans prévenir. Quelque chose se passe sur New York, détruisant l’électricité et les communications, comme Internet, le réseau mobile ou la télévision et la radio. Coupés du monde, tous vont devoir cohabiter, avec la peur de savoir que leur monde est en train de sombrer dans un chaos dont ils ne connaissent rien.

Je vais commencer cette chronique par vous parler de l’histoire en elle-même. En effet, elle reste assez originale, bien que particulière. Pendant tout le récit, nous savons qu’il se passe quelque chose dans le monde, à l’extérieur, mais il est assez compliqué de savoir quoi. Nous sommes pris au piège avec les héros de ce récit, qui sont dans un endroit privilégié, complétement coupé du monde extérieur, surtout lorsqu’Internet se retrouvé coupé. Aucune nouvelle ne parvient dans cet endroit perdu. De ce fait, on a le sentiment que nos héros se trouvent sur une île déserte, et qu’ils ne font qu’assister à des échos de ce qui arrive autour d’eux, sans rien pouvoir faire. Comme ils ignorent tout, ils ne peuvent que faire des suppositions, qui vont de l’acte terroriste à celle, plus rassurante, que tout va rentrer dans l’ordre rapidement. Or, l’auteur nous donne de rapides descriptions de ce qui se passe réellement, sans que l’on sache la cause, et si cela est vrai ou non. J’avoue que cela m’a un peu dérangée, parce que nos héros eux ne savent rien, nous on sait quelques petites choses, mais on ne sait pas si c’est vraiment en court, ce qu’il va arriver. L’auteur nous donne des informations imprécises, de ce qui va aussi arriver dans le futur. Je n’ai pas vraiment apprécié cela, et j’aurais préféré que ce soit un personnage, autre du groupe, qui nous en apprenne plus, plutôt que ces informations distillées au compte goutte par l’auteur, brusquement. Ce qui est alors intéressant, dans ce récit, c’est de montrer la coopération qui va se créer entre les deux couples, les légitimes propriétaires de la maison et les vacanciers qui l’occupent. Ils ne se connaissent pas, mais vont se retrouver confinés ensemble, sans rien savoir, et ils vont devoir compter les uns sur les autres. On sent la différence de classes sociales entre eux, mais qui finit par s’effacer devant le danger et la peur. C’est ce que j’ai aimé découvrir, cette peur qui va rapprocher les deux couples, mais qui va aussi les paralyser, avec les doutes qu’ils ont sur l’extérieur. Les deux hommes vont donc se retrouver dans leurs rôles de protecteurs, et les deux femmes dans leurs rôles de mère. Et chacun va chercher un moyen de survivre, et de permettre aux autres de survivre aussi. C’est donc davantage cet aspect que j’ai aimé dans ce roman, même si je regrette beaucoup de ne pas savoir, à la fin, ce qu’il s’est vraiment passé.

« Une supposition. Hystérie collective. Des groupes de personnes attrapent une maladie qui n’est en réalité qu’une illusion partagée. Des centaines de personnes atteintes de tremblements et de fièvre, qui imaginent des démangeaisons. Elles arrivent même à faire rougir leur peau. » G.H. ne faisait qu’émettre une théorie.

Ruth lui apporta une tasse de café. « Tu vas me traiter d’hystérique. Le mot que les gens, les hommes, utilisent à propos des femmes. » N’empêche qu’évidemment Cassandre avait eu raison au sujet de Troie.

« Nous avons vu la même chose. Il s’est produit un événement, bien sûr, je pense que nous pouvons être d’accord sur ce point. » Mais ce n’était pas un détail technique, c’était la nature même du monde : il se passait des choses.

Parlons à présent des personnages principaux. Je trouve que le personnage d’Amanda prend beaucoup de place, et j’ai eu le sentiment que c’était elle qui prenait davantage le contrôle des opérations, non seulement avant la catastrophe, mais aussi après. Et je dois dire que je n’ai pas vraiment été séduite par son personnage. En effet, Amanda est un femme qui aime tout contrôler, et qui a du mal à laisser vivre ses enfants. C’est une femme d’affaire qui pense avoir réussi, et qui aimerait que tout le monde soit comme elle, tout en méprisant les autres. Dès que le couple Washington, donc les propriétaires de la maison, les cartes sont rabattues, et on sent qu’elle essaye de reprendre le contrôle, de repousser le couple, à qui elle ne fait pas confiance. Elle ne pense qu’à partir de la maison, mais sans rien faire, en laissant son mari gérer. J’avoue que j’ai trouvé qu’elle ne faisait pas grand chose, si ce n’était se plaindre. Ruth, la propriétaire de la maison, est un peu dans le même mécanisme, sauf qu’elle pense qu’Amanda se méfie d’eux parce qu’ils sont noirs. De ce fait, les deux femmes vont se retrouver un point commun, celui de penser à leurs enfants. Amanda a les siens sous la main, mais Ruth ne sait rien de sa fille, et de ses petits-enfants. Elle va dont veiller sur Amanda et les siens. Au contraire, les deux hommes vont essayer de se montrer rassurants et de vivre un peu comme s’il ne se passait rien, comme si tout était normal. D’un commun accord, Clay et George vont vivre comme s’ils étaient en vacances, et ils vont sans cesse minimiser la peur de leurs femmes. Ils ne vont donc pas vraiment agir, sauf à la fin, lorsqu’ils vont entraîner Archie dans leur réaction en chaîne.

Clay éclata de rire.

« Ils ne sont pas là pour nous assassiner !

– Tu ne lis pas le journal ?

– C’était dans le journal ? Un couple de vieux Noirs rôde à Long Island pour assassiner les vacanciers sans méfiance ?

– On ne leur a demandé aucune preuve. Je n’ai même pas entendu leur voiture. Et toi ?

– Non, moi non plus. Mais il y a du vent. Et on regardait la télé. C’est peut-être pour ça qu’on ne l’a pas entendue.

– Ou peut-être qu’ils sont arrivés à pied. Pour… je ne sais pas, nous égorger.

– Calmons-nous, voyons…

– C’est un coup monté.

– Tu penses qu’ils ont envoyé une fausse alerte sur ton téléphone ? Je n’ai pas eu l’impression que c’étaient des criminels aussi sophistiqués.

Ainsi, j’ai nettement préféré le personnage de Rose qui, à mon avis, n’est pas assez développé dans le roman. Rose, c’est l’innocence, c’est la plus jeune, et surtout, c’est celle qui comprend le mieux ce qui est en train d’arriver. Parce qu’elle a vu les cerfs, parce qu’elle a compris que le changement était là, elle va se débrouiller seule, en se montrant finalement plus responsable que les adultes. Elle est plus intelligente et sensitive, détachée du monde des adultes. Archie, son frère, possède aussi la même finesse, mais il est déjà en partie dans le monde des adultes, et il va essayer de faire comme ses parents, c’est-à-dire l’autruche. Rose, à l’inverse, va agir, et va bouger. C’est ce que j’ai aimé chez Rose, car malgré son innocence, elle a plus de compréhension du monde que ses parents et les autres adultes, et surtout, elle est plus prévoyante. J’aurais donc aimé la suivre davantage sur cette histoire, et je suis un peu déçue de la manière dont l’histoire de son personnage s’arrête, car elle atteignait son potentiel à la fin, avec une jolie évolution, lui permettant de quitter l’enfance innocente pour devenir une héroïne.

Archie et Rose se parlaient à peine en marchant ; ils avançaient parmi les feuilles, parcourus de légers frissons. Leurs corps savaient ce que leurs esprits ignoraient. Les enfants et les très vieux ont cela en commun. A la naissance, on comprend quelque chose du monde. Voilà pourquoi les tout petits affirment discuter avec des fantômes et perturbent leurs parents. Les très vieux commencent à s’en souvenir, mais peuvent rarement le formuler, de toute façon, personne ne les écoute.

Ils n’avaient pas peur, ces deux enfants, pas vraiment. Ils étaient en paix? Un changement s’opérait en eux ; un changement s’opérait en chaque chose. Le nom qu’on lui donnait importait peu. Au-dessus de leurs têtes, les feuilles dansaient et soupiraient, et on entendait Archie et Rose se dire quelque chose, une chose insaisissable, une chose qui n’existait qu’entre eux : le langage privé de la jeunesse.

Pour ce qui est de l’écriture de ce roman, j’avoue que je l’ai trouvée assez pompeuse. Même s’il y a une pointe de philosophie assez intéressante, je l’ai trouvée mal exploitée. Je n’ai pas été séduite par la plume de l’auteur, qui est assez longue. On a ainsi des phrases à rallonge, avec des détails qui ne sont pas nécessairement utiles. Par moment, j’ai été obligée de revenir au début des phrases pour comprendre l’idée de base. Certes, je sais que je n’ai pas toujours été concentrée sur cette lecture, mais j’avoue que le style de l’auteur n’aide pas. En plus, comme je l’ai mis plus haut, on ne sait pas ce qu’il se passe, et nos héros restent bloqués dans cette maison en se contentant de faire des hypothèses, sans vraiment chercher à comprendre ce qui arrive. De la même manière, l’auteur nous donne des informations sur ce qui arrive ailleurs, mais cela ne donne pas plus d’explications. Ce manque d’explications m’a vraiment découragée dans ma lecture, surtout que la fin est comme un nouveau recommencement, sans rien de plus, avec seulement l’idée qu’on recommence un nouveau jour dans le chaos ambiant, qui semble tout de même épargner la maison. L’histoire ne semble donc pas avancer, et recommencer d’une nouvelle manière lorsqu’on termine la dernière page. Ce manque de fin m’a aussi peut plu, j’aurais aimé que les explications soient données à ce moment-là. Je n’ai donc pas été convaincue par le style de l’auteur et par la manière dont l’histoire est construite.

En résumé, je suis assez dubitative sur ce roman. Il ne m’a pas convaincue, je n’ai pas été séduite par le récit. Il est certes original, et je pense qu’il peut plaire à d’autres personnes, mais pour ma part, j’ai vraiment eu du mal avec la construction du récit et le manque cruel des informations sur ce qui arrive. La fin ne m’a pas plu, et j’aurais aimé une vraie fin. De la même manière, je n’ai pas été séduite par les personnages, notamment par les personnages adultes. Ils ne font rien pour comprendre, ils se contentent d’attendre. Heureusement, le personnage de Rose relève un peu l’histoire, et j’aurais aimé que sa trame soit plus développée. Je vous conseille ce roman si vous avez envie de le découvrir, mais il est pour moi une déception.

Et vous ?

Cela vous arrive-t-il d’être déçu par un roman ?

Que n’appréciez-vous pas dans un récit ?

Qu’est-ce qui peut vous déranger dans une histoire ?

Bon mercredi à tous 😀

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