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Jamais tu ne me quitteras

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que votre semaine se passe bien. En ce qui me concerne, je suis contente qu’elle se termine enfin. Je crois que je décompresse vraiment suite à la pression de ces dernières semaines, et du coup, mes réserves d’énergie, utilisées pour le bac blanc et tout le reste, sont en train de s’épuiser. Bien que j’adore mon travail, que je suis heureuse de le faire, d’y aller, et de construire mes cours, ma motivation n’est pas la meilleure en ce moment, et j’ai du mal à me concentrer. Je n’ose imaginer comment c’est pour les élèves, qui se mettent en plus une pression de dingue à cause de ParcourSup, des écoles où il faut impérativement aller, du bac à avoir, la pandémie, etc. Vivement les vacances pour avoir un peu de joie.

Aujourd’hui, je vous retrouve sur le blog afin de vous présenter une histoire qui va vous mettre justement la pression, qui va faire monter la tension de tous. Il s’agit du thriller Jamais tu ne me quitteras, de Chevy Stevens publié aux éditions l’Archipel. Je remercie d’ailleurs ces derniers pour l’envoi de ce roman en service presse, via la plateforme NetGalley. Le roman est sorti en France en octobre 2020 et voici son résumé :

Lindsey a refait sa vie sur une île proche de Vancouver. Voilà dix ans, la jeune femme avait pris la décision de fuir avec sa fillette un mari qui, sous une apparence d’homme idéal, lui faisait vivre l’enfer.

Aujourd’hui, Lindsey a la sensation d’être suivie et espionnée jusque chez elle – comme autrefois. Pour elle, ça ne fait aucun doute : Andrew, son ex-mari – sorti depuis peu de prison – veut se venger.

Andrew, lui, prétend qu’il a changé. Sincère repentance ou manipulation machiavélique ?

L’enfer recommence ! Et ses flammes vont tout dévaster…

Dans ce roman, nous suivons principalement deux personnages, qui sont donc Lindsey, et sa fille Sophie. Lindsey a reconstruit toute sa vie sur une île proche de Vancouver, où elle a monté son entreprise et où elle élève sa fille, Sophie. Mais voilà, son ex-mari Andrew vient de sortir de prison. Depuis ce moment, Lindsey est à cran, elle est persuadée qu’Andrew en a après elle. Elle l’a fui des années plus tôt. Mari violent, Andrew lui a promis de la tuer si elle cherchait à le quitter. Et il se pourrait bien qu’il mène enfin sa vengeance à son terme. Dans le même temps, Sophie tombe amoureuse, et elle qui commence à découvrir ce père qu’elle ne connaissait pas vraiment, pourrait à son tour découvrir l’engrenage de la possession et de la jalousie amoureuse.

Je vais commencer cette chronique par vous parler du personnage principal, à mon sens, qui est donc Lindsey. On la découvre tout d’abord dans son nouvel environnement, celui dans lequel elle vit depuis qu’elle a fui Andrew, en emportant que quelques maigres affaires et sa surtout sa file, pour qui son père état en héros. On comprend assez vite que malgré les années, malgré sa reconstruction et toute l’aide qu’elle a pu recevoir, Andrew exerce encore une grande influence sur Lindsay. En effet, bien que cette influence se soit calmer pendant son incarcération, elle est beaucoup plus vivace à sa libération. Ainsi, Lindsey sait que son ex-mari est libre, et elle s’attend à le voir débarquer dans a vie, ce qui suscite immédiatement sa peur et sa paranoïa. De ce fait, on ne peut n’être que touché par sa peur, par la crainte qui ne la quitte pas, à la fois pour sa vie, et pour celle de sa fille. Lindsey est persuadée que son ex-mari revient pour la tuer, pour lui faire payer le fait de l’avoir quitté. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’on a aussi les souvenirs de Lindsey, et que l’on découvre que cette peur n’est pas que de la paranoïa. En effet, par ses souvenirs, on découvre le personnage d’Andrew, et tout ce qu’il a fait subir à Lindsey. On ne peut donc qu’avoir de l’empathie envers cette femmes, et toutes les femmes victimes de la même violence, qui doivent affronter de telles situations. On peut facilement se dire que Lindsey peut, et surtout dit s’enfuir, mais cela n’est dans les faits pas si simple, comme je le préciserais dans la troisième partie de cette chronique. On est donc émue pour Lindsey, et on est inspiré par le courage et la volonté qui l’anime. Même lorsqu’elle sous l’emprise d’Andrew, Lindsey se bat, certes à sa manière, mais elle cherche à faire les meilleurs choix pour sa fille. Elle est même prête à se sacrifier pour Sophie. C’est une mère courageuse que nous avons devant nous, et qui le reste tout au long de l’histoire. J’ai été frappée par son courage et son envie de se battre. Et même si elle fait de mauvais choix, même si elle reste bloquée dans sa rancœur pour Andrew, dans le fait qu’elle refuse de lui pardonner ou de le laisser voir Sophie, elle reste un personnage à qui il est facile de s’identifier, qui nous fait nous demander comment on réagirait à sa place. Et il est certain qu’on n’a qu’une envie, c’est de la voir heureuse. Mais pour cela, elle doit apprendre à se défaire de son passé, et à ne surtout pas reproduire les mêmes erreurs, ou ne pas se lancer dans quelque chose de simple pour éviter le danger.

– J’ai réfléchi à ce que tu m’as dit ce matin. Tu ne vas nulle part. Je ne veux pas te faire de mal; mais je risque de ne pas pouvoir me contrôler. Je t’aime trop pour te laisser partir.

J’avais essayé de parler, pensant à toutes les choses que je devrais dire. Tu ne peux pas me forcer à rester avec toi. Ca ne marche pas comme ça, l’amour. Mais son regard m’avait laissée muette.

– Donne-moi du temps, avait-il repris. Les choses vont s’arranger.

Il s’était accroupi à côté de la baignoire, frottant de sa main la naissance de mon cou.

– Ne me brise pas le cœur.

Alors, je suis restée. Pas pour lui. Pour Sophie. Parce que je pensais sans cesse à ce trou dans le sol. Je ne voulais pas que ma fille grandisse sans mère. Je ne voulais pas passer le restant de mes jours à me dire que j’avais fait le choix de l’abandonner. J’étais décidée à faire des efforts. A être ne meilleure épouse. A payer de ma personne.

C’était il y a plus d’un an. Rien ne s’était arrangé.

Venons-en à présent à Sophie. Elle apporte un peu de fraîcheur dans cette histoire, et surtout un regard nouveau sur tous les événements. Sophie ne se souvient que des bons moments, elle ne se souvient ainsi pas de son père comme étant violent, mais comme un père aimant. De ce fait, sa vision est biaisée par rapport à celle de sa mère. Et comme toute ado, Sophie est certaine de ses choix, qu’elle fait les bons, et elle est dans une certaine forme de rébellion. Ainsi, elle va désobéir à sa mère, et se faire son propre avis sur ce père qu’elle adulait enfant, et qui est devenu un monstre aux yeux des autres. On ne peut qu’être admiratif de son courage et de sa volonté de rétablir ce père qu’elle connaît peu, même s’il est évident que Sophie devrait faire davantage confiance à sa mère, et surtout se méfier plus de son entourage. En effet, malgré tout ce que lui a appris sa mère, Sophie est encore un peu naïve, et elle ne fait pas du tout des choix judicieux. A-t-elle raison ou tort ? Cela se voit à la fin. Toutefois, elle ne se méfie pas assez, et manque de tomber dans le même piège que sa mère. Comme beaucoup de personnes, Sophie est persuadée que la foudre ne tombe pas deux fois au même endroit, ou qu’elle est protégée, ou que ce qui arrive aux autres ne peut pas lui arriver à elle. Or, en tant que lecteur, on voit facilement le piège se tendre autour d’elle. De ce fait, j’ai trouvé que Sophie manquait vraiment de recul sur les événements, et donc de maturité. Même si j’ai apprécié son personnage, et son côté libéré, décalé par rapport aux autres, j’aurais préféré qu’elle fasse plus attention à elle et qu’elle soit davantage sur la réserve, et pas seulement avec son père.

– Il m’a juré qu’il se tiendrait loin de ma mère et il dépose un cadeau sur son pare-brise !

– C’est assez romantique…

Je lui jette un regard.

– C’est flippant, oui !

– Pardon… C’est juste que je crois savoir comment on peut aimer autant quelqu’un.

– Mais si l’autre ne partage pas ton amour ?

– Alors, il doit définitivement renoncer. Mais moi, je ne renoncerais pas aussi facilement à toi.

Je sais qu’il veut me flatter, mais pourquoi n’a-t-il pas l’air de comprendre que ce que fait mon père n’est pas bien ?

En ce qui me concerne, je pense que toute la force de ce roman est dans le témoignage de Lindsey, qui nous montre qu’un couple heureux peut aisément basculer dans la violence, dans l’emprise psychologique de l’un des deux partenaires sur l’autre. En fait, avec les souvenirs de Lindsey, on voit comment est peu à peu mise en œuvre la violence d’Andrew, et comment cette dernière devient la norme au sein du foyer. On découvre, et l’on comprend aussi mieux pourquoi Lindsey ne peut pas s’enfuir, pas sans soutien, pas sans un moment précis. En effet, cette violence est progressive, et Lindsey ne la comprend pas dès le début. Or, lorsqu’elle la percute de plein fouet, il est déjà trop tard, et Andrew est prêt à tout pour l’empêcher de s’enfuir, même à la menacer de mort. Il a déjà l’ascendance sur elle, et surtout sur ses proches. Andrew a tout du gendre idéal, et Lindsey ne sait plus vers qui se tourner pour demander de l’aide. Elle se retrouve ainsi seule, avec sa fille. On voit donc comment le piège s’est mis en place autour d’elle, sans même qu’elle ne s’en rende compte. On voit donc comment les femmes comme elles se retrouvent piégées, sans possibilité de fuite, si elles n’ont pas d’aide. On dit souvent que lorsqu’on homme devient violent, il suffit de le quitter, mais ce roman montre justement à quel point cela n’est pas simple, surtout sans argent et sans aide. Or, Andrew peut aisément obtenir la garde de sa fille en cas de litige, il est son père, ce qui pourrait aussi avoir de graves répercussions pour la suite. Lindsey est donc obligée de rester, au moins pour un temps, et cela nous fend le cœur de la voir affronter cette situation. Mais l’autre intérêt de ce roman, c’est justement l’après. Eb effet, on vot à quel point Lindsey est toujours sous l’emprise d’Andrew, à quel point la peur ne la quitte finalement pas. Elle a beau se battre de toutes se sforces contre lui, elle reste SA chose, elle ploit devant lui, parce qu’il lui fait peur. Cela montre bien tout le travail de rééducation, de reconstruction, qu’il faut mener après un tel drame, afin que la victime – et Lindsey déteste se considérer comme une victime – puisse refaire sereinement sa vie, et ne pas retomber dans les mêmes travers. C’est donc un roman qui nous fait réfléchir, et j’avoue qu’on regarde après nos relations de couples avec une nouvelle lucidité.

J’entendis le respect dans sa voix et le sentis couler à travers mon corps. Elle n’avait rien remarqué. La vérité était sur le point de franchir mes lèvres. Je ne pouvais plus la garder pour moi, je ne pouvais plus supporter seule le poids de mes angoisses, de mes peurs, mais l’idée de tout avouer à ma mère me paniquait. J’imaginai la tête d’Andre s’il découvrait que j’avais parlé de lui. Je pensai au fusil de chasse qu’il gardait dans un rack verrouillé, même s’il chassait rarement. je pensai au passeport de Sophie qu’il gardait dans un coffre à la banque, dont il était le seul à détenir la clé.

(…) Il a un problème d’alcool, maman. Quand il boit, il se met en colère. Je crois vraiment qu’il pourrait me faire mal. Il Tu ne sais pas comment il est. Je n’ai pas le drit de respirer. Il est tellement jaloux. Il m’espionne, il fouille dans mes affaires. Il veut un autre enfant mais je prends ma pilule. Je la cache dans ma boite de tampons. Je veux le quitter mais je suis terrifiée à l’idée qu’il puisse m’enlever Sophie. Je n’ai rien à moi. Qu’est-ce que je pourrais faire ? Comment je peux me sortir de cette situation ? je n’ai même pas de carte de crédit ni de compte en banque. Tout est à son nom. Je suis piégée.

J’imaginai comme cet aveu laisserait ma mère sous le choc, abasourdie, bouleversée. Combien elle se sentirait blessée en découvrant que je lui avais caché la vérité depuis si longtemps. Et inquiète pour Sophie et pour moi.

En ce qui concerne l’écriture, elle est très fluide, et le roman se lit très bien. Une vraie angoisse est mise en place ici, parce que l’on ressent parfaitement les peurs de Lindsey envers Andrew, que ce soit dans le passé ou le présent, et parce que les choix étranges fais par Sophie ne peuvent que lui retomber dessus. Pendant une grande partie du roman, on se demande donc comment tout cela va se terminer, quand Andrew va pouvoir prendre prendre l’ascendance sur son ex-femme et sa fille. Toutefois, je dois avouer qu’au bout d’un moment, j’ai commencé à trouver que l’histoire tournait en rond. Le rebondissement qui a lieu vers la fin m’a laissée un peu de marbre, parce que l’on ne s’y attend pas, et bien que l’histoire soit alors renouvelée, je me demandais où voulait en venir l’autrice. Mais je dois avouer que cela est bien joué, car l’on ne s’attend pas du tout aux révélations finales. De ce fait, bien que l’on ait l’impression de savoir comment va se terminer ce livre dès le début, l’autrice parvient à sortir des clichés et des attentes, et à apporter une vraie surprise à l’histoire. C’est pour cela que malgré mon manque de motivation lors du rebondissement, j‘ai tout de même eut beaucoup de mal à lâcher ce roman, tellement on est emporté par l’histoire.

En résumé, ce roman est une belle découverte, que je vous conseille. Certes, j’ai trouvé l’histoire un peu longe à certains moments, mais il y a une vraie tension présente ici, qui est mise en place parce que l’on s’attache aux personnages principaux, et que l’on a peut pour leurs vies. L’autrice parvient à nous démontrer que cette violence qui est dans la vie de Lindsey peut arriver à n’importe quelle femme, et que cela est loin d’être simple de quitter un pareil engrenage, que la peur est finalement toujours là. Le personnage de Sophie et ses choix discutables démontrent d’ailleurs que même en ayant connaissance de la chose, n’importe qui peut se faire piéger. C‘est donc un roman qui nous fait réfléchir sur le couple, sur les violences, mais aussi sur le sens de la vie, et jusqu’où on pourrait aller pour obtenir réparations. Le récit se lit bien, c’est une histoire plaisante à suivre.

Et vous ?

Lire un livre vous fait-il regarder votre vie différemment ?

Un roman peut-il impacter votre vie ?

Quels sont les sujets que vous aimez-vous retrouver dans ce genre d’histoire ?

Bon vendredi à vous 🙂

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