chroniques littéraires

Beaucoup d’amour et quelques cendres

Bonjour les amis. J’espère que vous allez tous bien et que votre semaine s’est déroulée comme vous le souhaitiez. Pour ma part, j’ai encore une fois été bien occupée, car j’ai terminé, enfin, l’écriture d’un manuscrit, que je souhaitais terminer il y a déjà plusieurs mois, et que je me suis attaquée à la correction de certaines de mes copies. De plus, je suis allée rendre visite à mes beaux-parents, ce qui m’a pris la journée. Autant le dire, je ne m’ennuies pas. Ces vacances sont donc encore bien occupées de mon côté, ce qui explique que j’ai mis le blog un peu de côté, même si j’ai enfin avancé dans mes lectures.

Mais aujourd’hui, je reviens avec une lecture que je devais absolument vous partager. Il s’agit, en effet, de l’une de mes dernières lectures, l’un des livres que j’ai terminé cette semaine. Il s’agit, en outre, de l’un des romans que je me suis prise la semaine dernière, lors du salon le Printemps du Livre de Montaigu. Ce titre, j’ai eu de la chance de pouvoir le lire en avant-première, car il ne sort que la semaine prochaine, officiellement, soit le 2 mai. Il était disponible au salon, c’est pour cette raison que j’ai pu le lire en avance. Il s’agit du roman Beaucoup d’amour et un peu de cendres, le dernier titre de Julien Sandrel, que je remercie beaucoup pour sa dédicace. Ce titre paraîtra aux éditions Calmann-Lévy. Voici son résumé :

Lucia est une étudiante enceinte de quatre mois, Hortense une quadra aux prises avec un maître chanteur, Joséphine et Arsène forment un couple de retraités fantasque, Max exerce l’étrange métier de « disperseur de cendres » des défunts…

Tous les cinq se retrouvent sur le tarmac de l’aéroport de San Francisco, où les accueille Jim, qui sera leur guide tout au long du voyage.

Très vite, des détails vont dérailler. Et ce voyage qui s’annonçait comme une parenthèse de rêve va se révéler beaucoup plus déstabilisant que prévu.

Et s’il ne s’agissait pas d’un simple jeu ?

Au bout de l’aventure, un trésor les attend, qui ne ressemblera en rien à ce qu’ils imaginaient… Il y aura quelques larmes.

Et beaucoup d’amour.

Dans cette histoire, nous suivons donc plusieurs personnages. Tout d’abord, il y a Lucia, une jeune femme enceinte qui se retrouve dans logement après avoir été virée de sa colocation suite à ses problèmes d’argent. Nous avons également Hortense, qui est poursuivie par un maître chanteur après qu’elle ait pété les plombs suite à son licenciement. Puis Max, qui a perdu sa femme dans un accident de voiture. Enfin, Arsène et Joséphine, qui cachent chacun un secret. Et Jim, leur hôte, qui pourrait également cacher quelque chose. Tous ces personnages vont se retrouver en Californie, pour un jeu dont Jim est le maître de cérémonie. Seulement, il se pourrait que les apparences soient trompeuses, et que toute cette mise en scène cache autre chose.

Je vais commencer cette chronique par vous parler de certains des personnages. En effet, on est davantage touché par l’histoire de certains, et c’est de ceux-ci que je vais vous parler maintenant. Je vais donc m’arrêter sur le personnage de Lucia, qui m’a assez marquée. En effet, on sent que cette dernière n’a pas eu une enfance et une adolescente simple, heureuse, et qu’elle cherche à prendre une certaine revanche sur la vie. Pour cela, elle s’amuse et joue avec les hommes. D’une certaine manière, on peut la trouver assez immature, et c’est l’impression que j’ai eu au début du roman, lorsque Lucia se retrouve sans logement, alors qu’elle est enceinte et qu’elle ne travaille que de manière illégale. On se demande alors comment elle va survivre, et on comprend pourquoi le jeu devient sa bouée de sauvetage, si elle gagne. De ce fait, Lucia est celle qui s’investit le plus dans le jeu, et j’ai alors apprécié de la voir utiliser tous ses talents pour gagner chacune des étapes. Au fur et à mesure de notre lecture, on découvre ainsi une jeune femme pleine de vie, qui ne tient pas à gâcher la sienne à cause de cette grossesse qu’elle ne veut pas vraiment. Et j’ai alors été assez interloquée par la manière dont elle conçoit celle-ci, parce que Lucia a une attitude assez étrange face à cette grossesse. Elle a un vrai détachement par rapport à son état, comme si elle ne s’en rendait pas vraiment compte, ce qui va peu à peu changer au cours du roman, lorsqu’elle va créer un certain lien avec ce qu’il se passe dans son corps, jusqu’à ce qu’on comprenne pourquoi elle agit ainsi. J’ai donc vraiment apprécié le personnage de Lucia, qui se laisse peu à peu découvrir au fil du roman, qui se dévoile au fur et à mesure, et qui montre une jeune femme qui a envie de s’amuser, de profiter de ce voyage et de la vie, mais qui est loin d’être naïve ou manipulable, qui sait ce qu’elle veut. Elle m’a assez impressionnée dans ses arguments et dans sa manière de concevoir la vie.

– Tu as dit qu’on ne devait pas corrompre les touristes, mais tu n’as jamais dit qu’on n’avait pas le droit de se faire un peu d’argent de poche.

– Tu es quand même censée faire visiter le quartier, pas raconter n’importe quoi ?

– Comment sais-tu que ce n’est pas la véritable histoire d’Elvis et de Priscilla ?

Il eut un instant d’hésitation, et Lucia éclata de rire.

– Voilà, exactement. L’essentiel n’est pas la vérité, l’essentiel c’est de repartir chez soi avec de belles histoires. Allez, maintenant on va aller expliquer à ces messieurs-dames où vivait la nounou chinoise de John Fitzgerald Kennedy – nounou communiste que JFK adorait et qu’on ne trouve pas dans les livres évidemment, guerre froide oblige !

Jim sourit franchement, puis croqua dans le gâteau – délicieux. Lucia, quant à elle, songea qu’elle croquerait bien Jim en retour.

A présent, j’aimerais vous parler du personnage inverse de Lucia, qui est Max. Si Lucia aime la vie, Max lui est vraiment dépressif. En fait, on se demande même, pendant un temps, pourquoi il est présent dans ce voyage, et s’il va tenir tout du long. Max a une histoire assez triste, qu’on découvre là aussi au fil de notre lecture. C’est donc un personnage qui m’a marquée à cause de cette histoire, qui m’a touchée à cause de celle-ci et du mal-être qui est provoqué par ce qu’il s’est passé dans sa vie. Max ne rêve que d’une chose, c’est de pouvoir mettre fin à sa vie, alors que Lucia provoque le début de la sienne. On a donc deux personnages aux antipodes. Cependant, au contact de celle-ci, Max va s’ouvrir, et c’est alors vraiment intéressant de le voir prendre un peu de distance par rapport à sa douleur, même si cette dernière ne le quitte pas. J’ai vraiment apprécié son évolution, les interrogations qui vont être les siennes suite à la culpabilité qui ne le quitte pas, et son envie de vivre qui va se manifester de la plus étrange des manière. Ce qui est alors plaisant, c’est que nous ne sommes pas sur une romance, ici. Max ne va pas tomber amoureux de Lucia ou inversement, mais nous sommes plus sur une relation d’amitié et de respect, qui va donc pousser Max à remettre en question les plans qu’il avait prévu, afin de s’interroger sur ce qu’il veut vraiment. C’est donc plaisant de voir Max revenir peu à peu à la vie, grâce à Lucia. Quant aux autres personnages, ils sont aussi super intéressants, et j’ai vraiment apprécié l’histoire qui se cache derrière celle de Joséphine et d’Arsène, qui va également se dévoiler peu à peu au cours de la lecture.

Là, penché sur les flots à soixante mètres de la surface de l’eau, il se dit qu’il aurait tout aussi bien pu sombrer tout de suite, s’élancer de ce pont… Pourquoi attendre, pourquoi s’infliger toute cette beauté quant tout lui semblait triste et sans avenir ? Parce qu’il se l’était promis. Et parce qu’il s’accrochait à l’idée que, peut-être, Pauline l’observait, de là où elle était. Et qu’elle était heureuse de ce dernier voyage auprès de lui.

J’en arrive maintenant à l’histoire en tant que telle. J’avoue qu’au début du roman, je me demandais un peu où voulait nous emmener l’auteur. Comme d’habitude, je n’avais pas lu le résumé, et c’est en commençant ce roman, au bout de quelques pages, que je me suis montrée curieuse par rapport à celui-ci. En vérité, je pense qu’il faut prendre ce roman comme il vient, sans chercher à comprendre dès le début dans quoi nous embarque l’auteur. En effet, on commence ce récit avec un jeu, qui nous envoie donc en Californie, découvrir les richesses de cette région du monde. Pourquoi ce lieu ? Il faudra attendre la fin pour le découvrir. Et j’avoue que je me suis alors prise au jeu moi aussi. J’ai aimé le principes des défis qui sont proposés aux personnages, qui leur permettent de découvrir la ville et essayer de s’allier, ou non, de récupérer des pièces du puzzle et comprendre dans quoi ils sont embarqués. J’ai vraiment aimé cette plongée dans cette partie des Etats-Unis que je ne connais pas, si ce n’est ce qu’on en voit à la télévision, et la manière dont tout est décrit donne vraiment envie de partir sur les traces des personnages et de découvrir à notre tour ce qu’ils explorent. C’est vraiment plaisant de découvrir cette région ainsi. Une certaine tension se manifeste toutefois au cours du roman, ce qui donne un ton totalement différent à l’histoire qui nous est racontée. On comprend alors que tout le monde a quelque chose à cacher, et on bascule presque dans un roman policier, avec une tension réellement perceptible entre chacun des personnages, qui vont se méfier les uns des autres. J’ai apprécié ce basculement, car cela montre que l’histoire qui nous est présentée ici n’est pas un récit ordinaire, et j’ai aimé le fait que l’auteur joue autant avec ses personnages qu’avec le lecteur. Les révélations qui sont alors faites vers la fin montrent ensuite toute la tendresse qui existe entre ces mêmes personnages, et la manière dont la vie peut se montrer belle et surprenante. On ne s’attend pas à celles-ci, et j’ai aimé être surprise de cette manière. Elles sont très émouvantes et touchantes. J’ai apprécié qu’on évoque la maladie, mais également à quel point la famille doit compter.

– Putain mais vous ne comprenez pas ? Chacun de nous est coupable de quelque chose… comme dans le roman d’Agatha Christie ! Vous vous souvenez ? Un taré réunit dix personnes qu’il considère comme coupables, et qui les zigouille pour les punir, pour faire justice lui-même. Le tout en prenait bien soin qu’aucun ne s’échappe… ça ne vous rappelle rien ? Souvenez-vous de ces machins de géolocalisation qu’on a trouvés dans nos sacs hier !!

Hortense regarda une nouvelle fois autour d’elle. Elle remarqua que les brasiers qui entouraient le camp étaient disposés en cercle. Comme s’ils délimitaient une arène, au cœur de laquelle ils se trouvaient désormais. L’atmosphère lui parut plus que jamais lugubre. Sa gorge se serra lorsqu’elle finit par lâcher, le souffle court :

– Eh bien moi je crois qu’on n’est pas là par hasard, et que quelqu’un tire les ficelles de cette prétendue chasse au trésor, et qu’on va se faire zigouiller ici même, dans ce camp chelou de SDF, au beau milieu de la vallée de la Mort.

Pour ce qui est de l’écriture de ce roman, elle est vraiment fluide et aboutie. On n’a pas envie de lâcher ce roman dès qu’on commence les premières pages, parce qu’on veut voyager avec les personnages, puis comprendre ce qui les lie, pourquoi eux et pas d’autres ? On veut découvrir nous aussi ce qui se cache derrière ce voyage, si c’est une menace ou autre chose. Et lorsque c’est le cas, on veut pleurer avec les personnages, être émus avec eux. L’auteur manie avec soin son suspens, on passe par beaucoup d’émotions en lisant ce roman. On peut à la fois se croire dans un roman à suspens, parce qu’il y a vraiment une tension au cours de la lecture, mais on est aussi sur un roman contemporain, avec ses joies et ses peines, et c‘est vraiment touchant de découvrir sa fin. Les chapitres s’enchaînent vraiment bien, on est happé par l’histoire et on la lit sans même s’en rendre compte. Les décors sont vraiment bien décrits, on s’y croirait, et les émotions des personnages sont perceptibles.

En résumé, je ne peux que vous conseiller cette lecture si vous aimez les romans qui vous font rire et pleurer, qui évoquent la vie avec toute sa palette d’émotions. C’est une très belle lecture menée par des personnages vraiment plaisants à découvrir. Dans cette chronique, je vous ai parlé de Lucia et de Max, qui m’ont vraiment marquée, mais j’aurais pu vous parler de Jim, d’Hortense, de Joséphine et d’Arsène, qui sont eux aussi des personnages centraux dans ce récit. C’est un roman qui évoque beaucoup de thèmes, comme la vie et la maladie, le deuil et l’amour, tout cela mené d’une main de maître. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir en lisant ce roman, et en découvrant le décor de la Californie, ce qui m’a donné envie d’y aller à mon tour. C’est donc une lecture à découvrir, un coup de cœur pour moi.

Et vous ?

Qu’est-ce que vous aimez retrouver dans un roman contemporain ?

Qu’est-ce qui peut vous toucher dans une lecture ?

Ou, au contraire, ne pas vous faire apprécier celle-ci ?

Bon dimanche à tous 🙂

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