
Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que tout se passe bien de votre côté. Ici, je mesure la chance d’être dans une région finalement assez calme, où les tempêtes climatiques ne font que passer, où le virus ne fait pas encore de trop gros dégâts, et où on semble plutôt à l’abri, même s’il est compliqué de dire que nous pouvons être à l’abri quelque part dans ce pays. J’ai conscience que cela pourrait être bien pire et que si un jour on déménage, on pourrait tomber sur une région plus dangereuse encore. Je crois donc que mes désirs de partir vont devoir être étouffés, au moins pour un temps.
En parlant de déménagement, de fuite, de danger, je vais aujourd’hui vous présenter un roman qui parle de ces thèmes, qui les met même au centre de son histoire. En effet, aujourd’hui je vais vous parler du roman post-apocalypse RC 2722, écrit par David Moitet et publié aux éditions Didier Jeunesse en septembre 2020. Je remercie d’ailleurs ces derniers pour m’avoir envoyé ce roman en service presse via le site NetGalley. Voici le résumé de ce récit :
Suite à des épisodes de sécheresse et une épidémie, Oliver et sa famille font partie des survivants et vivent dans des abris souterrains. Alors que son père meurt dans d’étranges circonstances et que son frère est chassé, Olivier s’enfuit. Il découvre que la surface est en réalité habitable mais divers dangers le guettent. Tché, une jeune fille séduisante et débrouillarde, lui vient en aide.
Dans cette histoire, nous suivons un jeune homme, Oliver, qui vit dans un abri avec des centaines d’autres personnes. Ils se pensent être les derniers survivants de l’humanité, et cela fait des années qu’ils n’ont plus aucun contact avec l’extérieur, en dehors des Guerriers de l’eau, qui sortent pour ravitailler l’abri en eau. A l’extérieur, un virus mortel rôde. Or, Oliver rêve lui aussi de sortir. Et lorsque son père est assassiné et qu’il se met à chercher des réponses, son frère est banni. Oliver n’a plus le choix, pour retrouver Marco, il doit sortir à son tour. Et découvrir le monde qui l’entoure, ainsi que les secrets de son père.
Commençons cette chronique par évoquer le personnage d’Oliver. C’est un jeune homme qui ne se plait pas dans a vie. Alors qu’il a tout, qu’il est plutôt privilégie, il décide d’entrer dans le service le plus fui de l’abri, celui qui peut le mener à la liberté. Car Oliver se sent prisonnier dans l’abri, il est persuadé qu’une autre vie est possible, dehors. Cela fait de lui un personnage un peu prétentieux au début, où l’on sent qu’il veut avoir raison. Or, il a de la chance, car lorsqu’il part en quête de son frère, banni de l’abri à cause de lui, Oliver s’aperçoit qu’il avait bien raison. Et sa prétention s’estompe, car Oliver prend conscience de tout ce que cela implique. Or, comme il est un personnage loyal, ce qu’il veut d’abord, c’est sauver son frère et toute son aventure va être dirigée dans ce but premier, celui d’extirper son frère des dangers dans lesquels il l’a fourré sans le vouloir. C’est pour cela que j’ai apprécié Oliver, pour l’évolution qu’il a au cours de l’histoire. Car plus il avance dans ce nouveau monde, plus il devient courageux et prend conscience de la vérité de ce dernier, du fait qu’il vivait d’une manière certes sécuritaire, mais aussi fausse, et qu’il ne peut pas garder cela pour lui. Oliver représente tout à fait le personnage du héros qui se bat pour les autres, dans le but de les sauver, de les sortir de la caverne illusoire dans laquelle ils sont enfermés. Et même s’il doit mourir pour cela, il est prêt à le faire. C’est un personnage courageux, voire presque inconscient et c’est ce qui le rend attachant, car il aurait pu abandonner de nombreuses fois, mais il continue inlassablement, sans quitter la route qu’il s’est fixé. J’ai aussi beaucoup aimé le fait qu’il cherche à comprendre ce qui est arrivé à son père dans le passé, qu’il mène ainsi son enquête alors qu’il doit gérer plein d’autres choses à côté. J’ai eu de la peine pour lui, pour le fait qu’il ne puisse plus jamais dire à quel point il aimait son père. Oliver devient donc ainsi un personnage émouvant avec son histoire personnelle.
– Pourquoi tu as fat ça ? demande-t-il soudain.
– Fais quoi ?
– Te porter volontaire ?
Oliver hausse les épaules.
– Je n’en sais rien. l’envie d’aventure, peut-être. J’étouffe dans ce foutu abri. J’ia l’impression d’en avoir fait le tour un million de fois. On a à manger, c’est vrai. On a aussi du travail, des missions à remplir, des livres, des films, des salles de sport… mais je m’ennuie à mourir. Ca ne te fait pas bizarre, à toi, de te dire qu’on n’aura plus jamais de nouveau film à découvrir ? A chaque fois que j’en lance un sur mon terminal portable, je me dis que c’est encore une par de liberté qui s’envole. Ce film ne sera plus jamais nouveau, ne me surprendra plus. Qu’est-ce que je regarderai, quand je les aurai tous vus ?
– Eh ben, mon vieux, je n’aimerai pas être dans ta tête, dit Sam en souriant.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Tché. J’ai en effet apprécié son franc-parler et sa manière de voir les choses. C’est une jeune fille affirmée, qui sait dans quoi elle met les pieds, qui connait les dangers de son monde et qui est en mesure de les affronter. On devine qu’elle a vécu de mauvaises choses, mais elle vit avec, sans s’appesantir dessus. Tché ne s’encombre pas du passé, elle est en permanence tournée vers le présent et l’avenir, ce qui fait qu’elle a du mal à comprendre Oliver et l’attrait qu’il a pour els souvenirs de son père. Elle sait à qui elle doit faire confiance et qui elle doit éviter. J’ai aimé son instinct envers les gens, très précieux dans cette aventure. C’est une personne généreuse et on craint qu’elle ne se fasse avoir dans l’histoire, mais elle sait se battre et elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Tché est courageuse et elle ne rechigne pas devant le danger, comme en témoigne son nom, qui est en fait la contraction de Tchernobyl. Elle aurait très bien pu abandonner Oliver et ses envies suicidaires mais elle décide de l’accompagner jusqu’au bout, même si cela est dangereux pour elle. Elle peut aussi se montrer rancunière, ce qui montre qu’elle est loin d’être naïve. J’ai aimé la relation qu’elle entretient avec les animaux, surtout avec sa chienne, qui montre qu’elle a beaucoup d’empathie et qu’elle ‘est pas aussi solitaire qu’elle voudrait le faire croire. De ce fait, Tché est un personnage très attachant, à qui on s’identifie, et j’ai apprécié de la suivre dans cette histoire C’est un personnage motivant, et qui va inspirer Oliver bien plus qu’elle ne veut le voir.
– Tu ne vas tout de même pas chercher des objets en terrain irradié ?
– J’en ai fait ma spécialité. J’ai une tenue de protection, des appareils sur mesure, tout ce qu’il faut pour pénétrer dans les zones noires sans me mettre en danger.
– Mais les objets que tu rapportes ne sont pas contaminés ?
– Ca dépend lesquels. Je les nettoie, et si le dosimètre ne rend pas un verdict sympa, je les balance dans un trou, que j’ai appelé le cimetière des objets. Si leur taux d’irradiation est dans la norme, je les rapporte ici, ou aux Tours Inversées, et je fais un tabac parce que personne d’autre ne ramène ce type d’objet…
– C’est malin. Dangereux, mais malin. Et tu n’as pas de concurrence.
– Bien sûr que si. Les zones noires ne sont pas des endroits sympas. Mais mes concurrents sont souvent des amateurs, qui meurent assez vite parce qu’ils ont pris trop de risques, ou pire, qui ramènent des objets irradiés aux gens et les rendent malades. Je me suis fait un nom. Les clients savent que je suis réglo. Mon commerce marche plutôt bien et, tu l’as compris, c’est pour ça qu’on me surnomme Tchernobyl…
Parlons maintenant de l’univers. J’avoue que lorsque j’ai commencé à lire le roman, je m’attendais à une dystopie, avec une révolution qui allait être menée par Oliver pour dévoiler tous les mensonges circulant dans l’abri. Mais la vérité, c’est que ce roman n’est pas une dystopie, nous sommes bien sur un roman de science-fiction avec un message écologique fort, notamment grâce aux souvenirs qui nous sont livrés par le biais du père d’Olivier. Ainsi, grâce à ce dernier, nous pouvons voir les derniers jours de l’humanité telle que nous la connaissons, et c’est assez glaçant. Le fait de lire ce roman avec tout ce qui se passe en ce moment ne semble alors n’être qu’un écho de notre situation, et de l’avenir, et j’avoue que cela est assez effrayant, mais aussi très crédible. On a alors une vision de l’avenir très pessimiste, mais je pense qu’elle est essentielle car elle dot permettre de nous poser les bonnes questions. On se demande ainsi ce qu’on aurait fait à la place du père d’Oliver, et ce qu’on aurait choisi, lorsque les choix importants se posent. Et le présent est fortement lié à ce qui s’est passé dans le passé, comme va s’en rendre compte le jeune homme., qui va alors tenter de réparer les erreurs de son père. Cette vision est donc très intéressante et j’ai apprécié qu’elle soit mise en évidence. Toutefois, nous ne devons pas oublier le présent, et le monde de Tché est lui aussi intéressant, car il démontre bien à quel point les êtres humains sont riches en ressources et savent survivre. Le fait de se promener dans un monde post-apocalyptique est agréable, et permet aussi de se rendre compte de la destruction que l’on ferait si l’homme venait à disparaître du jour au lendemain. Enfin, j’ai trouvé original l’apparition des Cités-Etats et du rôle qu’elles jouaient dans la nouvelle destruction du monde. De ce fait, je dirais qu’on est même frustrés lors de notre lecture que cette dernière n’aille pas plus loin, que le roman ne soit pas développé, ou qu’il n’y ait pas un second tome de prévu, car le monde de l’auteur semble ici n’être qu’esquissé alors qu’il a un gros potentiel. J’aimerais beaucoup relire une histoire dans cet univers qui est très riche et qui a beaucoup de potentiel avec les trois modes de vie qu’il propose.
– Voici ma femme Naya et les petits s’appellent Marco et Oliver.
– Enchantée, Lucas.
– Vous savez pourquoi ils nous ont amenés ici ?
– Pas la moindre idée, répond la vieille femme. Mais ça me rappelle de tristes événements qu’on trouve dans les manuels d’histoire.
– Comment ça ?
– J’étais dans le camion avec une femme qui a déjà vu ça dans un autre camp. Je ne sais pas si c’est vrai, mais elle jurait à qui voulait l’entendre que les soldats allaient nous tatouer un numéro d’identification sur le bras.
– Ils ne feraient pas ça… Et même si c’était le cas, dans quel but nous marquer de la sorte ?
– Je n’en sais rien. Je ne fais que répéter ce qu’on m’a dit…
Lucas et sa famille avancent lentement dans la file. L’attente est interminable et la nuit tombe. On ne leur donne aucune couverture. Les petits grelottent. Ils les serrent dans leurs bras. Les gens somnolent à même le sol, et grognent quand on leur demande d’avancer.
(…) L’homme n’a pas menti. Il ressent à peine une légère piqûre. Lorsque arrive le tour des enfants, ils se mettent néanmoins à pleurer, surpris d’être réveillés par la sensation désagréable. Lucas repose Oliver sur le sol et observe son fils. Le petit se frotte l’avant-bras, juste au-dessus du poignet, à l’endroit où un numéro tranche sur sa peau laiteuse : RC 2722. Lucas imagine que RC signifie « réfugié climatique »… Les muscles de sa mâchoire se contractent. Dorénavant, ses garçons sont marqués comme du vulgaire bétail. Une unique larme coule sur sa joue. Jamais ils n’auraient dû quitter Marseille.
En ce qui concerne l’écriture, elle est fluide et le roman se lit très bien. Ainsi, on est immédiatement immergé dans l’histoire, au sein de l’abri avec Olivier, alors même qu’il doit s’assurer que ce dernier les protège toujours. Et Olivier a déjà des doutes sur le fonctionnement de ce dernier, ainsi que sur son père et le rôle qu’il joue dans l’organisation de l’abri. Ceci permet d’être projeté rapidement dans l’action et de ne pas perdre trop de temps dans la description du rôle de chacun, tout en permettant d’en saisir l’essentiel. Le roman est bien construit et va donc à l’essentiel tout en nous livrant les informations dont nous avons besoin pour nous projeter dans cet univers. Cependant, je regrette un peu qu’il y ait plusieurs éléments qui soient prévisibles dans l’histoire. En effet, certains enchaînements ou révélations sont visibles des chapitres avant, si bien que cela n’est plus vraiment une surprise lorsqu’ils sont finalement faits. Un peu plus de suspens aurait donc été plaisant, même si ces faits sont importants pour l’histoire et qu’on ne peut as les enlever. La romance ente Tché et Oliver est d’ailleurs du même ordre, et j’aurais aimé qu’il y ait là aussi plus de suspens, de révolte de la part des deux personnages, qu’ils ne se tombent pas aussi facilement dans les bras, qu’ils ne soient pas attirés l’un par l’autre trop rapidement. Toutefois, le roman est assez court, et je comprends donc cette nécessité que la romance soit mise en place rapidement.
En résumé, malgré plusieurs éléments prévisibles, j’ai apprécié cette histoire. J’ai aimé la plume de l’auteur, fluide et efficace, qui donne un certain rythme à ce récit, si bien que l’on ne s’ennuie pas, que l’action est très présente. Je me suis aussi attachée aux deux personnages principaux, et j’avoue que je regrette que l’histoire soit terminée, car j’aurais aimé qu’elle dure plus longtemps, que l’on ait plus de Tché et d’Oliver. La romance entre eux est peut-être en trop, mais elle plaira certainement à d’autres lecteurs. Et j’ai beaucoup aimé le message écologique que l’on retrouve dans ce roman, avec la vision du passé mais aussi celle du présent. C’est une bonne lecture que je vous conseille donc vivement, surtout si vous aimez les univers post-apocalyptique. C’est un bon récit, qui ets plaisant à lire et qui fait réfléchir.
Et vous ?
Trouvez-vous obligatoire d’avoir de la romance dans un tel roman ?
Pensez-vous que tous les romans pour adolescents doivent comporter ce genre d’histoire ?
Cela vous dérange-t-il lorsque des éléments sont prévisibles dans les récits ?
Bon dimanche à tous 😀
Une réflexion au sujet de « RC 2722 »