Prendre la vie comme elle vient

Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous avez passé un bon début de semaine. Pour ma part, j’ai encore été dérangée hier à cause de la grève, mais le trafic SNCF reprend petit à petit, ce qui est rassurant, surtout qu’on n’est pas remboursé si on a un abonnement, ce qui est mon cas, et j’en ai un peu marre de payer et le train et la voiture, même si la grève est légitime.

En tout cas, la semaine dernière, j’ai terminé un roman que j’avais hâte de partager avec vous. Ce roman, c’est le dernier titre de Carène Ponte, que j’ai eu la chance de chroniquer en avant-première grâce à la plateforme NetGalley et à Fleuve Editions, mais aussi de l’avoir entre les mains lors du salon du livre Le Printemps du Livre de Montaigu. Ce roman s’intitulé Prendre la Vie comme elle vient, et je peux vous assurer que ce roman contemporain aide beaucoup à relativiser. Il paraît donc chez Fleuve Editions le 6 avril 2023. Voici son résumé :

Alice avait à peine 19 ans lorsqu’elle a rencontré Aymeric. Elle le trouvait mignon, il la faisait rire. Mettant de côté son ambition de devenir patineuse professionnelle, elle s’est installée avec lui. Leur couple s’est construit, a survécu aux événements malheureux.

Vingt ans plus tard, un matin, Alice se regarde dans la glace et se trouve… ordinaire, et juge son quotidien d’une banalité à mourir. Elle se dit qu’elle doit y remédier.

Hélas, le sort va s’en charger à sa place.

Un accident tragique et c’est le monde d’Alice qui bascule. Aymeric est dans le coma.

Ensuite… Trois chemins, trois possibilités, trois histoires.

Trois Alice à réinventer, pour que la vie, toujours, sorte gagnante malgré les mauvais coups du destin.

Dans ce roman, qui a une narration un peu perturbante, nous suivons donc Alice. Elle est mariée depuis ses dix-neuf ans à Aymeric, qu’elle aime de tout son cœur. Or, un jour, alors qu’Alice trouve sa vie terne, Aymeric est victime d’un accident de voiture. On nous propose alors de suivre Alice dans trois scénarii différents, montrant ce que sa vie pourrait devenir à cause de ce drame.

Je vais commencer cette chronique tout de suite par vous parler de l’histoire en elle-même, avant de vous parler de ses personnages. Comme je l’ai mis plus haut, la narration est assez perturbante car on a un début, puis ensuite, trois possibilités différentes, avec trois fins différentes, et c’est à nous, en tant que lecteurs, de choisir celle qu’on préfère. Pour avoir échanger avec l’autrice sur cette idée, et sur le fait que j’aurais repris des éléments de chacune des trois propositions pour n’en garder une, elle m’a rappelée que, dans la vie, on ne pouvait pas choisir, et je pense que cela résume parfaitement ce roman. En effet, il nous parle de la vie, avec ces moments de joie et de peine, et il nous montre que dans chacun des trois scénarii, on a les deux, mais que la vie finit toujours par trouver son chemin. J’ai trouvé, finalement, ce message assez poétique. En effet, le premier scénario est assez dur, et il montre une possibilité assez horrible, avec des mots échangés vraiment blessants, mais il montre aussi qu’il peut y exister de la joie, même dans ces moments-là, et que le bonheur finit toujours par revenir, il suffit d’ouvrir les yeux et de s’ouvrir à cette possibilité. Ce roman nous rappelle aussi qu’on est jamais seul, vraiment seul, et que les autres jouent un grand rôle dans notre rapport au monde et au bonheur. Ainsi, notre héroïne va rencontrer d’autres personnages qui vont influer sur son propre rapport au bonheur. Ce roman, c’est donc un livre sur la vie, comme cela est dit dans son titre. J’ai aussi aimé qu’on nous montre comment la vie peut avoir un impact sur nos choix. Alice est passionnée par le patinage, qui a eut une place essentielle dans sa vie, enfant, et le drame qu’elle va affronter peut la relier à cette passion. Le patinage se retrouve donc au cœur du roman, selon le scénario qu’on a, mais aussi parce que le jour de l’accident, Alice se pose une question fondamentale sur sa propre vie. Le scénario vécu va donc rapprocher Alice, ou non, de sa passion, de ses proches, des autres. C’est assez intéressant de se demander ce qu’il pourrait y arriver avec le fameux « et si » ?

– Aymeric n’est plus le même depuis à peine quatre mois et déjà, j’ai le sentiment que nous avons atteint le bout de notre chemin.

– Pour autant, tu n’envisages pas de le quitter.

– Non… Parce que pour le moment la question ne se pose pas. Si comme toi je rencontrais quelqu’un, est-ce que je resterais avec Aymeric par devoir ? Juste parce qu’il a eu un traumatisme crânien et que ça m’obligerait à quelque chose vis-à-vis de lui ? Pour être honnête, je ne sais pas. Toi-même, tu m’as dit qu’il ne fallait pas s’interdire de vivre, et tomber amoureux, ça fait partie de la vie. Est-ce que que l’Aurélie que tu connaissais aurait voulu que tu restes avec elle par pitié ? Est-ce qu’elle mérite que tu restes avec elle pour cette raison-là ?

– Non, elle ne l’aurait pas voulu, jamais. Et elle mérite mieux, mille fois mieux que ça. C’était une femme exceptionnelle.

– Tu vois, tu en parles au passé. Elle n’est plus cette femme et ni toi, ni elle, n’y pouvez rien.

Je vais à présent vous parler du personnage principal, donc d’Alice. Je l’ai trouvée très touchante, et j’ai aussi trouvé qu’on s’attachait facilement à elle. Ainsi, Alice aime profondément son mari, Aymeric, et elle n’a connu que lui. Son père étant un coureur de jupons, elle a appris à se méfier des hommes, mais avec Aymeric, tout paraissait être simple. Or, avec l’accident, Alice va découvrir des choses sur son époux qu’elle aurait préféré ne jamais connaître. Il va ainsi être assez méchant avec elle, et on est touché par la détresse qui va alors émaner d’elle. Mais on va surtout être touché par la tristesse qui va être la sienne pendant tout le roman, car rien ne sera jamais pareil après l’accident. Néanmoins, Alice va aussi démontrer une grande force de caractère tout au long du livre, un certain optimiste et une envie de se battre. Elle ne va pas se laisser aller, et elle va lutter pour que la vie reprenne ses droits, et le bonheur, le chemin de son cœur. Je l’ai beaucoup admirée pour cela, car Alice ne se laisse pas faire, et même si elle pourrait être à terre, même si elle pourrait tout abandonner et déprimer sur au moins deux scénarii, elle va montrer qu’elle ne lâche rien, et c’est aussi pour cela qu’on a envie qu’elle aille de l’avant, car elle est capable d’être à nouveau heureuse et sourire malgré toutes ces épreuves. Elle ne va pas se renfermer en elle-même et devenir aigrie, au contraire même. Elle est généreuse et va aider les autres, même si c’est elle qui a parfois besoin d’aide. C’est donc un personnage qu’on apprécie de suivre. Ce que j’ai aussi aimé, c’est qu’elle est plus vieille que les personnages que j’ai l’habitude de suivre, elle est proche de la quarantaine, et c’est aussi agréable de pouvoir grandir avec les personnages, de suivre leurs évolutions, et de ne pas rester que sur des personnages qui ont la vingtaine ou la trentaine. Elle n’a alors pas les mêmes problématiques, et surtout, elle a fait le choix de vivre sans enfants, et d’accepter que de terribles épreuves rythment sa vie, ce qui l’a rendue plus forte. Alice rêvait de fonder une famille, et elle n’a pas eu cette possibilité, ce qui fait qu’elle a dû l’accepter, et continuer sa vie en rêvant pourtant d’avoir des enfants, en sachant que cela ne serait jamais le cas. Je pense que beaucoup de femmes peuvent alors se retrouver dans son parcours, en elle, et trouver écho dans ce qu’elle vit. Cela contribue à rendre son personnage attachant, et à comprendre ses réactions face à Camille.

– Est-ce que tu regrettes ? Est-ce que depuis, tu t’es dis que tu avais pris une mauvaise décision ?

– Non, je finis par répondre après avoir pris le temps de la réflexion. Non, je ne crois pas. Bien sûr, ça n’a pas été facile de renoncer à quelque chose auquel je tenais et qui rythmait notre vie depuis des années. Mais très vite, je me suis sentie … soulagée. Ne plus me préoccuper de mes cycles, ne plus prendre ma température pour repérer l’ovulation, ne plus espérer que peut-être, cette fois-ci, après chaque test de grossesse positif… J’ai senti mes épaules s’alléger d’un poids.

J’en arrive aux personnages secondaires. Alors, même si on découvre celui d’Aymeric par le biais du prologue, avant son accident, je dois avouer que le premier scénario m’a donné envie de le gifler, et j’avais envie qu’Alice le quitte. Il se comporte vraiment mal avec elle, il est méchant et agressif, et c‘est un personnage qu’on a envie de détester. J’ai vraiment eu du mal avec lui, et cela a un peu continuer lors du deuxième scénario, où il n’est pas à son avantage aussi. On se demande pourquoi Alice lui pardonne, même si je peux comprendre ce qu’elle ressent à ce moment-là, et qu’elle est amoureuse de lui. Mais ce qu’on apprend change un peu la donne, et on se demande alors comment pourrait avouer le troisième scénario si Alice apprenait la vérité dans celui-ci. Toutefois, il faut reconnaître qu’il est amoureux d’elle. Mais, les personnages que je vais retenir de ce récit sont au nombre de trois, la meilleure amie d’enfance d’Alice, Camille et Ernest. J’ai vraiment été touchée par l’histoire d’Ernest, même si on la devine surtout, et j’ai aimé la manière dont Alice va veiller sur Camille, d’une manière presque obsessionnelle au début. Et j’ai apprécié la façon dont Alice va renouer avec son amie. C’est ce qui va lui permettre de retrouver le sourire à chaque fois. On a donc des personnages assez variés, mais qui montrent bien que ces derniers ont un impact sur la vie d’Alice, et qu’elle ne peut pas être toute seule, même si elle le voulait.

« Dès que je l’ai vu, j’ai su que c’était lui », voilà une phrase que j’ai souvent entendue et à laquelle je ne crois pas une seconde. Est-ce que j’ai su, lorsque j’ai vu Aymeric pour la première fois, qu’il serait l’homme de ma vie ? Non. A vrai dire, je n’y ai même pas songé. Je l’ai trouvé mignon, juste mignon. Et je me souviens avoir pensé qu’il sentait bon, ce qui n’était pas souvent le cas de ses congénères.

Mais je ne me suis pas dit que je venais de rencontrer l’homme de ma vie. Pour moi, c’est un sentiment qui se construit, qui prend racine à mesure que la relation avance. Jusqu’au jour où vous vous réveille un matin, que vous regardez celui qui est encore endormi à côté de vous, torse nu, un bras sous l’oreille, l’autre reposant le long de son corps, et vous écoutez sa respiration, régulière, paisible et que votre coeur s’emballe, comme ça, rien qu’en l’observant. Ce jour-là, les larmes vous montent aux yeux et vous vous dites « oui, cet homme est l’homme de ma vie » E l’émotion est tellement forte, tellement puissante, qu’elle en devient une certitude.

En ce qui concerne la narration et la construction de ce roman, je garde le fait que c’est un peu déroutant d’avoir une histoire racontée de cette manière, et que malgré le résumé, que j’avais oublié, je ne m’attendais pas à un tel récit. Néanmoins, c’est aussi intéressant, parce que cela bouscule nos certitudes, et parce que c’est original, et qu’en effet, on peut garder la fin qui nous plaît le plus. Dans l’ensemble, le roman se lit très bien, l’écriture est fluide, et on prend plaisir à suivre Alice dans ces trois scénarii qui nous présentent sa vie. Ses sentiments sont très bien décrits et nous aide à nous mettre à sa place. On retrouve ainsi ici un récit très vivant et plein de sentiments et d’émotions.

En résumé, j’ai vraiment pris plaisir à lire ce roman. Je me suis attachée au personnage d’Alice, qui est vraiment touchant et qu’on a envie d’aider tout au long du roman. Je retiendrais des personnages secondaires ceux de Camille et d’Ernest, essentiels à la vie d’Alice, et celui de sa meilleure amie d’enfance qu’on prend plaisir à découvrir. C’est une belle histoire qui nous rappelle le fonctionnement de la vie, avec ses joies et ses peines, et le fait qu’on doit apprécier chacun des moments qu’on vit, même s’ils sont durs. Cela est bien raconté et bien mis en scène. L’histoire est belle.

Et vous ?

Vous arrive-t-il de lire des romans avec une telle possibilité ?

Ou préférez-vous un schéma plus traditionnels ?

Aimez-vous avoir une fin définitive dans un récit ?

Bon mercredi à tous 🙂

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