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Les Sables d’Arawiya, tome 1 : Chasseurs de flamme

Bonjour les amis. J’espère que vous allez tous bien et que vous passer une bonne semaine. Pour ma part, elle est assez chargée cette semaine encore avec l’inspection, l’alerte incendie et les réunions parents-professeurs. Mais le boulot se passe bien, et on se rapproche rapidement des vacances scolaires.

Mais aujourd’hui, avec le froid qu’il fait et l’ambiance un peu morose que j’observe en ce moment, je me suis dit que j’allais vous faire changer d’univers; Ainsi, aujourd’hui, j’ai envie de vous faire embarquer dans un monde chaud, rempli de magie, même si on ne la voit pas. je reprends donc mes chroniques littéraires avec le roman Les Sables d’Arawiya, tome 1 : Chasseurs de flammes. Ce roman va vous emmener dans un orient fantastique et mythologique. Ce premier tome est écrit par l’autrice Hafsah Faizal. Ce titre est sorti en France en octobre 2022, aux éditions De Saxus. Je remercie d’ailleurs vivement ces derniers de m’avoir permis de découvrir ce roman via la plateforme NetGalley. Voici son résumé :

Les gens vivaient parce qu’elle tuait.

Les gens mouraient parce qu’il vivait.

Zafira est la Chasseuse. Elle se déguise en homme lorsqu’elle brave la forêt maudite de l’Arz pour nourrir son peuple. Nasir est quant à lui le prince de la Mort, assassinant ceux qui sont assez stupides pour défier son tyran de père, le sultan. Si Zafira était démasquée et sa nature féminine exposée, tous ses actes seraient décriés. Il en va de même pour Nasir qui serait brutalement puni par son père si celui-ci découvrait la compassion dont fait preuve son fils. Ils sont de véritables légendes dans le royaume d’Arawiya, mais aucun d’entre eux ne veut de cette gloire.

Alors que la menace d’une guerre grandit et que l’Arz étend son ombre de jour en jour, Zafira et Nasir sont envoyés chacun de leur côté récupérer un artefact perdu qui restaurerait la magie dans le royaume. Le fils du sultan est chargé d’une mission supplémentaire : éliminer la Chasseuse. Mais au cours de leurs voyages respectifs, un autre mal terrifiant semble émerger et l’objet qu’ils recherchent pourrait s’avérer plus dangereux qu’ils ne l’imaginent.

Dans cette histoire, nous suivons deux personnages principaux, Zafira et Nasir. Zafira est une jeune femme qui est obligée de se cacher dans des vêtements d’hommes pour faire ce qu’elle fait, c’est-à-dire nourrir son village en chassant. Son calife refuse que les femmes aient accès aux armes depuis que les Sept Sœurs d’Autrefois ont fait disparaître la magie. il rend les femmes responsables de cette perte. Nasir, quant à lui, est prince, fils unique du sultan. Sur ses ordres, il est devenu hassassin, et tue toutes cibles désignées par son père. Or, suite à une quête mise en place par une femme étrange; la Sorcière d’Agent, Zafira et Nasir se retrouvent à joindre leurs forces pour raviver la magie et faire enfin disparaître l’Arz, cette forêt qui menace tout leur monde.

Je vais commencer par vous parler du personnage de Zafira. c’est par elle que l’on commence l’histoire, et à mon sens, c’est le personnage auquel il est le plus simple de s’identifier. Zafira est une femme courageuse et rebelle, qui enfreint les lois de son califat tous les jours afin d’aller chercher à manger dans l’Arz, cette forêt qui borde le pays et dont personne ne revient en entier, voire ne revient. Zafira, elle, n’hésite jamais à s’y rendre, et contrairement à tout le monde, elle sait se repérer et ramener des vivres dans cette immensités. Mais, pour faire cela, elle doit se déguiser en homme, car les femmes, dans son califat, sont réduites à se marier et à avoir des enfants. Zafira ne veut pas de cette vie-là, elle rêve de liberté. Or, elle n’ose pas vraiment la réclamer, car elle sait son sort si elle annonce que c’est elle qui nourrit son peuple. Elle devrait renoncer à cet espoir, celui de continuer à défier l’Arz. Ce que j’ai aimé chez elle, c’est cette rébellion pas encore amorcée au début de l’ouvrage, mais qui va prendre de l’ampleur au fur et à mesure du livre. Elle est déjà une Chasseuse au début, mais elle n’ose pas revendiquer ce titre. Or, plus l’histoire avance, et plus elle prend conscience que ce n’est pas une vie de se cacher de cette manière, et qu’elle n’aide pas les autres. Certes, elle est généreuse en apportant de la nourriture à tous, mais elle ne permet pas aux autres femmes de s’émanciper. Or, elle est une combattante hors paire, et elle va montrer au cours de l’histoire que, sans elle, les autres ne peuvent pas avancer. J’ai apprécié son histoire personnelle, assez triste, mais qui fait qu’elle est ce qu’elle est. Les liens avec sa mère sont intéressants, et la conditionne. J’ai apprécié cette volonté farouche qu’à Zafira de ne pas se laisser dicter sa conduite, de ne pas se laisser faire, surtout face à Nasir. Elle est la seule qui n’a pas peur de lui, et c’est intéressant de lui voir lui tenir tête. Je trouve donc que le personnage de Zafira est assez inspirant, et peut servir de modèle. Elle montre qu’on peut se laisser manipuler tout en le sachant, et défendre ses intérêts dans le même temps. Elle est fière et va jusqu’aux bouts de ses idées. C’est une femme forte qui choisir ses combats, et qui accepte aussi bien sa lumière que son obscurité, car comme tous le monde, elle fait aussi ses erreurs, et elle a subi des choses qui la ronge. J’ai aimé qu’elle ne soit pas dupe de sa situation, et qu’elle cherche à se défendre contre cette dernière, son destin, tout au long de l’ouvrage, tout comme son réalisme face à la situation de son monde. Zafira est vraiment un personnage intelligent avec une bonne évolution au cours du roman.

Voilà ce qu’on attendait des femmes. Qu’elles se montrent jolies, qu’elles soient mariées. Pas qu’elles chassent dans l’obscurité de l’Arz. Pas qu’elles étripent du gibier sanglant et qu’elles nourrissent les gens de leur village.

Yasmine secoua la tête. « Moi, je le sais. Qui tu es n’a pas d’importance. Tu es ta force. Pourquoi dois-tu entretenir le mensonge dans lequel ils sont meilleurs que nous, en te berçant d’illusions et en te cachant sous les vêtements d’un homme ? Pense à toutes les femmes que tu aiderais en étant simplement toi-même. »

Il y eut un silence, puis elle ajouta dans un murmure, ais avec dureté : « Qu’est-ce que tu attends, Zafira ? »

J’en arrive à présent à Nasir. C’est un personnage beaucoup plus sombre que Zafira, mais qui est tout de même très intéressant et plaisant à suivre. J’avoue qu’au début ce n’est pas le personnage que j’ai préféré suivre, mais il possède aussi une belle évolution, et on apprend à s’attacher à lui. J’ai aimé suivre ses pensées, et plonger dans son univers vraiment sombre, qui m’a beaucoup fait penser à Assassin’s Creed. En effet, Nasir est un hassassin, il suit les ordres de son père, le sultan, et assassine pour lui. Mais il essaye tout de même de suivre le credo que lui a appris sa mère, et il éprouve du dégoût envers la personne qu’il est devenue. C’est d’ailleurs cela qui m’a beaucoup intéressée, pour ma part. En effet, Nasir montre, au fur et à mesure du roman, une grande dualité entre celui qu’il est et celui qu’il voudrait être, entre ce dont son père à faire de lui, et ce que sa mère attendait pour lui. Nasir aimerait se débarrasser de la dépendance qu’il éprouve envers son père, mais il n’y arrive pas. Il éprouve de l’amour pour son père, et tout ce qu’il fait, c’est pour lui, pour recevoir son approbation. En réalité, Nasir est comme un petit garçon qui cherche l’amour de son père, et il le fait en tuant les cibles désignées par son père. Il vit sous son courroux, attendant une terrible punition s’il s’oppose à lui. Mais la présence des autres, notamment de Zafira, va le faire réfléchir et se remettre en question. Peut-être que Nasir va davantage comprendre qui il est grâce à cette aventure. En tout cas, j’ai beaucoup aimé son évolution tout long du roman, qui est assez agréable à voir être mise en valeur. J’ai aussi apprécié son rapprochement avec Zafira, même s’ils font beaucoup de premiers pas, avant de se repousser l’un l’autre.

« Tu es encore faible », murmura son père en attisant le feu.

Le prince étouffa la colère qui tremblait au bout de ses doigts. « Je suis épuisé, sultani. » Et il viendra un moment où je ne le serai plus.

« Hmm, fit le sultan distraitement, comme s’il avait entendu les mots que son fils n’avait pas prononcés. Un jour, tu verras la faille dans tes méthodes, dans ta maudite compassion. Un jour tu comprendras ce que j’ai toujours voulu pour toi. »

Mais son père n’avait pas toujours désiré la même chose. A une époque, lui aussi appréciait la compassion. Nasir croyait se souvenir de la courbe d’un sourire et d’un palais inondé de lumière. Il gardait précieusement ce souvenir vacillant, mais chaque jour qui passait, il s’étiolait davantage. Était-ce cela qu’Owais avait essayer de comprendre ?

J’en arrive à présent à l’univers proposé. J’ai vraiment apprécié ce dernier. Il est assez rare, à mon avis, que l’on ait des romans de ce type qui ne se déroule pas dans un univers que l’on connaît, qui ressemble finalement assez fortement à notre moyen-âge occidental. Ici, nous sommes vraiment dans un univers oriental, avec ses créatures et sa mythologie. Néanmoins, nous sommes aussi dans un monde fantastique, avec de la magie, et cet univers permet de réutiliser les codes de celui qu’on connaît via les contes, tout en se réinventant aussi. J’ai donc beaucoup aimé le mélange des deux, celui de la reprise des codes orientaux, avec la nouveauté apportée par la fantasy. Nous sommes donc ici dans un univers avec un sultan et plusieurs califes, mais autrefois, des sœurs, au nombre de sept, régnaient sur ces royaumes en leur apportant la magie. Désormais, elles ont été vaincu, ce qui explique que les hommes ne fassent pas confiance aux femmes, et chaque califat possède une malédiction. Celle du califat de Zafira est intéressante, le froid et la neige recouvrent tout, même le sable. Or, le plus dangereux reste cette mystérieuse forêt qui gagne du chemin à chaque heure, et qui menace de tout dévorer, sauf si Zafira parvient à l’arrêter. L’univers est vraiment riche, parce que derrière la forêt se cache autre chose, avec des monstres bien réels. Ce que j’ai aussi aimé, c’est la morale de ce récit, parce qu’on oublie les faits historiques, on les transforme en histoires, on les déforme, et on oublie la vérité. C’est bien amené ici, même si certains éléments se devinent. Mais le monde est très bien construit, et on a envie de le visiter. J’ai vraiment été séduite apr l’aspect horrifique de la forêt, qu’on retrouvera ensuite parfois dans Shar.

Tout le monde était lâche face à cette forêt : les cinq califats qui composaient Arawiya la redoutaient, car l’Arz bordait tous leurs territoires. C’était une malédiction qu’ils partageaient depuis que la terre avait été dépouillée de sa magie. Baba avait appris à Zafira que l’Arz était, à bien des égards, une simple forêt. Il lui avait enseigné comment l’utiliser à son avantage. Des astuces pour se faire croire qu’elle pouvait l’apprivoiser, alors qu’en réalité, c’était impossible. Personne n’en était capable. (…)

La forêt l’observait. Elle respirait. Ses arbres squelettiques tendaient des doigts noueux enserrés dans des tourbillons d’ombre.

Certains disaient qu’elle dévorait des hommes comme les vautours se goinfrent des morts. Pourtant, Zafira en ressortait vivante, jour après jour, chasse après chasse. Elle avait conscience que chaque expédition pouvait être sa dernière et, même si elle prétendait ne pas avoir peur de grand-chose, se perdre était sa plus grande crainte.

Il y avait malgré tout une pulsion en elle qui la faisait savourer ces visites au cœur des ténèbres. Elle détestait l’Arz. Elle détestait tellement cette forêt qu’elle se sentait attirée par elle.

Parlons à présent de l’écriture de l’autrice. Si j’ai mis, plus haut, que le monde proposé nous donnait envie de le visiter, c’est parce que l’écriture est finalement assez visuelle. Les descriptions sont vraiment immersives, et on a le sentiment de se promener avec Zafira et ses compagnons dans ce désert et sur Shar, affronter la menace qui est cachée par l’Arz. Le roman, qui est finalement assez conséquent, se lit donc très bien parce que l’écriture est visuelle et immersive, mais aussi parce que l’action est bien dosée. On plante le décor dans toute l’introduction, avec les menaces qui pèsent sur nos héros, avant de les envoyer à l’aventure, derrière la forêt. Le suspense est donc bien mené, et on a envie de savoir comment tout le monde va s’en sortir. Certains éléments sont néanmoins devinables à l’avance, et l’on se doute de ce qui va arriver à certains personnages, ou même certaines révélations un peu tendues. Je regrette un peu que certains éléments ne soient pas traduits, surtout lorsqu’on parle de nourriture ou de vêtements, car j’ai eu un peu de mal à m’imaginer ces éléments. Cependant, dans l’ensemble, le roman se lit très bien.

En résumé, pour ma part, je ne suis pas loin du coup de cœur. J’ai vraiment aimé cette histoire et nos deux personnages principaux. Je trouve qu’ils ont tous les deux une belle évolution, et j’ai pris plaisir à les suivre. Leur romance est toutefois un peu répétitive, et certains éléments sont devinables dans le récit. Toutefois, l’écriture de l’autrice est fluide et immersive, et l’on est vraiment plongé dans un autre monde qui fonctionne très bien. C’est une très belle découverte pour ma part et j’ai hâte de découvrir la suite. Je ne peux donc que vous conseiller sa lecture.

Et vous ?

Qu’est-ce qui peut vous faire parvenir au coup de cœur dans une lecture ?

Qu’est-ce qui va vous toucher dans un roman ?

Qu’est-ce qui vous est essentiel ?

Bon jeudi à tous 😀

2 réflexions au sujet de « Les Sables d’Arawiya, tome 1 : Chasseurs de flamme »

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