
Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous avez passé une belle semaine, et que votre weekend se déroule comme vous le souhaitez. Ici, la tension commence à monter avec le match de ce soir. C’est ça de vivre avec un compagnon qui a des origines italiennes, et qui adore regarder le foot. Vivement que le match soit passé, et qu’on puisse passer à autre chose. Personnellement, j’ai hâte de voir les jeux olympiques, et surtout l’équitation.
Mais je ne suis pas là aujourd’hui pour vous parler de sport. Au contraire, on même basculer dans un monde où le sport n’a plus vraiment sa place, car le monde est en guerre. En effet, aujourd’hui, je vais enfin vous présenter mon avis sur le roman Ceux qu’on oublie, de Chloé Lume, publié aux éditions Leha en mars 2021. Il s’agit d’un roman de science-fiction qui m’a permis de découvrir la maison d’édition Leha, que je ne connaissais pas. Je les remercie par ailleurs pour l’envoi de ce titre grâce à la masse critique de Babelio. Voici le résumé du roman :
Esther et Louis vivent une ville morne, que personne ne peut quitter.
Seule exception : les jeunes qui s’en vont combattre lorsqu’ils atteignent dix-sept ans, pour une guerre lointaine et invisible. Et ceux-là ne reviennent pas.
Esther approche de l’âge fatidique. Elle est prête à tout risquer pour échapper à ce destin imposé.
Non-voyant, Louis sera exempté. Cela ne l’empêche pas de rêver à d’autres horizons.
Le jour où Esther vient rompre sa solitude, il décide de la suivre dans une quête qui remet en question tout ce qu’ils croyaient savoir : pourquoi la rocade demeure-t-elle déserte malgré les bruits de voiture qui y roulent ? Qui sont ces gens dont ils surprennent la conversation répétitive dans des maisons pourtant vides ? Pourquoi ceux partis à la guerre semblent s’effacer des mémoires ?
Il ne suffit pas de vouloir s’enfuir pour que la ville les laisse partir… Et l’unique porte de sortie risque de les mener bien plus loin que prévu.
Dans ce roman, nous suivons donc deux adolescents, Esther et Louis, qui vivent dans la même ville. Louis est aveugle, il sait qu’il ne partira pas à la guerre, comme c’est le cas pour tous les jeunes lorsqu’ils atteignent dix-sept ans. Or, Esther va bientôt fêter son anniversaire, et se rapproche du départ fatidique. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle adresse la parole à Louis, car elle se sent seule, et elle pense qu’il pourra la comprendre. Alors que les deux adolescents se rapprochent, ils comprennent soudain que la ville dans laquelle ils vivent n’a rien d’idéal, et que de drôle de choses s’y passent. Résolus à découvrir le mystère des lieux, il vont apprendre bien plus que ce qu’ils cherchaient.
Je vais commencer cette chronique par vous parler, non pas des personnages, mais d’abord de l’histoire en elle-même, de son univers. Alors, le roman se découpe en deux parties, avec une première partie dans la ville, et la seconde à l’extérieure. Je ne vais pas vous parler de cette deuxième partie, afin de ne pas vous spoiler le récit. je préfère au contraire que, comme moi, vous ayez la surprise de ce qui arrive à nos deux jeunes héros. Je vais donc me concentrer sur l’univers de la ville en lui-même, et autant vous dire que ce dernier ne fait pas du tout rêvé. En effet, nos jeunes héros, une fois qu’ils sont ensemble, comprennent que tout ce qu’ils ont appris n’est peut-être pas la réalité. La ville est là pour les protéger d’une guerre sur laquelle ils ne savent rien. D’ailleurs, ils ne savent pas non plus ce que deviennent ceux qui s’en vont, si ce n’est qu’ils sont peu à peu oubliés. C’est notamment le cas de leurs pères, car comme beaucoup de jeunes, Louis et Esther n’ont que leur mère, leurs pères étant morts au combat. De ce fait, ce qui se met alors en place, c’est un vrai mystère et une enquête que vont mener nos deux adolescents, une enquête qui va donc les amener vers la deuxième partie du récit. Mais pour arriver à ce résultat, ils sont obligés de tout réapprendre, et c’est là où l’expérience de Louis, mais aussi celle d’Esther, sont un atout. J’ai beaucoup aimé cette partie-là, car on voit les deux adolescents formulés leurs premiers doutes par rapport à ce qu’ils vivent, et par remettre en question tout ce qu’on leur a appris. C’est assez intéressant car ils sont obligés de remettre en question leurs sens même, ce qu’ils voient et ce qu’ils entendent. Ils ne peuvent que se faire confiance, car les autres ne les écoutent pas. On a aussi le droit à leurs premières hypothèses, et on s’interroge avec eux, car tout est encore possible, toutes les hypothèses sont bonnes à prendre. J’ai apprécié qu’on n’en sache pas plus qu’eux, qu’on avance à tâtons avec eux. Cela permet d’avoir non seulement de l’empathie pour eux, mais aussi de nous prendre au jeu. La mise en scène est alors bien faite, car nous non plus, on ne sait pas de ce qui est réel et ce qui ne l’est pas.
Les voix s’élèvent derrière la porte du fond du couloir. Esther s’applique à boitiller sur les derniers mètres qui l’en séparent et à battre des paupières avec insistance pour faire monter des larmes à ses yeux. Son cœur cogne contre ses côtes, sa main tremble, mais elle pousse la porte d’un geste résolu.
– Excusez-moi…
Les mots meurent sur ses lèvres que la pièce se révèle à son regard. Vide. Esther parcourt la commode, la petite table, le canapé – aucun meuble assez grand pour dissimuler quelqu’un. Un hoquet étranglé lui échappe et elle s’appuie au mur pour ne pas perdre l’équilibre. Le silence s’est de nouveau abattu sur la maison, à croire qu’il n’a jamais cessé de la recouvrir de son linceul ouaté. Enfin, Esther sort de sa torpeur et rebrousse chemin d’un pas précipité.
Elle n’a pas encore atteint le bas de l’escalier que, là-haut, la musique reprend.
Parlons à présent des personnages principaux. J’avoue que je me suis davantage attachée au personnage d’Esther qu’à celui de Louis, alors que cela n’était pas gagné. En effet, dans la première partie du récit, Esther a tout du personnage rebelle, qui n’écoute rien, et qui a surtout peur de ce qu’elle va vivre, ce fameux départ pour la guerre. De ce fait, elle rejette toute autorité, et cesse même d’aller à l’école. Mais son caractère pas simple montre alors que, non seulement elle a du caractère, mais qu’en plus, elle ne se laisse pas faire, pas endoctrinée. Ce que j’ai aimé chez Esther, c’est qu’elle est loin d’être stupide, et surtout, elle voit au-delà des apparences. Elle se questionne beaucoup, et c’est ce qui la pousse, par ailleurs, à aller vers Louis. Néanmoins, dans la première partie, elle ne se pose pas nécessairement les bonnes questions, et sa colère, quoique légitime, à tendance à l’aveugler. Elle se laisse beaucoup trop dominer par elle. Mais ce qui était une faiblesse dans la première partie devient une force dans la seconde, car Esther ne va pas croire tout ce qu’on lui dit, ce qui va la pousser à faire confiance aux bonnes personnes. Et elle va montrer qu’elle n’est pas si manipulable que cela, et que sa colère, elle peut parfaitement la maîtriser, et surtout, le faire au bon moment. De ce fait, j’ai aimé son évolution au cours de l’histoire, et j’ai aimé la manière dont son personnage est construit.
Sans même le décider, elle ralentit le pas jusqu’à s’arrêter. Pierre se tourne vers elle. Quelque chose s’allume dans son regard. Une chose si sombre qu’Esther recule, mais il l’attrape par le bras et l’entraîne à l’écart du reste de la troupe, à qui il intime d’attendre d’un geste impérieux de la main?
– Qu’est-ce qui t’arrive ? lui siffle-t-il à l’oreille.
– On ne peut pas faire ça, balbutie Esther. Ce n’est pas la bonne solution.
– Bien sûr que si, on peut le faire. On va le faire.
Il resserre son étreinte sur son bras, si fort que ses ongles s’enfoncent dans sa chair.
– Tu ne m’as jamais aimé, pas vrai ?
Elle ne répond pas.
– Tu sais pourquoi ? C’est parce que tu me ressembles bien plus que tu ne le voudrais. Et c’est aussi pour ça que je me suis toujours méfié de toi. On est comme deux aimants identiques, tu comprends ? C’est pur ça qu’on est ici, tous les deux. On a été choisis, choisis pour agir.
– C’est faux.
Mais elle se revoit frapper, frapper, frapper encore l’homme en noir.
Il a raison. Tu sais qu’il a raison.
Venons-en maintenant à Louis, qui est donc le second personnage principal de ce récit. J’ai été touchée par son personnage, par le fait qu’il est enfermé dans la ville, et qu’il est mis à l’écart de cette dernière à cause de son handicap. Ainsi, il ne va pas à l’école, il n’a pas d’amis, pas de relations, il n’a que sa mère, et il ne peut pas travailler ou partir à la guerre. Il est totalement dépendant des autres, ce qui fait qu’il se croit faible, et que tout le monde le pense. Or, lorsqu’Esther se met à lui parler, Louis se rend compte qu’il est loin d’être aussi enfermé qu’il le pensait, et que le fait d’être aveugle est peut-être un atout pour leur enquête. J’ai alors préféré Louis tel qu’il est dans la première partie, non pas parce qu’il y semble plus faible, mais parce qu‘il a un enthousiasme intéressant, touchant, et parce qu’il ne se laisse pas manipuler, ce qui va changer dans la suite de l’histoire. En effet, dans la seconde partie, Louis évolue et devient davantage un combattant, mais il a une confiance aveugle dans les autres, notamment parce qu’Esther n’est pas là pour le guider, et ses choix ne sont pas les bons. J’ai été un peu déçue de certaines de ses réactions, même si elles sont compréhensibles. J’avoue qu’il m’a davantage agacée dans la suite du roman, car ce qu’il choisit, on devine à des kilomètres que ce n’est pas bon, mais il le fait quand même. Néanmoins, cela arrive aussi avec Esther. Cependant, Louis reste un personnage qu’on prend plaisir à suivre, et j’ai aimé le fait que cela permet de parler du handicap, et de le mettre dans un tel roman.
Incapable d’en supporter davantage, il s’est éclipsé tant bien que mal? De toute façon, si chacun dans le campement se montre gentil avec lui – de manière un peu rude parfois, dans le cas de Jo notamment -, on ne lui confie pour l’instant pas de tâche. Là où les enfants les plus jeunes sont mis à contribution, lui a passé toute la journée précédente à se tourner les pouces. Il a bien proposé ses services à deux ou trois reprises mais les autres ne savent tout simplement pas quoi lui demander. il ignore s’ils ont peur de le mettre mal à l’aise ou s’ils le considèrent comme un invité que l’on doit traiter avec égard. Peu importe leurs raisons, le résultat ne varie pas : il ne se sent pas à sa place.
Rapidement, je vais vous parler des personnages secondaires. J’aurais aimé que les mères de deux adolescents soient davantage exploitées, de même que les ennemis d’Esther dans la ville. J’avoue que j’ai trouvé que les personnages secondaires dans la ville étaient juste là pour meubler, pour faire avancer le récit au besoin, mais qu’ils manquaient de profondeur. Cependant, cela change avec Celui qui Espère, qui est un peu plus travaillé, mais qui m’a aussi laissée sur ma faim, même si j’ai beaucoup aimé le lien qu’il tisse avec les deux adolescents. J’ai néanmoins apprécié son personnage. C’est la même chose avec Pierre, qui manque un peu de substance, et j’ai trouvé dommage qu’on le déteste immédiatement, parce qu’il aurait mérité d’apporter une nuance au récit. En fait, j’ai eu le sentiment qu’à part Esther, Louis et Celui qui Espère, tous les autres personnages étaient un peu surfaits, juste là pour meubler et pour les faire avancer, sans qu’on en sache plus sur eux, sans qu’on ait le temps de s’attacher à eux.
En ce qui concerne l’écriture, elle est vive. Le roman se lit très bien, et je l’ai dévoré en un weekend. Le style est simple, peut-être que davantage de description n’aurait pas été inutile, mais les chapitres s’enchaînent bien. Le rythme de l’histoire est bien dosé, on comprend rapidement ce qu’il se passe et à quoi font face les personnages. J’ai apprécié la deuxième partie et les révélations qui sont faites, auxquelles je ne m’attendais pas, et je pense que cela serait intéressant d’avoir plus le point de vue des autres personnages, ceux qui sont là dès le début, comme Celui qui Espère. Une nouvelle centrée sur lui pourrait être intéressante car, comme je l’ai dis plus haut, je suis un peu restée sur ma faim. Cela n’empêche pas que l’idée de base, et l’univers qui est décrit dans ce roman, est plaisant. J’ai bien aimé comment il est construit et raconté, et la manière dont cela est traité dans le récit. C’est un bon roman de science-fiction avec un côté dystopique original, qui amène sur une fin que j’ai beaucoup aimée.
En résumé, j’ai pris plaisir à lire cette histoire. J’ai aimé son originalité et la manière dont elle est construite. Les révélations qui sont faites dans la seconde partie sont plutôt inattendues, je ne les avais, pour ma part, pas devinée, et j’ai apprécié cette surprise. Les personnages restent attachants, j’ai particulièrement aimé celui d’Esther, dont j’ai aimé l’évolution, même si celui de Louis reste sympathique à suivre. Les personnages secondaires auraient toutefois mérités d’être plus étoffés. Le romans se lit bien, les chapitres s’enchaînent bien. Je vous en conseille la lecture, c’est un bon roman de science-fiction, avec une dystopie sympathique, et je vais maintenant davantage suivre les publications faites chez Leha Editions.
Et vous ?
Aimez-vous lorsque les personnages secondaires sont beaucoup travaillés ?
Ou au contraire, préférez-vous qu’ils restent au second plan ?
Faites-vous attention à l’évolution des personnages ?
Bon dimanche à tous 😀
Une réflexion au sujet de « Ceux qu’on oublie »