
Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que vous avez passé un bon début de semaine. Pour ma part, je jongle entre mes visios, et j’appréhende un peu la reprise en présentiel de la semaine prochaine. J’ai encore du mal à voir comment je vais m’organiser pour cette reprise un peu spéciale, et surtout pour permettre à tous mes élèves d’être vraiment prêts pour le bac qui arrive à grands pas. Mais tout va bien se passer, il faut que j’apprenne à arrêter de me poser autant de questions, et à faire confiance à mes élèves pour être prêts de leurs côtés.
Aujourd’hui, je vous retrouve sur le blog pour vous présenter l’une de mes dernières lectures. Si vous me suivez sur le blog, ce titre ne doit pas vous être inconnu, car je l’ai terminé a semaine dernière, ce qui a bouleversé le thème que je m’étais fixé pour la Semaine à lire, thème qui était normalement le fantastique. Ainsi, au milieu de toutes mes lectures qui correspondaient à ce thème, j’ai inséré un roman policier, un thriller, et c’est de ce dernier dont je vais vous parler maintenant. Ce roman a été écrit par Thomas Martinetti. Il est sorti une première fois en décembre 2019, avant d’être réédité en octobre 2020. C’est cette dernière édition que j’ai lue. Nous sommes ici face à un roman autoédité, qui est un premier tome, et dont voici le résumé :
Dans son village de l’arrière pays niçois, tout le monde adore Margo.
Mais Margo a un secret. Pour commencer, ce n’est pas son vrai nom.
Depuis qu’on a usurpé son identité, et volé sa vie, elle a dû subtiliser celle d’une autre.
Aujourd’hui, Margo a peut-être une chance de redevenir Emeline, en confrontant celle qui lui a tout pris deux ans plus tôt. Il lui faudra la traquer jusqu’au fin fond de la Norvège, en prenant le risque de tout perdre une seconde fois.
Dans ce récit, nous suivons plusieurs personnages, tous reliés par une même histoire. Il y a d’abord Margo, qui s’est fait voler son identité, et qui vit sous un faux nom depuis un an. Elle s’appelait Emeline, avant que son nom ne soit usurpée. Mais il y a aussi Agnès, qui vit en Norvège, et qui s’appelle maintenant Emeline. Et Valentin, un ancien habitant de l’Europe de l’Est, très intéressé par l’histoire de Margo et d’Agnès. Alors que Margo prend la décision de récupérer sa vie en Norvège, elle se fait tirer dessus à plusieurs reprises, et des enjeux qui la dépassent vont se mettre en branle, des enjeux qui pourraient bien la tuer.
Commençons cette chronique par le personnage principal, qui est donc Margo. J’ai trouvé qu’on s’attachait rapidement à elle. On ne peut en effet qu’être marqué par tout ce qu’elle subit depuis qu’elle a découvert que son identité avait été usurpée. Ainsi, à cause de cela, elle a tout perdu, aussi bien son fiancé que son bébé, que son travail et son logement. Elle s’est retrouvée démunie et on ne peut que se retrouver en elle, dans sa souffrance, dans ses questionnements, et se demander ce que l’on aurait fait à sa place. De ce fait, épuisée aussi bien physiquement que moralement, Margo a tout abandonné, tout laissé derrière elle, et elle a, à son tour, usurpé une identité afin de survivre. Ce choix peut paraître totalement insensé vu le passif de Margo, et pourtant, il est le seul qui s’est imposé à elle et qui lui a permis de survivre. Sans ce dernier, Margo ne pouvait plus exister, toute sa vie étant aux mains de l’usurpatrice. Néanmoins, Margo a tout de même un sursaut au cours du roman, et c’est d’ailleurs ce qui va motiver sa quête. Elle va vouloir retrouver sa vie, et c’est ce qui va la pousser à aller en Norvège affronter Agnès, qu’elle suit depuis un moment, pour savoir ce que devient celle qui lui a tout pris. Et l’on découvre alors un autre aspect de la personnalité de Margo. En effet, jusque-là, elle se montrait assez passive, assez effacée, ce qui est normale puisqu’elle ne doit pas attirer l’attention sur elle. Elle vivait comme une fugitive, ce qu’elle était. Or, en Norvège, on la découvre combattante, et pleine de vie. Loin de chez elle, lancée à toute vitesse sur la piste d’Agnès, Margo se révèle, et c’est aussi ce que j’ai aimé chez elle. Non seulement j’ai été touchée par son histoire, mais j’ai aimé la voir se transformer, reprendre les choses en main, et surtout ne pas abandonner, alors même que sa vie se retrouve menacée, alors même que quelqu’un veut la tuer. Margo n’hésite alors plus, elle se bat, elle fait preuve d’initiative, et elle reprend goût à la compétition. Sa manière de se relever, de reprendre la main sur sa vie est alors inspirante, car cela démontre bien que malgré les épreuves, l’être humain peut encore se relever, même si cela prend du temps. Et malgré tout ce qu’elle a vécu, Margo veut aller de l’avant. Et ce que j’ai aimé chez elle, c’est qu’elle n’est pas particulièrement avide de vengeance. Tout ce qu’elle veut, c’est qu’Agnès lui rende son identité, mais elle ne lui veut pas vraiment de mal, elle ne veut pas la détruire ou la blesser, et cela est aussi plaisant, car cela démontre l’attitude positive de Margo. C’est ce qui fait qu’on s’attache à elle, car malgré tout ce qu’elle a vécu, elle garde un bon fond. Et surtout, elle peut ressembler à n’importe lequel d’entre nous.
Le vol d’identité n’a pas seulement détruit mon couple. Avec lui, c’est comme si mon dernier lien avec mon entourage d’avant avait été rompu. Pour mes amis et ma famille restés à Nice, la situation est encore abstraite. Ils se font tous une idée personnelle de l’usurpation d’identité et de ses conséquences.
La réalité, c’est que je ne me suis jamais sentie aussi seule. J’ai renoncé à espérer quoi que ce soit de mes parents depuis leur installation au Portugal. Ils nous l’ont annoncé comme un nouveau départ, j’y ai vu une ultime esquive. Ils se sont dérobés au fisc et à leurs erreurs, parmi lesquelles figurent leurs deux filles.
J’en arrive maintenant à l’un des autres personnages principaux de ce texte, qui est celui d’Agnès. J’avoue que la première fois où on entend parler d’elle, on ne peut que se faire une mauvaise opinion de son personnage, car elle est celle qui a volé la vie d’Emeline/Margo. En s’attachant à Margo, on ne peut donc qu’avoir une mauvaise image d’Agnès, et donc lui en vouloir pour ce qu’elle a fait. Néanmoins, j’ai trouvé très bien, à la fois originale, mais aussi une bonne idée de la part de l’auteur, qu’on puisse voir son personnage et nous faire notre propre opinion sur ce dernier. Car, en effet, on découvre en vérité qu’Agnès n’est peut-être pas le mal incarné, et que si elle a fait ce qu’elle a fait, c’est sans doute parce qu’elle avait ses propres raisons, ou qu’elle n’avait pas le choix. J’ai donc beaucoup aimé ce parti pris, car cela permet de montrer que même si l’usurpation d’identité est un crime, que cela n’est pas justifiable, il faut aussi nuancer certains points, et certaines personnes, comme Agnès, sont dans une telle impasse que le changement d’identité est la seule manière de survivre. Ce n’est donc pas seulement un crime condamnable, mais aussi l’unique manière de survivre pour certaines personnes. De ce fait, tout n’est pas tout blanc ou tout noir, et certaines raisons de faire telle ou telle chose peut se comprendre dans certaines situations. Or, une fois que l’on en sait davantage sur Agnès, que l’on sait pourquoi elle a dû changer d’identité, nos sentiments pour elle sont plus ambivalents, plus nuancés. On est moins dans le jugement, et l’on s’attache à elle, même si on peut tout de même lui faire certains reproches, comme le fait de ne s’être jamais demandée si elle faisait du mal à Emeline en lui prenant son identité. Toutefois, comme Margo, elle se retrouve embarquée dans quelque chose qui la dépasse, et qui risque de lui voler sa vie.
Droit dans son fauteuil, Antoine soutient le regard inquiet d’Agnès. Il fixe quelques secondes son écran d’ordinateur, avant de déclarer d’un ton des plus sincères :
– Je suis désolé Agnès, mais c’est trop tard. Tout est allé trop vite. Il y a des gens proches du pouvoir parmi les parents concerné. L’ambassadeur en personne m’a convoqué.
– C’est un cauchemar, ce n’est pas possible…
– J’ai déjà sollicité notre service juridique, et des amis haut placés, tu seras bien défendue. Tu peux compter sur moi.
– Défendue ? Mais putain, t’es en train de me dire que je vais être traitée comme une terroriste ! Est-ce que je pourrais à nouveau enseigner ?
A cet instant précis, Agnès a besoin d’entendre Renaud, à défaut de pouvoir se blottir contre lui et de fuir ensemble, le plus loin possible.
Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce roman, c’est qu’on ose parler de ce fléau qui est l’usurpation d’identité. Et, bien que ce sujet soit parfait pour écrire un thriller, il permet aussi de nous apprendre beaucoup de choses sur lui via cette histoire. En effet, que ce soit Margo ou l’auteur de ce roman, tous les deux se sont renseignés sur le sujet, et partagent leurs informations avec le lecteur. Et c’est là que cela devient effrayant, car l’usurpation d’identité est vraiment un sujet dont on devrait davantage parler, qui fait froid dans le dos, et où aucune solution est trouvé. C’est d’ailleurs pour cela qu’on s’attache aussi facilement à Margo, parce que l’usurpation d’identité lui a volé sa vie, et qu’elle est en sans cesse obligée de se justifier, de prouver qui elle est, alors même que c’est elle la victime. Et à l’heure d’aujourd’hui, où c’est tellement facile de se procurer des documents administratifs, où l’on partage toute notre vie sur les réseaux sociaux, rien n’est fait pour nous protéger et ce roman nous en fait en prendre confiance, d’autant plus que cela peut arriver à n’importe qui. Sans tomber dans la paranoïa, ce roman permet de nous interroger sur ce problème, et sur les manières de réagir. Ce que j’ai aussi beaucoup aimé, c’est qu’on a à la fois le point de vue de Margo, mais aussi celui d’Agnès, et celui d’autres personnes toutes aussi importantes pour parler de ce sujet. J’avoue que je n’attendais pas à trouver le personnage de Valentin intéressant, ni même voir évoquer les témoins de Jéhovah, ni même des problèmes politiques. Or, tout cela est lié, et c’est ce qui fait de cette histoire une histoire aussi riche. En effet, on passe par plusieurs points de vues, mais on se rend compte que tout cela fait aussi partie d’un problème bien plus grand, qui n’est qu’esquissé dans ce premier tome. J’ai vraiment aimé que l’on soit projeté dans plusieurs pays, avec une histoire différente, mais aussi que l’on évoque le problèmes des sectes et de comment en sortir. Et l’idée de faire passer tout cela avec le thème du sport, et notamment de la course et du marathon est une bonne idée, car cela nous motive aussi à nos mettre au sport, et nous donne envie de voyager en Norvège. Ce roman est vraiment riche par tous les thèmes qu’il évoque et qui sont bien traités.
Pendant des décennies, le grand banditisme, toujours à l’affût de nouveaux marchés, s’est donné beaucoup de mal à fabriquer de faux papiers. Dans le même temps, les gouvernements se sont efforcés de rendre les documents officiels quasiment infalsifiables. Dès lors, il est devenu plus facile de voler une identité, que d’en créer une. Nouveau marché, nouveaux trafics.
Je me suis sentie étrangère au commerce de la drogue, des armes, ou des êtres humains. J’ignorais que j’étais déjà concernée par le fléau du XXIe siècle. La majorité des victimes sont usurpées à leur insu.
En y repensant, je me rends compte que j’ai vraiment lu beaucoup d’articles sur le sujet.
En ce qui concerne l’écriture de cette histoire, j’ai vraiment plaisir à lire l’histoire de Margo et des autres. La plume de l’auteur est immersive et l’on ressent aussi bien les sentiments des différents personnages que les descriptions des paysages que rencontrent les personnages. L’écriture gère aussi bien le suspens, et on a des scènes très intenses en pression et en suspens, et d’autres beaucoup plus calmes, au milieu de la nature, qui nous permettent de nous reposer. Le rythme est bien mené, il est fluide, et les chapitres se lisent tout seul. On a envie de savoir la suite, et le fait que l’on passe par plusieurs personnages n’est pas un problème. Cela ne dérange pas notre lecture, et c’est même assez plaisant, même si on ne comprend pas tout de suite qui est qui et l’importance que certains personnages vont avoir pour le récit. Le fait que Margo raconte à la première personne nous permet de nous retrouver dans le récit, par rapport aux autres personnages qui sont davantage extérieurs à ce dernier. La narration au présent ne m’a pas non plus déragée, étrangement, car on est vraiment happé par ce qu’il se passe au moment où c’est raconté. Cela permet aussi de nous inclure dans le récit, de nous immerger dans ce dernier, et de nous mettre pleinement à la place de Margo. Ce que j’ai aussi aimé, comme dit plus haut, c’est le fait qu’on apprenne plein de choses.
En résumé, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, et je ne peux donc que vous en conseiller la lecture. C’est vraiment un roman intéressant, qui nous plonge dans l’horreur, qui est pourtant si commun, et qui permet de nous mettre à la place de personnes qui vivent réellement le drame que vit Margo. Ce qui est aussi intéressant, c’est que l’usurpatrice de la vie de Margo n’est pas toute noire, et qu’elle fait partie intégrante de cette histoire. C’est important que les deux points de vue soient donnés, et j’ai vraiment apprécié ce parti pris de l’auteur, celui de nous présenter Agnès, et de montrer pourquoi elle avait fait ce choix. On voit aussi pourquoi certains marchandent les identités, et pourquoi certains les traquent. On apprend des choses, et le rythme de l’histoire est bien mené, bien raconté, et bien documenté. C’est une bonne histoire, qui est à lire, et j’ai hâte de pouvoir me plonger dans la deuxième partie, savoir ce qu’il va advenir de Margo et d’Agnès.
Et vous ?
Quels sont les thèmes que vous aimez retrouver dans les romans policiers ?
Cela vous dérange-t-il lorsque plusieurs tomes sont prévus ?
Préférez-vous lorsqu’un roman policier se termine en un tome, ou en plusieurs ?
Bon mercredi à tous 🙂
Une réflexion au sujet de « Margo, tome 1 : Second Souffle »