Voici un article spécial pour un jour spécial. En effet, aujourd’hui, c’est le Ray’s Day. Alors, je suppose que vous vous demandiez ce qu’est le Ray’s Day. Il s’agit du jour mondial dédié à la lecture et aux auteurs. Pourquoi fêter la lecture et ceux qui agissent pour elle aujourd’hui, le 22 août? Parce que nous sommes le jour de l’anniversaire de Ray Bradbury, l’auteur de Fahrenheit 45. Ce jour a été convenu par un grand fan de ce grand auteur. Le but de ce jour célébrer dans le monde entier est de célébrer la lecture selon tous les moyens mis à disposition ; abandonner des livres pour que d’autres les trouvent, partager ses coups de coeurs littéraires avec autrui, présenter des textes inédits … Tout ce qui peut permettre d’apporter de nouvelles lectures aux autres, de faire découvrir de nouveaux univers.
Pour célébrer ce jour de culture, il convient donc de faire un article particulier, afin de marquer le coup. Par conséquent, je vais vous présenter un passage de mon roman. Il s’agit d’un moment du premier chapitre.
De l’eau. Il y en avait partout. Elle ne parvenait plus à respirer. Le liquide brunâtre entrait dans sa gorge, dans son nez, sans qu’elle ne puisse rien y faire. Elle ne pouvait que se débattre de plus en plus faiblement contre le courant qui l’emportait. Elle ne sentait pas encore le fond sous ses pieds, mais elle savait qu’elle viendrait bientôt s’y heurter. Ses forces l’abandonnaient. Elle ne pourrait plus lutter contre l’eau encore bien longtemps. Elle ne pouvait rien faire non plus contre la pluie qui n’arrêtait pas de tomber. Le vent hurlait dans ses oreilles. Elle ne savait plus où elle était, combien de kilomètres elle avait parcouru dans l’eau glacée. Il n’y avait aucun endroit où s’accrocher. De toute façon, elle n’était pas certaine d’être capable. Peu à peu, ses bras s’engourdissaient. Elle n’arrivait plus à battre des mains pour se maintenir à flot. L’eau entrait encore plus dans ses poumons.
Elle tenta de se souvenir la manière dont elle en était arrivée là, mais ses souvenirs restaient désespérément aussi flous que l’eau qui l’entourait. Le ciel était d’un noir d’encre, sans lune. Il faisait nuit. Jamais elle ne serait sortie en pleine nuit sans une bonne raison.
Brusquement, le visage d’un garçon s’imposa à son esprit alors que ses forces l’abandonnaient, la laissant sombrer dans l’eau. C’était le garçon de ses rêves, celui qui apparaissait à chaque fois qu’elle fermait les yeux. Et il avait été là devant ses yeux pendant quelques instants, avant qu’elle ne tombe à l’eau. Il avait même essayé de la retenir, elle s’en souvenait à présent. C’était au moment où les ombres étaient arrivées, sortant de l’eau afin de l’attirer avec elles.
Elle retrouva un peu d’énergie en parcourant ses souvenirs. Elle ne tenait pas à mourir, pas sans comprendre ce qu’il c’était passé. Elle voulait savoir d’où venaient ces ombres qui lui avaient enserrées les chevilles pour la trainer dans l’eau noirâtre. Elle voulait savoir pourquoi le garçon qui l’obsédait était présent en même temps que ces ombres. Elle avait eu l’impression qu’il s’attendait à cette attaque, qu’il était même là pour voir ces ombres. Il portait une épée qui n’avait pas eu d’effets sur elles, mais qu’il avait sorti dès qu’il les avait vues. Elle revoyait son expression à la fois de contentement et de peur lorsque son épée avait émergé du fourreau où elle avait été dissimulée. Pourquoi était-il apparu tout d’un coup avec ces choses ?
Soudainement, elle se sentit émerger. Elle parvenait enfin à reprendre sa respiration. Elle se sentait moins écrasée par la pression de l’eau, comme si celle-ci s’écartait autour d’elle afin de l’aider à survivre. Le froid qui lui engourdissait les membres paraissait lui aussi s’évaporer. Il était remplacé par une sensation de légèreté. L’air autour d’elle s’engouffrait dans ses poumons à toute vitesse. Elle sentait le vent voler dans ses cheveux. L’eau qui l’entourait semblait s’élever dans les airs. Des tas de gouttelettes voletaient autour d’elle. Elle avait la vue brouillée par ces fines perles liquides, mais elle parvenait tout de même à apercevoir les lumières de la ville non loin de là. Elle avait donc quitté le lit du fleuve. Ce n’était pas pour autant qu’elle était tirée d’affaire. Elle était semble-t-il dans le ciel, dans la tempête qui soufflait. Ses oreilles sifflaient et la pluie lui frappait le visage.
Brusquement, son corps amorça une descente rapide. C’était comme si elle se trouvait dans des montagnes russes et qu’elle était en pleine pente. Sa joue rencontra alors à toute vitesse le sol, lui donnant l’impression de de recevoir une violente gifle et que ses dents se brisaient en mille morceaux dans sa bouche. Si elle avait été un personnage de cartoon, elle aurait eu 36 chandelles dessinées au-dessus de sa tête, mais voilà, elle n’en n’était pas un, et au lieu de chandelle, c’était une lumière intense qui lui vrillait les yeux. La douleur du choc était insurmontable. C’était comme si son crâne s’était brisé sous l’impact, lui broyant les nerfs reliant ses yeux à son cerveau et envahissant son esprit de milliers de points lumineux. Le supplice était si fort que, malgré ses yeux fermés, des feux-follets dansaient devant elle. Elle parvenait à peine à sentir l’herbe humide sous sa joue et la pluie battant sur sa chevelure. Aucune odeur ne venait chatouiller son nez. Il n’y avait que la souffrance, et un brutal trou noir.
Elle ouvrit brutalement les yeux. La douleur qui l’avait dévastée s’en était allée aussi soudainement qu’elle-même était tombée du ciel. Il n’y avait plus de lumière, seulement de l’obscurité autour d’elle. Elle battit des paupières, heureuse de ne plus ressentir le moindre battement de sang dans les vaisseaux de son cerveau. Elle put ainsi mouvoir tous les membres de son corps sans avoir à hurler à la mort. Ce fut à ce moment-là qu’elle se rendit compte que la pluie avait cessé. Ses mains effleurèrent alors une étoffe soyeuse et chaude qui évoqua immédiatement dans ses souvenirs un endroit de paix et de douceur. Elle ne se trouvait plus dehors, mais dans son lit.
Elle se redressa vivement. Son pyjama était trempé, signe qu’elle n’avait pas rêvé son petit plongeon dans le fleuve. La question était de savoir de quelle manière elle était parvenue à revenir dans sa chambre. Et où était passé le garçon de ses rêves ?
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