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Stitch

Bonjour les amis. J’espère que vous allez tous bien et que vous avez entamé cette nouvelle semaine comme vous le désiriez. Pour ma part, j’essaye de prendre le temps de faire les choses, ce qui n’est pas toujours simple puisque j’ai toujours milles choses à faire. Mais pour pouvoir mener la prochaine période de l’année scolaire comme je le veux, sans trop de stress, je crois que je n’ai pas vraiment le choix. Et cela fait également du bien au moral, de se poser un peu.

Le fait de me poser me permet d’avancer dans mes lectures, ce qui n’est pas mal car mon rythme est vraiment en dessous de ce que j’ai pu connaître ces dernières années, depuis que j’ai commencé à travailler en bibliothèque en fait. Cette année est vraiment particulière pour moi car j’ai le sentiment d’avancer dans de la gelée, de faire du sur-place. Les petites victoires sont donc notamment appréciables, et c’est pour cela que je reviens aujourd’hui vers vous avec une nouvelle chronique. Aujourd’hui, je vais donc vous parler de l’une de mes dernières lectures, du roman Stitch, un roman jeunesse paru chez Lumen Editions. Je remercier d’ailleurs vivement ces derniers de me l’avoir envoyé en service presse via la plateforme NetGalley. Ce roman serait parfait pour la lecture, en sixième, sur l’idée du monstre. Ce titre est écrit par Padraig Kenny, qui possède d’autres titres publiés chez Lumen Editions et que j’ai chroniqué sur le blog. Le roman est sorti en mars 2024 chez nous, et voici son résumé :

Stitch vit avec son ami Henry dans un château isolé dont il n’est jamais sorti depuis qu’un brillant scientifique lui a insufflé la vie. Les jours s’égrènent jusqu’au moment où Gilles, le neveu du professeur, vient leur rendre visite C’est un homme ambitieux qui rêve de sublimer les projets de son oncle, quoi qu’il en coûte. Mais quand une expérience tourne mal, Henry s’enfuit et Stitch n’a d’autre choix que de braver le monde du dehors et de s’élancer dans l’inconnu à la recherche de son ami de toujours.

Dans cette histoire, nous suivons donc Stitch, qui porte parfaitement son nom, qui veut dire « suture ». Stitch est en effet un garçon bien différent des autres. Tout d’abord, il vit isolé dans un manoir, avec le professeur qui lui a donné la vie, et Henry, la première création du professeur. Ensuite, il n’est pas né comme les autres, puisqu’on lui a insufflé la vie. Enfin, il n’a pas besoin de se nourrir. Sa vie toute tranquille bascule alors lorsque le neveu du professeur débarque au manoir, et veut à son tour tester les inventions de ce dernier. Stitch va alors devoir défendre ce qu’il estime être juste face à cet homme bien décidé à le considérer comme une expérience.

Je vais commencer cette chronique par vous parler du personnage de Stitch. Comme je l’ai mis dans le résumé, c’est un petit garçon assez différent des autres. Ainsi, il ne connait du monde que ce qu’il en a entendu dire par le professeur, ou par Henry, qui n’y a jamais mis les pieds. Il a donc développé sa propre idée de celui-ci, notamment grâce à un livre qui lui a été offert, sur les grandes explorations. Le rêve de Stitch est alors de partir découvrir ce monde qu’il ne connaît pas. Il veut partir explorer ce monde et découvrir ses merveilles. C’est alors ce que j’ai aimé avec Stitch, cette faculté qu’il a de s’émerveiller de tout ce qui l’entoure, de prendre du plaisir à se trouver dans la nature et à découvrir les autres, à observer leurs différences. Il a un vrai regard sur le monde, il n’est pas blasé par ce dernier, tout devient donc alors une occasion de voir sa beauté. On pourrait dire que Stithc est assez naïf là-dessus, mais j’ai trouvé que c’était ce qui faisait sa force. Il ne voit pas le mal, il ne voit que le beau. Et cela vaut aussi bien pour la nature que pour les autres humains, et cela rend son personnage vraiment gentil et mignon. On n’a pas vraiment envie de lui dire à quel point le monde peut se montrer cruel. Pourtant, Stitch est loin d’être normal. Il est le fruit d’une expérience. Comme il va le découvrir dans le récit, Stitch est un assemblage de cadavres à qui on a donné la vie. Cela va alors le pousser à se demander ce qu’il est vraiment, s’il est un monstre ou s’il est humain. On est alors touché par toutes ces questions que se pose le personnage, et toute la détresse qu’il peut ressentir à ce moment-là. On est triste qu’il soit confronté ainsi durement à sa réalité, parce que c’est un personnage auquel on s’attache assez vite. Et j’en arrive alors au dernier point sur Stitch. C’est un personnage auquel on s’attache parce qu’il est fondamentalement gentil. Stitch ne voit pas le mal chez les autres, et surtout, il est prêt à tout pour les défendre. C’est d’ailleurs ce qu’il va faire avec Henry, ou même Alice. Il montre, dans ces moments-là, toute l’étendue de son courage. C’est vraiment intéressant de le voir ainsi se dépasser pour ce qu’il estime être juste. Il montre ainsi ce qu’on attend d’un tel personnage, et il en devient un modèle pour les autres. Le personnage de Stitch met alors en évidence de belles valeurs, celles qu’on a envie de défendre, comme lui.

Il tourne vers Stitch son visage furieux tout en époussetant les débris incandescents qui lui tombent dessus. Quand la table s’écrase sur le sol, le garçon s’empresse d’aller dénouer les liens de Henry. Il a tout juste le temps de libérer son ami que le scientifique se rue sur lui, l’envoyant s’étaler par terre, avant de le toiser de toite sa hauteur.

– Comment oses-tu ? As-tu la moindre idée de ce que tu viens de faire ?

Stitch se relève.

– Je crois, oui. J’ai interrompu une expérience à laquelle mon ami n’avait aucune envie de participer.

Pour ce qui est des personnages secondaires, ils sont alors plus variés. Nous avons tout d’abord Henry, le meilleur ami de Stitch, qui est comme lui, une expérience. Henry sait toutefois plus de choses que Stitch, puisqu’il est le premier, et dans le même temps, il est celui qui se contrôle le moins. Néanmoins, on sent rapidement que Stitch a envie de le protéger, comme le ferait un petit frère qui connaît les défauts de son grand frère. J’ai alors apprécié la relation qu’ils ont tous les deux. Henry sait qu’il fait de mauvaises choses, mais qu’il ne les contrôle pas, et Stitch lui pardonne en l’aidant à s’améliorer, tandis qu’Henry lui apprend également de nouvelles choses, comme du vocabulaire. On sent tout l’amour qu’ils ressentent l’un pour l’autre, un lien qui les unit et qui ne peut être rompu. Ils sont vraiment mignons tous les deux à essayer de comprendre le rôle qu’ils peuvent jouer dans le monde, même si Henry est bien plus effrayé que Stitch, sans doute parce qu’il est plus lucide sur son propre état. Mais dans les personnages secondaires, nous avons aussi le neveu du professeur, qui va donc jouer ici le rôle du méchant. Il est là pour mener de nouvelles expériences, et pour lui, Henry et Stitch ne sont que des rats de laboratoire. Certes, on apprend rapidement dans le récit pourquoi il a ce but, mais j’aurais aimé que son personnage soit moins manichéen, même si la fin rattrape un peu cela. C’est un personnage qui aurait mérité d’être un peu plus développé et exploité pour qu’il soit manichéen, car il en a le potentiel. Néanmoins, le personnage que j’ai préféré, dans les personnages secondaires, est celui d’Alice, l’assistante du neveu. On sent tout de suite qu’elle n’est pas vraiment d’accord avec lui, et qu’elle veut le ramener à la raison. Dès son arrivée, elle ne traite pas Stitch ou Henry comme des monstres ou des sujets de laboratoire, mais comme des êtres à part entière, comme des humains, comme des garçons. Elle se montre gentille avec eux, et même si elle fait des erreurs qui vont avoir certaines conséquences, elle a aussi envie de croire à la beauté du monde proposée par Stitch. C’est d’ailleurs cela qui est agréable avec elle, parce qu’elle va faire confiance à Stitch, alors même qu’elle n’est pas certaine qu’il ait raison. Elle n’est pas assez confiante que lui, mais elle va se fier à sa vision de la nature humaine. J’ai vraiment apprécié les réflexions qu’ils vont avoir tous les deux sur la mort, sur les monstres et sur la nature humaine. Alice est un personnage intéressant et mature, qui va apprendre beaucoup au contact de Stitch.

– Je parlais des gens, précise Alice.

La remarque tire le garçon de sa rêverie.

– C’est-à-dire ?

– Ils ont tendance à faire du monde… un endroit pas très accueillant. Surtout quand on n’a rien, comme moi.

– Tu n’aimes pas les gens ? s’étonne Stitch?

– Ils ne sont pas tous mauvais, tempère la jeune fille, embarrassée. Mais si tu avais eu la même vie que moi… C’est peut-être difficile à comprendre quand on n’a pas l’expérience du monde extérieur.

J’en arrive maintenant aux thèmes principaux de cet ouvrage. Comme vous avez déjà pu le comprendre, nous sommes sur un roman qui nous interroge sur la nature humaine et sur ce qui compose les monstres. Nous sommes ici sur une réécriture de l’histoire du monstre de Frankenstein adaptée pour la jeunesse, et nous interrogeant sur la réelle monstruosité de Stitch, qui est liée à son apparence, et celle des hommes, liée à leur cruauté et leur vision des différences. Nous avons alors quelques discussions sur ce sujet entre Stitch et Alice, puis, lorsque les personnages sortent dans le monde extérieur, une vraie confrontation entre les hommes et Stitch. J’ai vraiment apprécié ce thème et ce qu’il soulève, le fait que le monde est bien plus beau lorsque les individus acceptent les différences des autres, lorsque le monde est solidaire et gentil avec les autres, plutôt que lorsqu’il cherche à réduire en esclavage, voire pire, ceux qui ne lui ressemble pas. On a donc une vraie réflexion ici sur le monde que l’on veut, une réflexion qui est bien adaptée au public visé, celui des enfants. Cette réflexion est alors bien menée, et j’ai apprécié la manière dont l’auteur l’amène, tout en douceur, en nous faisant d’abord découvrir Stitch puis ensuite Henry, qui est un monstre à sa manière. Mais ce roman nous parle aussi du deuil, de la mort, et comment appréhender la perte de l’autre. Si le neveu du professeur débarque, c’est parce que celui-ci est décédé, et Stitch va devoir apprendre à faire avec, ce qui va l’interroger sur sa propre nature. Où va-t-on lorsque l’on meurt ? Et lui, qu’est-il ? Peut-on ramener les morts à la vie, comme le pense le neveu du professeur ? Toutes ces questions, auxquelles on aura évidemment pas de réponses dans le roman, vont alors guider la quête de réponses de Stitch, et la manière dont il va saisir la vie. Il va ainsi en comprendre toute l’importance, et c’est aussi cela qui va le pousser à se battre pour ses valeurs.

– Eh bien, il arrive que le mot « monstre » soit bien choisi, surtout pour décrire un individu particulièrement cruel ou un acte affreux. Parfois, certains l’utilisent aussi pour rabaisser ceux qui leur paraissent différents.

Voilà qui déconcerte Stitch.

– On est tous différents, Alice. C’est le professeur qui me l’a appris. Il n’existe pas deux choses identiques dans le monde. Il disait.. (Concentré, il tente de se rappeler les mots de son professeur.) Il disait que la vie se compose d’une multité de choses. Selon lui, c’est ce qui fait sa beauté.

Il sourit, mais l’expression de la jeune reste grave.

– Certaines personnes utilisent les mots comme des armes, pour faire du mal. Moi, par exemple, on m’a aussi traitée de monstre.

Parlons à présent de la plume de l’auteur. Je l’ai trouvée vraiment fluide. On est tout de suite immergé dans l’univers qui nous est proposé, avec un héros auquel on s’attache tout de suite tellement on comprend sa solitude et son envie de voyager. C’est un personnage qu’on a envie de défendre et de suivre, qu’on découvre vraiment bon et gentil. L’histoire avance alors assez vite, avec l’arrivée du neveu et ses plans, et il n’y a pas de temps d’ennui. Les chapitres s’enchaînent bien et on est bien plongé dans l’aventure qui va voir Stitch évoluer. L’auteur se met bien à la place de son personnage, et celui-ci a une histoire qui correspond à de belles valeurs. Celle-ci est bien adaptée aux plus jeunes. Le roman correspond bien à ce qu’on peut retrouver au programme en classe de 6e, en français, et je pense donc qu’on peut vivement le conseiller pour cette tranche d’âge.

En résumé, c’est un roman que j’ai beaucoup aimé. J’ai apprécié le personnage de Stitch, qui est vraiment agréable à suivre, tout mignon, et qu’on a envie de défendre face à la brutalité du monde. J’ai également aimé les personnages secondaires, même si certains auraient mérité d’être un peu plus développés. J’ai aimé le personnage d’Alice, qui permet de belles discussions avec Stitch. Les thèmes du roman sont variés, on discute de ce qu’est un monstre, de la beauté du monde, et de la mort. Tous ces thèmes sont bien construits par l’auteur, avec sa plume fluide, qui nous plonge bien dans sa réécriture du monstre de Frankenstein. C’est donc une lecture que je vous conseille. Le roman se lit bien, c’est une belle découverte.

Et vous ?

Qu’aimez-vous retrouver dans les romans jeunesses ?

Qu’est-ce qui vous fait vous attacher à un personnage principal ?

Qu’aimez-vous dans les personnages secondaires ?

Bon mercredi à tous 🙂

3 réflexions au sujet de « Stitch »

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