chroniques littéraires

Le Bleu des souvenirs d’été

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que le manque de soleil de ces derniers jours ne vous pose pas de problème. Pour ma part, j’ai vraiment beaucoup de mal à me concentrer suite à la nouvelle que j’ai apprise la semaine dernière, et qui n’est toujours pas statuée. Elle concerne mon avenir professionnel et j’avoue que je suis en panique totale depuis que je l’ai apprise. J’espère que son issue me sera favorable, même si j’ai de gros doutes.

En tout cas, avec les cours qui se terminent pour moi cette semaine, j’ai un peu plus le temps de m’occuper du blog, avant que la période des corrections ne commencent. C’est la raison pour laquelle je vous retrouve aujourd’hui afin de vous apporter une nouvelle chronique littéraire. Aujourd’hui, je vais vous présenter le roman contemporain pour adolescents et jeunes adultes Le Bleu des souvenirs d’été. Je précise déjà que ce roman évoque des thèmes assez durs. Ce roman est écrit par Lily-Belle de Chollet et est publié aux éditions Didier Jeunesse. Je les remercie par ailleurs de m’avoir envoyé ce roman en service presse via la plateforme NetGalley. La maison d’édition est partenaire du blog. Le roman est mai 2024 et voici son résumé :

Pour Lucile et Salomé, l’été ne s’annonce pas aussi bleu que le ciel.

Ce sont sûrement leurs dernières vacances dans la maison familiale, et Colombe, la troisième cousine, brille par son absence. Même avec les amis d’enfance, tout a changé. Les sentiments et les rancoeurs compliquent ce qui semblait si simple auparavant. Mais le pire, c’est peut-être ce silence, cette impossibilité de se parler, de se comprendre.

Le poids des souvenirs et des secrets sera-t-il trop lourd à porter pour surmonter leur souffrance ?

Dans cette histoire, nous suivons donc deux cousines, Salomé et Lucile. Les deux cousines ne sont pas proches, elles ne se fréquentent que durant les deux mois estivaux, pendant qu’elles sont dans la maison de leurs grands-parents, qui est devenue celle de leur grand-mère depuis le décès, l’année précédente, de leur grand-père. Il s’agit ici de leur dernier été, car la maison va être vendue, ce que ne supporte pas Lucile, bien décidée à faire changer cette décision. Pendant ce temps, Salomé se bat avec ses propres démons. Et l’absence de sa sœur, Colombe, se fait sentir sur leur groupe.

Je vais commencer cette chronique par vous parler du personnage qui m’a le plus touchée, c’est-à-dire Salomé. En effet, son personnage m’a émue, car on sent dès le début toutes ses failles, toute son envie de se battre aussi, avant de comprendre que tout ce qu’elle fait, elle le fait mal. Salomé, c’est celle qui est perdue. Elle est l’aînée des cousines, mais aussi celle qui essaye de disparaître car elle ne trouve pas sa place dans la famille, car pas assez ceci ou cela. Elle ne correspond pas à ce qu’on attend d’elle, ce qui fait qu’elle développe un profond mal-être qu’elle cache. D’une certaine manière, je me suis retrouvée en elle, dans cette pression qu’elle se met pour essayer de correspondre à ce qu’on attend d’elle, tout en étant toujours en décalage. On éprouve alors de la peine pour elle dès son arrivée, où elle est tout de suite interpellée par sa grand-mère sur son poids. Salomé a été ronde, ce n’est pas un secret, et elle fait tout son possible pour ne plus l’être. Jusqu’à se rendre malade. Elle est donc mal à l’aise avec son corps, qu’elle ne parvient plus à appréhender, et avec le regard des autres sur elle, qu’elle pense toujours moqueur. Ce mal être l’empêche alors de se lier avec les autres, et même avec sa propre famille. Même avec sa propre cousine, Lucile, elle ne parvient pas à baisser les armes, sans doute parce que Salomé se sent toujours de trop. Elle est alors touchante, parce qu’on sent sa jalousie, mais elle n’arrive pas à effectuer un pas vers Lucile, à se confier à elle, à parler de ce qui la touche, même si elle écoute les confidences de Lucile. Salomé, c’est la bonne copine qui nous écoute, mais qu’on écoute pas, et ceci montre bien à quel point elle s’efface par peur de s’imposer. Finalement, personne ne fait attention à elle, et c’est ce qui rend son personnage assez triste. Elle est également, sans même s’en rendre compte, en concurrence avec sa propre sœur, plus jeune, qui semble si parfaite aux yeux de tout le monde. Même Salomé essaye de la protéger, alors qu’il est temps que tout éclate. Salomé est donc un personnage qui a su me toucher, et que j’ai apprécié de suivre dans son évolution, jusqu’à sa prise de conscience. Sa solitude m’a également touchée. On a vraiment envie de l’aider.

Tandis que Lucile et Aisling se jettent à l’eau à renfort de cris aigus, Salomé prend le temps d’étaler sa serviette. Le rocher projette une ombre, aussi, si elle se colle à lui, elle peut presque oublier la chaleur. Elle abaisse son chapeau, puis sort un roman de son sac et fait mine de se plonger dedans.

Comme si elle allait réussir à lire… La seule chose qui tourne en boucle dans son esprit est ce corps dont elle voudrait s’extraire. Celui qu’elle voudrait abandonner là, sur la plage, et être légère, légère, légère.

Les cris se sont tus et Lucile nage en cercle autour d’Aisling, qui rit aux éclats. Autrefois, c’était Lucile et Colombe les complices. Il n’a fallu que quelques heures pour qu’un nouveau duo prenne forme ; et comme d’habitude, Salomé n’en fait pas partie.

J’en arrive à présent aux autres personnages, notamment à Lucile. J’ai eu davantage de mal avec elle pendant une partie du roman. En effet, fille unique, Lucile semble de prime abord assez égoïste. Elle ne voit ainsi que son intérêt, et ce qu’elle veut, c’est récupérer cette maison que sa grand-mère veut vendre. Elle est obsédée par cette idée, et elle pense donc pouvoir changer les choses en montrant à sa grand-mère pourquoi elle doit la garder. De ce fait, Lucile ferme les yeux sur le reste, elle ne voit pas le mal être de sa grand-mère ou celui de Salomé. Cependant, on comprend peu à peu que Lucile ne va pas bien elle non plus, et que ce n’est pas seulement dû à cette maison. Elle est tout aussi perdue que Salomé. Elle redoutait ces vacances car elle est obligée de se confronter à celui qui lui a brisé le cœur, un garçon proche de sa grand-mère. Dans le même temps, elle affronte l’absence de sa cousine adorée, Colombe, la sœur de Salomé. Or, Lucile va découvrir sur elle bien des choses, et comprendre qu’elle vivait elle aussi dans l’ombre de Colombe, qui l’a beaucoup transformée. Elle va prendre conscience de certaines choses qu’elle a pu faire, et ce changement est alors intéressant. J’ai bien aimé voir évoluer Lucile, la voir prendre son envol et enfin oser être elle-même, notamment avec Aisling. Elle en devient assez touchante dans l’expression de ses sentiments. D’ailleurs, l’absence et présence de Colombe nous apprend également beaucoup de choses, et on comprend que, dans cette famille, les non-dits ont cours et font beaucoup de mal. Le personnage de la grand-mère est également problématique, au sens où elle encourage la grossophobie à l’écart de Salomé ou la concurrence entre les cousines pour son amour, jusqu’à ce que tout ceci vole en éclat.

Ca devrait être si facile de répondre. Aisling sait, elle. Elle sait qui elle est et ce qu’elle veut. Elle est plus jeune, mais elle a mille lieues d’avance sur Lucile, qui est encore prisonnière de ses peurs.

Ce sont ces peurs qui les séparent. Elles qui tricotent des nœuds avec les mots de Lucile pour les empêcher de sortir. Peur d’être vulnérable. Peur d’être rejetée. Peur d’être blessée. Peur de ne jamais être aimée. Peur de plein de choses. Le sang qui pulse contre les tempes et la tête qui tourne, Lucile vacille.

Parlons à présent des thèmes développés dans ce roman. Comme vous avez pu le lire précédemment, cette histoire évoque la grossophobie et l’anorexie, deux thèmes liés à la nourriture et au rapport au corps. On parle ainsi de maladies assez graves, avec des conséquences qui peuvent être dramatiques, mais également du fait qu’on n’a pas toujours envie de les voir, même lorsque toutes les preuves s’accumulent. L’autrice rappelle ainsi que ces deux maladies peuvent se déclencher suite aux paroles et à la situation familiale, et que l’entourage a un rôle à jouer, notamment lors de l’adolescence, dans ce problème. Les paroles de la grand-mère et de la mère de Salomé influencent ainsi le regard qu’elle va porter sur son propre corps. Et on touche ainsi au thème central, à mon avis, de ce roman, qui est la famille. La famille de Salomé et de Lucile est difonctionnelle, au sens où les cousines se retrouvent en concurrence pour l’amour de leurs grands-parents, et que les deux sœurs, Salomé et Colombe, le sont pour leurs parents. Cela joue alors beaucoup dans le rapport que les filles entretiennent entre elles, mais également avec les autres. Les filles sont confrontées dès leur plus jeune âge à une famille qui se déchire et qui n’ose pas dire les choses. Et on a alors une vraie critique sur les non-dits qui peuvent déchirer des membres d’un même groupe. Personne ne dit ici les choses, tout le monde les cache, jusqu’à ce que ça explose. J’ai apprécié ce rappel, la manière dont il est mené et construit par l’autrice. Il va d’ailleurs avoir un grand impact dans le rapport que Lucille entretient avec l’amour et les sentiments qui vont l’agiter au cours de cet été, car un peu de romance se trouve également dans le roman.

Après tout, s’enfuir a toujours suffi jusqu’à présent. Aussi bien pour elle que pour sa sœur, pour sa cousine, pour sa mère, pour son père, pour ses grands-parents, pour toute la famille. Personne ne lui a appris la confrontation, la vraie, celle qui mène au dénouement. Salomé n’est même pas sûre que ça existe, un dénouement. Elle ne connaît que la fuite perpétuelle.

Alors, elle court.

En ce qui concerne l’écriture de ce roman, j’ai trouvé que malgré les thèmes évoqués, qui sont durs, la plume est fluide. Les thèmes évoqués le sont avec délicatesse, sans jugement, de manière assez douce malgré leur dureté. On sent que l’autrice pèse ses mots, que cette réalité la touche également. L’ensemble apporte ainsi beaucoup de pudeur par rapport à ce que les deux filles vivent, tout en jugeant les adultes qui sont responsables de leur état. Les chapitres s’enchaînent avec facilité, nous plongeant dans la joie de cet été à la mer, dans la romance qui va toucher Lucile, mais également dans les secrets sombres qui touchent les cousines, qui montrent que cet été va aussi être sombre. Les deux héroïnes deviennent chacune attachantes à leur manière. L’histoire est alors bien construite et bien menée. J‘ai également aimé l’alternance des deux personnages, Lucile et Salomé, qui nous permet de comprendre ce que les deux pensent et vivent. On a ainsi accès à toute la vérité, alors que chacune n’a qu’une vision partielle de celle-ci.

En résumé, c’est un roman que j’ai pris plaisir à lire. C’est une jolie histoire qui nous est racontée ici, qui nous rappelle que nos actes ont des conséquences sur les autres et qu’il faut veiller sur eux, même s’ils n’en ont pas nécessairement envie, et qu’il faut protéger les plus jeunes. La plume de l’autrice est fluide et l’histoire bien racontée, avec des personnages qui sont attachants, même si j’ai été plus touchée par celui de Salomé, par le mal être qu’elle éprouve. C’est une histoire estivale qui sort de ce qu’on attend dans ce type de récit, qui évoque des thèmes assez durs tout en le faisant avec soin. J’ai aimé cette originalité. C’est un roman à découvrir, que je vous conseille donc de lire.

Et vous ?

Aimez-vous retrouver des thèmes assez durs dans les romans jeunesses ?

Qu’aimez-vous retrouver dans ces thèmes ?

Ou, au contraire, pensez-vous que ce type de récit doit montrer que les bon côté de la vie ?

Bon dimanche à tous 🙂

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