Le défi de Kilian

Bonjour les amis. J’espère que vous allez tous bien et que vous avez passé une semaine agréable. Pour ma part, elle a été assez chargée, une nouvelle fois, et j’avoue que j’ai hâte que les vacances arrivent, avant d’entamer la toute dernière partie de l’année scolaire. En même temps, avec l’actualité que l’on a, les enfants font eux aussi n’importe quoi, et il faut sans cesse les rappeler à l’ordre. Une pause fera donc du bien à tous, je l’espère.

En attendant, je vous retrouve aujourd’hui pour une nouvelle chronique. En effet, j’ai lu cette semaine un roman jeunesse assez court, que j’avais envie de partager avec vous. Il s’agit du roman Le Défi de Killian, qui est paru aux éditions Didier Jeunesse. Je les remercie d’ailleurs vivement de m’avoir envoyé ce roman en service presse via notre partenariat. Ce roman est sorti le 15 mars, il est écrit par Nathalie Somers, dont j’ai déjà lu d’autres romans. Voici le résumé de celui-ci :

Mary est une belle jeune fille qui vit en Irlande. À chaque fête, elle lance un défi aux garçons de son village. Si l’un d’eux réussit à jouer d’un instrument plus vite qu’elle ne danse, elle l’épousera sur-le-champ ! Kilian, violoniste de passage, est déterminé à remporter l’épreuve. Mais Mary danse vite. Très vite… Trop vite… Et si derrière son talent se cachait un secret ?

Dans cette histoire, nous suivons donc Kilian, un jeune violoniste qui a tout appris seulement à l’écoute. Il va de village en village et il joue pour gagner sa vie, jusqu’à ce qu’il rencontre Mary. Mary est une danseuse hors pair, qui lance un défi étrange à tous les garçons musiciens : s’ils parviennent à jouer aussi vite qu’elle danse, elle peut les épouser. Kilian, tombé sous le charme de la jeune fille, va alors tout faire pour gagner ce défi.

Je vais commencer cette chronique par vous parler du personnage de Kilian, et je vais d’ailleurs commencer tout de suite avec ce qui m’a le plus dérangée. On ne sait pas grand chose de lui, comment il s’est retrouvé sur les routes ou comment il a trouvé son violon. J’avoue que ce sont des détails qui m’ont manqués, mais puisque nous sommes dans un roman jeunesse assez court, on ne s’attarde pas vraiment sur ce qui a constitué les personnages avant leur histoire principal. Mais, c’est à mon avis, le seul défaut sur le personnage de Kilian, car dès le début, j’ai trouvé qu’on s’attachait à lui. En effet, mais si on ne sait rien de lui, immédiatement, on comprend l’amour qu’il éprouve pour la musique, et aussi pour son instrument, dont il prend grand soin, comme s’il s’agissait d’un être vivant. J’ai beaucoup aimé cet aspect de la personnalité du garçon, car on sent ainsi tout le respect qu’il éprouve pour les autres et lui-même. Il prend soin de tout, il est très attentionné. Et cela va se retrouver ensuite dans son histoire, parce qu’il va tout faire pour protéger Mary et pour la sauver. Il n’agit pas par intérêt, mais pour les autres, comme il va le montrer pour gagner son défi. J’ai aussi aimé son courage et son ingéniosité pour pouvoir sauver Mary de son destin. Kilian n’a pas froid aux yeux, et c’est aussi pour cela qu’on s’attache à ce héros qui a un grand cœur.

Les jours suivants, Kilian ne rencontra plus Mary. Il comprit vite qu’elle l’évitait. Il en ressentit une profonde tristesse qui se mêlait à beaucoup d’incompréhension. Quand on avait une passion, on aimait en parler. Lui-même pouvait ainsi parler musique pendant des heures si on ne l’arrêtait pas. La passion de Mary, c’était la danse. Comme il était étrange qu’elle refuse d’aborder ce sujet !

L’histoire de Kilian et Mary aurait pu finir ainsi. Kilian aurait pu se vexer, s’impatienter et enfin abandonner.

Cependant, ce n’est pas du tout ce qui arriva. Car Kilian était un grand musicien. Or, pour être un grand musicien, il faut du cœur, de la patience et de la persévérance.

Alors non, Kilian ne se vexa pas. Il se dit que cette réaction étonnante n’avait pas tant d’importance. Qu’il était inutile de tout comprendre pour aimer quand on avait le cœur grand. Et le sien était immense.

Kilian ne s’impatienta pas non plus. Il se dit que Mary ne pourrait l’éviter éternellement. Kilmallock était un petit village. Leurs routes se recroiseraient bien un jour…

Kilian, enfin, n’abandonna pas davantage. Il se dit que la fête des moissons approchait, et rien ne lui semblait plus capital que de remporter ce jour-là le défi lancé par Mary.

J’en arrive à présent au personnage de Mary. Son personnage manque aussi, à mon avis, de détails, parce qu’on ne sait pas ce que sont devenus ses proches, ni comment elle a rencontré les fées. Mais cela ne sont aussi que des détails, et j’ai tout de même été séduite par son personnage. Néanmoins, j’ai trouvé que, par moment, elle était assez froide, ce qui est expliqué après. Elle ne dégage pas la même joie de vivre et simplicité que Kilian, et elle se montre aussi plus égoïste. Même si on s’attache à elle, je trouve donc qu’elle a plus de défauts que son compagnon, et de ce fait, j’ai moins aimé son personnage. Mais elle a une belle évolution, car sa rencontre avec Kilian, avec sa générosité, va aussi la transformer, et c’est cela que j’ai aimé avec le personnage de Mary. Elle a un secret qu’elle va partager avec lui, et cela va lui permettre de s’ouvrir enfin, et de grandir. Mary reste donc un personnage intéressant, qui montre qu’une rencontre peut nous changer et nous apprendre beaucoup.

Mary rougit violemment, referma la bouche et, quand elle la rouvrit enfin, ce fut pour bredouiller :

– A… avant, danser… était toute ma vie… Le… le mariage ne m’intéressait guère… et je trouvais même très drôle de pouvoir battre tous ces garçons… Mais aujourd’hui…

Les rires éclatèrent à nouveau dans la clairière et le concert de lumière illumina une seconde fois la nuit. Cette fois, la reine se joignit à son peuple. Plaçant les mains sur sa taille, elle lança d’une voix moqueuse :

– Aujourd’hui tu es amoureuse, et c’est justement pour ce jour que je t’ai punie ! On ne s’attaque pas au « petit peuple des fées » sans en souffrir en retour. Prépare ton mouchoir, et écoute bien ce que je te répète : l’enchantement est irréversible ! Même si je le voulais, je ne pourrais l’annuler !

Mary, en pleurs, avait depuis longtemps disparu dans les bois que les fées riaient encore à gorge déployée.

En ce qui concerne l’univers qui nous est proposé ici, il correspond parfaitement à l’idée qu’on peut se faire de l’Irlande, avec ses paysages et ses petits villages, et les secrets qui résident dans ces derniers. J’ai bien aimé l’ambiance qui se dégageait de ce roman, une ambiance qui est finalement assez simple mais qui fonctionne bien ici. Nous sommes en vase clos, un village, avec un mystère magique, c’est-à-dire la capacité de danser de Mary, et avec ces villageois prêts à tout pour faire la fête et aider Kilian. Il y a beaucoup de générosité entre tout ce petit monde, et cela donne envie de se retrouver là-bas. L’idée de la musique qui se retrouve liée à la danse est aussi sympa, parce que c’est bien complémentaire ici, avec en plus deux jeunes gens qui n’ont appris ces disciplines qu’en les reproduisant, sans suivre de cours, seulement à l’écoute et en regardant. C’est une bonne idée car cela montre aussi qu’on peut faire ce qu’on a envie avec un peu de travail et beaucoup de passion, mais qu’on peut apprendre par soi-même aussi. Enfin, j’ai aimé la présence du merveilleux ici, avec la présence des fées.

La fille parut ravie de lui expliquer de quoi il retournait :

– C’est très simple, si tu arrives à jouer aussi vite que je danse, tu auras le privilège d’épouser Mary O’Brian.

Elle s’inclina avec grâce quand elle ajouta :

– Et Mary O’Brian, c’est moi !

Kilian sursauta, un peu décontenancé. Il n’avait pas vraiment prévu de se marier tout de suite ! Mais il contempla un instant la belle Mary et son cœur prit la décision à sa place.

– C’est d’accord ! accepta-t-il.

– Alors, c’est parti ! dit-elle en lui décochant un regard malicieux.

Elle se mit en position, sûre par avance de gagner. Kilian donna un premier coup d’archet. Il savait que, dans toute l’Irlande, nul ne jouait plus vite que lui. Ses doigts se mirent à voler sur le manche, mais les pieds de Mary volaient plus vite encore. Il accéléra, dépassant en rapidité tous ceux qui l’avaient précédé. Tabatam, tabatam, les petits pieds de Mary accélérèrent.

Plus vite, plus vite ! s’exhortait-il. Le tempo de la musique augmenta encore. Les villageois, qui au départ tapaient dans les mains, suspendirent leur geste les uns après les autres. De mémoire d’habitant de Kilmallock, personne n’avait entendu ça. Pendant un temps, certains crurent que l’étranger avait gagné, mais soudain les chaussures vernies de Mary semblèrent décoller du sol. Elle dansait tellement vite qu’il était presque impossible de discerner ses pas !

Kilian commença à avoir des crampes dans les doigts. Malgré lui, il fut obligé de ralentir.

Pour ce qui est de la lecture de ce roman, comme je l’ai mis plus haut, il est assez court, il fait moins de cent pages, ce qui fait qu’on le lit assez vite. Pour ma part, j’ai trouvé que la lecture étant en plus très fluide, avec des chapitres qui vont à l’essentiel, qui sont courts et qui s’enchaînent très bien. On est bien plongé dans l’environnement de l’Irlande, mais aussi dans celui de la musique, et on a envie d’écouter les airs que joue Kilian. L’écriture est assez visuelle, ce qui est complétée avec les dessins rajoutés dans les chapitres. La lecture est agréable, et j’ai aimé qu’on ait les doutes de Kilian exprimés, ce qui montre bien son attachement à Mary.

En résumé, c’est un roman jeunesse qui fonctionne bien. J’aurais aimé plus de détails sur les personnages principaux, mais l’autrice va à l’essentiel, et cela nous plonge immédiatement dans l’univers proposé. On s’attache rapidement à Kilian, qui se montre généreux pendant tout le roman. Mary reste plus réservée et inaccessible, mais on apprécie son évolution, et son ouverture qui en découle. J’ai aussi aimé l’univers mystérieux et merveilleux qui nous est proposé ici avec les fées. C’est un bon roman, que je vous conseille.

Et vous ?

Qu’aimez-vous retrouver dans les romans jeunesses ?

Aimez-vous lorsqu’il y a beaucoup de détails sur les héros ?

Ou, au contraire, trouvez-vous cela inutile ?

Bon samedi à tous 🙂