
Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien, ainsi que vos proches, et que vous gardez le moral suite aux annonces qui ont été faites cette semaine. J’espère que le confinement ne vous pèse pas trop sur le moral et que vous gardez le sourire en cette journée particulière. Aujourd’hui a en effet lieu ma fête préférée, Halloween, et je me sens pleine d’énergie. Bon, j’avoue que les annonces du confinement ne pèsent finalement que peu sur mon moral, puisque j’ai la chance de pouvoir continuer à travailler en présentiel, dans un environnement plus ou moins sécurisant pour le moment, avec un établissement scolaire qui met tout en œuvre pour nous protéger. Après, personne n’est à l’abri, et on peut très bien attraper le virus en faisant ses courses. Donc j’essaye de relaitivser le plus possible.
En parlant de relativiser, aujourd’hui je vous emmène dans un univers fait de ténèbres et de peurs. Nous sommes en effet à Halloween, c’est donc e moment de se faire peur. Et pour vous faire frissonner, je vous livre aujourd’hui la chromique de l’une de mes dernières lectures, le roman d’horreur Le Dieu Caché, de J-F. Dubeau, publié aux éditions Bragelonne. Je remercie d’ailleurs ces derniers de m’avoir envoyé ce roman en service presse. L’avantage de ce biais, c’est que je ne sais pas si j’aurais pris la peine de découvrir ce roman sans lui. Or, c’est une histoire à découvrir, comme je vais vous le montrer ici. Ce roman est sorti en octobre 2020, et voici son résumé :
En apparence, Saint-Ferdinand présente tous les signes d’un village tranquille : une rue principale depuis laquelle s’étend un paysage de fermes, un poste de police modeste, quelques restaurants et cafés, une épicerie… mais à mieux y regarder, on trouve là-bas quelque chose d’inhabituel : ce cimetière beaucoup trop grand et trop bien rempli, pour une communauté de cette taille. Il accueille les victimes du tueur de Saint-Ferdinand, insaisissable depuis près de deux décennies. Un homme enfin est arrêté… mais le village s’avère être la proie de forces encore plus sombres.
Quand un mal sans nom se révèle à Venus McKenzie, une adolescente du coin, elle découvre que le pouvoir de cette créature est lié de longue date à Saint-Ferdinand… et que les meurtres en série ne font qu’effleurer la surface d’un passé chargé de funestes secrets.
Dans cette histoire, nous suivons plusieurs personnages, dont Venus, une jeune fille qui est victime de harcèlement suite à l’éducation laxiste que lui donnent ses parents. Venus est passionnée par l’informatique, et sans le savoir, elle va faire prisonnière une créature dont elle ferait mieux de se méfier. Dans le même temps, nous suivons Randy et Crowley, respectivement médecin légiste et policier en chef de la ville de Saint Ferdinand. Tous les deux sont amis de longue date et traquent le tueur en série de Saint Ferdinand. Or, il s’avère qu’ils sont peut-être tombés sur ce dernier. A moins que le tueur ne soit l’unique protection face au monstre qui vit dans les bois.
Je vais commencer cette chronique par vous parler de l’ambiance générale de ce roman, à travers le personnage du dieu caché. Autant vous le dire tout de suite, nous sommes bien dans un roman qui va vous glacer le sang, avec sa dose de terreur et d’hémoglobine. Le dieu caché, la créature qu’a inconsciemment coincée dans son garage Venus, est un dieu de haine et de mort, une créature qui veut le sang et les âmes de ceux qu’elle tue. C’est un être sanguinaire, qui prend plaisir à torturer physiquement, amis aussi mentalement, ses victimes. Ainsi, elle est effrayante de par sa démesure, par son envie de sang et par le manque total d’empathie qu’elle peut avoir, mais aussi dans la manipulation qu’elle met en place autour des êtres humains. On dirait alors que passer des marchés avec les êtres faibles et un jeu pour elle, ce qui est assez angoissant, car les humains sont tentés de pactiser avec elle. sans limite, tout semble possible à cette créature, tous les vœux peuvent être formulé, mais les conséquences sont ensuite terribles. On imagine aisément, sans que cela n’ait besoin d’être décrit, les conséquences terribles que donneraient le fait de libérer cette créature sur le monde. On craint donc le moment où cela va être le cas, car l’on sait, dès le début, que c’est inévitable. Ce qui est aussi intéressant, avec ce personnage, c’est qu’il est lié à une ancienne malédiction, qui perdure pendant un certain temps, qui le rend finalement plus faible qu’on pourrait le penser. Mais comme toutes les malédiction, cette dernière a une échéance, et son terme approche, ce qui va rendre le dieu encore plus redoutable et vengeur. Or, comment arrêter sa soif de sang ? Cette tension subsiste pendant tout le récit, et c’est ce qui fait qu’il est accrocheur. J’ai bien aimé le fait que l’histoire tourne autour du pouvoir de la créature, de ce qu’elle peut faire, et de cette envie des humains de la contrôler, alors que c’est impossible. Cela permet d’avoir une ambiance tendue, où toutes les actions mènent à l’inévitable, et à la destruction de certains personnages. On attend alors de savoir qui va être sacrifié sous l’autel du pouvoir, et l’on craint pour la vie des personnages auxquels on s’est attaché. Cette angoisse qui monte peu à peu est vraiment bien faite, et l’on sent que le dieu perd de plus en plus patience, jusqu’à ne plus tenir sa puissance. Mais ce qui est aussi sympa, c’est qu’on commence avec une autre vision de lui, plus jeune, moins vengeur, et l’on se demande comment tout cela peut évoluer, s’il peut changer ou non. Ce qui est intéressant aussi, ce que j’ai apprécié, c’est que ce monstre nous met face à nos responsabilités. En effet, il nous interroge sur notre humanité, sur le fait que les hommes sont peut-être plus monstrueux que lui avec leur avidité, et que certains sont obligés de faire des actes horribles pour survivre.
La peinture murale avait progressé. L’artiste avait ajouté aux oisillons l’anatomie plus massive de leur mère. Du sang séché, de la bile et des viscères arrachés à l’animal avaient servi à coller les os fragiles et creux au bois.
Venus repéra aussi d’autres parties de corps, mais leur degré de démembrement et de décomposition ne facilitait pas l’identification. Elle parvint néanmoins à reconnaître la fourrure caractéristique d’un raton laveur, ainsi que la forme unique d’un crâne de grenouille. Autant de visiteur qui avaient connu leur triste fin dans la remise.
C’était plus qu’une œuvre d’art, comprit Venus. Quelque chose de puissant, qui exigeait des sacrifices. Elle s’interrogeait encore sur sa destination, quand elle interrompit brusquement son examen minutieux. Ses yeux s’arrêtèrent sur une tâche noir cendré à l’extrémité d’une spirale. Une fourrure ensanglantée.
Tel un élastique tendu à se rompre, Venus laissa sa colère reprendre le dessus. Continuant de serrer contre elle le corps écorché de son compagnon, elle se tourna vers l’obscurité. Le dieu était là, qui la regardait. Ses yeux brillants se fendirent lentement, perçant les ténèbres et se rivant dans les siens.
– Tu vas m’écouter, maintenant ?
Justement, parlons à présent des êtres humains dans ce romans, donc des personnages secondaires. Je viendrais plus en détail sur Venus dans le prochain paragraphe. Les personnages secondaires sont intéressants, et ce que j’ai particulièrement apprécié c’est qu’ils sont tous différents, et provoquent donc des réactions totalement différentes et variées. Certes, cela peut poser problème, au sens où parfois, on ne sait plus qui est vraiment qui, mais dans l’ensemble, on repère les principaux, et on développe des affinités plus ou moins grandes avec certains. Or, nos personnages font tous des erreurs, ce qui va faire qu’on va s’attacher à un personnage, avant de se rendre compte que c’est une pourriture, un personnage détestable, ou inversement. Ainsi, les apparences sont très trompeuses dans ce roman, même si le personnage d’Audrey reste quand à lui identique à lui-même sr toute l’histoire. De ce fait, j’ai beaucoup aimé le personnage d’Audrey, mais aussi celui de Randy, ou celui de Finnegan. Ces personnages se révèlent au cours de l’histoire, devant à la fois mauvais, mais aussi des héros. Tout n’est donc pas tout blanc ou tout noir, et on a ainsi une parfaite démonstration du fait que, parfois, pour sauver le plus de personne, il faut en sacrifier. Le personnage de Finnegan illustre bien cela, au sens où il est tellement torturé qu’il provoque des réactions contradictoires, mais qui n’empêchent pas de s’attacher à lui. A l’inverse, le personnage de Crowley, qui semble être le gentil flic bon sous tout rapport, n’est peut-être pas aussi bon que cela. Plus on avance dans le récit, et plus on découvre des personnages prêt à tout pour le pouvoir, ou au contraire, pour affronter le monstre. J’ai aussi apprécié la philosophie du cirque, lié à la prophétie, et au fait qu’ils savent déjà tous comment tout va se terminer, mais qui accomplissent tout de même leur destin.
Des larmes ou des gouttes de sueur voilèrent les yeux du légiste. Randy les essuya, prit un deuxième cou et répéta l’opération sur le pied gauche. Ensuite, de la pointe d’un troisième clou, il toucha l’œil droit d’Audrey, mais il hésita. Il inclina la tête, comme s’il écoutait une voix silencieuse.
– Ne t’en fais pas, ma chérie. Tu seras capable de voir dans une seconde.
Puis il lui enfonça le clou dans l’œil. Avant de pouvoir s’interroger sur ce qu’il avait fait, il saisit le dernier clou et e planta dans l’œil gauche.
Il avait terminé. Contemplant son œuvre, Randy McKenzie avait conscience que ses actes, une abomination, violaient les lois des hommes, mais aussi celles de la décence. Sans parler de ses propres principes et de l’éthique médicale. Pourtant, en dépit des atrocités qu’il venait de commettre, ne rien faire se serait révélée bien pire. Comment pouvait-on bien agir, et se sentir si mal ?
Parlons maintenant de Venus, qui est en fait le personnage principal. Ce que j’ai nettement apprécié avec elle, c’est qu’elle fait des erreurs tout au long du roman, qu’elle n’est donc pas toute blanche, et qu’elle manque de se fier elle aussi au dieu. De ce fait, Venus ressemble à toutes les jeunes filles de son âge, qui rêvent d’être quelqu’un d’autre, avec une plus grande force. Bien que très autonome, avec la vie rêvée par n’importe quel adolescent, Venus ne s’en satisfait pas, espérant que ses parents s’occupent davantage d’elle, la surveillent plus. Et c’est ce souhait qui la pousse à accomplir ce qu’elle accomplit, à faire de tels choix. Elle se laisse prendre au jeu du pouvoir et de la vengeance. On se met donc facilement à sa place, se demandant ce qu’on ferait si l’on nous faisait une telle proposition, une de celles face à laquelle se retrouve Venus. Et la réponse est rapidement trouvée, on agirait sans doute comme elle. L’avantage de Venus, c’est qu’elle comprend assez vite son erreur, grâce à ses amis. J’ai beaucoup aimé la relation qui la lie à Abraham et à Penny, ainsi que leur volonté de mettre un terme à ce qu’ils ont enclenché. Venus se découvre courageuse dans cette histoire, elle découvre aussi qu’elle est attachée à ses parents, à sa ville, et qu’elle ferait n’importe quoi pour les protéger. Il y a beaucoup d’émotions contradictoire sen elle, qui font qu’on s’attache à elle. C’est un personnage très réaliste, qui représente bien l’humanité, et qui fait qu’on apprécie de la suivre, car elle hésite, elle doute, et se trompe. Elle est motivée par ses émotions, elle ne prend pas toujours le temps de réfléchir; et elle pourrait finalement être n’importe qui. On a peur pour elle, car elle prend des risques, mais elle est prête à tout pour sauver les autres. C’est cette générosité qu’on apprécie aussi chez elle.
Dès sa première rencontre avec celui qui revendiquait une nature divine, l’adolescente avait su, avec une conviction absolue, qu’elle avait affaire à un prédateur. un monstre capable de l’exterminer et de la dévorer. Elle ignorait si c’était une sorte de mémoire primitive qui la mettait en garde ou si elle était juste terrifiée, mais elle comprenait que la balance du pouvoir ne penchait pas en sa faveur.
Pourtant, elle était toujours en vie. Elle avait dansé avec un dieu, lui avait permis de toucher son âme, et elle avait survécu. C’était un sentiment grisant, extraordinaire. Quelle que fût la nature de la créature, dont la malveillance ne faisant aucun doute dans son esprit, son étreinte lui avait procuré une sensation de bien-être sans précédent. le dieu avait deviné son désir le plus secret, son besoin de sécurité, et l’avait satisfait. Même maintenant, sachant qu’elle avait frôlé la mort, elle rêvait d’y retourner.
Alors, bien sûr, c’est ce qu’elle fit.
En ce qui concerne l’écriture de ce roman, elle es fluide, et le texte se lit bien. Les descriptions sont bien menées, bien faites, et elle nous plonge immédiatement dans l’univers impitoyable et sanglant du roman. Comme je l’ai dit au début, il a une vraie angoisse qui est très présente tout au long de l’histoire, dès le début. De ce fait, le roman ne plaira pas à tout le monde, car il nous montre réellement l’horreur de la mort, des ténèbres les plus noires, mais c’est aussi ce qui fait qu’il est plaisant à lire, car non seulement il nous montre les monstres, mais il nous dévoile aussi la laideur de l’âme humaine, prête à tout pour un peu plus de pouvoir, pour maîtriser des forces qui lui échappent. Ce roman est une véritable plongée dans l’horreur e, la noirceur, que ce soit celle des dieux ou des hommes. De ce fait, c’est une véritable remise en question que le titre apporte, dans laquelle il nous entraîne. On se met à la place des personnages, on éprouve leurs émotions, et on condamne leurs actions, tout en sachant qu’elles sont justes. Tout est remis à zéro, le bien et le mal perdent leurs valeurs, et la notion de sacrifice est plus que jamais d’actualité. Ce roman ne peut donc que provoquer une grande palette d’émotions contradictoires, et c’est ce qui fait sa force. Ce que j’ai apprécié aussi, même si cela est très frustrant, je l’avoue, c’est qu’on n’a pas une vraie fin. La fin ne termine pas le roman, ce n’est qu’une ouverture sur autre chose. Je me demande donc, et j’espère, qu’il y a aura une suite, même si on peut tout de même terminer l’histoire là-dessus. Cela nous permet alors de faire fonctionner notre imagination.
En résumé, c’est un roman parfait pour Halloween, avec une bonne dose d’angoisse, de peur, mais aussi de réflexion. L’auteur a su trouvé le juste milieu entre les deux, ce qui fait que le roman reste plaisant malgré sa peur permanente. Il est bien écrit, on est rapidement plongé dans l’univers de l’auteur, et les personnages sont dans l’ensemble attachants, avec des réactions qui sont compliqués à prévoir. C’est un roman qui nous donne plusieurs surprises, qui repousse les limites de la narration. C’est une bonne lecture que je vous conseille.
Et vous ?
Lisez-vous des romans d’horreur ?
Qu’aimez-vous retrouver dans ces histoires ?
En lisez-vous plus à l’approche d’Halloween ?
Bon samedi à tous 🙂
Et bon Halloween 😉