
Bonjour tout le monde. J’espère que vous allez tous bien et que votre semaine se déroule bien. Je pense fort à ceux qui ont repris cette semaine, pour qui les vacances se terminent. Pour ma part, je vais demain dans mon nouvel établissement. La rentrée se rapproche à grands pas, et même si je suis pressée de retrouver un semblant de normalité – avec les vacances, j’ai encore l’impression d’être confinée – j’avoue que j’appréhende aussi un peu. Cela va être compliqué de se retrouver masquée avec pleins d’adolescents qui n’auront pas été en cours depuis mars. Mais ça va le faire.
Du coup, j’ai pris un peu d’avance dans la rédaction de Bulle, et j’ai bien fait. Bon, le chapitre d’aujourd’hui est un peu plus court, mais on entame un moment d’action qui va perdurer pendant quelques chapitres, un moment important pour la suite de l’histoire. Je ne vous en dis pas plus. J’espère toutefois que vous aimez toujours cette petite histoire, où je ne pensais pas aller aussi loin dans sa rédaction. J’avoue que l’écrire me fait du bien, et j’aime bien la dystopie. Cela me change de ce que j’écris d’habitude. Voilà donc ce chapitre 14. Je vous rappelle que vous pouvez retrouver tous les chapitres en intégralité sur le blog.
14 – L’attaque
« Bulle avait du mal à en croire ses yeux. Elle qui avait toujours rêvé de voir la mer, de sentir l’air des embruns dans ses cheveux, de toucher ou même de goûter l’eau salée et de se promener sur une plage, d’apercevoir des animaux marins ou un coucher de soleil se perdre à l’horizon, voilà qu’elle se trouvait désormais en pleine mer, sur un voilier livré au gré du vent. Elle avait le sentiment d’avoir basculé dans un univers onirique et que rien de ce qui se passait depuis qu’elle avait rejoint les rebelles était vrai. Et pourtant, elle pouvait sentir la houle bercer son corps encore meurtri par l’avortement, elle pouvait voir les gouttelettes d’eau se perdre sur son masque et ses yeux alors qu’elle se penchait un peu trop près du bord. Elle en riait. Il ne lui manquait plus que les dauphins ou les baleines, et elle serait totalement comblée.
Bien sûr, pour cela, elle devait faire abstraction de sa protection qui l’empêchait de profiter pleinement de l’instant. Elle ne pouvait ainsi pas respirer à pleins poumons l’air pur qui envahissait l’espace. Elle ne pouvait que se contenter d’imaginer sa saveur, et de goûter à l’odeur qui émanait de l’océan, un mélange de pourriture et de sel. L’atmosphère était certes plus agréable ici que sur la plage, elle avait perdu en partie sa senteur infecte, elle n’en restait pas moins contaminée. Et les plastiques qui venaient se coller contre la coque n’arrangeaient rien. Il émanait d’eux une sorte de parfum qui aurait provoqué un haut-le-cœur à n’importe qui. En quête d’animaux marins, la jeune fille apercevait dans cette poubelle à ciel ouvert des restes de masques, de bouteilles, et d’autres détritus qui avaient été jetés sans que personne ne songe aux conséquences d’un tel acte. Elle se demandait depuis combien de temps ils étaient là. Dire que le confinement durait depuis soixante ans, alors cela signifiait que les déchets baignaient dans l’eau salée depuis au moins aussi longtemps. Et rien ne laissait croire qu’ils étaient sur le point de se décomposer. Elle plissa le nez, serra les poings. De toute évidence, ce plastique serait encore là, à polluer les mers, bien après sa mort. Combien d’animaux avaient-ils déjà tués ? Combien d’entre eux s’étaient fait coincer dans leurs pièges cruels ? Elle en avait la nausée.
Près d’elle, Jonathan semblait parfaitement calme, comme si tout ceci était normal. Elle oubliait par moment que le jeune homme avait traversé bien des épreuves, et que ce n’était pas la première fois qu’il voyait la mer. Il était habitué à ce spectacle déplorable. Il savait que l’océan avalait tout ce qu’on lui donnait, que ce soit des corps, des secrets enfermés dans des bouteilles en verre, des navires entiers, ou même du pétrole lâché par des bateaux sans scrupules, ou des poubelles déversées par les humains. Plus personne ne faisait attention à la magie de cet environnement. Dire que la plage avait été un refuge pour nombre d’individus, après le premier confinement, ou avant ce dernier. Aujourd’hui, celles qui restaient n’étaient plus que des décharges à ciel ouvert. On pouvait y retrouver des traces du temps passé, des vestiges d’une époque qui était révolue. Il se souvenait d’un ballon qu’il avait récupéré, un jour. Il avait raconté plus tôt cet épisode à son amie. Il arpentait une plage en quête de coquillage à manger, à la recherche de crabes coincés dans un trou d’eau, ou même de poisson comestible, au ventre non rempli de plastique, lorsqu’il avait vu cette carcasse sans vie. Il lui avait fallu plusieurs minutes pour comprendre de quoi il s’agissait. C’était un ballon coloré, qui avait perdu un peu de ses teintes vives pendant son périple dans l’eau. Il était complètement à plat et le garçon avait galéré pour le regonfler. Mais une fois ceci fait, il s’était amusé avec. Il avait du mal à se dire qu’autrefois, des enfants avaient pu courir derrière l’objet, tirer des buts avec, ou même jouer au volley, le lançant sur la plage et le voyant rebondir sur leurs corps ou sur le sol. Tout comme Bulle, Jonathan avait des difficultés à imaginer des enfants, plus jeunes qu’eux, s’amuser sur le sable chaud sans subir les conséquences du virus, de la pandémie. Et pourtant, cela avait été le cas, un jour. Et de cette époque ne restait que des vestiges abandonnés, jetés, comme s’ils n’avaient aucune valeur. Des dauphins avaient-ils joué avec ce ballon une fois que l’océan l’avait charrié à leur niveau ? Des tortues l’avaient-elles pris pour un aliment comestible ? Ou avait-il tout simplement dérivé jusqu’à cet endroit perdu, déposant au passage des microparticules de plastiques qui se désintégraient dans l’estomac de tout être vivant ? Bulle avait-elle elle-même avalé des morceaux de cet objet, incrusté dans la chair des poissons qu’elle avait cuisinés ?
Désormais, la jeune fille voyait le monde d’un œil nouveau. Lorsqu’elle était encore enfermée dans son appartement, sans la moindre possibilité de s’évader et de se promener à l’extérieur, elle croyait ce que lui disait la télévision, soit que les animaux sauvages avaient repris possession du monde, qu’ils parcouraient librement les endroits vides d’humains, et que la nature avait repris ses droits. La réalité était en fait toute autre, et elle s’en rendait bien compte. La version délivrée par les autorités était bien édulcorée. Peut-être que les animaux avaient bien réinvesti le monde, mais les hommes avaient abandonné derrière eux tellement de saleté que la nature était loin d’être aussi belle que ce qu’on avait pu lui vendre. La mer était complètement polluée, et cela pouvait laisser supposer que c’était la même chose avec les fleuves, les rivières, et autres cours d’eau qui parcouraient la planète. Après tout, pourquoi seul l’océan aurait-il été dégradé par la folie des humains ? Lorsqu’ils avaient traversé ce qui était autrefois une autoroute, Bulle dormait une partie du trajet, mais elle se souvenait tout de même d’avoir aperçu, sur le bas-côté, des restes de cartons ou des verres en plastique. Il y avait même des sacs poubelles qui volaient dans le vent ! Elle avait cru que cela était son imagination, mais elle comprenait maintenant que soixante ans plus tard, le manque de respect des hommes se voyait encore sur la Terre. Elle en était dégoutée. Elle se disait donc que les belles forêts, les montagnes enneigées éternellement, devaient elles aussi être dans le même état. Et surtout, que les images qu’on lui montrait depuis qu’elle était toute petite n’étaient que des mensonges.
Soudain, Jonathan lui désigna du doigt quelque chose qui dépassait de l’eau. En effet, lorsqu’elle plissa les yeux, Bulle put se rendre compte que ce qui ressemblait à des constructions émergeaient de l’océan, au loin. À près d’un kilomètre d’eux, elle croyait voir se dessiner des immeubles. Mais cela était impossible, n’est-ce pas ? On ne bâtissait pas de ville dans l’eau, non ?
— C’est Brest, dit Jonathan, fier d’exposer à son amie son savoir.
— Brest ? répondit, étonnée, Bulle, qui se souvenait que sa grand-mère lui parlait parfois de cette agglomération bretonne où elle aimait flâner.
Elle se rappelait que la ville se trouvait près de la mer, mais pas dans la mer. Jonathan devait donc se tromper, et Bulle comptait bien le lui faire remarquer, cependant le garçon la doucha avant même qu’elle ne prenne la parole.
— Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces, dont la disparition de la banquise au Groenland commencée pendant le deuxième confinement et celle de l’Antarctique, les eaux ne pouvaient que monter. Ainsi, des milliers de villes ont vu la mer les ronger et les engloutir. À côté de cela, l’Atlantide, c’est rien ! Ici, c’est pas grand-chose, on devine encore les immeubles. Tu verrais ailleurs ! Il paraît que certaines îles ont été totalement rayées de la carte !
Il avait un air enthousiaste en affirmant cela, comme si son discours était amusant, comme si c’était un véritable événement que de constater que des villes pouvaient être entièrement avalées par la mer. Bulle le dévisagea, les yeux horrifiés. Elle pensa à sa famille, à sa grand-mère qui s’était promenée dans ses rues. L’océan pouvait-il encore monter et arriver jusqu’aux pieds de son immeuble ? Pouvait-il dévorer ses proches comme il avait ici avalé des vies entières ? Pouvait-il se venger des hommes en les faisant totalement disparaître, ne laissant d’eux que des morceaux de plastiques flottant à sa surface ? La chair de poule envahit la peau de la jeune fille, qui portait un pull épais recouvert par un vieux ciré jaune, trouvé dans le voilier. Elle ne parvenait pas à croire que des gens avaient pu vivre là où l’eau avait désormais déclaré son espace. Et pourtant, comment expliquer autrement la présence de ces immeubles, monstres froids, émergeant des profondeurs ?
— Il a hélas raison, dit Maxime en les rejoignant.
Il venait de quitter la barre. Malgré sa tenue d’apiculteur, qu’il avait enfilé pour aller dehors, Bulle pouvait deviner la tristesse marquer son visage. Elle se demanda brusquement où avait grandi Maxime. Était-il né dans le coin ? Avait-il vu la mer gagner du terrain, année après année ? Avait-il perdu des proches pendant la montée des eaux ? Ou personne n’avait-il pris cette menace au sérieux, trop occupés qu’ils étaient tous avec la pandémie ?
— Par ici, dit-il en montrant un point à l’horizon, se trouvait l’île de Ouessant, et plus près, celle de Molène. Tu ne les verras pas, car elles sont désormais sous le niveau de la mer. Et là-bas, il y avait l’île de Sein. C’est la même chose. Si tu veux aller à Quimper, tu trouveras une ville qu’il vaut mieux traverser en barque, ou à la nage. C’est la même chose avec Nantes, ou Bordeaux, qui ont bien soufferts. Mais ce n’est rien comparé à Dunkerque ou Le Havre, qui ont totalement disparu. C’est pour cela que les habitants ont été évacués. Et c’est aussi pour cela que les guerres ont pris autant de place dans le passé. Avec la suppression de terre cultivables, la faim a pris le dessus sur certaines régions.
— Les pays du sud sont totalement invivables, renchérit Jonathan. Les températures grimpent au-delà des cinquante degrés en été. Plus rien ne pousse, le sol est inexploitable, brûlé par le soleil et le manque d’eau.
— On parle souvent des conséquences du virus, mais on oublie celles causées par les générations précédentes, dit le capitaine d’un air sombre. L’épidémie n’a servi qu’à exterminer une partie de la population, qui serait morte de toute manière.
Jonathan haussa les épaules.
– C’est une façon de voir. La question est alors de savoir ce qui a fait le plus de dégâts, le réchauffement climatique, ou la pandémie.
– C’est pour cela que je n’ai jamais aimé l’école et la manière dont nos gouvernements ont façonné l’éducation, avoua le capitaine. On a complètement mis de côté les événements liés au réchauffement climatique pour ne se concentrer que sur le virus, comme si tout ce qui arrive de mauvais aux êtres humains est de sa faute. Or, si nous avions pris davantage soin de notre planète, peut-être que toute cette tragédie n’aurait pas eu lieu.
Bulle voulut intervenir dans le débat qui avait cours en cet instant. Elle n’était pas d’accord avec Maxime, ni même avec Jonathan. La question n’était pas de déterminer ce qui était le plus dangereux entre les conséquences de la pollution humaine ou la pandémie, mais bien de savoir ce qu’il convenait de faire pour limiter les désastres occasionnés par les deux. Peu importait que le réchauffement climatique tue un million de personnes et le virus, plus ou moins, le but qu’ils devaient tous se fixer, c’était de limiter les pertes. Ils ne pouvaient plus supprimer la maladie, tout comme ils ne pouvaient plus faire disparaître la montée des eaux ou la sécheresse. Ils devaient tous apprendre à vivre avec. Et le fait de rester confinés ou de faire croire que la montée des eaux n’avait jamais eu lieu était finalement la même stratégie, celle qu’ils devaient impérativement combattre. L’ignorance était la pire des choses. Elle convenait certes aux enfants, qu’il fallait protéger face à la dureté de la vie, mais pas à des adultes. Or, ils étaient tous les trois des adultes, et tous les rebelles en étaient aussi. Ils devaient donc se comporter en tant qu’adultes. Et faire la politique de l’autruche était inconcevable.
– On devrait montrer tout cela, dit Bulle, presque en chuchotant.
Les deux hommes se tournèrent vers elle et la dévisagèrent, ne s’attendant pas à ce qu’elle prenne subitement la parole.
– On devrait dévoiler la vérité aux gens, dit plus fort la jeune fille, osant enfin imposer son idée. Tous ceux qui sont confinés ignorent les faits. Ils croient, comme je le pensais moi aussi avant de voir cela, que notre monde est parfait, et que le seul problème est la pandémie, qui fait qu’on ne peut pas sortir de chez soi. On doit leur montrer le monde tel qu’il est, et non pas tel que le gouvernement veut nous faire croire qu’il est. On doit prouver qu’il ment. Nous sommes dehors alors que les autres sont enfermés ! On doit leur raconter la vérité, avec ses horreurs. Leur démontrer que la mer a monté partout, qu’elle a ravagé des villes entières. Que la Terre est une vraie poubelle, et cela à cause de nos ancêtres, mais aussi à cause de nous. Nous nous préoccupons trop de nos petites vies cloisonnées dans nos appartements tout confort, sans nous soucier du dehors. Nous aussi, nous jetons des choses. Sont-elles réellement recyclées ? Ou finissent-elles dans une décharge, puis dans la mer ? On doit expliquer tout cela aux gens si on veut qu’ils nous croient lorsqu’on leur dira que Jonathan peut vivre sans masque, sans craindre pour sa vie !
Maxime allait répliquer lorsque son regard se perdit à l’horizon. Tout d’un coup, Bulle sentit un courant glacé l’envahir. Ce qu’elle avait ressenti en apercevant les structures de Brest dépassant de l’eau n’était rien face à la panique qu’elle éprouvait actuellement. Dans le ciel bleu, qui ne comportait aucun nuage, ils pouvaient tous les trois voir se dessiner des appareils militaires. Il s’agissait d’hélicoptères complètement silencieux. L’avantage de la guerre, c’était que cela poussait les ingénieurs à se dépasser dans l’invention de nouvelles armes. Et celle-ci en faisait partie. Si les trois compagnons n’avaient pas été en train de scruter l’océan et les vestiges du passé, ils seraient passés complètement à côté de cette menace. Et maintenant qu’ils la voyaient distinctement, ils ne pouvaient même pas s’y soustraire. Les trois hélicoptères volaient en direction du voilier. Ils avaient été repérés par l’armée.
— Pas de panique, dit fermement Maxime en se penchant vers Bulle, qui semblait sur le point de s’évanouir. On va leur échapper !
« Comment ? » voulut savoir Bulle, mais elle n’eut pas le temps de poser sa question. Maxime venait de se précipiter vers un coin du bateau et il en sortit deux fusils de chasse, qu’il arma. Il en jeta ensuite un à Jonathan, qui l’attrapa comme s’il s’en était servi durant toute son existence. Évidemment, les rebelles avaient tous été entraînés avant de se retrouver sur le terrain. Ils étaient tous familiarisés avec les armes à feu, et autres explosifs, et ils étaient tous en mesure de protéger leurs vies et celles qu’on leur avait confiées. Tous, sauf Bulle. Elle se sentait alors bien inutile.
Maxime courut ensuite à la barre, et il glissa le voilier dans le sens du vent. Ils avaient de la chance, ce dernier soufflait bien, ce qui leur permit de gagner de la vitesse. Néanmoins, ils avaient conscience, tous les trois, que ce qu’ils faisaient était vain. Même avec tout le vent du monde, ils ne pouvaient pas semer un hélicoptère, encore moins trois. La bataille semblait perdue d’avance.
Brusquement, le navire tangua. Les appareils militaires étaient justes au-dessus d’eux. Le vent produit par les palmes des engins faisait bouger dangereusement le bateau, si bien que la jeune fille crut qu’il allait finir par se renverser. Son cœur cognait à toute vitesse dans sa poitrine, et elle était morte de peur. Maxime cria quelque chose, mais elle ne l’entendit pas. C’était impossible, avec tout le vacarme qui retentissait autour d’eux. Elle se cala contre le côté gauche de l’embarcation, s’accrochant au bastingage pour ne pas chavirer.
Des hommes vêtus de lourdes combinaisons apparurent par les ouvertures des hélicoptères et glissèrent le long de cordes avant de se laisser tomber sur le voilier. Le bruit de leurs épaisses chaussures de protection résonna dans les oreilles de Bulle, qui eut le sentiment qu’ils venaient de poser le pied sur son propre corps. Jonathan se mit à tirer, en l’air et au sol, et il en blessa quelques-uns, mais les militaires étaient trop nombreux. Ils étaient déjà une dizaine sur le bateau, armés de fusils de guerre qui crachaient autant de balles qu’une mitraillette. Ils tenaient tout le monde en joue dès qu’ils posaient un pied sur le navire, et n’hésitaient pas à faire feu. Ils visaient aussi bien les gens que le voilier, dans le but certain de le faire couler. D’ailleurs, le bois de ce dernier volait en tout sens, et il se mit même à grincer, si bien que Bulle crut que leur véhicule était en train de crier de douleur. Cela lui vrilla le cœur. Comment pouvait-on faire cela à un objet qui n’avait rien demandé ? Pourquoi autant de haine, de violence ?
Le paisible voilier ressemblait à présent à un vrai champ de bataille. Pourtant, dans leur folie meurtrière, les militaires faisaient attention de ne pas toucher les deux adolescents, concentrant leurs tirs sur celui qui tenait la barre, et qui semblait donc être le plus dangereux. Ils devaient avoir des ordres, et étaient certainement obligés de ramener Jonathan et Bulle en vie. Pourquoi ? La jeune fille n’osait même pas y penser. Tout ce qu’elle faisait, c’était s’agripper aussi fermement que possible au bastingage et éviter les balles perdues, se collant contre le bois du bateau. Maxime tenta lui aussi d’en abattre quelques-uns, mais un homme lui tira dessus. Il fut touché au niveau de la poitrine. Le capitaine s’effondra dans une mare de sang, en hoquetant, ne comprenant pas immédiatement ce qui lui arrivait, tandis que Bulle hurlait, les mains sur les oreilles. Le rêve venait de basculer en mode cauchemar. Maxime ne se relevait pas, et Bulle craignait qu’ils ne se fassent tous abattre.
Jonathan continuait le combat, tel un fauve enragé, et il crachait toutes les balles disponibles dans son fusil, mais il finit par être désarmé. Un militaire se jeta sur lui et pesa de tout son poids sur son corps maigre. Il lui donna même un coup de poing dans la tempe, et le garçon s’écroula sur le sol. Bulle n’avait plus de voix, plus de tympans. Elle se laissa choir à terre, les yeux brouillés par les larmes. Quelqu’un, un homme se noir, se précipita vers elle. Elle sentit à peine deux bras puissants la tirer, et elle perdit connaissance lorsqu’on la fit monter dans l’hélicoptère, par le même chemin emprunté plus tôt par les militaires. L’attaque avait été rapide, menée d’une main de maître en moins d’une minute. Ils n’avaient eu aucune chance de se défendre. Et tout espoir paraissait désormais s’être envolé. »
Merci de m’avoir lue. N’hésitez pas à donner votre avis sur cette histoire. Rendez-vous la semaine prochaine pour la suite.
Et vous ?
Est-ce que le confinement a été inspirant pour vous ?.
Avez-vous envie de lire des histoires sur cette période ?
Ou au contraire, désirez-vous l’oublier le plus tôt possible ?
Bon jeudi à tous