chroniques littéraires

Månvind & Hoff, tome 1 : Le Corbeau de Nuit

Bonjour les amis. J’espère que vous allez tous bien et que vous avez passé un bon début de semaine. Le mien a débuté avec l’oubli de mon C’est Lundi, que Lisez-vous ? à cause de mes problèmes professionnels, et j’ai également mené mes derniers cours de l’année au collège. Cela est toujours aussi étrange de dire au revoir aux élèves sans pouvoir répondre à leurs questions : vous reverra-t-on l’année prochaine ? Cette période de juin, avec cette question qui tourne en boucle dans ma tête, est vraiment pénible.

Mais aujourd’hui, je reviens surtout vers vous parce que j’ai enfin un peu de temps pour m’occuper du blog, et cela fait du bien, parce que cette année, cela n’a pas été toujours ça. J’ai l’impression de ne pas avoir autant partager mes lectures avec vous que les autres années, et aussi d’avoir moins lu. Et aujourd’hui, je reviens donc pour vous parler du roman Le Corbeau de Nuit, qui est un premier tome. Ce roman, je l’ai lu ces dernières semaines. Il s’agit d’un roman jeunesse policier. Il est écrit par Johan Rundberg, un auteur suédois. Il est donc traduit et publié en France par les éditions Thierry Magnier. Le roman est sorti en novembre 2023 et voici son résumé :

Stockholm, 1880. Mika, onze ans, vit dans un orphelinat depuis toujours. Sa vive intelligence et ses capacités d’observation hors du commun sont repérées par un inspecteur de police qui lui propose de s’associer à lui. Leur mission ? Mettre la main sur un dangereux meurtrier, le Corbeau de Nuit, avant qu’il ne fasse de nouvelles victimes.

Dans cette histoire, nous suivons donc Mika, une jeune orpheline qui travaille afin de survenir aux besoins du lieu qui l’a élevée. Elle vit à Stockholm, où l’hiver, particulièrement rude, paraît sans fin. Mais Mika est capable d’observer avec soin ses contemporaines, ce qui va l’entraîner à la poursuite d’un dangereux tueur en série, avec un policier bien ronchon.

Je vais commencer cette chronique en vous parlant du personnage de l’héroïne, qui est donc Mika. C’est une jeune fille très débrouillarde, qui ferait n’importe quoi pour protéger ceux qu’elle estime être sa famille, c’est-à-dire le personnel de l’orphelinat où elle vit, ainsi que les enfants qui y sont recueillis. Comme la période est compliquée, Mika fait tout pour les rassurer ou pour les amuser. Elle représente donc cette grande-sœur présente pour apporter un peu de joie aux enfants qui n’en ont pas. Mais Mika veille aussi sur eux comme le ferait une mère, attentive aux besoins de ses proches. Elle est assez empathique, et j’ai apprécié ce trait de qualité. Malgré tout ce qu’elle a vécu, elle conserve une certaine fraîcheur et une envie d’aider les autres. Elle n’est pas cynique. C’est également une petite fille très observatrice, et ce trait de caractère va être important pour la suite, car c’est ce qui va la propulser dans cette enquête. Mika, étant une orpheline, a appris à observer ceux qui l’entoure afin de déterminer s’il s’agissait d’ennemis ou non. Elle se méfie ainsi de tout le monde, au cas où. C’est alors intéressant de la voir évoluer sur cette enquête et repérer des éléments que personne n’avait vu avant elle. J’ai également apprécié sa vivacité d’esprit, ce qui fait qu‘elle est parfaitement capable de comprendre les enjeux et d’en tirer des conclusions. Et comme c’est une enfant débrouillarde, elle est en mesure de trouver des solutions originales pour résoudre les problèmes qui se posent sur sa route. J’ai aimé cette qualité chez elle, qui fait qu’elle est assez imprévisible car on ne sait pas toujours ce qu’elle a derrière la tête et quelle solution elle va trouver pour se sortir du pétrin. C’est aussi intéressant de la voir évoluer avec Valdemar, le policier avec qui elle se retrouve à faire équipe. Ils développent un lien assez intéressant, qui montre toute l’amitié que Mika va finir par éprouver pour lui. Et elle va développer une vraie passion pour les énigmes. Je me suis donc attachée à elle et à son histoire. C’est un personnage que j’ai apprécié de suivre.

Mika examine les clients. A force, elle qui sait qui d’entre eux risque de chercher la bagarre ou de protester au moment de payer la note. L’un des habitués lui adresse un signe, et elle hoche la tête en retour. Tandis qu’elle sert sa première bière de la soirée, elle sent quelque chose émerger dans sa conscience. Les contours d’une image qui apparaît lentement, comme le ciel d’été dont elle a rêvé. Pour le moment, le tout ressemble à un grand puzzle aux morceaux éparpillés. Elle a hâte de germer les yeux et de plonger dans ses pensées. Mais elle n’a pas le temps pour le moment. A peine a-t-elle retiré la mousse du verre déjà rempli qu’une voix lui réclame une autre bière.

J’en arrive donc maintenant au deuxième personnage principal de cette histoire, qui est donc Valdemar. On ne sait pas grand chose de lui, si ce n’est qu’il vit seul et que, pour lui, la justice est plus importante que tout le reste. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il se retrouve à demander l’aide de Mika, même si, au début, elle n’est qu’un témoin. Ainsi, cela ne le dérange pas de demander l’aide d’une petite fille, tant qu’elle est en mesure de l’aider à appréhender un dangereux criminel. D’une certaine manière, Valdemar aurait tendance à dire que la fin justifie les moyens, et qu’il faut tout tenter pour obtenir justice. Cependant, il évolue au cours du roman, parce qu’il va s’attacher à Mika. Cet attachement est alors assez important, parce que Valdemar va prendre conscience qu’il a entre ses mains la vie de Mika, qu’elle est en danger en enquêtant avec lui. Il va alors avoir envie de la protéger, et j‘ai apprécié cette lucidité qui apparaît chez lui, ainsi que cette fragilité qui se met en place lorsqu’il se souvient que Mika n’est qu’une enfant. De plus, c’est un personnage qui va au bout de ses idées. Il se moque du danger pour lui, même s’il va essayer de mettre Mika à l’abri. C’est un personnage entier, qui n’hésite pas à dire ce qu’il a à dire, même si cela lui provoque des problèmes. J’ai apprécié cette qualité, qui fait qu’il n’est pas hypocrite et qui fait aussi qu’on peut compter sur lui. La relation qu’il développe avec Mika est alors toute mignonne. Au début, ils ne se font pas confiance, mais c’est quelque chose qui va venir petit à petit, avant de se considérer tous les deux comme des égaux. Son évolution est donc intéressante, et je me suis également attachée à lui.

Valdemar hoche la tête.

– Si on en est là, c’est un peu ma faute.

– Alors on continue d’enquêter ensemble.

Sentant son cœur battre dans sa poitrine, Mika tend la main à l’agent. Il la regarde avec méfiance.

– Tu es sûre de vouloir conclure un marché qui peut impliquer notre mort ?

Elle reste là, muette, la main tendue. Après quelques secondes d’hésitation, Valdemar se lève de sa chaise et lui serre la main. Dans ses yeux brille une lueur qu’elle n’a encore jamais vue chez cet homme. La peur.

– Je…

Sa voix se brise. Il prend une profonde inspiration.

– Je ne sais pas comment nous protéger.

L’ambiance de ce roman est assez particulière. Nous sommes à Stockholm, dans une ville qui semble plongée dans un hiver interminable, avec des problèmes de société très présents, comme celui du froid et de la faim, que tout le monde ressent. A cause de tout ceci, les inégalités explosent, et les plus faibles deviennent des proies faciles. Ce roman dénonce justement cette idée avec les crimes qui y sont commis. En effet, la solidarité paraît avoir totalement disparue, si on occulte les essais de Mika pour aider les autres, et les plus précaires meurent dans l’indifférence générale. Les crimes deviennent donc une manière de retrouver une certaine justice, si on arrive à les comprendre. J’ai apprécié cette idée, parce que je l’ai trouvé intéressante dans un roman jeunesse. On a ainsi ici des thèmes d’adultes qui sont exposés, et on nous parle de la misère sans rien cacher, ni ses causes ni ses conséquences. L’enquête est alors intéressante à suivre, parce que celle-ci va avoir des répercussions assez importantes sur la vie des précaires, mais aussi sur celles de Mika et de Valdemar. On a donc un aspect politique qui est présent, exacerbé par les températures et le manque de nourriture. Mika ne cache rien de la situation catastrophique de l’orphelinat ni de ce qu’elle est obligée de faire pour survivre, et ceci montre bien à quel point son existence est déjà en danger, avant même qu’elle ne se lance dans cette enquête. Je l’ai d’ailleurs trouvée bien menée, avec un vrai suspens et des rebondissements plaisants.

Sur la longue table du réfectoire sont installés vingt-cinq tasses et autant de morceaux de pain. Il est six heures, les enfants les plus âgés sont les derniers debout. Mika remplit les tasses de lait chaud, veillant à en verser la même quantité dans chacune. Les grands remarquent toujours la moindre différence. Lorsqu’elle repose le pot sur son chariot, une image de son rêve lui revient. Le zinc chaud sous les pieds et un ciel limpide aux alentours, un jour où le ramoneur avait oublié de fermer la lucarne menant au toit. L’impression de rire au nez de la mort, plantée tout au bord. Mais en hiver, nul ne peut la défier. Mika observe tous ces enfants aux yeux caves qui boivent bruyamment le lait dilué contenu dans leurs tasses. Le manque de lumière et la faim commencent à se voir. Il y a longtemps que personne ne parle plus de l’été. Peut-être qu’ils ont tous oublié son existence.

J’en arrive à présent à l’écriture en tant que telle de ce récit. Je l’ai trouvée très fluide, avec une vraie immersion au sein de Stockholm, dans le froid de la ville et dans l’hiver presque éternel. L’auteur maîtrise son sujet, on ressent ainsi parfaitement la faim et le froid qui agitent et terrifient Mika. On sent également bien le contraste avec ceux qui ont plus de chance, comme Valdemar, ce qui entraîne un forme de jalousie pour certains. Les détails des crimes ne nous sont pas non plus épargnés, même s’ils restent décrits pour être lus avec des enfants, c’est-à-dire avec une certaine pudeur et édulcorés, nous laissant tout de même imaginés ce qu’il s’est passé. On visite la morgue et la prison, ce qui montre bien la volonté de l’auteur de nous plonger dans cette réalité assez dure, tout en se mettant à la hauteur de son public jeunesse. C’est vraiment bien fait, parce qu’on sent cette dureté tout en n’étant pas choqué par elle, tout en n’étant pas dans un roman pour adulte. La plume se fait ainsi légère en se concentrant sur les ressentis de Mika, ce qui permet de mettre une certaine distance. L’équilibre fonctionne donc bien. Le suspens et les rebondissements sont également présents, ce qui nous poussent à enchaîner les chapitres.

En résumé, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce roman. Je me suis plongée avec plaisir dans cette ambiance hivernale qui est assez effrayante, et dans l’angoissante enquête de Mika. Son personnage est attachant et plaisant à suivre, avec une vraie volonté de montrer ce qu’elle sait faire. Le personnage de Valdemar est également intéressant, et j’ai aimé la relation qui se crée entre eux, pleine de respect. L’enquête est intéressante à suivre, et le récit est bien construit. Le roman se lit vraiment bien, et c’est un bon roman jeunesse, qui fait un pont sympathique entre les romans jeunesses et ceux adultes, avec une plume qui possède un bon équilibre entre les deux. Je vous conseille donc vivement la lecture de ce premier tome, et j’ai hâte de lire le prochain tome.

Et vous ?

Pensez-vous que les romans jeunesses doivent avoir des récits plus édulcorés que ceux adultes ?

Qu’ils doivent montrer la réalité aux plus jeunes ?

Lisiez-vous des romans policiers lorsque vous étiez plus jeunes ?

Bon mercredi à tous 🙂

Une réflexion au sujet de « Månvind & Hoff, tome 1 : Le Corbeau de Nuit »

  1. L’héroïne a l’air très touchante et très intéressante à suivre ainsi que le duo qu’elle forme avec le policier. Je trouve aussi intéressant d’aborder des thèmes sombres dans un roman jeunesse de manière adaptée à ce public.

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